éd
Gallimard - parution janvier 2016 - 192 pages
Ce
qu'en dit l'éditeur : Vous vous appelez Claire, vous avez
quarante-huit ans, vous êtes professeur, divorcée. Pour surveiller
Jo, votre amant volage, vous créez un faux profil Facebook : vous
devenez une jeune femme brune de vingt-quatre ans, célibataire, et
cette photo où vous êtes si belle n’est pas la vôtre, hélas.
C’est pourtant de ce double fictif que Christophe – pseudo
KissChris – va tomber amoureux.
En
un vertigineux jeu de miroirs entre réel et virtuel, Camille Laurens
raconte les dangereuses liaisons d’une femme qui ne veut pas
renoncer au désir.
Camille
Laurens, de son vrai nom Laurence Ruel, est un écrivain français,
née en 1957 à Dijon. Elle fait partie du jury du Prix Femina et a
écrit plus d'une quinzaine de romans.
Ce
que j'en ai pensé :
Choderlos
de Laclos à l'ère numérique
Après
un prologue étourdissant, sans aucune ponctuation, comme un flux
irraisonné, Claire Millecam raconte à Marc, médecin psy, comment
elle a décidé d'espionner Jo, son ex-petit ami via un faux profil
Facebook en contactant l'un de ses amis, KissChris. Fausse photo,
usurpation d'identité, goûts communs, pas de contact IRL, le
piège est prêt...
Ce
que cette entrée en matière ne laisse pas présager, ce sont les
jeux de miroirs, les identités en reflet, les histoires de femmes
malmenées qui se superposent et qui conduisent le lecteur à
s'interroger sur ce qui est vrai ou faux dans ce roman qui semble se
jouer de l'autofiction mais en profite pour brouiller allégrement
les pistes dans une narration impeccablement maîtrisée.
Femme-fantasme
ou femme fantôme ?
Au-delà
de l’ambiguïté de sa « mise en scène », Camille
Laurens évoque avec justesse la condition féminine, quand à 50
ans, passant de femme-fantasme à femme-fantôme (« les hommes
mûrissent, les femmes vieillissent »), il s'agit pour elles de
continuer à exister dans le regard de l'homme, à susciter le désir.
Par le truchement du virtuel, de l'écran protecteur qui permet au
personnage de rajeunir, l'auteur dévoile les failles féminines, la
course au sexy, la maîtrise de l'image.
Celle
que vous croyez est aussi une réflexion sur l'écriture sous
toutes ses formes (lettre, cadavre exquis lors d'atelier créatif,
confession écrite, rapport médical), sur le roman et sur la
manipulation de la vérité par l'écrivain.
Déroutant,
un rien pervers, à la frontière du vrai et du faux, ce roman est
tout simplement fascinant !
Mon
billet est publié dans L'Express,
ici
je l'avais déjà noté, tu confirmes!
RépondreSupprimerUne de mes prochaines lectures !
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