Editions
du Seuil - Collection Cadre rouge
Parution
:16 août 2018
304
pages
Finaliste
du Prix Landerneau des Lecteurs 2018
Ce qu'en dit l'éditeur :
Plus
rien n’est acquis. Plus rien ne protège. Pas même les diplômes.
À
17 ans, Léa ne s’en doute pas encore. À 42 ans, ses parents vont
le découvrir. La famille habite dans le nord de l’Oise, où la
crise malmène le monde ouvrier. Aline, la mère, travaille dans une
fabrique de textile, Christophe, le père, dans une manufacture de
bouteilles. Cette année-là, en septembre, coup de tonnerre, les
deux usines qui les emploient délocalisent. Ironie du sort, leur
fille se prépare à passer le bac, section « économique et social
». Pour protéger Léa et son petit frère, Aline et Christophe vont
redoubler d’imagination et faire semblant de vivre comme avant,
tout en révisant avec Léa ce qui a fait la grandeur du monde
ouvrier et ce qui aujourd’hui le détruit. Comme le paradoxe
d’Anderson, par exemple. « C’est quoi, le paradoxe d’Anderson
? » demande Aline. Léa hésite. « Quelque chose qui ne va pas te
plaire », prévient-elle. Léon, dit Staline, le grand-père
communiste, les avait pourtant alertés : « Les usines ne
poussent qu’une fois et n’engraissent que ceux qui les
possèdent.»
Ce
que j'en ai pensé :
Paradoxe
d'Anderson : paradoxe empirique selon lequel l'acquisition par
un étudiant d'un diplôme supérieur à celui de son père ne lui
assure pas, nécessairement, une position sociale plus élevée...
Ça
c'est pour la théorie économique et sociale.
Parce
qu'à peine plongée dans les pages de ce roman, c'est de paradoxe
universel dont je pourrais parler, celui qui assujettit et asservit
les pauvres pour que les riches le soient encore plus. Ce "nouveau
monde" qui laisse de côté les plus fragiles, ceux qui
s'esquintent sur des machines pour payer leur loyer, faire rêver
leurs gosses, et se retrouvent endettés, parfois à la rue, parce
que le patron qui les emploie veut produire moins cher ailleurs.
Loin
de moi l'idée de mêler la politique à l'affaire, je laisse ça aux
autres, mais ce roman donne envie de se réveiller, de faire "bouger
les lignes"...
D'autant
que l'auteur nous plonge dans une réalité qui nous épargne le
pathos, donne corps à des personnages qui pourraient être
vous et moi (ouvrier ou non), et remue quelques principes de bon sens
que tout le monde semble oublier aujourd'hui !
J'ai
criblé ce roman de "post-it" (je les ai choisis de couleur
rose, ils auraient pu être gris orage...voir ci-dessous..) , j'ai
trouvé ici une résonance à mes inquiétudes face à un monde qui
fout le camp, j'ai ressenti la tristesse (et aussi l'espoir malgré
cette fin que je n'attendais pas)?
J'ai
trouvé que ce roman était âpre, presque cruel, plus fort que Les
échoués,
j'ai eu quelques larmes, j'ai été touchée...
Si
vous voulez du "feel good" (yerk !), passez votre chemin !
Là, c'est du brut de vie, c'est ce que vivent certains de nos
contemporains, c'est salutaire parce que "Bonnie et Tide"
ne renoncent pas, parce que, sans tomber dans le "bleu-blanc-rouge"
ultra-nationaliste, il reste des gens qui croient encore en l'humain
et ne cherche pas du côté de Marine Hitler des solutions à leur
désarroi !!
Une belle lecture, une leçon de vie, une autre manière de voir notre monde...indispensable pour créer le futur de nos enfants !
(lu
dans le cadre du Prix Landerneau des Lecteurs 2018)
Extraits
:
"Les
permanences du parti sont autant de salles de shoot, où à l'abri
des murs et des slogans on autorise ce qui est interdit : la haine de
l'autre, le racisme, le négationnisme. Le plus noir de l'homme est
repeint en bleu marine, un camouflage grossier. On n'est plus facho
mais patriote, plus raciste mais pour la préférence nationale, plus
antisémite mais contre les forces de l'argent."
"Depuis la grève et le licenciement d'Aline, Christophe n'y croit plus , ni à lui ni aux autres, et à leurs promesses d'un monde meilleur. Dieu, Karl Marx, Mark Zuckenberg se moquent bien d'eux. (...) ils accumulent plus d’argent que les gouvernements, plus d'informations que les services de renseignements réunis, se moquent des frontières et des impôts, surpassent le pouvoir des États et multiplient les réseaux comme Jésus multipliait les pains, prêchant la même parole : "Likez-vous les uns les autres", mais en réalité ils émiettent les droits les plus élémentaires, dévalisent les vies privées et préparent une société à leur main où tout le monde sera transparent."
Ton billet fait envie, mais je suis sortie déçue des deux précédents titres de cet auteur, je les trouvés caricaturaux, et pas toujours crédibles...
RépondreSupprimerEssaie !
SupprimerMoi, j'ai adoré ses deux précédents romans. Je n'y ai pas trouvé de caricature, ou si peu. Manoukian, auteur social, j'adopte! Je suis fidèle et celui-ci m'attend.
RépondreSupprimerIl est formidable, comme le précédent ! C'est un auteur que j'ai rajouté à mes "indispensables" !
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