Editions
Flammarion
Parution
: 4 avril 2018
288
pages
Ce
qu'en dit l'éditeur :
Au
moment où Donald Trump accède au pouvoir, Benoit Cohen, cinéaste
français installé aux États-Unis, apprend que sa mère s’apprête
à héberger, dans l’hôtel particulier du 7e
arrondissement où elle vit seule, Mohammad, un migrant afghan. Alors
que Benoit Cohen s’insurge contre ce président raciste qui menace
de fermer les frontières, il ne peut s’empêcher de s’inquiéter
pour sa mère qui, sans lui en avoir jamais soufflé mot, ouvre sa
porte à un étranger. Il revient alors à Paris et rencontre
Mohammad. Ce garçon qui, de déracinement en déracinement, a
grandi, à l’instar des chats, sept fois plus vite qu’un jeune
occidental, va lui confier son histoire. Entre Benoit, exilé
volontaire, et Mohammad, réfugié malgré lui, une relation intense
se noue, sous le regard de Marie-France, qui vient compléter cet
improbable trio.
Dans ce récit singulier, Benoit Cohen décrit, non sans humour, ce chemin exaltant et complexe qu’est la rencontre de l’autre et s’interroge sur ce que «donner» veut dire.
Ce
que j'en ai pensé :
J'avais
commencé ce document avant de lire celui de Bernie Bonvoisin, La
danse du chagrin, et je l'ai repris pour tenter de les mettre en
parallèle et de voir comment deux témoignages peuvent s'associer ou
se dissocier.
Pour
être honnête, je n'ai pas lu ce livre de la même façon. Le style
est évidemment différent et dans le récit de Benoît Cohen, j'ai
aimé le ton (et l'humour) mais surtout le jeu en miroir entre sa
position de migrant aux USA et celle de Mohammad, réfugié politique
qui veut d'abord sauver sa vie.
"La
photo d'un enfant mort (Aylan Kurdi - 2 septembre 2015) sur une plage turque fait le tour des réseaux
sociaux, elle est reprise dans toute la presse, l'émotion est à son
comble, on se dit que ça va réveiller les consciences, provoquer un
élan de solidarité massif, mais quelques jours plus tard, une autre
image, sur un autre sujet, prend le relais et le problème de
réfugiés retombe dans les oubliettes. En attendant, on continue à
accueillir au compte-gouttes quelques miraculés et on laisse mourir
les autres, en mer sur les plages ou dans le froid."
J'ai
aimé sans réserve tous les passages où Mohammad raconte à Benoît
Cohen son périple vers la France, fait de hasards et d'opportunités,
de galères et de course à la survie. Je me suis beaucoup attachée
à ce personnage, j'ai aimé le regard curieux et parfois
circonstancié de l'auteur, j'ai été touchée par l'humanité de sa
mère, Marie-France Cohen, qui ouvre sa porte, son cœur, qui malgré
ses maladresses offre un asile, un lieu de repos et de reconstruction
(chapeau bas, Madame, pour votre altruisme et votre générosité
!!).
J'ai
toutefois eu un peu de mal sur le statut de Mohammad (qu'on pourrait
féliciter pour sa ténacité, son ambition et pour le fait qu'il
croit en ses rêves !).
Soyons
clairs, quel est le pourcentage de réfugiés de la trempe de cet
homme à qui ici tout le monde ouvrirait sa porte ? Il m'a semblé
que si ce témoignage permettait de se délester du sentiment de
"danger" apporté par les réfugiés, il ne concernait pas
toute la population des migrants.
Alors
oui, il faudrait ouvrir sa porte sans arrière-pensée, sans peur et
sans a-priori, il faudrait ouvrir son cœur, donner de l'espoir,
mais la situation n'est pas la même partout. Et si Benoît Cohen
offre un récit qui nous y incite, je n'ai pas pu m'empêcher de me
dire qu'il était idyllique, parfait pour de la comm' pro-réfugiés,
mais sans doute pas au plus proche de la réalité des milliers de
personnes qui se réfugient en Europe (et ça n'enlève pourtant rien
au fait que je suis admirative des décisions de la maman,
exemplaire, de l'auteur !).
"Ma
mère a accompli ce que beaucoup aimeraient faire, mais ne font pas.
Des paroles aux actes il y a souvent un monde. (...) Je me suis rendu
compte que je n'étais pas prêt à héberger quelqu'un chez moi, à
partager ma salle de bains, ma cuisine, mon salon. Je me réfugie
derrière l'idée que je travaille à domicile et je ne peux pas
prendre le risque d'être déconcentré. La vérité est que je ne
veux pas renoncer à mon confort. Pourquoi dans nos esprits
d'Occidentaux, le confort est-il si important ? Pourquoi
n'arrive-t-on pas à y renoncer ? Pourquoi sommes-nous à ce point
renfermés sur nous-mêmes ?"
C'est un tout petit bémol de rien du tout que tu soulèves là!
RépondreSupprimerCe que j'ai préféré, c'est ce jeu en miroir entre la situation de Cohen et celle de Mohammad.
Cette mise en perspective rend d'autant plus frappante le fossé entre Occidentaux et non Occidentaux.
Quand au geste de la maman, je le trouve remarquable. Elle avait les moyens de poser un tel geste et à mis sa peur de côté. C'est tout à son honneur.
Le «statut de Mohammad» est, de fait, exceptionnel. J'ai aimé que le livre de croissance personnelle qu'il a lu lui ait ouvert la conscience. Bref, tout ça fait une «belle histoire», pleine de positivisme. Ça change!
Bon ben, avec tout ça, il me reste à rédiger mon billet!
Tu as raison, c'est un livre positif !
SupprimerJ'attends de te lire ;o)