Ce qu'en dit l'éditeur :
Peut-on parler à son ordinateur comme on parlait à son « cher cahier » ?
Philippe Lejeune poursuit son étude des écritures ordinaires.
En
1998, il lance une nouvelle enquête sur la pratique du journal
personnel sur ordinateur : est-il commode, est-il intime de raconter sa
vie au jour le jour sur écran ? Quels avantages nouveaux compensent la
perte de la trace personnelle de l’écriture ?
En
1999-2000, il tient lui-même (sur ordinateur) un journal pour suivre
sur son écran les journaux personnels « en ligne » sur Internet. Il nous
fait partager ses étonnements, ses réflexions, ses coups de cœur. Il
découvre comment la diffusion anonyme peut créer une sorte d’intimité
conviviale. A la différence du cahier, en effet, l’écran vous répond…
Lettres
reçues en réponse à l’enquête, extraits des journaux « en ligne » sur
Internet accompagnent cette méditation sur le moi et les nouveaux
médias.
Né
en 1938. Il a enseigné la littérature française à l’université de
Lyon (1966-1972), puis à l’Université Paris-Nord Villetaneuse
(1972-2004). Co-fondateur et président de l’Association pour l’Autobiographie
(APA). Il a publié des essais sur l’autobiographie (Le Pacte
autobiographique, Seuil, 1975, Les Brouillons de soi, Seuil,
1998, Signes de vie, Seuil, 2005) et sur le journal personnel (« Cher
cahier… », Gallimard, 1989, Le Moi des demoiselles,
Seuil, 1993, et, avec Catherine Bogaert, Un journal à soi. Histoire
d’une pratique, Textuel, 2003).
Pour découvrir son site (clic)
Ce que j'en ai pensé :
J'ai découvert Philippe LEJEUNE au début des années 1990 en empruntant "Cher cahier.." à la bibliothèque. J'avais une curiosité légitime sur l'écrit intime puisqu'à l'époque j'écrivais moi aussi un journal et je me suis retrouvée dans les témoignages recensés. C'est un ouvrage que j'ai dû lire plusieurs fois depuis..
L'occasion était trop belle de découvrir cet essai sur le cyberjournal intime et de suivre à nouveau les réflexions de l'auteur sur une pratique de diariste qui se diversifie, se modernise, s'adapte.
Deux approches se juxtaposent : écrire son journal autrement qu'à la main (passer à la machine à écrire puis à l'ordinateur, conserver ou pas ces deux pratiques d'écritures, pour quels genres d'écrits intimes ?) et éventuellement le diffuser en ligne pour le donner à lire (et en quoi cela dépasse-t-il la notion d'intimité ?).
L'étude a été menée sur le même principe que "Cher cahier.." en faisant appel à des témoignages, elle se déroule juste avant l'an 2000 quand internet n'était encore utilisé que par environ 6% de foyers français en mai 1999 (en 2014, 95% sont équipés !).
C'est assez amusant de lire le constat fait par Philippe LEJEUNE sur la protection de l'intimité, sur les balbutiements des cyberdiaristes, et de le mettre en perspective avec ce que nous connaissons d'internet à présent (explosion des blogs qui peu ou prou prennent la place du journal, naissance de Facebook en 2004 qui bouleverse les codes et les rapports à l'intimité, droit à l'oubli sur Google né 10 ans plus tard)...
Extrait :
"c'est un monde étrange où seule l'acceptation est acceptée. On y vit en état d'apesanteur critique. Impossible de douter, de détester, de critiquer, sans s'exclure du jeu. (...) On fait semblant de dialoguer. On croit demander des réponses, on n'écoute que l'écho. On plane, on surfe, on glisse, on passe, et rien ne s'est passé..."
Ça reste tellement vrai 15 ans plus tard ! Même si les pratiques des internautes ont changé, cet ouvrage invite à la réflexion sur notre rapport à l'intime sur les écrans, bien au-delà du journal.
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