éd
JC Lattès
26
août 2015
484
pages
Ce
qu'en dit l'éditeur :
«
Ce livre est le récit de ma rencontre avec L.
L.
est le cauchemar de tout écrivain.Ou plutôt le genre de personne
qu’un écrivain ne devrait jamais rencontrer.»
Dans ce roman, Delphine de Vigan raconte l’histoire d’une amitié. Séduction, dépression et trahison sont les trois temps de ce récit qui entraîne le lecteur dans les coulisses de la création, là où le doute, les apparences et les faux-semblants tendent un piège redoutable. Qui est le maître du jeu ?
« Tu
sais parfois, je me demande s’il n’y a pas quelqu’un qui prend
possession de toi. »
Née en 1966, Delphine de Vigan est romancière. Elle est notamment l’auteur
de No et
moi, des
Heures souterraines (2009) et de
Rien ne s’oppose à la nuit
(2011), Prix Fnac, Grand prix des lectrices
de Elle et Prix Renaudot des lycéens. Ses
livres sont traduits dans le
monde entier.
Ce
que j'en ai pensé :
Où
s'arrête le Vrai, où commence la fiction pour un écrivain ?
La
narratrice (le double de l'auteur, même prénom, même succès après
un roman-récit très personnel) se retrouve en panne d'écriture,
fatiguée d'une promo intense, de débats avec les lecteurs et
rencontre (fortuitement ?) une femme avec laquelle elle se découvre
de multiples affinités.
Une
femme surtout dont les manœuvres, les manigances (qui nous
apparaissent tellement évidentes !) vont bouleverser la narratrice,
la faire basculer, douter, la poussant à écrire le "Vrai",
le roman intime caché, alors qu'elle a envie de fiction,de
personnages "trafiqués", trompeurs, romanesques.
Au-delà
de l'autofiction (réelle ou pas ? finalement ce roman n'en finit pas
poser cette question), on devine les errements de l'écrivain, sa
recherche, son processus créateur (et dans celui-ci, le processus
destructeur !), et l'ensemble, au rythme addictif, à l'angoisse
prégnante, nous interroge sur ce qu'est un écrivain contemporain,
sur les attentes du lecteur, sur la part de fiction dans le roman ou
la part de réel dans la fiction.
J'ai
adoré ce roman et je n'ai pas pu m'empêcher d'établir le parallèle
avec celui
d'Emilie Frèche, où le côté autofiction voyeuriste m'avait un
peu gênée (la sensation ici n'est pas la même sans doute parce que
l'analyse du contexte rend les choses différentes, l'auteur pouvant
distancier la narration de son ressenti, on n'a moins l'impression
d'avoir un regard impudique sur un journal intime), il s'agit
d'emprise, de domination...
Finalement,
ce roman, autobiographique ou pas, nous donne à comprendre ce qui
fait un écrivain, dans la solitude, dans la quête d'une histoire,
dans ce qu'il est possible d'en raconter, vrai ou romancé, et
Delphine de VIGAN excelle elle-aussi dans l'art de la manipulation,
nous enchaînant, page après page, à cette histoire, à ce thriller
psychologique !
A
noter aussi, une incursion dans la bibliothèque de la narratrice où
l'on retrouve avec plaisir ses lectures (Modiano, Adam, Desarthe,
Gallay, des auteurs américains...).
Extraits
:
"A
cet instant précis, j'ai pensé cela : de certains mots, de certains
regards, on ne guérit pas. Malgré le temps passé, malgré la
douceur d'autres mots et d'autres regards."
"
Et c'est peut-être pour ça que le livre vous a touchée. Nous
sommes tous des voyeurs, je vous l'accorde, mais au fond, ce qui nous
intéresse, nous fascine, ce n'est peut-être pas tant la réalité
que la manière dont elle est transformée par ceux qui essayent de
nous la montrer ou nous la raconter. C'est le filtre posé sur
l'objectif. En tout cas, que le roman soit certifié par le réel ne
le rend pas meilleur. (...) Je suis presque certaine que vous, nous,
lecteurs, tous autant que nous sommes, pouvons être totalement dupes
d'un livre qui se donnerait à lire comme la vérité et ne serait
qu'invention, travestissement, imagination."
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