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Par le vent pleuré - Ron RASH

Editions du Seuil - Collection Cadre vert
Parution : 17 août 2017
Titre original : The risen
Traduction : Isabelle Reinharez
208 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Dans une petite ville paisible au cœur des Appalaches, la rivière vient de déposer sur la grève une poignée d’ossements, ayant appartenu à une jeune femme. Elle s’appelait Ligeia, et personne n’avait plus entendu parler d’elle depuis un demi-siècle.
1967 : le summer of love. Ligeia débarque de Floride avec l’insouciance et la sensualité de sa jeunesse, avide de plaisirs et de liberté. C’est l’époque des communautés hippies, du Vietnam, de la drogue, du sexe et du Grateful Dead. Deux frères, Bill et Eugene, qui vivent bien loin de ces révolutions, sous la coupe d’un grand-père tyrannique et conservateur, vont se laisser séduire par Ligeia la sirène et emporter dans le tourbillon des tentations. Le temps d’une saison, la jeune fille bouleversera de fond en comble leur relation, leur vision du monde, et scellera à jamais leur destin – avant de disparaître aussi subitement qu’elle était apparue.
À son macabre retour, les deux frères vont devoir rendre des comptes au fantôme de leur passé, et à leur propre conscience, rejouant sur fond de paysages grandioses l’éternelle confrontation d’Abel et de Caïn.


Ce que j'en ai pensé :

Eugene est le narrateur. Ecrivain raté, il noie ses angoisses dans l'alcool, cette bouteille de whiskey, identiques aux autres, qui lui a valu de se planter dans un arbre et de manquer tuer sa fille.

Son frère, Bill, est devenu le neurochirurgien qu'il rêvait d'être quand son grand-père exerçait encore une influence considérable sur le jeune homme qu'il était en 1969.

Entre les deux, comme détonateur, Jane-Ligeia, venue passer l'été au vert. Shootée aux calmants, aux amphéts, à l'herbe ou au vin rouge, libérée, offrant son corps comme monnaie d'échange contre les pilules qui font planer et qui disparait sans crier gare. 

Dont on retrouve les os dans la rivière plusieurs décennies plus tard.

Moins nature writing que les précédents romans de Ron Rash (encore que la rivière Tuckaseegee et les truites y tiennent bonne place), Par le vent pleuré s'attache cette fois plus à la psyché des personnages, et c'est magistral ! Le lecteur s'attache tour à tour à Bill ou à Eugene, ressent,  reconstitue cet "été de l'amour"...La figure tutélaire du grand-père, celle soumise de sa belle-fille, celle encore de Ligeia, la "sirène" manipulatrice, vicieuse, décalée en tout cas dans ce coin des Appalaches, et les ombres autour dont celle de Nebo, muet, toujours muet...

Un roman brillant dont la fin laisse planer le doute : fantasme ou réalité ? Une narration implacable sur le thème de la responsabilité (de ses actes), la culpabilité, le doute et la rédemption, qui renouvelle le roman d'apprentissage.
j'ai..adoré ! évidemment !!

Le monde à l'endroit - Ron RASH

Editions Points
Parution :12 septembre 2013
Titre original : The world made straight
Traduction : Isabelle Reinharez
336 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Chaparder des plants de cannabis, rien d'extraordinaire pour Travis Shelton. Cette fois, le père Toomey le prend sur le fait et le lui fait payer. Le gamin ne se came pas ; il n’a pas mauvais fond, juste envie de tailler la route. Fuyant l'humiliation paternelle et un présent étriqué, il croise celle de Leonard. Ce prof aux leçons décalées pourrait l’aider à remettre son monde à l’endroit.

Né en Caroline du Sud en 1953, Ron Rash est l’auteur de cinq recueils de nouvelles et de cinq romans, tous lauréats de prestigieux prix littéraires. Il est titulaire de la chaire John Parris d’Appalachian Studies à la Western Carolina University.

Ce que j'en ai pensé :

Ça aurait pu être une partie de pêche tranquille, et tout bascule pour Travis qui, à 17 ans, ne trouve rien de mieux que d'aller à l'envers de ce qu'il faudrait faire...pour que tout foute le camp, n'importe comment, à se retrouver aux prises de trafiquants de drogue et atterrir chez Leonard, un prof viré du lycée et qui vit dans un mobile-home avec une pauvre fille accro aux pilules qui font planer !

Pourtant, il s'agit vite d'une deuxième chance, ou finalement peut-être de la seule capable de sortir cet ado de l'infernale spirale où il allait mettre les pieds, et de ce patelin où il n'a pas d'avenir.

C'est l'occasion pour Ron Rash de parler rédemption (un thème que les auteurs américains semblent apprécier et développer à l'infini !), de figure paternelle (le père de Travis, cultivant le tabac, est un "modèle" du genre !) et d'opposer les nuances du bien et du mal.
Le roman évoque d'ailleurs les guerres de Sécession, les combats qui ont eu lieu en Caroline du Nord à Shelton Laurel et la question du choix (dans quel camp se trouver ?) et de la responsabilité (si nos ancêtres étaient ennemis, devons-nous l'être aussi ?)..


La nature, superbement décrite, est, dans sa beauté au fil des saisons, l'antithèse de la noirceur des hommes de ce coin d'Amérique.

Un roman touchant qui confirme tout le bien que je pensais de l'auteur !

Une terre d'ombre - Ron RASH


Collection Points
titre original : The cove
Traduction : Isabelle Reinharez
Parution : avril 2015
288 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
Laurel Shelton est vouée à une vie isolée avec son frère — revenu de la Première Guerre mondiale amputé d’une main —, dans la ferme héritée de leurs parents, au fond d’un vallon encaissé que les habitants de la ville considèrent comme maudit : rien n’y pousse et les malheurs s’y accumulent. Marquée par ce lieu, et par une tache de naissance qui oblitère sa beauté, la jeune femme est considérée par tous comme rien moins qu’une sorcière. Sa vie bascule lorsqu’elle rencontre au bord de la rivière un mystérieux inconnu, muet, qui joue divinement d’une flûte en argent. L’action va inexorablement glisser de l’émerveillement de la rencontre au drame, imputable exclusivement à l’ignorance et à la peur d’une population nourrie de préjugés et ébranlée par les échos de la guerre.
La splendeur de la nature, le silence et la musique apportent un contrepoint sensible à l’intolérance, à la xénophobie et à un patriotisme buté qui tourne à la violence aveugle.

Après Le Monde à l’endroit (Seuil, 2012), Une terre d’ombre prolonge une réflexion engagée par l’auteur sur la folie guerrière des hommes, tout en développant pour la première fois dans son œuvre romanesque une histoire d’amour tragique qui donne à ce récit poignant sa dimension universelle.

Né en Caroline du Sud en 1953, Ron Rash est un poète, auteur de cinq recueils de nouvelles et de cinq romans, tous lauréats de prestigieux prix littéraires —Sherwood Anderson Prize, O. Henry Prize, James Still Award, Novello Literary Award, Frank O’Connor Award. Il est titulaire de la chaire John Parris d’Appalachian Studies à la Western Carolina University.

Ce que j'en ai pensé :
Terre d'ombres ou de lumière ? Dans ce vallon maudit, en pleine guerre de 14/18, il faut que Laurel, marquée par une tache de naissance et considérée comme une sorcière, et Hank, son frère revenu mutilé de la guerre en Europe, survivent, s'entraident, fassent fi du quand-dira-t-on...Leur ferme offre peu et pourtant, au détour d'un chemin et d'un air de fifre, leur destin change.

Un roman sur la solitude, sur le destin (déjà mal ficelé dès le départ !), sur l'espoir...quand tout semble virer au rose, au "possible", tout s'effondre ! Il est beaucoup question de choix (être seule, être morte, partir, dénoncer), de renoncements (tant pis s'il n'y a plus de perroquets ?) et ça tourne vite à la tragédie, inéluctable...

C'est âpre et sauvage, à l'image de ce vallon qui ne voit jamais la lumière, où la malédiction traine, où le ressentiment domine..

J'ai aimé, et j'ai pourtant un peu peiné sur cette lecture. Je ne sais ce qu'il en restera mais j'ai eu le plaisir de saisir les personnages, de vibrer au gré de leurs émotions et de leurs sentiments, et finalement, c'était déjà pas mal !

Le chant de la Tamassee - Ron RASH

Editions du Seuil - collection Cadre vert
Date de parution 14/01/2016
Titre original : Saints at the river
Traduit par Isabelle Reinharez
240 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
La Tamassee, protégée par le Wild and Scenic Rivers Act, dessine une frontière entre la Caroline du Sud et la Géorgie. Ruth Kowalsky, 12 ans, venue pique-niquer en famille sur sa rive, fait le pari de poser un pied dans chaque État et se noie. Les plongeurs du cru ne parviennent pas à dégager son corps, coincé sous un rocher à proximité d’une chute. Inconscient des dangers encourus, son père décide de faire installer un barrage amovible qui permettra de détourner le cours de l’eau. Les environnementalistes locaux s’y opposent : l’opération perturbera l’état naturel de leur rivière, qui bénéficie du label « sauvage ». Les deux camps s'affrontent violemment tandis que le cirque médiatique se déchaîne de répugnante manière et que des enjeux plus importants que la digne sépulture d'une enfant apparaissent…
Le Chant de la Tamassee, deuxième roman de Ron Rash, publié aux États-Unis avant Le Monde à l’endroit, est le plus représentatif de l’engagement de l’auteur pour la protection de l’environnement. Tout en décrivant un drame humain déchirant, il y rend hommage à ses références avouées, Peter Matthiessen et Edward Abbey.


Né en Caroline du Sud en 1953, Ron Rash est un poète, auteur de cinq recueils de nouvelles et de six romans, tous lauréats de prestigieux prix dont le O. Henry Prize et le Frank O’Connor Award (pour Incandescences). Le Chant de la Tamassee a reçu le Weatherford Award et le SEBA Award du meilleur roman. Ron Rash est titulaire de la chaire John Parris d’Appalachian Studies à la Western Carolina University.

Ce que j'en ai pensé :
Faut-il perturber le cours d'une rivière, prendre le risque d'abîmer un site naturel protégé, pour sortir le corps d'une enfant noyée afin que les parents éplorés puissent faire le deuil ? De quel côté devrions nous être ? C'est le postulat de départ de ce roman qui met face à face la détresse d'êtres humains dévastés par le chagrin, les intérêts mercantiles d'un lotisseur, mais aussi la défense de l'environnement par des militants écolos acharnés et la pratique "au jugé" des gens du cru.
Maîtrise parfaite des antagonismes, peinture précise des caractères, voila ce que Ron Rash sait instiller dans cette histoire si près de la vérité qu'à la lecture on change d'avis sur la question presque à chaque chapitre : oui, il faut construire le barrage pour récupérer le corps, non, il ne faut surtout toucher à rien...Le tout avec une narration impeccable, à la fois douce et tourmentée, qui choisit d'ajouter au récit une tension amoureuse et un "règlement de compte" familial qui permettent à l'auteur de ne pas rester dans le strict débat écologique.
Pourtant, dans la veine du nature writing, Ron Rash nous donne à aimer ce coin sauvage, ce paradis de nature, cette rivière capricieuse et indomptée, et à souhaiter sans doute qu'elle garde les corps noyés et que personne ne profane son cours...
Un beau roman qui m'a donné envie de découvrir Un pied au paradis et Une terre d'ombre !

Extrait :
 Je me suis assise et j'ai fermé les yeux. La qualité de l'air était maintenant aussi mauvaise dans les montagnes que partout ailleurs en Caroline, soutenaient les scientifiques, et pour en avoir la preuve votre regard n'avait qu'à s'élever vers les plus hautes cimes et voir les épicéas et les sapins aux aiguilles brunes. La même pluie acide qui faisait mourir les cèdres tombait dans la Tamassee, pourtant, au moment où je m'emplissais les poumons, il était difficile de croire qu'il puisse exister au monde un lieu plus pur.