éd Albin Michel - 208 pages
Ce qu'en dit l'éditeur :
C’est une étrange éducation que Madame, veuve excentrique et
solitaire, s’obstine à donner au fils de ses fermiers dans un lointain
domaine menacé par la décadence. Que cherche-t-elle à travers lui ? Quel
espoir, quel souvenir, quelle mystérieuse correspondance ?
Curieusement, le garçon accepte tout de cette originale. Avec elle,
il habite un autre temps que celui de ses parents et du collège. Un
temps hanté par l’ombre de Corentin, l’enfant perdu de Madame.
C’est dans ces eaux mêlées que nous entraîne l’écriture secrète,
raffinée, et cruelle jusqu’à la fascination de Jean-Marie Chevrier.
Ce que j'en ai pensé :
Impression en demie-teinte, je n'ai pas su quoi penser de ce roman en le refermant..J'en ai aimé beaucoup de choses : la poésie des descriptions et celle apprise par cœur par Willy (Baudelaire, Verlaine..), la force des éléments de la nature (ça sent l'amour pour Dame-Nature), le côté un peu foldingue-machiavélique de la vieille aristo, le mystère autour de la mort..J'ai aimé le côté implacable du destin, la manipulation dépeinte dans les rapports entre l'aristocrate et cet ado-substitut qu'elle accapare.
Et en même temps, j'ai trouvé que ça manquait de chaleur, que c'était parfois décalé, difficile à plaquer sur une époque (quel ado de 14 ans accepterait aujourd'hui de se faire laver des pieds à la tête par sa mère ?), je n'ai pas eu de réelle empathie pour les personnages (Madame est une créature bizarre, pas maternelle, presque asexuée ; Willy-Guillaume est à cheval entre deux mondes ; les parents paysans ont l'air de sortir du Moyen-Age). C'est parfois déroutant. Il n'y a qu'à la toute fin qu'on comprend ce qui anime leurs personnalités et finalement, ça m'a semblé la seule issue possible dans ce qu'elle pouvait inclure de tragédie et de cruauté..
Merci à Léa de m'avoir prêté ce roman ; pour lire son avis, c'est là (clic)Extrait :
"Il doit tenir ça de son grand-père Guillaume, le goût de la terre. Un
goût physique. Il aime la toucher, marcher dessus, la sentir sous ses
semelles, soit dure et sèche, soit molle et mouillée. Ce qu'il aime
aussi, c'est la voir labourée, telle qu'il va la découvrir après le
travail de son père, les sillons bien droits, repliés sur eux-mêmes
comme une mer figée de vagues noires avec, à cette saison, les fines
toiles que tissent les araignées pendant la nuit et que la rosée rend
visible, le matin, comme des traces d'écume."
Ca ne me tentait pas des masses jusqu'à lecture de ton billet ... :-)
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