Tropique de la violence - Nathacha APPANAH

Editions Gallimard
Parution : 25 août 2016
192 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

«Ne t’endors pas, ne te repose pas, ne ferme pas les yeux, ce n’est pas terminé. Ils te cherchent. Tu entends ce bruit, on dirait le roulement des barriques vides, on dirait le tonnerre en janvier mais tu te trompes si tu crois que c’est ça. Écoute mon pays qui gronde, écoute la colère qui rampe et qui rappe jusqu’à nous. Tu entends cette musique, tu sens la braise contre ton visage balafré? Ils viennent pour toi.»

Tropique de la violence est une plongée dans l’enfer d’une jeunesse livrée à elle-même sur l’île française de Mayotte, dans l’océan Indien. Dans ce pays magnifique, sauvage et au bord du chaos, cinq destins vont se croiser et nous révéler la violence de leur quotidien.





Nathacha Appanah née en 1973 à Mahébourg, île Maurice, est une journaliste et romancière mauricienne. Son premier roman, Les Rochers de Poudre d'Or, sur l'histoire des engagés indiens, lui vaut le prix RFO du Livre 2003. 

Ce que j'en ai pensé :

En 2007, j'ai découvert une écriture poétique et forte, douce et puissante, et j'ai été stupéfiée par la prose incroyable de Nathacha Appanah dans Le dernier frère. Depuis, j'ai tout lu de cet auteur, tout aimé, et encore plus quand elle raconte Maurice, la belle île qui fait rêver et qui possède pourtant son avers...

"Qu'est-ce qu'on sait de nos cœurs et de ces choses de notre enfance qui nous rattrapent par la cheville et nous retournent brusquement ?"


S'il y a toujours de la tendresse et beaucoup de poésie, ses romans n'épargnent aucune "violence", et je place volontiers ce terme entre guillemets parce que dans ce nouvel opus qui porte le presque effrayant titre de "Tropique de la violence", ça n'est pas seulement ça : c'est surtout la vie comme elle vient, avec le bon et le mauvais, le pire et le meilleur. 

"Je me suis demandé si, en réalité, il n'était pas foutu d'avance, ce garçon-là, et, avec lui, tous les garçons et les filles nés comme lui, au mauvais endroit, au mauvais moment."

Dans ce roman qui se déroule dans cette France du bout du monde et qui raconte les migrants,  les abandons d'enfants, les bidonvilles et les "politiques sociales" qui foirent, la drogue et la faim, rien n'est facile, rien n'est tendre.


 "Ils connaissent plein de choses ces gars-là, ils connaissent les chiffres de la misère, ils connaissent les chiffres de la délinquance, ils étudient les graphiques de la violence, ils ont des mots comme culture et loisirs à la bouche mais ils ne comprennent jamais rien, en réalité."

Aucun jugement de la part de l'auteur qui, avec la plus grande finesse, alterne les voix de ce roman polyphonique : celles des enfants (Bruce le caïd de Gaza qui a déjà basculé dans l'enfer, et surtout Moïse le comorien adopté qui ne trouve pas sa place), celle de Marie l'infirmière, d'Olivier le flic ou encore de Stéphane, travailleur social à qui la réalité du terrain fait perdre ses illusions.
 

C'est un uppercut, un regard lucide sur ce qui se passe partout, en Occident ou ailleurs. Ça pourrait être Lesbos ou Lampedusa, mais c'est à Mayotte, en France, et rien n'est fait réellement, pas plus qu'ailleurs, pour ces gamins perdus.

"Mayotte, c'est la France, et ça n'intéresse personne."

J'ai lu ça et là que ce roman était violent, choquant, difficile à lire...C'est tout le contraire : c'est un roman puissant, un roman lumineux, à la prose hypnotique et c'est pour moi, encore une fois, un vrai coup de cœur !

5 commentaires:

  1. Ce roman me faisait déjà de l’œil et ta chronique me donne encore plus envie de le lire !

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  2. J'ai de plus en plus envie de le lire. Et j'aime bien ta conclusion, à contre-courant des billets déjà lus!

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  3. Il a vraiment tout pour me plaire celui là ! Je lui tourne autour depuis un moment !

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  4. Je suis ravie que tu aies fait de ce livre un coup de coeur ! J'ai très envie de le lire, et je ne vais manquer ça sous aucun prétexte !

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  5. J'hésite encore un peu à le lire mais tu fais pencher la balance du bon côté.

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