Presqu'île - Vincent JOLIT

Editions Fayard-Pauvert
Parution : 23 août 2017


Ce qu'en dit l'éditeur :

Les souvenirs constitueraient-ils un rempart contre la maladie ? Habitué par des problèmes de santé récurrents aux chambres d’hôpital qui se ressemblent toutes, livré aux mains d’un personnel soignant auquel il est obligé de faire confiance, passif, le narrateur de ce roman ne peut plus compter que sur sa mémoire pour s’arracher à son lit médicalisé, à la lumière des néons, au goutte-à-goutte d’antalgiques. Le corps est immobile, mais l’esprit, lui, peut rejoindre la presqu’île méditerranéenne où il fut si souvent confié à la garde de sa grand-mère, commerçante modeste, bonne perdante au jeu de l’oie et turfiste chevronnée, initiant son petit-fils aux mystères des cotes à trois contre un et des arrivées dans l’ordre. Mais là aussi l’impalpable se mêle aux éléments les plus concrets. De l’agencement des pièces de la maison, de la végétation du jardin, des odeurs de la boutique (une boucherie), ou de la tendresse de cette femme, de sa patience, de son inaltérable disponibilité, qu’est-ce qui a vraiment fait l’enfance ? Quand, inévitablement, la lumière des néons finit par l’arracher à la presqu’île, c’est comme si le narrateur rentrait de voyage. Et l’insoluble question des liens qu’entretiennent corps et esprit s’efface devant une autre : procédons-nous jamais d’autre chose que de nos premiers éblouissements ?

Vincent Jolit est né en 1978 à Hyères dans le Var. Après l'obtention de son DEA de Lettres modernes consacré à l'intertextualité romanesque, il devient bibliothécaire à la médiathèque de Hyères.

Ce que j'en ai pensé :

Cloué sur son lit d'hôpital, pour une énième opération (tout dysfonctionne depuis qu'il est enfant), le narrateur se souvient de son enfance et c'est le prétexte pour faire ressurgir le portrait de sa grand-mère adorée, Marinette, figure tutélaire, passionnée de turf.

Dans un style très proustien (de longues phrases parfois et quelques fulgurances colorées), le narrateur évoque les lieux où régnaient Marinette, dans une précision parfois chirurgicale, géographie intime et méticuleuse, se remémore le jardin (lieu de fantasmes avec son roi mimosa qui lui rappelle l’œuvre picturale de Bonnard, mais aussi lieu d'aventures enfantines à la recherches de billes perdues), les parties de petits chevaux, l'odeur de la boucherie que tenait son oncle, et tous les instants intimes qui peuvent resurgir alors qu'on ne les convoque pas (et sans doute surtout parce qu'on ne les convoque pas !).

Pierre Bonnard - L'atelier au mimosa (Centre Pompidou - Paris)

Dans une narration est très travaillée, précise à l'extrême, ce roman est un voyage dans les profondeurs du souvenir alors que le narrateur se réveille d'une anesthésie et flotte entre rêve et réalité, ce roman singulier offre de jolis moments de tendresse.

Merci aux Editions Fayard et à Marie-Félicia pour cette lecture en avant-première !

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