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Blizzard - Marie VINGTRAS

 

Editions de l'Olivier

Parution : 26 aout 2021

196 pages

 

Ce qu'en dit l'éditeur :

Le blizzard fait rage en Alaska.

Au cœur de la tempête, un jeune garçon disparaît. Il n'aura fallu que quelques secondes, le temps de refaire ses lacets, pour que Bess lâche la main de l'enfant et le perde de vue. Elle se lance à sa recherche, suivie de près par les rares habitants de ce bout du monde. Une course effrénée contre la mort s'engage alors, où la destinée de chacun, face aux éléments, se dévoile.

Avec ce huis clos en pleine nature, Marie Vingtras, d'une écriture incisive, s'attache à l'intimité de ses personnages et, tout en finesse, révèle les tourments de leur âme.


 Ce que j'en ai pensé :

Un huis-clos dans les grandes étendues glacées de l'Amérique du Nord, un premier roman qui maîtrise tous les codes (polar, suspens, nature-writing,..), cinq protagonistes en lutte contre eux-même.

Quel roman ! Premier ? Il serait presque permis d'en douter tant Marie Vingtras livre un récit abouti, maîtrisé de la première virgule à la dernière ligne.

Un roman choral à la tension implacable et qui va crescendo, qui ne se contente pas de jouer avec les nerfs du lecteur mais explore la psyché de ses cinq personnages (certains en quête de rédemption..) qui, tous, ont commis une faute et se retrouvent dans cette quête de l'enfant disparu, livrant leurs émotions, leurs colères, dévoilant une part de leur histoire dans des monologues vertigineux.

Une narration bien menée, un style impeccable, une ambiance parfaitement restituée, bref...une très belle réussite !

 

Le coeur blanc - Catherine POULAIN

Editions de l'Olivier
Parution : 4 octobre 2018
256 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

« Le chant glacé et mélodieux de la rivière, sa peur, le poids terrible d’une attente folle entre les remparts des montagnes qui la cernent, mais quelle attente cette épée qu’elle pressent toujours, suspendue dans la nuit des arbres qui l’écrase – sur son cœur blanc, sa tête rousse de gibier des bois. Oh que tout éclate enfin pour que tout s’arrête. »

Pour Rosalinde, c’est l’été de tous les dangers. Dans ce village où l’a menée son errance, quelque part en Provence, elle est une saisonnière parmi d’autres.

Travailler dans les champs jusqu’à l’épuisement ; résister au désir des hommes, et parfois y céder ; répondre à leur violence ; s’abrutir d’alcool ; tout cela n’est rien à côté de ce qui l’attend.

L’amitié – l’amour ? – d’une autre femme lui donne un moment le sentiment qu’un apaisement est possible.

Mais ce n’est qu’une illusion.

Ce que j'en ai pensé :

J'avais gardé une bonne impression du premier roman de Catherine Poulain (malgré quelques longueurs).
J'avais très envie de lire celui-ci, de me plonger dans cet arrière-pays provençal, au fil des saisons, au fil des "chantiers" de récolte (cerises, pommes, lavande, olives - dans le désordre !).

J'ai retrouvé la jolie plume de l'auteur qui sait passer d'une sorte de lyrisme à la brutalité en peu de mots, alternant poésie et cruauté pour décrire le monde décalé des ouvriers saisonniers de l'agriculture, leur marginalité, leur soif de liberté qu'ils croient trouver dans des cuites d'enfer au bar du village.

Jusqu'au drame, celui d'un pays dévoré de soleil et qu'une étincelle embrasse et noircit, celui des hommes qui, parfois, ne sont que des bêtes.

C'est rude, c'est tout en aspérités, mais c'est aussi sensuel et plein de tendresse, c'est un beau roman qui confirme le talent de l'auteur.

La succession - Jean-Paul DUBOIS

Editions de l'Olivier
Parution : 18 août 2016
240 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Paul Katrakilis vit à Miami depuis quelques années. Jamais il n’a connu un tel bonheur. Pourtant, il se sent toujours inadapté au monde. Même la cesta punta, ce sport dont la beauté le transporte et qu’il pratique en professionnel, ne parvient plus à chasser le poids qui pèse sur ses épaules.
Quand le consulat de France l’appelle pour lui annoncer la mort de son père, il se décide enfin à affronter le souvenir d’une famille qu’il a tenté en vain de laisser derrière lui.
Car les Katrakilis n’ont rien de banal: le grand-père, Spyridon, médecin de Staline, a fui autrefois l’URSS avec dans ses bagages une lamelle du cerveau du dictateur; le père, Adrian, médecin lui aussi, est un homme étrange, apparemment insensible; la mère, Anna, et son propre frère ont vécu comme mari et femme dans la grande maison commune. C’est toute une dynastie qui semble, d’une manière ou d’une autre, vouée passionnément à sa propre extinction.
Paul doit maintenant rentrer en France pour vider la demeure. Lorsqu’il tombe sur deux carnets noirs tenus secrètement par son père, il comprend enfin quel sens donner à son héritage.


Jean-Paul Dubois est né en 1950 à Toulouse où il vit actuellement. Journaliste, il commence par écrire des chroniques sportives dans Sud-Ouest. Après la justice et le cinéma au Matin de Paris, il devient grand reporter en 1984 pour Le Nouvel Observateur. Jean-Paul Dubois a publié de nombreux romans (Je pense à autre choseSi ce livre pouvait me rapprocher de toi). Il a obtenu le prix France Télévisions pour Kennedy et moi (Le Seuil, 1996), le prix Femina et le prix du roman Fnac pour Une vie française (Éditions de l'Olivier, 2004).





Ce que j'en ai pensé :

Ça faisait un sacré bout de temps que Jean-Paul Dubois n'avait pas publié de roman ! Et ça procure toujours le même plaisir de retrouver sa prose et ses obsessions !

Parce que oui, certains thèmes sont récurrents : l'Amérique, la famille (et son cortège d'éclopés de la vie !), les voitures, l'amour et le sexe, et certains prénoms qu'on retrouve de romans en romans : le héros, Paul, et toujours une femme qui se prénomme Anna...

Cette fois, en toile de fond, la cesta punta ou pelote basque, et le suicide comme lien intergénérationnel...le grand-père, médecin de Staline, l'oncle un peu autiste, la mère du narrateur et son père enfin, se sont tous suicidés, de manière plus ou moins spectaculaire, de manière plus ou moins théâtralisée (celle du Dr Adrian Katrakilis avec son rouleau de scotch vaut son pesant d'or !).

Y aurait-il un atavisme familial ? D'autant que ce roman traîne sa mélancolie de pages en pages, ponctuée d'un humour noir de la meilleure veine !

Une narration virtuose, un roman nostalgique, un brin déjanté et très réussi !

Extrait :

"Existait-il ailleurs d'autres lignées semblables à la mienne, capables de réaliser de pareils scores, de garantir une dégénérescence simultanée sur deux branches séparées, l'une glanée en URSS, l'autre près de la Garonne, et d'accroître sans cesse la qualité et l'inventivité de ses performances ? Car chez es miens, au-delà d'une commune quête macabre, il ne fallait pas oublier le facteur spectaculaire mis en œuvre par chacun d'eux pour sublimer sa fin."

 

Le grand marin - Catherine POULAIN

Editions de l'Olivier 
Parution : 4 février 2016
384 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :
Une femme rêvait de partir.
De prendre le large.
Après un long voyage, elle arrive à Kodiak (Alaska). Tout de suite, elle sait : à bord d’un de ces bateaux qui s’en vont pêcher la morue noire, le crabe et le flétan, il y a une place pour elle. Dormir à même le sol, supporter l’humidité permanente et le sel qui ronge la peau, la fatigue, la peur, les blessures…
C’est la découverte d’une existence âpre et rude, un apprentissage effrayant qui se doit de passer par le sang. Et puis, il y a les hommes. À terre, elle partage leur vie, en camarade.
Traîne dans les bars.
En attendant de rembarquer.
C’est alors qu’elle rencontre le Grand Marin.

Catherine Poulain commence à voyager très jeune. Elle a été, au gré de ses voyages, employée dans une conserverie de poissons en Islande et sur les chantiers navals aux U.S.A., travailleuse agricole au Canada, barmaid à Hong-Kong, et a pêché pendant dix ans en Alaska. Elle vit aujourd’hui entre les Alpes de Haute-Provence et le Médoc, où elle est respectivement bergère et ouvrière viticole. Le Grand Marin est son premier roman.

 Ce que j'en ai pensé :

Lili, surnommée "le moineau" décide de quitter Manosque et de prendre le large ! direction l'Alaska où elle finit par embarquer sur un bateau  pour pêcher la morue au large des côtes.
Dans un milieu masculin, composé quasi exclusivement d'alcooliques repentis, elle doit trouver sa place et prouver au skipper qu'il n'a pas eu tort de m'embarquer sur le "Rebel".
Entre poissons à éviscérer, escales alcoolisées au port, conditions de vie spartiates, la narratrice repousse ses limites dans un vertigineux tête à tête avec la mer. Jude, "le grand marin", veille sur elle.

Serrer les dents, encaisser les coups bas, se mettre en danger et par-dessus tout aspirer à la liberté, malgré la fatigue intense qui la terrasse comme un anesthésiant, vivre intensément : on sent chez Lili une furieuse envie de vivre et souvent, d'en découdre ! 
La narration s'accommode de cette fièvre : avec des phrases courtes, l'auteur frappe au cœur, ne s'embarrasse pas de circonvolutions et d'états d'âme. Les hommes sont farouches, rudes et le récit de Catherine Poulain, sans doute largement autobiographique, en restitue la brutalité tout en laissant pointer les émotions et une certaine sensualité.

 Un très bon premier roman, un roman d'aventure dépaysant !

 Mon article sur L'express est ici !

Les pêchers - Claire CASTILLON

éd de l'Olivier - 3 septembre 2015 - 208 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
Tamara est prisonnière. De son mari, Claude, qui veut faire d’elle une épouse modèle. D'Esther, la fille de Claude, qui occupe tout l’espace. Et de son amour perdu, à qui elle ne peut s’empêcher de rêver. La liberté lui fait peur, la captivité lui pèse. Elle ne peut ni rester ni partir.

Aimée, la mère d'Esther, semble parfaitement adaptée au monde tel qu’il va. Mais cette material girl cache une vraie fragilité. 

Et puis il y a Esther… Adolescente, poète, raisonneuse, innocente. Amoureuse. Son regard radiographie les adultes, ces gens étranges, incapables de voir la violence qui est en eux.

Si c’était elle, la véritable héroïne de cette histoire ? Elle ferait, alors, sans le moindre doute, une excellente victime expiatoire.

Rageuse, bouleversante, drôle, nécessaire, la plume de Claire Castillon fait mouche dans ce nouvel épisode de la guerre des sexes qu’elle ne cesse de provoquer, de livre en livre.

Claire Castillon est l'auteur de nombreux romans et recueils de nouvelles, 
parmi lesquels : Insecte, Les Cris (Fayard), Les Merveilles (Grasset) et Eux 
(L'Olivier). Portée par un ton et un regard très singuliers, son oeuvre 
s'impose comme une des plus originales de sa génération. 

Ce que j'en ai pensé :
J'attendais beaucoup de cette lecture que j'avais placée dans mes priorités de cette rentrée littéraire, surtout après avoir savouré Les couplets cet été. 
Je ferai court : je n'ai pas aimé ! 
Ni ces trois personnages féminins qui m'ont donné une désagréable image de femmes soit soumises, soit retorses, en tout cas malheureuses et insatisfaites, ni ces trois personnages masculins fuyants, durs.
Je n'ai pas compris à quoi servait la juxtaposition des situations amoureuses : Tamara a épousé Claude mais aime encore Quick qui est l'amant d'Aimée, ex-femme de Claude et mère d'Esther qui gravite dans ce petit monde et le manipule.
Je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir, ce qu'elle tentait de communiquer via cette histoire que j'ai eu bien du mal à finir...
Le style m'a déplu lui-aussi, avec ses phrases presque plus parlées qu'écrites (je déteste qu'on écrive "j'aime pas"..).
Déception, donc.

L'invité du soir - Fiona Mc FARLANE

éd de L'OLIVIER - mai 2014 - 272 pages
traduction de Carine Chichereau
en poche chez POINTS
Ce qu'en dit l'éditeur :
« Ruth s’est réveillée à quatre heures du matin et son cerveau endormi lui a murmuré : “Tigre”. »
Ruth Fields, 75 ans, vit seule avec ses chats dans une maison isolée de la côte australienne. Sa santé décline, mais elle tient à son indépendance. La vie s’écoule lentement, bercée par le rythme des vagues et le bruit du vent. Mais certaines nuits, Ruth entend un tigre rugir dans son salon. Est-elle en train de perdre la tête ? Ou est-ce une manigance de Frida, son aide-ménagère depuis peu à son service ? À mesure que surgissent de troublants détails, chacune des deux femmes va s’accuser d’être une menace pour l’autre, et l'on ne sait à qui se fier. Tout cela finira mal, c'est certain.
L’Invité du soir est un huis-clos à l’ambiance hitchcockienne, où « l’inquiétante étrangeté » règne en maître. Au fil d’un suspens implacable, Fiona McFarlane esquisse un émouvant portrait du dernier âge de la vie, et interroge l’origine de nos peurs, réelles ou fantasmées.
Fiona McFarlane vit à Sydney. L’Invité du soir est son premier roman. 
Acclamé par la critique, classé parmi les meilleurs livres de l'année 2013,
 il est traduit dans le monde entier.

Ce que j'en ai pensé :
Y a-t-il réellement un tigre dans le salon de Ruth ? ou s'agit-il seulement d'un effet de cette drôle de maladie qui paralyse le cerveau des vieilles personnes ? 
Etrange, addictif, voila ce qui vient à l'esprit à mesure que se tournent les pages de ce roman où la vieillesse étiole, où le diable se cache dans les "meilleures" intentions. C'est l'histoire d'un abandon, d'une reddition de femme âgée, des vies qui passent, de manigances. On est souvent proche du thriller, dans une atmosphère lourde d'enfermement, de cercle vicieux où la victime craint de devenir bourreau (et vice-versa).
Un très bon premier roman !

Les accommodements raisonnables - Jean-Paul DUBOIS

Ce qu'en dit l'éditeur :
Paul Stern - Toulousain, la cinquantaine - hésite. Entre une épouse (Anna) qui s'enfonce dans une profonde dépression et s'éloigne de lui chaque jour davantage et un père (Alexandre)  dont le remariage scandaleux lui révèle soudain la vraie nature, il est tenté de tout abandonner. La proposition d'un studio de cinéma tombe à pic : quoi de plus providentiel qu'une année à Hollywwod pour réécrire le scénario d'un film français afin d'en tirer un remake. Embauché par la Paramount, Paul découvre un univers entièrement factice qui le renvoie à ses propres contradictions. Jusqu'au moment où, dans un couloir des studios, il rencontre Selma Chantz. Et sa vie bascule. Car Selma est le sosie parfait d'Anna, avec trente ans de moins... 

Ce que j'en ai pensé :
Quel étrange roman ! J'ai sans cesse navigué entre sourires et réflexion, souvent levé le nez pour m'interroger...C'est un roman à la fois très proche de "Une vie française" (on retrouve un peu de politique, pas mal de sexe, les tondeuses à gazon, les dentistes, et même les bateaux) et très différent en cela qu'il semble marqué par la désillusion vis-à-vis de l'engagement matrimonial, de l'univers archi-faux du cinéma. Pourtant, si je ne l'ai pas lu comme "Une vie française", si je n'ai pas eu l'impression de lire une autobiographie, j'ai eu la sensation d'un écrit plus intime qui fait surgir les failles de l'auteur. J'ai noté plein de passages qui, aujourd'hui, trouvaient une résonance (parfois cruelle) en moi. J'ai aimé, je crois que les mots vont mûrir doucement et ça confirme que Jean-Paul DUBOIS est un auteur qui me touche !

Extraits :
"Je voulais interroger Grandin sur cette réalité, sur ces liens invisibles qui nous reliaient les uns aux autres, qui faisaient que nous étions tous censés avoir envie de vivre un jour de plus. Et pour cela, nous étions prêts à tous les compromis, à tous les accommodements raisonnables." (p99)

"Je me demandai pourquoi nous ne faisions jamais ce à quoi nous pensions toute notre vie." (p148)

"Pour ma part, j'étais à ce point convaincu de mon insignifiance que, si quelqu'un avait pris une photo de notre table à cet instant, j'étais certain de ne pas apparaitre sur le cliché." (p162)

"Il m'arrivait souvent de m'absenter de la sorte, de devenir quelque chose de dur, d'opaque, de sourd, de fermé. C'était comme si chaque cellule de mon corps se soudait à sa voisine pour ne plus former qu'un unique bloc minéral, une structure monolithique, dépourvue de crainte et d'affect, devenue inaccessible, inviolable." (p180)

"Et c'est dans cette position un peu ridicule qu'une crise d'angoisse me submergea.Je redoutais soudain de tout perdre, tous ceux que j'aimais, tout ce à quoi je tenais. Je me sentais très vulnérable et percevais l'extrême fragilité du monde. J'étais loin et à l'abri des flammes, et pourtant il m'apparaissait comme une évidence que ma vie pouvait, à chaque seconde, partir en fumée." (p188)

Une vie française - Jean-Paul DUBOIS

Ce qu'en dit l'éditeur :
Petit-fils de berger pyrénéen, fils d'une correctrice de presse et d'un concessionnaire Simca à Toulouse, Paul Blick est d'abord un enfant de la Ve République. L'histoire de sa vie se confond avec celle d'une France qui crut à de Gaulle après 58 et à Pompidou après 68, s'offrit à Giscard avant de porter Mitterrand au pouvoir, pour se jeter finalement dans les bras de Chirac. Et Paul, dans tout ça ? Après avoir découvert, comme il se doit, les joies de la différence dans le lit d'une petite Anglaise, il fait de vagues études, devient journaliste sportif et épouse Anna, la fille de son patron. Brillante chef d'entreprise, adepte d'Adam Smith et de la croissance à deux chiffres, celle-ci lui abandonne le terrain domestique. Devenu papa poule, Paul n'en mène pas moins une vie érotique aussi intense que secrète et se passionne pour les arbres, qu'il sait photographier comme personne. Une vraie série noire - krach boursier, faillite, accident mortel, folie - se chargera d'apporter à cette comédie française un dénouement digne d'une tragédie antique. Jardinier mélancolique, Paul Blick prend discrètement congé, entre son petit-fils bien-aimé et sa fille schizophrène. Si l'on retrouve ici la plupart des " fondamentaux " de Jean-Paul Dubois - dentistes sadiques, femmes dominatrices, mésalliances et trahisons conjugales, sans parler des indispensables tondeuses à gazon -, on y découvre une construction romanesque dont l'ampleur tranche avec le laconisme de ses autres livres. Cet admirateur de Philip Roth et de John Updike est de retour avec ce roman dont le souffle n'a rien à envier aux grandes sagas familiales, dans une traversée du siècle menée au pas de charge. 

Ce que j'en ai pensé :
Coup de coeur !!!
Ce roman est épatant ! Je me suis surprise au lendemain de ma lecture à vérifier s'il s'agissait d'une autobiographie...c'est comme ça que je l'ai lu, et je suis persuadée que c'est ainsi qu'il fallait le lire, presque comme un témoignage, comme le roman d'une époque, le roman de la vie d'un homme qui relate ses malheurs, ses découvertes (sexuelles ou photographiques), et ses infimes bonheurs.
Je suis restée sous le charme, du début jusqu'à la fin, sans doute parce que, même si je suis bien plus jeune que l'auteur, j'ai eu l'impression d’égrainer des souvenirs, de revivre des moments forts...J'ai aimé le regard distancié sur le monde, souri souvent (ah ! la scène d'anthologie du rosbeef à l'aïl !!!), été émue..J'ai aimé le découpage en périodes "politiques", les vérités semées au fil des pages, l'humour sous-jacent.
C'est devenu un livre "hérisson" plein de pages cornées (pas de post-it sous la main entre plage et apéro), avec tant de choses qui m'ont touchées que je pense me souvenir un petit moment de ce roman !
Je n'avais pas gardé en mémoire "Vous plaisantez, Monsieur Tanner" mais j'ai hâte à présent de découvrir "Les accommodements raisonnables" ! et peut-être de retrouver, blague à part, les tondeuses à gazon et les dentistes ;o)

La grâce des brigands - Véronique OVALDÉ


Santa Monica, Californie, côte ouest des USA.
Nous sommes dans les années 1970 et Maria Cristina Väätonen débarque du grand nord canadien, fuyant l'affreuse ville de Lapérouse et tout ce qui a fait son enfance : une mère complètement cintrée et bigote (elle tricote des petits Jésus en laine pour l'église memmonite !!), un père taciturne et une soeur, à peine plus âgée qu'elle, mais qu'un malheureux accident a bloqué mentalement à l'adolescence.
Elle a obtenu une bourse pour étudier à UCLA et rencontre, en cherchant un logement, sa future colocataire hippie, Joanne, qui lui fait quitter ses vieilles fripes grises et ses idées et l'encourageà l'écriture et à la liberté. Elle fait ainsi la connaissance de Rafael Claramunt, vieil écrivain libidineux et peu scrupuleux, qui devient son mentor et amant.
Les années passent, les romans écrits par Maria Cristina l'ont rendue célèbre et sa vie semble tranquille jusqu'au jour où, rappelée par sa mère à Lapérouse, son destin bascule.

Quelle joie à chaque fois de se plonger dans un roman de Véronique OVALDÉ ! Le rythme m'emporte, les personnages sont  peu ordinaires (franchement excentriques parait ici le mot juste !) et les destins se mêlent sans jamais aucune confusion. Les contrastes sont saisissants entre Santa Monica, libertaire, et l'atmosphère étouffante et sclérosée de Lapérouse ; les dialogues sont précis, sans superflu et chaque personnage se dessine subtilement, dans son étrangeté, dans sa grâce...
J'ai aimé ce roman, beaucoup !

Une faiblesse de Carlotta Delmont - Fanny CHIARELLO



Paris, 1927. A peine remise d'une angine qui la contraint à se cacher dans sa chambre au Ritz, Carlotta Delmont, la célèbre cantatrice américaine, joue Norma et le public l'acclame. Sa disparition à l'issue de la représentation qui enchante le tout-Paris surprend son entourage, affole les médias. Où est Carlotta ? On l'imagine noyée dans la Seine, kidnappée. Quand elle réapparaît enfin, on la croit devenue folle : son escapade dans le Paris interlope des artistes du Mont Parnasse, ses cheveux coupés courts à la garçonne, suscitent un mélange d'effroi et de curiosité. Boudée par son public, elle poursuit son rêve : écrire une pièce de théâtre et la porter sur scène.

Le rythme est soutenu, vif , à la manière d'une enquête policière puis la lecture s'étire à mesure qu'on découvre le journal de bord. Se succèdent coupures de presse, copies de télégrammes, lettres dans une première partie, puis journal de bord dans la seconde et enfin, pièce de théâtre. La forme narrative, quoique déroutante, n'enlève rien à l'envie de comprendre ce qui est arrivé à Carlotta, de connaître les raisons de sa fugue. On découvre une femme éprise de liberté et de musique, entière et passionnée, cédant à un moment de folie, s'offrant une parenthèse qui anéantira sa carrière. Elle porte en elle tous les espoirs des femmes à la fin des années 20, les rêves d'émancipation, d'épanouissement par-delà les carcans sociaux de l'entre-deux guerres. Fanny Chiarello nous dessine le portrait d'une diva aux pieds d'argile, d'une étoile fragile qui s'identifie aux femmes dont elle interprète les rôles allant jusqu'à s'y perdre.
On se surprend même à chercher quel personnage réel a inspiré celui de Carlotta Delmont !
Mais je ne lui ai attribué que 14/20.

Des vies d'oiseaux - Véronique OVALDÉ



L’histoire : Quand sa fille Paloma déserte sans prévenir la somptueuse villa familiale, Vida Izzara croit en deviner la raison : elle serait partie avec son amant vivre une vie moins conventionnelle. Jusqu’au jour où Vida comprend que c’est elle aussi que Paloma fuit. Aidée par Taïbo, qui enquête sur un couple de jeunes gens habitant clandestinement les demeures inoccupées de la région, elle part à la recherche de sa fille. Ce périple la conduira de l’Irigoy de son enfance aux recoins secrets de son cœur.

Les vies d’oiseaux, ce sont celles que mènent ces quatre personnages dont les trajets se croisent sans cesse. Chacun à sa manière, par la grâce d’un nouvel amour, est amené à se défaire de ses liens – conjugaux, familiaux, sociaux – pour éprouver sa liberté d’exister.

Génial !! je guette chaque nouveau roman de Véronique OVALDÉ avec frénésie tant sa prose me séduit ! Ce que je sais de Vera Candida m'avait transportée, et ce roman ne déroge pas ! c'est à la fois poétique et cruellement vrai, les phrases sont ciselées, un bonheur !!

Je classe Véronique OVALDÉ au palmarès de mes écrivains préférés !!