Editions
La Manufacture de Livres - collection Territori
Parution
: 5 juin 2015
180
pages
Ce
qu'en dit l'éditeur :
Après
des années d’errance, Karl joueur compulsif et désargenté
retourne au sein de sa famille qu’il n’a plus revue depuis plus
de vingt ans. Son père est un vieillard égoïste qui a rejeté ses
deux fils comme lui-même le fut par son propre père. Pierre, dit
l'Indien, frère mal aimé par tous, vit désormais à l’écart.
Aucun n'attache une réelle importance à ce retour. Aux abois,
stigmatisé par son échec, Karl est un poids pour ses vies
construites sans lui. Au cœur d’une forêt limousine rode un
sanglier solitaire que les chasseurs ne parviennent pas à abattre.
Née
en 1973 à Lyon, Séverine Chevalier a d'abord été juriste avant de
publier Recluses en 2011 puis Clouer l'Ouest qui a reçu
le Prix Calibre 47 en 2016.
Ce
que j'en ai pensé :
Il
y a là Odile la mère qui se perd dans le brouillard des médicaments
et veille Mémé, sa propre mère placée en maison de retraite
depuis qu'elle a Alzheimer. Il y a le Doc, mari d'Odile, et leurs
deux enfants, "l'indien', taiseux et sauvage, souffre-douleur de
Karl, l'autre fils, celui qui est parti un jour vers la mer et qui
revient, endetté et accompagné de sa fille de cinq ans, Angèle,
muette.
Et
autour, Mariline et Serge (brisé psychiquement par la guerre en
Afghanistan), Joël le frère d'Odile, seul dans sa ferme avec le
chien Tak. Il y a aussi l'ombre d'Henri Des Courts, le père de Doc,
mort d'un accident de chasse.
Partout,
la forêt dense et inquiétante dans laquelle vit un vieux sanglier
noir que personne ne réussit à ajouter à ses trophées de chasse,
et la neige qui tombe sur le plateau dans un hiver qui semble ne
jamais finir.
"Il
faut bien que les choses se soient passées d'une certaine façon."
Il
y a surtout l'étrange narration de Séverine Chevalier dont les mots
se posent comme une évidence, parfois dans la brutalité, diffusant
un malaise, posant des questions auxquelles personne parmi les
personnages ne semblent pourvoir -ou vouloir- trouver des réponses.
Des mots parfois en vrac comme ceux de la femme mourante de Joël et
qui ressemblent à une étrange comptine qui cacherait un secret.
J'ai
été déroutée par cette narration peu ordinaire et par la noirceur
de ce roman, son ambiance impénétrable, épaisse comme la neige.
Pourtant la fin ne m'a qu'a demi étonnée, comme si le drame était
prévisible, dès les premières neiges et qu'il faille aligner les
cadavres comme à l'issue d'une partie de chasse !
Tout
est violence dans ce polar sauf la langue qui joue avec les mots en
douceur, qui virevolte et se pose, fine, sur un sombre portrait de
famille.
Tout
est violence et pourtant tout est lumière, un sacré bouquin !!
Je le croise sans arrêt en librairie (car même collection et couverture que Battues d'Antonin Varenne) et tu me pousses à l'acheter maintenant ;-)
RépondreSupprimerUne drôle d'expérience de lecture on dirait. Je note !
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