Editions Calmann Levy
Parution : 4 janvier 2017
Titre original : Homegoing
Traduction : Anne Damour
450 pages
XVIIIe
siècle, au plus fort de la traite des esclaves. Effia et Esi
naissent de la même mère, dans deux villages rivaux du Ghana. La
sublime Effia est mariée de force à un Anglais, le capitaine du
Fort de Cape Coast. Leur chambre surplombe les cachots où sont
enfermés les captifs qui deviendront esclaves une fois l’océan
traversé. Effia ignore que sa sœur Esi y est emprisonnée, avant
d’être expédiée en Amérique où des champs de coton jusqu’à
Harlem, ses enfants et petits-enfants seront inlassablement jugés
pour la couleur de leur peau. La descendance d’Effia, métissée et
éduquée, connaît une autre forme de souffrance : perpétuer sur
place le commerce triangulaire familial puis survivre dans un pays
meurtri pour des générations.
Navigant brillamment entre Afrique et Amérique, Yaa Gyasi écrit le destin d’une famille à l’arbre généalogique brisé par la cruauté des hommes. Un voyage dans le temps inoubliable.
Née
à Mampong (Ghana) en 1989, elle part vivre aux États-Unis
avec ses parents à l'âge de 2 ans. No home, publié aux
Etats-Unis sous le titre Homegoing, est son premier roman.
Voila un roman dont on commence à entendre beaucoup parler, et ce n'est sûrement pas fini !
C'est
d'abord une immense fresque familiale qui s'étend sur presque 250
ans et 7 générations et où l'on rencontre 14 personnages, tous
originaires du Ghana mais aux destins bien différents. L'arbre
généalogique placé au début du roman donne le ton : deux lignées
parallèles issues d'une même femme, l'une asservie par l'esclavage
aux USA et l'autre, métissée aux colons britanniques qui restera en
terre africaine.
Leur
point commun, la difficulté à trouver sa place et à revendiquer
son identité : pour les esclaves afro-américains affranchis que la
société WASP affecte à des travaux pénibles ou cantonne dans des
ghettos comme Harlem et qui ne restent, malgré la fin de la
ségrégation, que des nègres, mais aussi pour leurs frères et sœurs métissés au temps de la colonisation britannique ou
hollandaise au Ghana et qui ne sont plus assez noirs dans leurs
tribus d'origine.
C'est
donc un roman aux multiples facettes qui évoque tant la condition
des noirs que l'exil, l'esclavage sous toutes ses formes
(institutionnalisé et commercial, "consenti" pour des
raisons de survie, fourni par la drogue), la culture ghanéenne et la
civilisation de la Côte-de-l'Or (rôle des femmes, des Grands
Hommes, sécheresse, guerres tribales).
Un
roman d'autant plus riche et fascinant qu'il est servi par une
narration magnifique dont la fluidité appuie encore l'intelligence :
l'auteur porte un regard lucide mais amoureux sur l'histoire
ghanéenne sans jamais juger. Cela rend chacun des 14 personnages
terriblement attachant.
Et dire qu'il s'agit (en plus !) d'un premier roman !!!
Il fait beaucoup de bruit autour de lui mais le sujet est passionnant (depuis Americanah et un autre roman (lu par Marie-Claude) ce thème est de plus en plus présent. Je le lirai c'est certain.
RépondreSupprimerMoi aussi, je compte bien le lire. "Voici venir les rêveurs", c'est le titre d'«un autre roman» (Electra ci-dessus).
RépondreSupprimerQuel enthousiasme !
RépondreSupprimerIl vient d'arriver chez moi, autant te dire qu'il ne va pas traapiner longtemps sur mes étagères !
RépondreSupprimerCelui là, j'ai compris, il ne faut pas passer à côté !
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