Le chant de la Tamassee - Ron RASH

Editions du Seuil - collection Cadre vert
Date de parution 14/01/2016
Titre original : Saints at the river
Traduit par Isabelle Reinharez
240 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
La Tamassee, protégée par le Wild and Scenic Rivers Act, dessine une frontière entre la Caroline du Sud et la Géorgie. Ruth Kowalsky, 12 ans, venue pique-niquer en famille sur sa rive, fait le pari de poser un pied dans chaque État et se noie. Les plongeurs du cru ne parviennent pas à dégager son corps, coincé sous un rocher à proximité d’une chute. Inconscient des dangers encourus, son père décide de faire installer un barrage amovible qui permettra de détourner le cours de l’eau. Les environnementalistes locaux s’y opposent : l’opération perturbera l’état naturel de leur rivière, qui bénéficie du label « sauvage ». Les deux camps s'affrontent violemment tandis que le cirque médiatique se déchaîne de répugnante manière et que des enjeux plus importants que la digne sépulture d'une enfant apparaissent…
Le Chant de la Tamassee, deuxième roman de Ron Rash, publié aux États-Unis avant Le Monde à l’endroit, est le plus représentatif de l’engagement de l’auteur pour la protection de l’environnement. Tout en décrivant un drame humain déchirant, il y rend hommage à ses références avouées, Peter Matthiessen et Edward Abbey.


Né en Caroline du Sud en 1953, Ron Rash est un poète, auteur de cinq recueils de nouvelles et de six romans, tous lauréats de prestigieux prix dont le O. Henry Prize et le Frank O’Connor Award (pour Incandescences). Le Chant de la Tamassee a reçu le Weatherford Award et le SEBA Award du meilleur roman. Ron Rash est titulaire de la chaire John Parris d’Appalachian Studies à la Western Carolina University.

Ce que j'en ai pensé :
Faut-il perturber le cours d'une rivière, prendre le risque d'abîmer un site naturel protégé, pour sortir le corps d'une enfant noyée afin que les parents éplorés puissent faire le deuil ? De quel côté devrions nous être ? C'est le postulat de départ de ce roman qui met face à face la détresse d'êtres humains dévastés par le chagrin, les intérêts mercantiles d'un lotisseur, mais aussi la défense de l'environnement par des militants écolos acharnés et la pratique "au jugé" des gens du cru.
Maîtrise parfaite des antagonismes, peinture précise des caractères, voila ce que Ron Rash sait instiller dans cette histoire si près de la vérité qu'à la lecture on change d'avis sur la question presque à chaque chapitre : oui, il faut construire le barrage pour récupérer le corps, non, il ne faut surtout toucher à rien...Le tout avec une narration impeccable, à la fois douce et tourmentée, qui choisit d'ajouter au récit une tension amoureuse et un "règlement de compte" familial qui permettent à l'auteur de ne pas rester dans le strict débat écologique.
Pourtant, dans la veine du nature writing, Ron Rash nous donne à aimer ce coin sauvage, ce paradis de nature, cette rivière capricieuse et indomptée, et à souhaiter sans doute qu'elle garde les corps noyés et que personne ne profane son cours...
Un beau roman qui m'a donné envie de découvrir Un pied au paradis et Une terre d'ombre !

Extrait :
 Je me suis assise et j'ai fermé les yeux. La qualité de l'air était maintenant aussi mauvaise dans les montagnes que partout ailleurs en Caroline, soutenaient les scientifiques, et pour en avoir la preuve votre regard n'avait qu'à s'élever vers les plus hautes cimes et voir les épicéas et les sapins aux aiguilles brunes. La même pluie acide qui faisait mourir les cèdres tombait dans la Tamassee, pourtant, au moment où je m'emplissais les poumons, il était difficile de croire qu'il puisse exister au monde un lieu plus pur.

3 commentaires:

  1. Très beau billet qui résume bien le livre et me fait repenser à ce petit coin de paradis !

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  2. Il faudrait quand même que je découvre cet auteur un jour...! Je crois que j'ai un de ses titres dans ma PAL en plus ;-)

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