La route de Beit Zera - Hubert MINGARELLI

éd Stock - 162 pages
Ce qu'en dit l'éditeur :
Stépan vit avec sa chienne quelque part en Israël dans une maison isolée près des bois. Il écrit chaque jour à son fils Yankel, forcé de se cacher à l’autre bout du monde. Il raconte ainsi sa vie de solitude et dit son espoir, un jour, de le retrouver. En faisant face à son chagrin, il se souvient de l’époque où il contrôlait les Palestiniens aux postes-frontières, éprouvait de la haine, de la honte ou de la compassion.
Depuis quelque temps, un adolescent mystérieux lui rend visite et s’attache peu à peu à la chienne. Livre de la paternité et de la transmission, il aborde la question de la séparation, celle d’un père et d’un fils mais aussi celle des peuples qui vivent avec les fautes commises par leurs aînés. Et dit, à hauteur d’homme, la vie quotidienne éprouvée par le conflit israélo-palestinien.

Né le 14 janvier 1956 (Bon anniversaire !) en Lorraine, 
Hubert Mingarelli a écrit depuis les années 1990 une vingtaine de romans.

Ce que j'en ai pensé :
J'ai eu beaucoup de mal à me replonger dans un livre depuis une semaine, j'avais le coeur serré et je voulais lire quelque chose de léger et doux. Mon premier réflexe en lisant la quatrième de couverture de ce roman qui vient de paraître a été de reposer l'ouvrage en rayon, et puis...
Et puis j'ai découvert une belle histoire, simple et profonde pourtant, où le conflit israëlo-palestinien n'est tracé qu'en filigrane, ne donne lieu à aucun jugement de nature politique, n'est là que pour expliquer pour le vieux Stepan est seul dans sa maison, au sud du Lac de Tiberiade, juste à la frontière avec la Palestine.
Je me suis laissée porter par ces chapitres courts (parfois juste une page !) qui donne aux hommes la part belle, témoigne d'une grande humanité, d'une infinie tendresse entre ce jeune arabe et ce vieux juif.
C'est un roman qui évoque la solitude, la difficulté à dire, à communiquer, les choix. L'écriture, simple et directe, est pourtant très poétique et délicate quand elle évoque les oiseaux (une symbolique récurrente, de l'hirondelle au vautour), la neige et la forêt, et ces deux hommes si différents, "ennemis" par la force des choses et que la vieille chienne unit autour d'elle.
J'ai refermé, un peu émue, apaisée, ces pages douces et bienveillantes qui ont su me réconcilier avec la lecture. 
Extrait :
"La chaleur montait de la route comme de l'eau chaude dans un bassin. Le soleil les tuait tous. L'officier qui les commandait se tenait sur le bas-côté dans l'herbe brulée. Même sans bouger il était trempé de sueur. L'un après l'autre, les Arabes s'avançaient vers Stépan et Samuelson qui les fouillaient dans les règles, sinon l'officier leur disait de recommencer.Ils étaient une centaine à attendre leur tout pour entrer dans Jaffa.Soudain un vieillard sortit de la file, s'avança, passa à côté de Stépan et Samuelson sans un regard, sans l'ombre d'une crainte, et s'éloigna. L'officier leva une main et posa l'autre sur son étui à revolver.
Stépan et Samuelson, abandonnant les deux qu'ils fouillaient à ce moment-là, se redressèrent, fixèrent un moment le dos du vieillard qui s'en allait sans les craindre, puis éclatèrent de rire, et tous les Arabes quia ttendaient leur tour éclatèrent eux aussi d'un rire si extraordinaire qu'il couvrit celui de Stépan et Samuelson. L'officier devint rouge de colère, mais demeura muet. Il faisait trop chaud. Sa main glissa de son étui à revolver et retomba le long de sa jambe, vaincue non par un ennemi puissant, mais par le soleil."

1 commentaire:

  1. Définitivement intéressé par ce roman à la lecture de ta critique.
    Merci à toi!

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