Les fauves - Ingrid DESJOURS

éd Robert Laffont - collection La bête noire- 8 octobre 2015 - 448 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
Votre pire prédateur : Celui qui vous aura apprivoisé.
« Torturez-la ! Violez-la ! Tuez-la ! » À la tête d'une ONG luttant contre le recrutement de jeunes par l'État islamique, l'ambitieuse Haiko est devenue la cible d'une terrible fatwa.
Lorsqu'elle engage Lars comme garde du corps, le militaire tout juste revenu d'Afghanistan a un mauvais pressentiment. Sa cliente lui a-t-elle dit l'entière vérité sur ses activités ? Serait-ce la mission de trop pour cet ancien otage des talibans ?
Dans cet univers ou règnent paranoïa et faux-semblants, Haiko et Lars se fascinent et se défient tels deux fauves prêts à se sauter à la gorge, sans jamais baisser leur garde.

Ingrid Desjours est psychocriminologue. Elle décide en 2007 
de se retirer en Irlande pour écrire son premier thriller. 
Ses quatre premiers romans, Écho (2009), Potens (2010),  
Sa vie dans les yeux d'une poupée (2013) et Tout pour plaire (2014) 
ont été plébiscités tant par le public que par les libraires.

Ce que j'en ai pensé :
Les fauves plante son décor dans l'après-Charlie, dans une France inquiète de la menace islamiste et des attentats. C'est le roman de la manipulation, celle des politiques, des groupuscules d'extrême-droite et des ultra-cathos, mais c'est aussi un roman qui bouscule les préjugés, qui évite tout manichéisme, qui dévoile la part d'ombre de ceux qui se targuent d'avoir une mission honorable ou une pensée libre. 
Polar vif et ancré dans la réalité, Les fauves raconte également le stress post-traumatique, la violence de la guerre mais aussi la fragilité des hommes, des combattants. Intelligent, habilement servi par des personnages nuancés (qui est vraiment bon ou honnête ? qui trahit et mystifie ?), ce roman invite à la réflexion et offre une peinture saisissante de notre monde occidental en plein désarroi. Il dessine une jeunesse à la dérive, influençable et influencée, pèse le rôle des réseaux sociaux, de la quête d'un rôle à jouer (passer de Call of Duty à la guerre "pour de vrai", devenir un personnage dans la lumière médiatique, sauver le monde..), évoque la difficulté de trouver un sens à sa vie, à sa foi. 
Lars, le garde du corps chargé de la protection d'Haiko, est un personnage qui contient à lui-seul toutes les contradictions du roman, tour à tour héros ou victime, manipulateur et manipulé, brut et doux, sûr de lui et pourtant d'une fragilité extrême.
J'ai apprécié la mise en exergue d'extraits de journaux, de commentaires réels, au début de chaque partie, chacun mettant en perspective les réactions après les attentats de janvier 2015. J'ai aimé le style narratif de l'auteur, incisif, rapide, sa manière de traiter un sujet aussi brûlant et compliqué en invitant le lecteur à prendre du recul, à comprendre que rien n'est si simple et qu'il n'y a pas de pensée unique.
Un excellent polar psychologique, et l'envie de lire les autres romans d'Ingrid Desjours !

Merci à Babelio et aux Editions Robert Lafont pour leur confiance !


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