Bilan de juin 2017

Un mois de juin très riche ! 

Balade à Lisbonne, promenade à Paris (et découverte de la rentrée littéraire de septembre 2017 chez Stock - merci encore !)


des expos ("Rodin" et "Jardins" au Grand Palais, "Les trésors de l'islam en Afrique : de Tombouctou à Zanzibar" - extraordinaire !),  
 
le téléphone qui sonne pour m'annoncer que je suis retenue comme jurée du Grand Prix des Lectrices de ELLE,  
  

...et évidemment des lectures ! 
11 livres, 2690 pages avec des chouchous :
 
D'autres que j'ai bien aimés aussi sans qu'ils ne soient des coups de cœur :

Et ceux dont je vous parlerai un peu plus tard..


Et vous ? Juin a-t-il été un bon mois de lectures ?
 

Cortex - Ann SCOTT

Editions Stock - Collection La Bleue
Parution : 3 mai 2017
310 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Los Angeles, aujourd’hui.
La cérémonie des Oscars va commencer.
Plus de trois mille personnes dans la salle.
Soudain, une explosion.
Au cœur du chaos, très vite, les rumeurs courent. Julia
Roberts, Steven Spielberg, Al Pacino… Qui est mort, qui est blessé ?
Dans cet Hollywood qui pleure ses icônes, Angie, une jeune réalisatrice française, Russ, un vieux producteur californien, et Burt, un humoriste new-yorkais, se croisent pendant quelques jours.
Entre amours perdues, sidération et passion du cinéma, chacun se demande : de quoi sera fait le futur, sans tous ces visages familiers qui ont façonné nos rêves ?
Née en 1965, Ann Scott est une romancière française. Auteur de Superstars sacré « premier roman pop français crédible » qui lui a valu d'être qualifiée d'auteur culte, elle fait partie du mouvement Génération X et on la classe également parmi les écrivains du postmodernisme.
 
Ce que j'en ai pensé :

Trois personnes dont les destins vont se croiser autour d'un attentat, trois vies à la dérive : Burt, le comique, qui subit une solitude sans nom et ne se sent à sa place nulle part, qui ressent la vacuité de notre monde ; Angie, la cinéaste française, amoureuse de Jeff qu'elle retrouve par hasard à Hollywood et qu'elle accompagne à la cérémonie des Oscars ; et Russ, producteur de la cérémonie, abattu par son veuvage tout neuf et qui ne parvient pas à faire le deuil de Susan, malade d'un cancer et suicidée sur la plage de Santa Monica,

Ann Scott réussit un roman fascinant, purement addictif (ça faisait bien longtemps que je ne m'étais pas couchée aussi tard, en me rendant compte que j'avais chopé un sacré coup de soleil!) qui décrypte le monde des « »stars » (et en lisant ce roman, vous comprendrez pourquoi j'utilise des guillemets) et tout ce qui l'entoure : la représentation d'un monde idéalisé mais artificiel, la spontanéité (et la morbidité parfois) des réseaux sociaux.

C'est aussi, évidemment, un roman qui évoque l'horreur et le choc des attentats, la difficile période du deuil (et ici, chaque personnage vit le sien, différent, à sa manière, différente) et de la reconstruction.

J'ai tout aimé dans ce roman, la narration presque hypnotique, complètement addictive, les personnages et leurs fragilités et questionnements, et aussi cette vision, si vraie, de notre monde actuel trop connecté, tous ces petits riens qui s'essaiment, ce leitmotiv du dernier chapitre qui a fini par me faire pleurer « j'avais une ferme en Afrique… » (Out of Africa, un des plus beaux films du monde, avec Meryl Streep et Robert Redford, morts tous les deux dans l'attentat…), les couchers de soleil sur le pier…

Coup de cœur ! 
 
Merci à Valentine et aux Éditions Stock pour ce magnifique moment de lecture ! Dommage que ce roman soit paru dans une période peu adéquate parce qu'il mériterait plus de visibilité tellement il est réussi !
Eva aussi a beaucoup beaucoup aimé !
 


Bande-son indispensable à ce roman à écouter ici !

Le coeur sauvage Robin Mc ARTHUR

Editions Albin Michel - Collection Terres d'Amérique
Parution : 3 mai 2017
Titre original :
Traduction : France Camus-Pichon
224 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Bûcherons, fermiers, vieux hippies, jeunes artistes ou adolescentes rebelles, les personnages de ces nouvelles vivent à la frontière de la civilisation et du monde sauvage, dans des endroits reculés du Vermont.
 Tous cherchent à donner un sens à leur solitude et à leurs rêves, au cœur d’une nature à laquelle ils sont, souvent malgré eux, viscéralement liés. L’eau noire et glacée des lacs, l’odeur des champs en juin, la senteur de la résine,  les forêts à perte de vue… 
Robin MacArthur évoque avec puissance et grâce cet univers à la fois âpre et beau, où se reflète l’âme de ses habitants.

Robin MacArthur est originaire du Vermont, où elle vit toujours aujourd’hui. Elle a créé avec son mari un groupe de musique folk baptisé Red Heart the Ticker, et ses nouvelles ont été publiées dans de nombreuses revues littéraires au cours des dernières années.

Ce que j'en ai pensé :

En exergue, cet avis de Rick Bass : 

 « Sauvages, élégantes, lumineuses  : autant d’adjectifs pour décrire les nouvelles de Robin MacArthur, et le profond sentiment d’émerveillement qu’elles provoquent.  » 

 Autant dire que je me suis jetée sur ce livre, surtout après avoir lu le billet très tentateur d'Electra !
Et je n'ai pas été déçue ! Pas forcément fan de nouvelles, je me suis laissée emporter !

Vermont, nord-est des USA, un endroit où se côtoient anciens hippies en mobil-homes et citadins richissimes venus chercher un coin calme pas trop perdu loin des villes.

Des histoires de femmes, pour la plupart, narratrices d'un morceau de leur vie , souvent à la recherche d'apaisement ou de souvenirs heureux, Des deuils, des maladies, des regrets, des vies ratées (selon le critères du monde occidental ultra-connecté et hyper-marchand), des émois d'adolescents, des addictions à la drogue ou à l'alcool, Joan Baez ou de la country en fond sonore, la forêt et un hypothétique puma qui rôde…

Une collection d'instantanés de personnages attachants, tous liés à cette terre, qui en partent et y reviennent, qui ne l'ont jamais quittée, tous marqués par la solitude mais qui, chacun à leur manière, portent un espoir !

L'homme des bois - Pierric BAILLY

Editions P.O.L
Parution : février
160 pages
Prix Blù / Jean-Marc Roberts 2017


Ce qu'en dit l'éditeur :

L’Homme des bois n’est pas seulement le récit par son fils de la mort brutale et mystérieuse d’un père. C’est aussi une évocation de la vie dans les campagnes françaises à notre époque, ce qui change, ce qui se transforme. C’est l’histoire d’une émancipation, d’un destin modeste, intègre et singulier. C’est enfin le portrait, en creux, d’une génération, celle des parents du narrateur, travailleurs sociaux, militants politiques et associatifs en milieu rural.

Né le 14 août 1982 à Champagnole dans le Jura, Pierric Bailly est l'auteur de Polichinelle (2008), Mickaël Jackson (2011) et L'étoile du Hautacam (2016).


Ce que j'en ai pensé :

C'est la lecture d'un beau billet de blog qui m'a rappelé que j'avais noté ce roman sur la liste de mes envies ; je ne pouvais de toute façon pas passer à côté de cette histoire qui se passe là où j'ai passé toutes mes vacances d'enfant. Chaque nom de village fait revivre des souvenirs et j'ai beaucoup aimé les pérégrinations de l'auteur dans ces lieux qui me sont aussi familiers. 

Il s'agit presque d'un pèlerinage pour ce fils dont le père est mort dans les bois, la tête fracassée au pied d'une falaise alors qu'il était en balade à la recherche de champignons. Pour le narrateur, c'est plus compliqué : il ne parvient pas à se contenter des conclusions du médecin légiste et du policier chargé de l'enquête.

C'est avec beaucoup de pudeur et de tendresse qu'il nous emmène sur les traces de ce père, militant discret, amoureux de la nature, curieux (il s'intéresse à tant de choses que l'inventaire donnerait le tournis : yoga, langues étrangères, littérature, théâtre et poésie) et archiviste (l'appartement est rempli de paperasses) et en dresse un portrait réinventé grâce aux témoignages des gens qui l'ont connu : un type ordinaire et pourtant extraordinaire, hors du commun !

C'est donc un beau roman sur le deuil, un beau "double-portrait" (celui de l'auteur, en creux, derrière celui du père). Une agréable surprise !

La tresse - Laetitia COLOMBANI

Editions Grasset
Parution : 10 mai 2017
224 pages
Ce qu'en dit l'éditeur :

Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.
 
Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.
 
Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée.
 
Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est gravement malade.
 
Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est destiné et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité.

Laetitia Colombani est scénariste, réalisatrice et comédienne. Elle a écrit et réalisé deux longs-métrages, À la folie… pas du tout et Mes stars et moi. Elle écrit aussi pour le théâtre. La Tresse est son premier roman.

Ce que j'en ai pensé :

C'est drôle ! Au lieu de "Ce que j'en ai pensé" j'avais commencé à écrire ; "Ce que j'ai aimé"...! 

Et j'ai aimé tant de choses ! D'abord la narration, simple mais efficace, sans fioritures, sans circonvolutions inutiles, sans pour autant être trop sèche : elle va droit à l'essentiel mais touche au cœur.

Ensuite ces trois histoires. Trois histoires, trois brins de la tresse, trois femmes.
Trois femmes que tout sépare : une intouchable qui ramasse les excréments des autres castes et n'a nul avenir (sauf celui qu'elle rêve pour sa petite fille de six ans), une italienne qui reprend l'entreprise de son père quand celui-ci, après un accident de Vespa, se retrouve dans le coma et découvre la faillite proche,  une avocate canadienne aux dents longues et à la réussite toute tracée jusqu'à ce qu'on lui détecte un cancer.

Ça pourrait vite tourner à la bluette, mais c'est tout sauf ça ! et pour un premier roman, chapeau bas ! 

J'ai été happée par ces destins, par ces conditions féminines si différentes en apparence (n'y-a-t-il pas finalement beaucoup de points communs entre une jeune femme sicilienne soumise au joug de la famille et des traditions, une indienne intouchable supposée ne jamais quitter sa caste, une femme du monde capitaliste occidental vouée toute entière à sa carrière au détriment de sa famille et de sa santé ? ). 
J'ai aimé cette façon de croiser les chemins : des femmes singulières, courageuses dans leur combat,  dignes, luttant contre les préjugés et les présupposés de classe (ah ! le déterminisme social...), des femmes fortes qui luttent, s'émancipent, chacune à sa manière, sans gloriole et sans féminisme revanchard.
  
Une belle lecture que je recommande -et je sais bien que je ne suis pas la première à le faire !

La table du roi Salomon - Luis MONTERO MANGLANO


Editions Actes Sud
Parution : juin 2017
Titre original : La mesa del rey Salomon
Traduction : Claude Bleton
528 pages 

Ce qu'en dit l'éditeur :

Canterbury : des ruelles pavées à l’ombre d’une cathédrale mythique, un honorable archevêque, des étudiants, des pubs et des bicyclettes. Tirso Alfaro, doctorant espagnol en art médiéval, s’ennuie à mourir au musée de la ville, où il officie comme guide ; jusqu’au jour où, sous ses yeux, un moine dérobe la précieuse patène ancienne, fleuron de la céramique vitrifiée des maîtres cordouans, qu’il était venu étudier. Échouant à convaincre les autorités que l’œuvre qui continue de briller de tous ses feux derrière la vitrine blindée est une réplique, Tirso est renvoyé à Madrid, où l’attend une offre d’emploi énigmatique, assortie d’un extravagant test d’aptitude… qu’il réussit. Il intègre alors le Corps royal des quêteurs : une organisation secrète, établie dans les sous-sols du Musée archéologique de Madrid, et dont la mission consiste à localiser et à rapatrier par tous les moyens les œuvres du patrimoine historique national que les rapines des guerres des XIXe et XXe siècles ont éparpillées à travers le monde. Les objets ainsi “volés aux voleurs” sont remplacés par de parfaites copies (le procédé mis en œuvre à Canterbury).

La première mission de Tirso, qui porte sur l’un des secrets les plus insondables de l’histoire des civilisations, le lance sur la trace du roi Salomon et de Lilith, l’incomparable reine de Saba.

L’amour et l’action le disputent à l’intrigue et à l’aventure, dans ce roman érudit et trépidant qui nous plonge au cœur des histoires de l’art.

Luis Montero Manglano est né à Madrid en 1981. Il est professeur d'histoire de l'art et d'histoire médiévale.

Ce que j'en ai pensé :

Je suis de plus en plus difficile lorsqu'il s'agit de polar ésotérique, et souvent de plus en plus circonspecte. Il ne s'agit pas de convoquer les Templiers ni seulement d'évoquer des mystères plurimillénaires pour susciter mon intérêt : à force d'avoir tellement lu ce genre, il me faut aussi une érudition certaine (et pas seulement plaquée artificiellement sur l'intrigue), sans qu'elle soit pesante (du genre à donner envie de sauter des paragraphes), que le rythme soit vif et que les personnages, évidemment, soit au moins empathiques sinon crédibles.

Ce roman-là réunit des critères positifs : Tirso le héros, sorte d'universitaire raté qui végète dans l'ombre d'une mère reconnue comme célèbre archéologie et d'un père un peu mystérieux trop tôt disparu, est un bon personnage : un peu trop vif, pas toujours très fin mais intelligent et débrouillard, remplit le rôle à merveille !

L'histoire change un peu (et ironise, en clin d’œil, sur l’absence ces Templiers) et tient la route : une brigade semi-secrète de chercheurs de trésors qui veulent avant tout que l'héritage espagnol retrouve sa place dans les musées.

C'est vivant, enlevé, sans temps mort et les 528 pages défilent à toute vitesse ! Une sorte d'Indiana Jones érudit, mais pas trop, et qui, une fois n'est pas coutume se passe en Espagne et concerne la Table d'Emeraude (clic pour en savoir plus), sujet assez peu abordé dans la littérature ésotérique.

Seul bémol : l'utilisation du passé simple et les tournures de phrases en "on", un peu bizarres mais l'ensemble se tient, se lit avec plaisir !

Ça tombe bien, on dirait que c'est le début d'une série ;o)


Portrait d'un homme heureux - Erik ORSENNA

Editions Folio   (n° 3656)
Parution : 13 mars 2002
176 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

«À Versailles, souvent je tends l'oreille, rêvant de retrouver une amitié, une conversation quotidienne et qui dura trente-cinq ans. Entre Louis XIV et André Le Nôtre. Le monarque le plus puissant à qui tout doit céder, même le temps. Et l'homme de la terre, le saisonnier, celui qui reste du côté de la nature, même s'il la force comme personne avant lui.
Ensemble ils ont écrit le plus grand livre du monde - mille hectares -, le roman du Soleil incarné. La seule histoire occidentale qui impressionnait Quianlong, l'empereur de Chine, le créateur du Jardin de la Transparence parfaite.»


Ce que j'en ai pensé :

Flânant dans la librairie-boutique du Grand Palais, après avoir visité l'expo Jardins, je suis tombée sur ce petit opuscule qui évoque la vie d'André Le Nôtre, le célèbre jardinier de la Cour de France, des Tuileries aux jardins de Versailles ! Je n'ai pas su résister !

Pas tout à fait une biographie (les éléments historiques sont tour à tour appuyés par des documents ou semblent plus imaginés, rêvés, que réels), pas tout à fait un roman non plus, mais plutôt une déambulation, comme dans un jardin.

Comme on comprend que Le Nôtre ait pu être heureux, malgré les  pressions du pouvoir (ou grâce à elles ?), en exerçant ce métier qui faisait déjà la renommée de son père et de son grand-père ! Des jardins, des fleurs, certes...mais aussi un brin de mathématiques et de philosophie, de l'art avant tout puisque le génial jardinier a presque failli être peintre !

 
Un voyage dans le temps érudit mais agréable à lire, une petite merveille à garder pas loin de soi, d'autant si l'on envisage de visiter Vaux-le-Vicomte, Versailles, Fontainebleau ou Chantilly ! 
Des buis et des ifs taillés, mais pas seulement ! Une incursion dans l'histoire, dans le tracé de bêche d'un homme qui a pensé les jardins autrement, courtisan sans l'être, mathématicien et artiste pour finir par reprendre la profession de son père et grand-père (on a du mal à sortir de sa "caste" professionnelle au XVIIème siècle !), un récit qui a le mérite de n'être aucunement pontifiant, de divertir en racontant le Grand Siècle !

J'ai aimé le style, l'apparente légèreté du ton mais la profondeur des références citées, j'ai eu l'impression de me promener dans les allées de Versailles ou de Chantilly et je crois que je vais être assez impatiente de lire le prochain ouvrage qu'Erik Orsenna va publier chez Stock à la rentrée et qui concernera Jean de La Fontaine, contemporain d'André Le Nôtre !

Poupée volée - Elena FERRANTE

Editions France Loisirs
Parution : 2010
Titre original : La figlia oscura
Traduction : Elsa Damien
284 pages

Ce qu'en dit l'éditeur : 

Pourquoi Leda interrompt-elle brusquement ses vacances ? Enseignante à l'université de Florence, seule depuis que ses deux filles sont parties rejoindre leur père au Canada, elle passe quelques semaines au bord de la mer et, parmi les estivants qu'elle observe chaque jour sur la plage, s'intéresse surtout à une famille, une véritable tribu. Elle se lie plus particulièrement d'amitié avec Nina, jeune femme mariée à un homme plus âgé, et à sa fille Elena, qui semblent très complices et comme étrangères à une famille un peu rustre. Cette rencontre constitue pour Leda l'occasion de réfléchir à ses rapports avec ses propres filles, qu'elle a abandonnées pendant trois ans alors qu'elles étaient encore enfants, et à une maternité qu'elle n'a jamais pleinement assumée. Saura-t-elle se montrer à la hauteur cette fois ? Magnifique portrait de femme, Poupée volée est une réflexion lucide sur la difficulté d'être mère, à laquelle l'écriture puissante et viscérale d'Elena Ferrante confère toute son universalité. 

Editions Folio 
à paraître en septembre 2017


Ce que j'en ai pensé :

J'ai trouvé cette version du roman dans une brocante et je regrette presque de ne pas avoir su avant que Folio programmait une parution en septembre, la couverture avec les parasols me plait infiniment. Elle restitue l'ambiance des plages italiennes où se déroule l'intrigue.
La narratrice a décidé de passer ses vacances seules dans un appartement de bord de mer où elle pense mettre le temps à profit pour préparer les cours qu'elle donne à l'université.

On la sent fragile, dès les premières pages, et son personnage n'est pas sans rappeler celui de L'amie prodigieuse (surtout dans le tome 3) : une femme séparée, qui s'est plus ou moins volontairement éloignée de ses enfants et qui se compare toujours aux autres femmes, s'estime peu à sa place dans sa catégorie sociale, renie ses origines populaires et s'agace toujours de la figure maternelle.

C'est d'ailleurs sur le thème de la maternité que l'auteur place ce roman : maternité en échec (sa mère fait honte à la narratrice qui, elle-même, a "abandonné" ses filles), maternité rêvée (elle admire la mère de la petite fille à qui "on" a volé la poupée), maternité exacerbée (Rosaria enceinte jusqu'aux yeux sur la plage). Et cette poupée qui en est le symbole, celui du bébé dont il faut s'occuper et qui fait tout à coup délirer la narratrice...

Etrange roman : j'ai beaucoup aimé les parallèles établis tout en étant souvent agacée par cette narratrice (le même ressenti que pour le tome 3 de L'amie prodigieuse).

Sinon j'oublie - Clémentine MÉLOIS

Editions Grasset
Parution : 5 avril 2017
240 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Depuis plusieurs années, Clémentine Mélois collectionne les listes de commissions trouvées dans la rue. Chaque trouvaille est pour elle prétexte à se raconter une histoire. Qui est l’auteur ? Quels sont ses rêves, ses envies ? À partir d’une sélection de 99 listes (reproduites en image et en couleur), voici un portrait drôle et tendre d’hommes et de femmes qui se confient à la première personne, parlent de leurs vies, de nos vies. Grâce à la fiction, la réalité la plus prosaïque donne lieu à l’imagination la plus poétique.

Clémentine Mélois, née le 15 juin 1980, est une artiste plasticienne et écrivaine française.Auteur d’un recueil de pastiches de classiques de la littérature (Cent titres, Grasset 2014) et d’un traité de nihilisme pour la jeunesse (Jean-Loup fait des trucs, Les Fourmis rouges 2015). Elle est aussi l’une des « Papous » de France Culture.

Ce que j'en ai pensé :

Un grand merci aux Editions Grasset et à Babelio Masse Critique qui m'ont donné l'occasion de lire ce drôle de recueil qui me faisait très envie !

Pensez donc ! Un inventaire à la Prévert avec des listes (la plupart de ravitaillement alimentaire) trouvées dans la rue, photographiées sur la page de gauche, auxquelles l'auteur associe des histoires, parfois lapidaires (2 lignes bien senties et tellement justes !).

Voila une idée intéressante ! Pire, carrément poétique ! parce qu'il y a de ça dans ces traces du quotidien, dans ces mémorabilias collectés, ces écritures parfois hésitantes, à l'orthographe parfois fantaisiste (il y a quelques perles dont je me suis régalée).

Un inventaire de tout ce qu'on oublie, un air de nostalgie, un côté décalé à la Pérec, et ces textes qui m'ont touchée, ces inventions d'autres vies (qui peut bien être la personne qui note quelques bricoles à acheter chez l'épicier ?).

Un petit bonheur que ce recueil, une lecture en suspens, arrêtée sur des portraits de gens ordinaires, et même, des accents sociologiques (j'ai souri de cette future adepte du régime hyper-protéiné, une de ces 99 histoires), beaucoup de tendresse aussi ...



Conspiration - Eric GIACOMETTI et Jacques RAVENNE

Ed JC Lattès
Parution : 24 mai 2017
530 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

De la France aux États-Unis, Marcas, mis sur la touche par sa hiérarchie, va devoir retrouver un secret qui hante l'histoire de France et dont la possession peut détruire les démocraties occidentales. Deux siècles plus tôt, en pleine Révolution française, l'inspecteur Ferragus présent dans les Illuminati est entraîné dans une implacable course contre la montre pour démasquer le groupe occulte qui veut s'emparer du même secret. Au coeur de ce secret, le pouvoir absolu.

Ce que j'en ai pensé :

Le retour du "duo infernal" ! Une qualité ici ! J'aime depuis très longtemps les aventures de Marcas, ses énigmes ésotériques, et ces deux auteurs, français de surcroît, excellent dans le genre ! Pas de rebondissements faciles, pas de résolutions criminelles capillotractées, on est sur du sérieux, du documenté, de plausible (le gars Ravenne est un vrai franc-maçon, sous pseudo, ça aide !).

Dès les premières pages, on retrouve un rythme, une ambiance et ce bon vieux Marcas qui s'émeut d'une femme battue par son connard de trafiquant de tableaux de mari ! Quand tous les habitants d'un immeuble se jettent depuis leurs fenêtres, complétement hilares, sur une terrasse de resto à Paris, il reprend officieusement du service...En parallèle, Ferragus, qu'on avait déjà rencontré dans l'opus précédent, en 1793, est contraint par Danton de résoudre une énigme liée au "secret des rois".

Pas moyen d'en dire plus sans trop en dire ! Un bon opus de nouveau qui confirme que je suis fan de ces deux auteurs !

A noter page 123, le renvoi en bas de page qui mentionne un roman (Le moine rouge de la rue Saint Benoît) paru aux Editions du Masque, et qui n'existe pas au catalogue de l'éditeur...Clin d’œil des auteurs ?