L'accordeur de silences - Mia COUTO

Titre original : Jesusalém
Langue originale : Portugais
Traduit par : Elisabeth Monteiro Rodrigues
éd Métailié - 237 pages
Ce qu'en dit l'éditeur :
« La première fois que j’ai vu une femme j’avais onze ans et je me suis trouvé soudainement si désarmé que j’ai fondu en larmes. Je vivais dans un désert habité uniquement par cinq hommes. Mon père avait donné un nom à ce coin perdu : Jésusalem. C’était cette terre-là où Jésus devrait se décrucifier. Et point, final.
Mon vieux, Silvestre Vitalício, nous avait expliqué que c’en était fini du monde et que nous étions les derniers survivants. Après l’horizon ne figuraient plus que des territoires sans vie qu’il appelait vaguement “l’Autre-Côté”. »
 
Dans la réserve de chasse isolée, au cœur d’un Mozambique dévasté par les guerres, le monde de Mwanito, l’accordeur de silences, né pour se taire, va voler en éclats avec l’arrivée d’une femme inconnue qui mettra Silvestre, le maître de ce monde désolé, en face de sa culpabilité.

Mia Couto, admirateur du Brésilien Guimarães Rosa, tire de la langue du Mozambique, belle, tragique, drôle, énigmatique, tout son pouvoir de création d’un univers littéraire plein d’invention, de poésie et d’ironie. 
 Né au Mozambique en 1955, Mia COUTO a été journaliste 
puis biologiste. Ses romans sont traduits dans plus de 22 pays.
Ce que j'en ai pensé :
Un huis-clos au bout du monde, dans un Mozambique en guerre, où un père qui ne se remet pas de son veuvage isole ses enfants dans une ancienne concession de chasse pour les protéger de la folie des hommes. Pourtant c'est lui que la déraison ronge, ce Silvestre Vitalicio qui ne tolère ni les larmes ni les prières (mais qui rebaptise leur terre "Jérusalem" et y érige un immense crucifix !), ni le papier ni l'argent et pour qui les femmes sont toutes perverties et perverses (seul l'ânesse trouve grâce à ses yeux..)
Le roman évoque l'exil, la fuite et le secret, parle du bruit du monde et des silences, sacralise les arbres et le fleuve.  Il parle d'amour aussi, du doute, de la colère, de la peur et de la jalousie.
La langue est belle, elle restitue à merveille l'Afrique et ses hommes. 
Pourtant, je suis très partagée sur ce que j'ai ressenti...J'ai aimé (la narration, la bizarrerie de l'histoire, la poésie) et je me suis "battue" pour le terminer.

Extrait :
"Des attentes. Voila ce que ramène la route. Et ce sont les attentes qui font vieillir."

A noter : la version "poche" de ce roman publié par Métailié, couverture sobre et présentation d'aussi bonne qualité qu'un livre broché !
J'ai un autre roman de l'auteur à découvrir : "La véranda au frangipanier". L'avez-vous lu ?

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