Editions
Stock - Collection La bleue
Parution
: 22 août 2018
350
pages
Ce qu'en dit l'éditeur :
«
– T’es où
– T ou
– Tu fais quoi ? »
– T ou
– Tu fais quoi ? »
Vincent Lemasson est là, à l’intérieur d’une camionnette banalisée. Pour parer à la menace terroriste, l’officier de police surveille l’avenue des Gobelins dans cet univers confiné. Il intercepte tous les messages échangés dans son périmètre. Submergé par une vague d’emojis, de photos érotiques, de textes qu’il ne comprend pas, il se sent seul, dérouté.
En face, devant la boutique d’appareils photo anciens, un homme attire son attention ; un homme sans connexion, qui n’émet rien. Le suspect entre dans le magasin. Il en sort, lesté d’un lourd boîtier. Vincent ne peut plus le quitter des yeux.
Ce
que j'en ai pensé :
La
narration ne se limite, heureusement pas, à la restitution des
écoutes de Vincent Lemasson qui traque, via les textos, les appels ,
Snapchat, depuis sa camionnette-sous-marin postée dans une rue de
Paris et qu'on sent vite noyé dans la multitude de vies qui passent
à portée de ses écouteurs.
On
croise Crospito, qui cherche dans tout Paris l'appareil photo de
Victor le Roumain qui l'immortalisait sur la pellicule argentique
tous les 7 ans. Il se murmure qu'il pourrait être "Le Morse",
métalleux à la carrure d'haltérophile alimentant la légende du
hard-rock et qui va attirer tout un tas de fans gothiques sur
l'avenue des Gobelins. Pourtant Crospito semble n'être qu'un type un
peu étrange qui a étudié la population marrane du Portugal et
Fernando Pessoa...
On
suit aussi les errances de Miguel Tuschinsky, avocat mexicain mandaté
par un baron de la drogue, Herman "El Flaco" Bachman qui
veut devenir une femme et que des cerbères poursuivent jusqu'à
Paris.
Etrange ? Sans lien aucun que cette avenue parisienne ? Pourtant, non ! C'est un roman complexe sur l'identité que livre Boris Razon : celles, fugitives, qui gravitent autour de lui et livrent des instantanés de leurs vies (et révèlent la vacuité des échanges, le désir de retenir l'attention et l'amour) mais aussi celles qu'on voudrait changer, pour devenir quelqu'un d'autre, pour se cacher des autres ou de soi.
Le
roman questionne sur qui est-on, que veut-on révéler de soi,
jusqu'où peut-on se livrer aux autres et pour leur montrer quoi de
notre propre personne ?
Chacun
des personnages semble interroger l'autre en miroir.
J'ai été assez vite emportée par cette lecture qui met en perspective nos moyens de communiquer à l'aune de la multiplication des réseaux.
Merci à Valentine des Editions Stock pour cette découverte !
Je me demande s'il peut me plaire. Je vais lire quelques pages avant de me décider...
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