Editions Julliard
Parution : 19 août 2021
304 pages
Ce qu'en dit l'éditeur :
Après des années d'absence et la mort de leur mère, deux frères lyonnais, Azouz l'écrivain et Samy l'arboriculteur, binationaux franco-algériens, décident de rentrer quelques jours à Sétif, le temps de nettoyer les tombes de leurs parents et de vérifier l'état de la maison familiale. Tandis que Samy bougonne à l'idée de remettre les pieds dans cette ville où il n'a plus de repères, Azouz est impatient d'assister à la révolution démocratique qui secoue le pays. Par-dessus tout, il espère retrouver Ryme, la femme qu'il aime depuis toujours, son cordon ombilical avec la terre de ses ancêtres. Mais à Sétif, Samy et Azouz ne reconnaissent plus rien, et aux yeux des locaux, ils sont devenus des étrangers, des bi. Quant à Ryme, l'amour de la liberté lui a donné des ailes, comme à son peuple. L'aura-t-elle attendu ? Il n'y a que le bel arbre planté par leur père devant la maison, un demi-siècle plus tôt, qui n'a pas changé de place. Mais il a tellement grandi que ses racines en menacent les fondations. Les deux frères se retrouvent ainsi face à un dilemme : garder l'arbre ou la maison.
Ce que j'en ai pensé :
Que garde-t-on de ses racines ? Un legs matériel ou un héritage émotionnel ?
Comment se construit-on quand on est enfant d'immigrés né dans un pays d'adoption ?
C'est ce à quoi semble s'attacher ce roman d'Azouz Begag, questionnant sur l'identité, les racines, l'attachement à un pays quand on est, comme lui, binational, un peu de "là-bas", un peu d'"ici"...
On serait tenté de ne voir que la parabole de l'arbre qui menace les fondations (les racines versus ce qu'on a construit) mais ce serait réducteur. Parce que l'Algérie que redécouvrent les deux frères n'est pas seulement le lieu originel de la famille, ni son possible attachement, elle est aussi un pays qui vacille, comme la maison (la raison ?) du narrateur, sur ses fondations, quand les "printemps arabes" redessinent le pouvoir.
C'est une double interrogation : se reconnaissent-ils dans ce pays qui a vu naître leurs parents et devait devenir leur Éden, ou en sont-ils éloignés, inexorablement, par une possible acculturation et par les les bouleversements politiques qu'ils ne comprennent pas toujours ?
Comment d'un voyage initiatique, d'un retour aux sources, peuvent-ils reconstruire leur propre identité ?
C'est avec beaucoup d'humour (avec parfois un détachement mi-feint) que l'auteur aborde ces problématiques, les ponctuant de situations parfois cocasses, parfois dramatiques, souvent ambivalentes.
C'est surtout sans préjugés qu'Azouz Begag replace la question de l'identité et des origines, dans ce roman plus malin, plus fin qu'il ne parait aux premiers abords.
Merci à Babelio Masse Critique et aux Editions Julliard pour cette lecture très enrichissante.
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