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Ici et maintenant - Pablo CASACUBERTA

éd Métailié - 11 février 2016 - 172 pages
Titre original : Aquí y ahora
Traduit par : François Gaudry
Ce qu'en dit l'éditeur :
Employé de classe internationale pour hôtel de classe internationale. L’hôtel Samarcanda recrute un nouveau groom. Máximo, dix-sept ans, trois poils de barbe, bien décidé à sortir de l’enfance, se porte candidat. Adolescent solitaire, obsessionnel, passionné par la lecture de revues scientifiques et fasciné par les mécanismes de sa pensée, il est convaincu que cette expérience sera sa véritable entrée dans le monde des adultes.
Comme souvent rien n’est conforme à ce qui était prévu, et c’est tant mieux. Passé et futur se bousculent et forment un précipité subtil et drôle, où l’on résout à la fois le mystère de l’origine tout en sautant dans l’inconnu – l’amour peut-être ? Où l’on découvre aussi que personne n’est exactement celui qu’on croit : il faut être indulgent. Et même tendre.
Ce court roman époustouflant de maîtrise, splendidement écrit, est une des plus belles choses qu’il nous ait été donné de lire sur l’art délicat de grandir.

 Pablo CASACUBERTA est l’une des dernières incarnations de l’esprit de la Renaissance qui se lance à l’abordage de l’art en pratiquant le plus grand nombre de ses expressions, dans son cas la littérature, la peinture, la photographie, le cinéma et la vidéo. Il a été sélectionné en 2007 par le Hay Festival pour le groupe Bogotá 39, réunissant les écrivains latino-américains de moins de 40 ans les plus prometteurs. Il est l’auteur de cinq romans devenus cultes dans toute l’Amérique latine.

Ce que j'en ai pensé :
"Ici et maintenant" est le titre d'une des revues scientifiques dont se délecte le jeune narrateur (l'autre, Connaissance, est destinée à un plus jeune public). Assoiffé de culture et de savoir, perturbé par l'absence de son père, se sentant maladroit et gêné par son corps, comme "à distance" du monde qui l'entoure,  il affecte de se montrer plus adulte en laissant une vilaine barbe gagner son menton.
Le roman raconte ce court laps de temps où, groom dans un hotel durant un jour et une nuit, sa vie bascule de l'enfance à la vie adulte. La narration s'amuse de nous délivrer cet intervalle dans une langue tour à tour scientifique, spirituelle (métaphysique) et jubilatoire : le narrateur se perd dans ses pensées, explique à grand renfort de théories ce qu'il ressent. C'est souvent amusant, quelquefois déroutant et en tout cas écrit avec la plus grande habileté. 
J'avais déjà lu cet auteur en juin dernier et j'ai retrouvé le même plaisir dans la lecture, à découvrir à nouveau une sorte de "anti-héros" un peu cabossé et torturé, terriblement humain et la douce dérision qui marque la narration.

 Merci à Babelio et aux éditions Métailié pour ce roman !

Extrait :
"(...) si bien qu'entre ces deux univers on choisissait ce dernier, non seulement parce qu'il était plus vaste, mais aussi d'une certaine façon plus ancien, parce qu'il offrait l'illusion d'un horizon lointain vers lequel on doit aller, et parce que par définition, la connaissance n'est justement pas l'ici et maintenant."

Scipion - Pablo CASACUBERTA

éd Métailié - janvier 2015 - 264 pages
titre original : Escipion
traduction : François Gaudry
Ce qu'en dit l'éditeur :
Comment peut-on survivre lorsqu’on a été prénommé Hannibal par un père historien ? Vaincu dès le départ, notre héros, lui aussi historien, n’a jamais été à la hauteur des rêves de son géniteur. Chassé de l’université, il a sombré dans l’alcoolisme et la lamentation paranoïaque. À la mort de son père, il hérite de trois boîtes au contenu hétéroclite. Au milieu des journaux intimes et des souvenirs de l’enfance se cache le début d’un plan machiavélique qui va pousser Aníbal vers des personnages excentriques et d’anciennes amours. Névrosé, plein de ressentiment, entraîné vers des aventures inattendues, Aníbal découvre la duplicité des tours que joue parfois la génétique. Il se retrouve alors plus proche de son père qu’il ne l’a jamais été de son vivant. Sa colère cède la place à l’empathie tandis que tout nous donne à penser que ce que nous haïssons le plus est peut-être la vision de ce que nous n’arriverons pas à être. Un roman original où un sens du comique exceptionnel se déploie dans des plans et des rythmes variés, une littérature rare. Un plaisir de lecture absolument délectable. 
 Pablo CASACUBERTA a été sélectionné en 2007 par le Hay Festival pour le groupe Bogotá 39, réunissant les écrivains latino-américains de moins de 40 ans les plus prometteurs. Il est l’auteur de cinq romans devenus cultes dans toute l’Amérique latine.

Ce que j'en ai pensé :
Ratiocination, voila le mot (par ailleurs utilisé par le narrateur) qui décrit parfaitement ce roman assez étrange. Etrange mais foisonnant, disert, volubile, extravagant souvent ! 
L'histoire narrée par Anibal est parfois compliqué à suivre tant il se perd en raisonnements, en extrapolations, en tentatives d'explications plus ou moins fantaisistes. Un narrateur tellement perché dans ses élucubrations, englué dans sa haine du père et ses fantasmes, dans sa vie ratée, qu'on l'imagine volontiers interné en psychiatrie !
J'ai d'abord eu du mal à m'attacher à ce anti-héros, pauvre type que tout accable : sa solitude, ses échecs sentimentaux, sa misère, cet héritage empoisonné reçu de ce père décédé et détesté. Et puis, il y a des étincelles de vrai plaisir, des situations drôles (ah ! le colocataire de la pension !), des tentatives d'héroïsme qu'on ne peut s'empêcher de trouver touchantes et cette situation finale, presque cocasse, qui laisse une drôle d'impression.
Pas loin d'être un petit trésor, ce livre qui menaçait de me tomber des mains m'a finalement bien plu !
31ème livre de la rentrée littéraire de janvier 2015 que Jérôme a lu aussi !