Summer - Monica SABOLO

Editions JC Lattès
Parution : 16 août 2017
320 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Lors d’un pique-nique au bord du lac Léman, Summer, dix-neuf ans, disparaît. Elle laisse une dernière image  : celle d’une jeune fille blonde courant dans les fougères, short en jean, longues jambes nues. Disparue dans le vent, dans les arbres, dans l’eau. Ou ailleurs  ?
Vingt-cinq ans ont passé. Son frère cadet Benjamin est submergé par le souvenir. Summer surgit dans ses rêves, spectrale et gracieuse, et réveille les secrets d’une famille figée dans le silence et les apparences.
Comment vit-on avec les fantômes ? Monica Sabolo a écrit un roman puissant, poétique, bouleversant.


Ce que j'en ai pensé :

Je n'avais vraiment pas aimé Crans Montana, j'avais peiné à le lire, à y trouver un quelconque intérêt...L'auteur avait mal pris ma critique, m'incendiant via Instagram (quelle rafraichissante expérience !! ahem...alors que j'argumentais ladite critique...).
Donc, j'appréhendais...

Et les 150 premières pages m'ont laissé présager une nouvelle déconvenue : une gentille et idéale famille avec villa à Genève, amis notables et sort enviable, du fric, un peu de drogue et d'alcool (tout ce qui m’avait profondément agacée dans Crans Montana), une élite autocentrée et dégénérée avec des secrets, des "intrus" sociaux (le bel équilibre perturbé...), et évidemment, des jeunes filles parfaites, qui en plus d'être riches, sont aussi incroyablement belles (longues jambes et chevelure de miel ou de jais) et intelligentes, promises à un beau mariage et à un avenir radieux...

Au secours ! Un lot de clichés qui a bien failli me décourager ! L'impression que l'auteur ne parvient pas à écrire sur autre chose que sur cette classe de privilégiés suisses, qu'elle ressasse le même thème d'un roman à l'autre...D'autant qu'elle le fait avec un indéniable sens artistique qui finalement m'a semblé augmenter la vacuité du propos. Un peu comme si la recherche de la phrase parfaite cassait le rythme...l'eau trouble, les algues, l'eau trouble, les algues...ad lib...

Pourtant, les angoisses du narrateur (le frère de Summer, disparue lors d'un pique-nique), ses délires psychotiques (sa sœur est-elle prisonnière des eaux noires et des algues du Lac de Genève ?), ses découvertes progressives sur le monde qui l'entoure (ses parents sont-ils ce qu'ils prétendent être, sont-ils conformes à l'image sociale qu'ils renvoient ?) ont suscité mon intérêt. 

Voila un personnage fascinant, bien plus que ces mignonnettes créatures alanguies sur le bord du lac ! Un gars à la psyché perturbée, qui refoule ses souvenirs et ses sentiments, qui s'acharne à vivre dans l'absence de cette sœur tant aimée et dans l'ombre de parents d'abord admirés puis scrutés d'un œil critique. Un personnage vraiment intéressant si ses angoisses avaient été moins présentes, moins "nauséeuses" (combien de fois ai-je eu envie de lui crier "mais réveille-toi, connaud, y a pas de mystère !)

25 ans après la disparition de sa sœur Summer, Benjamin cherche des raisons, tente d'oublier, et finit par comprendre ce qui est arrivé. Ce sont sans aucun doute ses errances et les conséquences du drame qui animent ce roman (même si ça tourne en boucle, en mode aveugle, et que finalement, moi, lectrice, j'ai juste l'impression de l'auteur me prend pour une quiche qui ne comprend rien !!), le reste parait presque anodin et sans saveur et aucun des autres personnages ne suscite l'empathie.

L'ensemble manque un peu de chaleur, est souvent un peu longuet (trop de recherche esthétique dans la narration ?) mais la deuxième partie du roman parvient à sauver l'affaire !

Si je n'ai pas été surprise par le dénouement, j'ai apprécié ce faux-polar, cette quête de vérité et c'est déjà pas mal au vu de ma précédente expérience ! avec la certitude qu'il ne marquera pas ma mémoire !

11 commentaires:

  1. Merci pour ta chronique qui permet de recentrer les choses, alors que je ne lis ces jours-ci que des critiques émerveillées sur ce roman - je me demande ce que j'ai loupé pour ne pas avoir vu le sublime qui y est exprimé! J'ai exactement ton ressenti, et je n'ai pas su être sensible à l'écriture qui ressemble à un exercice de style mais qui manque de sincérité.
    Je crois, comme toi, que je suis trop marquée par la lecture désastreuse qu'a été Crans-Montana et que la vacuité de ce roman, pour ceux qui l'ont lu, se transpose dans Summer. Et puis moi aussi il m'a énervé, le Benjamin, à tergiverser, à rester englué dans ses souvenirs. Il ne fera pas partie de ces personnages qui m'auront laissé un souvenir émouvant, mais au moins la seconde partie aura à peu près sauvé le roman!

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    1. C'est ça le truc : pas sensible à l'exercice de style qui prend le pas sur l'histoire qui s'enlise et tourne en rond...et Benjamin, 2 baffes !

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  2. Ce roman m'est clairement tombé des mains et restera sur la pile des romans abandonnés. Même chose pour mon amoureux-libraire qui m'a regardée pendant sa lecture en disant: "tu n'es pas allé au bout dis? Je crois que je vais faire comme toi." Il a été un peu plus persévérant que moi malgré tout, mais tout ça s'est aussi soldé par un abandon.
    Je crois que ce qu'écrit cet auteur n'est vraiment pas pour moi et je peine à comprendre ce qui plait dans ses écrits.

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    1. Je suis ravie de trouver un avis similaire au mien (et Sonia, au-dessus, aussi, j'en suis sûre !), merci d'avoir partagé ton opinion !

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  3. L'auteure avait déjà réagi pour son premier roman ? étrange cette manière de réagir, généralement les auteurs ne disent rien. Bon,en tout cas, vous avez eu toutes les deux le même ressenti et je passe mon chemin sans regret

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    1. Assez excitée sur son clavier la dame ! c'est effectivement assez rare que les auteurs se manifestent pour râler d'une critique mais ça m'était arrivé sur Babelio avec Serge Joncour qui me trouvait un peu cruelle (je trouvais la fin de "Repose-toi sur moi" un peu cul-cul la praline) mais il avait été charmant et pas agressif, LUI ! Sinon, en petits mots gentils, il y en a qui prennent le temps de remercier d'avoir aimé leurs livres (y compris depuis les USA !)

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  4. Zut... Je n'ai encore rien lu de l'auteure mais j'avoue que celui ci me tentait bien...

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    1. Moi aussi il me tentait pour le côté polar et ce, malgré ma déconvenue précédente...à toi de te faire une opinion !

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  5. ce roman n'était pas parti pour me plaire mais je lui ai finalement trouvé beaucoup de charme... par contre, s'il m'était arrivé la même aventure qu'à toi avec le premier roman de l'auteure, je ne suis pas sûre que j'aurais rempilé avec le livre suivant!

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  6. J'avais clairement écarté ce roman de la liste des livres qui me tentaient pour la rentrée littéraire. Je n'ai aucun regret après avoir lu ton billet, même si tu es finalement mitigée (voire positive sur certains points).

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  7. Je vais le découvrir car mes élèves participent au prix Elle des lycéennes. Mais j'avis que les avis lus me font un peu peur.

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