Appelez-moi Lorca Horowitz - Anne PLANTAGENET

éd Stock - 4 janvier 2016 - 216 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
Je voulais comprendre comment Lorca Horowitz avait mis en place son plan d’anéantissement sans éveiller le moindre soupçon, et avait osé monter une à une, sans jamais reculer ni même hésiter, les marches qui la menaient droit à son crime. Je voulais comprendre pourquoi elle l’avait fait. Mais surtout en quoi cela me concernait, me touchait. Qu’avais-je à voir là-dedans ? »

Anne Plantagenet est écrivain et traductrice d’espagnol. Elle est l’auteur notamment de Nation Pigalle (2011) et de Trois jours à Oran (2014), parus chez Stock.

Ce que j'en ai pensé :
Une narratrice fascinée par un fait divers et une manipulatrice alternent leurs histoires dans ce roman double (roman "du double"), troublant et fascinant ! 


Qui était Lorca Horowitz ? Elle n'est pas seulement une secrétaire un peu ronde et mal fringuée qui se transforme en une femme séduisante par mimétisme avec sa patronne, image d'une réussite sociale et familiale. Faut-il chercher plus loin, dans ses névroses, dans une psychologie retorse, ce double-jeu, cette mythomanie qu'elle affiche ? Et si, au-delà d'une pathologie du mensonge et de l'usurpation d'identité, il y avait une grande détresse émotionnelle et amoureuse, une sorte de jalousie devant une vie rêvée, fantasmée ?

La narratrice, écrivain qui anime des ateliers d'écriture sur les faits divers, fascinée par ce personnage pervers (pour lequel le lecteur se surprend lui-aussi à ressentir de la sympathie ou au moins de la compassion), révèle ses propres questionnements identitaires, interroge son "moi" et dissèque ses propres ambitions et ses échecs, si bien que les deux personnages semblent parfois se confondre, la narration devenant plus ambiguë, plus troublante encore...Le roman joue de manière très habile sur le voyeurisme, celui de la narratrice mais aussi celui du lecteur, spectateur volontaire se régalant d'une machination presque "chabrolienne" (les références littéraires d'ailleurs ne manquent pas dans le texte, de L'adversaire d'Emmanuel Carrère aux Bonnes de Jean Genet).

Appelez-moi Lorca Horowitz est un roman brillant, hypnotique, servi par une plume précise et virtuose qui enchaîne le lecteur dans une intrigue machiavélique où sont explorées toutes les failles de l'âme humaine : psychose paranoïaque, schizophrénie, mythomanie...

Merci à Valentine des éditions Stock pour cette lecture en numérique !

Extrait :
"Lorca grandissait, s'affirmait, prenait de plus en plus de place, je la voyais s'animer. Sa voix devenait plus nette, plus précise, singulière. Elle m'envahissait." 

1 commentaire:

  1. je n'avais pas encore entendu parler de ce livre, il pourrait me plaire!

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