La saison des Bijoux - Eric HOLDER

éd Seuil - 20 août 2015 - 320 pages
Ce qu'en dit l'éditeur :
« Faire une saison », c’est l’idée que Jeanne et Bruno se sont mise en tête : quitter les monts du Lyonnais pour aller planter parasols et tréteaux au grand vent de l’Atlantique, sur la place du village balnéaire de Carri, à la lisière des dunes. Marchands ambulants, ils forment une petite tribu que complètent Alexis, onze ans, et Virgile, soixante et un. On les appellera en toute simplicité les Bijoux, ils disposeront d’une poignée de mètres carrés au soleil et seront adoubés par des confrères nommés Nanou Primeurs, Fromage ou Château-Migraine le bougnat. Et puis il y a Forgeaud, le boss du marché, protecteur incontournable et despote au passé obscur, Forgeaud qui, frappé par la beauté de Jeanne, en perd le souffle et se promet de la posséder avant la fin de l’été.
Plus que jamais dans son élément, Éric Holder s’empare de cette saison mouvementée au goût de sel, prétexte à un exercice virtuose de portraitiste, à des scènes et tableaux qui réservent un régal de lecture. Mais surtout, cette chronique délicate et amoureuse rend hommage à une société, à la fois marginale et populaire, dont la littérature parle rarement.

Éric Holder est l’auteur d’une dizaine de romans, dont L’Homme de chevet (Flammarion, 1995) et Mademoiselle Chambon (Flammarion, 1996). Il vit actuellement en Médoc, qui constituait déjà le décor littéraire de La Baïne (Seuil, 2007) et de Bella Ciao (Seuil, 2009).

Ce que j'en ai pensé :
Je me réjouissais de lire le dernier roman écrit par Eric HOLDER, sa "petite musique" m'avait déjà séduite de nombreuses fois, et c'est donc avec plaisir que j'ai choisi cet opus lors de l'opération Masse Critique Babelio.
Cette fois, l'auteur nous plonge dans un microcosme très particulier, celui des marchands ambulants, des camelots, des bonimenteurs. Et c'est tout un univers qui se développe entre les lignes, les manigances sournoises, les amitiés sincères, les petits arrangements avec la loi.
C'est toute une galerie de portraits qui défile, figures picaresques, surnoms pittoresques ("Migraine", "le Peul", "Casquette" le peintre), dans un été plombé par les coups bas de l'infâme Forgeaud, sorte de plénipotentiaire qui règne sur ce marché, et dicte sa loi aux petits, aux faibles, récoltant sa dîme au passage.
J'ai particulièrement aimé ce mélange, cette micro-société qui établit ses propres règles, ces petites gens tour à tour soumis ou revanchards : Jeanne, lumineuse et sensuelle Persane, avec ses blessures et ses secrets ; Virgile dont la bonté rayonne ; et même Forgeaud le despote, rongé par l'amour, la colère, l'appât du gain qu'on devine fragile malgré tout.
Il reste de l'écriture d'Eric HOLDER beaucoup de tendresse pour ses personnages, une délicate poésie (les évocations de la côte, ses parfums, les couleurs du marché) qui enveloppent, bercent le lecteur, et qui, pourtant, ne ménagent pas une tension narrative croissante à la manière d'un huis-clos secoué par les vents d'ouest d'où la violence surgit comme une tempête.
Un roman comme une parenthèse après l'été, après la saison...

Merci à Babelio et aux Editions du Seuil pour leur confiance !




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