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Danse d'atomes d'or - Olivier LIRON


Editions Alma
Parution : 25 août 2016
234 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Un soir chez des amis, O. rencontre Loren, une acrobate fougueuse et libre aux cheveux couleur de seigle. Ils s’éprennent follement, s’étreignent et s’aiment le jour et la nuit dans la ville qui leur ouvre les bras. Mais Loren disparait sans un mot. Inconsolable, têtu O. la cherche jusqu’à Tombelaine en Normandie. Là, il apprendra pourquoi la jeune fille si solaire et fragile, est partie sans pouvoir laisser d’adresse.

Librement inspiré d’Orphée et Eurydice, le ballet de Pina Bausch, Danse d’atomes d’or propose une nouvelle version du mythe. Ici, Eurydice n’a pas besoin d’Orphée…

D’une beauté à couper le souffle, écrit avec la rage de vivre, le premier roman d’Olivier Liron s’inscrit dans le droit fil de L’écume des jours de Boris Vian.

Ce que j'en ai pensé :

Poème en prose, voila ce qui pourrait résumer ce roman assez étonnant, qui ne saurait être que ça ! 

De la sensualité et pas mal de fantaisie, une virevolte de mots, de sentiments amoureux, des références culturelles à la pelle (outre le mythe d'Orphée et Eurydice, "surtout ne te retourne pas"), des déambulations mi-réelles mi-poétiques.

Et puis la perte de l'être aimé, la douleur, le vide, le manque et..la quête de traces, d'ombres, de mots et d'images laissés en souvenir.

Un très joli premier roman, plein de promesses, qui enchante par sa langue maîtrisée, joyeuse, joueuse ! 
Un auteur à suivre !

"Les soirs de mai font penser à l'enfance. Ils sont irréfutables comme elle, comme elles fatals, porteurs d'une promesse de bonheur infini que la vie ne tiendra jamais."

De beaux jours à venir - Megan KRUSE

Editions DENOEL
Parution : 25 août 2016
Titre original : Call me home
Traduction : Héloïse Esquié
384 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Depuis des années, Amy subit la violence de Gary. Jusqu’au jour où elle reçoit le coup de trop et décide de s’enfuir avec ses deux enfants, Jackson, dix-huit ans, et Lydia, treize ans. Premier arrêt au Starlight, motel crasseux qui va leur servir de refuge. Tous les trois s'endorment sereins et soulagés, mais au petit matin Jackson a disparu. Croyant gagner l’amour d’un père qui le rejette, il est retourné chez eux et a trahi sa mère et sa sœur en révélant à Gary l’adresse du motel. Amy se rend alors à l’évidence : si elle veut assurer sa sécurité et celle de Lydia, elle va devoir abandonner son fils. Cette séparation brise le cœur de la petite fille, très attachée à ce frère doux et différent. Jackson, de son côté, doit désormais se débrouiller seul, tiraillé entre la recherche désespérée de l’amour paternel, sa culpabilité et sa difficulté à gérer son homosexualité naissante.

De beaux jours à venir est un roman terriblement juste, touchant et sans complaisance, sur la famille, les sacrifices que l’on peut faire en son nom, et leurs conséquences. Un chef-d’œuvre où l'émotion prend à la gorge à chaque page. 

Ce que j'en ai pensé :

J'ai lu ce roman il y a quelques semaines. Qu'en dire à présent ? 

J'ai aimé beaucoup de choses, les regards d'Amy et Lydia sur la situation catastrophique, beaucoup moins les apartés concernant Jackson.
Sans doute parce que, mal dans sa peau, il n'a peut-être pas été à la hauteur, parce qu'il a trahi sa mère battue, parce que je l'ai trouvé faible de se réfugier auprès du père maltraitant.  

Pourtant dans la seconde moitié du roman, quand il apprend  à ne compter que sur lui-même, j'ai failli le trouver touchant : ça tourne presque au roman d'apprentissage, il grandit loin de ses repères et sans nouvelles de sa mère et de sa soeur...

mais...

Sans être prude, ça m'a agacée de lire tant de scènes avec ce pauvre garçon, la bite à la main, et ses remords, et ses regrets...
J'aurais pu trouver l'histoire intéressante mais j'ai considéré que la rupture entre "trop de violence conjugale" dans la première moitié (qui finalement, a suscité mon intérêt), et "on oublie tout, on ne parle plus que de l'homosexualité" de la suite du roman, manquait un peu de lien.

Voila ce qui m'en reste. Je me trompe peut-être, et j'aimerais, si vous l'avez lu, que vous me disiez ce que vous en avez pensé.

Idaho Babylone - Theo HAKOLA

Éditions Actes Sud - Collection Actes Noirs
Parution : Septembre 2016
Traduction : Yoann GENTRIC
368 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Metteur en scène originaire de Spokane, dans l’État de Washington, Peter Fellenberg réside en France depuis plus de trente ans. Alors qu’il est sur le point de monter une nouvelle pièce de théâtre dont le rôle principal sera tenu par une célèbre actrice de cinéma, sa soeur Marnie l’appelle des États-Unis, affolée : sa fille aînée, Macie, vient de disparaître lors d’un camp de vacances organisé par l’Église, dont l’adolescente a récemment embrassé un peu trop ardemment les principes… À moins qu’elle ne se soit enfuie avec un certain Brandon, neveu d’un suprémaciste blanc notoire de l’Idaho voisin ?
Si Marnie fait appel à ce frère qu’un sombre chapitre du roman familial a définitivement éloigné de ses origines, c’est que Peter a été le grand ami d’enfance de Tom Palm, pasteur, précisément, de l’église évangéliste dont la jeune fille est une prosélyte.
Secrètement taraudé par un désir confus de renouer avec son pays, Peter saisit cette occasion de retrouver Spokane et va tenter d’arracher Macie aux griffes d’un destin qui menace les enfants d’une Amérique victime de tous ses aveuglements.
Avec ce roman cinématographique mené tambour battant et peuplé de personnages aussi singuliers qu’affirmés, Theo Hakola offre, entre gravité et humour, un éclairage troublant sur la capacité des racines originelles à venir percuter les aspirations à la création et à la quête d’altérité.
Né à Spokane, dans l’État de Washington, Theo Hakola  a étudié à la London School of Economics and Political Science ( 1975/76) et est titulaire d’une licence d'Histoire politique, délivrée par The Antioch University, Yellow Springs, Ohio – 1977.
Il est l'auteur de quatre romans publiés en France :
La Route du sang (2001) et La Valse des affluents (2003) au Serpent à plumes, puis, chez Intervalles, Le Sang des âmes (2008) et Rakia (2011). Musicien, réalisateur artistique, homme de radio et de théâtre, c'est l'une des grandes voix de la scène alternative internationale.

Ce que j'en ai pensé :

Chrétiens ? Oui mais...d'abord suprémacistes blancs, de ceux qui s'affublent d'une cagoule et se promènent avec une corde à nœud coulant, brûlent des croix, détestent les pédés, les juifs et les noirs (dans l'importe quel ordre !), s'arment comme pour la guerre et se font tatouer des croix gammées, et ....se revendiquent de Dieu !
Il n'y a pas que les intégristes musulmans qui ont la vue basse et les idées courtes ! 
Il y a aussi Kevin, et "Longue-Barbe" et leurs acolytes dans ces mobil-homes, protégés par des oies (comme au temps de Rome), par César et Brutus, les chiens pas sympas.
Et Macie au milieu, qui se croit amoureuse, qui n'en est plus très sûre (est-ce encore un pêché de plus ? déjà que ses parents, anciens adeptes renonçants, sont du côté de Satan !), Macie qu'il faut sauver de ses adeptes du KKK, un peu "bas-duf" (bas-du-front)...

C'est parfois un peu long, mais c'est bon ! 

Un roman qui explore l'Amérique de Sarah Palin, ces américains sûrs de la suprématie de la race blanche, persuadés du conspirationnisme sioniste, opposés à Obama (un noir à la Maison Blanche WTF ?!!!), luttant contre l'avortement et la pilule et dont le cerveau est lessivé-conditionné-préformé par les chrétiens évangélistes, une secte qui abrite des fous dangereux dont le jugement est altéré : une Amérique terrifiante finalement, bien plus que cette intrigue pas très "sautillante", parfois plus marquée par la réflexion que par l'action.

Un polar intéressant et captivant, quand même !

L'abbaye blanche - Laurent MALOT

Editions Bragelonne
Parution : 14 septembre 2016
336 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

À Nantua, dans le Jura, Mathieu Gange élève seul sa fille de six ans. Sa femme a disparu depuis plusieurs mois sans donner d’explication. Flic intègre, il fait ce qu’il peut pour assurer sa mission, quand soudain la violence s’abat sur ce coin du monde où il ne se passe presque jamais rien.
Deux hommes sans lien apparent sont assassinés coup sur coup, puis on retrouve un cadavre mutilé dans la forêt. À mesure qu’il démêle les fils, Gange est entraîné dans une enquête dont les enjeux le dépassent. Notables véreux, secte, affaire d’État : le cocktail est explosif. Mais Gange ne peut pas renoncer. La disparition de sa femme n’est peut-être pas innocente...
 
Laurent Malot a commencé à écrire à 19 ans parce qu’il rêvait de travailler avec Steven Spielberg. Il a gagné ses premiers droits d'auteur grâce à des fictions radio. Son premier roman, De la part d'Hannah (Robert Laffont, 2014) a conquis près de 25 000 lecteurs. Mêlant habilement thriller politique et roman noir, L’Abbaye blanche est son premier polar.

Ce que j'en ai pensé :

Ça commence comme un polar classique : un cadavre (puis un deuxième, puis un troisième !!), une enquête confiée à un flic dont la vie personnelle est bousculée par le départ de sa femme, une journaliste un peu fouineuse... Le cliché parfait de ce genre littéraire !

Pourtant la recette fonctionne et ce roman devient rapidement très addictif grâce à son rythme rapide et à une galerie de personnages réalistes et qui ont le bon goût d'avoir pas mal d'humour (le duo flic-journaliste fonctionne parfaitement, d'abord sur le mode du duel puis sur une réelle complicité).
Pas de temps mort, une succession de meurtres, des tentatives d'intimidation, il n'en faut pas plus pour se retrouver au milieu d'un thriller de très bonne facture !

L'atmosphère poisseuse de ce coin de campagne fait miroir aux manigances des notables impliqués, tous parfaitement taiseux (et terrorisés), aux manipulations devinées en arrière-plan (entre secte, système judiciaire corrompu, magouilles mafieuses) et le roman offre un portrait sans complaisance de la société où les pressions politiques perturbent la supposée neutralité de la justice et de la police.

Petits arrangements entre notables et disparition de preuves à charge au programme, je me suis régalée !
Merci à Lecteurs.com et aux Editions Bragelonne qui m'ont permis de lire ce polar dans le cadre des #explorateursdupolar

Le grand jeu - Céline MINARD

Editions Payot-Rivages
Parution : 17 août 2016
192 pages 


Ce qu'en dit l'éditeur :

Installée dans un refuge high-tech accroché à une paroi d’un massif montagneux, une femme s'isole de ses semblables pour tenter de répondre à une question simple : comment vivre ?
Outre la solitude, elle s’impose un entraînement physique et spirituel intense fait de longues marches, d’activités de survie, de slackline, de musique et de la rédaction d’un journal de bord.
Saura-t-elle « comment vivre » après s’être mise à l’épreuve de conditions extrêmes, de la nature immuable des temps géologiques, de la brutalité des éléments ? C’est dans l’espoir d’une réponse qu’elle s’est  volontairement préparée, qu’elle a tout prévu.
Tout, sauf la présence, sur ces montagnes désolées, d’une ermite, surgie de la roche et du vent, qui bouleversera ses plans et changera ses résolutions...

Avec son style acéré, Céline Minard nous offre un texte magnifique sur les jeux et les enjeux d'une solitude volontaire confrontée à l’épreuve des éléments.


Ce que j'en ai pensé :

J'avais eu un tel coup de cœur pour Faillir être flingué que j'attendais impatiemment la parution de ce nouveau roman de Céline Minard. J'avais entendu qu'elle avait une facilité particulière à écrire des choses dans des styles très différents, ça m'intriguait donc de découvrir cette nouvelle facette de son talent. Et puis j'ai lu que ce roman était étrange, cru deviner de la déception de la part de certains lecteurs, et j'hésitais à me lancer...

En effet, ce roman est étrange.

En effet, Céline Minard a un talent incroyable...

Celui de nous embarquer dans sa "bulle" à l'aplomb d'une roche, dans le jardin potager qu'elle sème, dans les failles de la paroi montagneuse, sur un fil tendu entre deux rochers là où elle s'entraîne à marcher au-dessus du vide.
 
"Il y a des vents violents dont le fond est tapissé de velours, des vents emportés qui cinglent mais il y en a qui bercent. Il y a des bises piquantes comme la grêle, des petits coups de fouet secs, des flatteries, de vraies caresses."

Si on exclut tous les termes techniques liés à la varappe, le roman devient vite hypnotique et se transforme rapidement en page turner dès lors que l'héroïne, volontairement retirée à l'abri du monde (suite à une agression ?) se trouve confrontée à une autre présence humaine sur "son" territoire.

La retraite, le refus de la rencontre d'autres humains ou la recherche d'une compagnie aussi incongrue que soit celle d'une nonne équilibriste et alcoolique ?
 
"J'ai investi cet environnement et ces conditions qui me permettent de n'être pas dans l'obligation de croiser tous les matins un ingrat, un envieux, un imbécile."
 
Je me suis laissée bercer par les froissements d'herbes, la course d'un hanneton, le cri d'alerte d'une marmotte, le silence des isards et par la mise en parallèle de deux existences (pas tout à fait ascétiques puisqu'il y a du rhum, des conserves de haricots et des bolets qui sèchent sur des clayettes), par ces solitudes plus ou moins bien assumées, ces mises en perspective de soi au milieu de nulle part.
 
"Je veux imaginer une relation humaine qui n'aurait aucun rapport avec la promesse ou la menace. Qui n'aurait rien à voir, rien du tout, avec la séduction ou la destruction."
 
J'ai cependant regretté les multiples questions philosophiques qui paraissent d'abord sans réponses (n'en ont en réalité qu'à la toute fin !) et qui parfois cassent le rythme de ce roman pas ordinaire.
  

La cité perdue { La légende des Templiers } - Paul CHRISTOPHER

Editions du Cherche-Midi
Parution : 15 septembre 2016
Titre original : Lost city of the Templars
Traduction : Pierre Szczeciner
464 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Sur les traces d’une des plus fabuleuses énigmes de notre temps : l’Arche d’alliance.
Le journal d’un explorateur lance Peter Holliday, professeur d’histoire à West Point, en quête de l’Arche d’alliance. L’aventure risque de ne pas être de tout repos. C’est en effet au cœur de l’Amazonie qu’une société secrète fondée par les Templiers s’est retirée il y a plus de cinq cents ans afin de protéger ce mystère bien gardé. Entre les pilleurs de tombes et les tribus hostiles, le professeur Holliday fait-il là son dernier voyage ?

Ce que j'en ai pensé :

En effet ! Ça bouge ! C'est encore une aventure trépidante qui nous emporte au coeur de la jungle amazonienne dans un "monde perdu" à l'abri de la société contemporaine : chamans, espèces disparues...

Ça n'est apparemment pas la dernière aventure de Peter Holliday et c'est tant mieux, parce que c'est chaque fois un régal ! J'ai mis un peu de temps à me mettre à jour sur cette série que je suis depuis 2014 et pourtant, je me suis régalée 
Ça se lit très vite, le rythme est effréné et les personnages sont hauts en couleurs et attachants ! Sans spoiler, le prochain tome sent le règlement de comptes !!

Les feuilles d'ombre - Desmond HOGAN

Editions Grasset
Parution : 28 septembre 2016
Titre original : The leaves on grey
Traduction : Serge Chauvin
224 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

"Parfois mes enfants me demandent, à moi l’avocat vieillissant, comment c’était d’être jeune. Je réponds des mensonges. Je dis que c’était merveilleux..."
Cinq amis, dans une petite ville de l'ouest de l'Irlande à la fin des années 1940. Cinq jeunes gens privilégiés, à qui la vie promettait l'aisance et l'insouciance; le destin en décidera autrement. Pris dans la ronde des amours incertaines et la tourmente d'un pays hanté par son histoire, il leur faudra apprendre à quitter l'enfance et ses sortilèges. Au centre de cette constellation de cœurs, un fantôme: celui de Christine Kenneally, la mère de l'un d'entre eux, fascinante exilée russe, qui un jour entra dans la rivière pour ne jamais en ressortir.

Desmond Hogan, né en 1950, est un écrivain irlandais auteur de romans et nouvelles. Son premier roman,  Le garçon aux icônes, a été gratifié d'un Rooney Prize for Irish Literature.


Ce que j'en ai pensé :

Ambiance nostalgique. Sans doute trop nostalgique.

Je n'ai accroché. Rien à faire. Pas 50 pages lues que j'en avais déjà marre. Malgré la bonne qualité de la narration, malgré la 4ème de couverture qui me plaisait.

Il faudra sans doute que j'y revienne. Plus tard.

Ça doit être le billet le plus court que j'ai jamais écrit ! Dommage...




Un coup d'oeil dans le rétro : les chouchous de la rentrée d'automne 2016

La fin de l'année arrive à grands pas et les bilans aussi !

Je me demandais quels avaient été mes romans favoris parus à l'automne 2016...

Quelques 8098 pages lues, 27  romans au total, tous genres confondus ;o) Il en reste trois sur ma PAL..En participant au Challenge de la Rentrée Littéraire, j'ai presque atteint les 5% lus sur les 560 publiés. Ça motive toujours plus de se grouper autour de la littérature !

J'ai lu 17 auteurs français ou francophones et 10 auteurs étrangers mais...
Au bilan de mes chouchous, un peu plus d'écrivains américains que de littérature francophone ! 

Dans le peloton de tête :


 
Et vous ? Quels ont été vos préférés de cette rentrée littéraire ?

 

Les muselés - Aro SAINZ de la MAZA

Editions Actes Sud - collection Actes Noirs
Parution : 7 septembre 2016
Titre original : El angulo muerto
Traduction : Serge Mestre
368 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Dans un sous-bois à la lisière de Barcelone, caché sous des feuilles mortes, gît le corps d’une jeune femme à l’aspect en tout point ordinaire, si ce n’est ses ongles, impeccablement manucurés : une étudiante de famille modeste qui finance ses études au service de recouvrement de créances dans un cabinet d’avocats, et arrondit ses fins de mois en faisant l’escort-girl.
Quelques jours plus tard, un des associés du cabinet qui l’employait est retrouvé mort dans son appartement cossu du centre-ville. De la chaîne hifi high-tech s’échappent encore des accords de blues, tandis que le champagne s’évente sur le comptoir de marbre noir.
L’enquête s’annonçait déjà ardue quand un sadique entreprend d’exposer dans les squares, à la vue des enfants, des chiens empalés. Les plaintes fusent et la pression est à son comble pour l’inspecteur Milo, chaque jour un peu plus gagné par la schizophrénie qui a déjà emporté son père et ronge désormais son frère Hugo. Mais ces troubles psychotiques qu’il essaie d’endiguer sont aussi sa plus grande force : une capacité hors pair à se mettre dans la peau des meurtriers.
Le pouvoir politique veut des arrestations pour ramener l’ordre dans la ville et refuse d’entendre les clameurs d’une cohorte d’Indignés pris au collet par le chômage, la corruption et la misère, prêts à tout pour simplement survivre. Mais qui sont les coupables ? Ces victimes ?
Dans une Barcelone en noir et blanc, pétrifiée et transie, asphyxiée par la crise, l’auteur conduit un thriller poignant sur la ligne rouge qui mène au précipice les exclus du système.

Né à  Barcelone en 1959, diplômé à l'Université de Barcelone, Aro Sáinz de la Maza est écrivain, éditeur, correcteur et traducteur. Il a écrit des romans, des livres d'histoire et est coauteur de deux recueils de contes populaires. 

Ce que j'en ai pensé :

Le précédent opus d'Aro SAINZ de LA MAZA faisait partie de mes chouchous de l'année 2014, j'avais aimé le style du Bourreau de Gaudi même si quelques particularités linguistiques entre l'espagnol et sa traduction m’avaient agacée.

J'ai retrouvé avec plaisir Milo Malart, peut-être un peu moins "psychosé" qu'avant (malgré le pétage de plomb de son frère...) mais surtout plus humain (merci au chien !). Et je me suis laissée embarquer dans cette enquête sans trop de résistance ! 

Au-delà du roman policier, c'est un portrait de Barcelone engluée dans la crise qu'offre l'auteur, et il restitue fort bien l'ambiance d'une ville où le chômage s'aggrave, où les sans-abris se multiplient : un terreau propice au crime et à l'angoisse, pas loin de la révolte.

Cette fois pas d'expressions agaçantes comme dans le premier tome, et un rythme soutenu qui font de ce roman un moment de plaisir ! A souhaiter que les enquêtes de Milo Malart continuent !

 

Le livre du hygge - Meik WIKING

Editions First
Parution : 3 novembre 2016
288 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Pourquoi les Danois sont-ils les gens les plus heureux du monde ? Pour Meik Wiking, directeur de l'Institut de recherche sur le bonheur à Copenhague, la réponse est simple : grâce au hygge.
Sans équivalent français, le terme " hygge " (à prononcer " hoo-ga ") évoque les notions de confort, du vivre-ensemble et de bien-être profond. " Le hygge est une ambiance, une véritable atmosphère " explique Meik Wiking. " C'est profiter de ceux que l'on aime en passant du temps auprès d'eux, avec ce sentiment de se sentir chez soi, en sécurité. "
Le hygge, c'est ce que vous éprouvez lorsque vous vous prélassez sur votre canapé, des chaussettes douillettes aux pieds, emmitouflé dans une couverture douce tout en observant par la fenêtre les éclairs d'un gros orage. C'est le bonheur que vous ressentez lorsque vous partagez une conversation et un délicieux repas avec vos proches autour d'une table ornée de bougies. C'est la chaleur des premiers rayons de soleil sur votre visage un jour de ciel bleu.
Le Livre du Hygge vous invite à découvrir les grands principes de cette philosophie de vie danoise, avec de nombreux conseils et idées pour l'incorporer à votre quotidien :
Se mettre à l'aise et faire un break ;
Profiter de l'instant présent (et couper son téléphone) ;
Éteindre les lumières et profiter de la lueur des bougies ;
Prendre soin de ses relations et passer plus de temps avec ses proches ;
S'autoriser des petits écarts et mettre de côté les principes de bonne santé (les gâteaux font bien partie du hygge !)
Vivre chaque jour, et chaque café, comme si c'était le dernier.


Meik Wiking est le directeur de l' Institut de recherche sur le bonheur à Copenhague. En se questionnant sur ce qui rend les gens heureux, il en a conclu que le hygge était l'ingrédient magique à l'origine du bonheur des Danois, ce peuple considéré comme le plus heureux du monde.

Ce que j'en ai pensé :

Voila le genre de bouquin qu'on voit partout en ce moment ! Et si on suivait la méthode danoise pour se fabriquer un cocon bienheureux ? C'est le propos de ce livre : il suffirait de peu pour se créer une ambiance propice au bonheur.

Un bon bouquin, un canapé moelleux avec plaid et coussins, des bougies partout (mais n'oubliez pas d'aérer : elles dégagent des particules fines hyper toxiques), une boisson chaude et des gâteaux. Une soirée entre amis sans discussion qui fâche, une balade en forêt ou un pique-nique en bord de mer.

OK

Mais franchement, on a besoin d'un guide pour ça ? 

Je suis ressortie un peu dépitée de cette lecture (très rapide : il y a beaucoup de photos, voire des pages vides en fin de chapitre, c'est écrit gros et les paragraphes sont courts) avec la sensation d'avoir été arnaquée par un concept marketing.

Hilarion, l'araignée d'Apollon - Christophe ESTRADA

Editions Actes Sud
Parution : 7 septembre 2016
448 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Versailles, février 1777. Le chevalier Hilarion de S. et son fidèle valet Pierre découvrent le château de Versailles, vaste labyrinthe où se nouent et se dénouent des alliances secrètes. Le pouvoir de Louis XVI est d’autant plus fragile que la reine n’a pas encore donné l’héritier attendu par une cour à l’affût des moindres rumeurs. Chargé par le jeune roi de retrouver une correspondance dérobée à Marie-Antoinette, des lettres qui ont servi à alimenter des libelles infamants, Hilarion bute sur le cadavre de M. de Rancy, principal suspect dans cette affaire. Quelle direction prendre alors ? Pourra-t-il compter sur son cousin, Hector de Simiane, une tête si légère ? Quel rôle la charmante Toinette, dont Pierre ne tarde pas à tomber amoureux, joue-t-elle dans cette macabre comédie ? Pourquoi ce fat de Montmort n’a-t-il de cesse de provoquer le chevalier ? Quelles sont ces ombres qui se glissent à la tombée de la nuit dans le vieux parc glacé ? Les questions s’accumulent, les morts aussi.
Cette enquête s’inscrit dans la continuité du premier roman de Christophe Estrada. Ici, l’auteur offre une visite inattendue et singulière d’un Versailles nocturne et inquiétant, avec sa population servant davantage ses propres intérêts que ceux du roi, un univers de manipulations qui entraîne le lecteur dans les couloirs de service, dans la ménagerie laissée à l’abandon, plutôt que dans les salons d’apparat où se presse une autre ménagerie avide de ragots et de bons mots.
Et sur les terrasses du château, le roi, solitaire, observe ses courtisans…

Après une enfance à Grasse, Christophe Estrada entame des études de lettres à Paris (Sorbonne-Nouvelle). En 2010, il crée le personnage d’Hilarion, jeune aristocrate provençal au service du roi Louis XVI, et publie chez Actes Sud son premier roman, Hilarion, l’énigme des fontaines mortes, récompensé par le prix Historia du roman policier historique et par le prix Interpol’Art en 2012.

Ce que j'en ai pensé :

Quel plaisir de découvrir enfin la suite des aventures du Chevalier Hilarion de S. ! De retrouver ce jeune homme mystérieux, au corps couturé de cicatrices, à la figure pâle, et de son compagnon et dévoué serviteur, Pierre, ancien galérien.

Surtout que dans les couloirs de Versailles, les libelles circulent et les cadavres s'amoncellent.

Dans la profusion des courtisans (on pourrait s'y perdre, du Marquis Machin à la Princesse Bidule), dans cet hiver exceptionnellement froid de 1777, l'auteur tisse son intrigue, et donne à son héros du fil à retordre : si les meurtres sont liés, leur dessein presque connu (il s'agit de retrouver des lettres compromettantes pour la royauté), les vraies raisons sont plus obscures...

On croise Benjamin Franklin et des espions anglais, les fontainiers du parc et le Comte de Provence, au détour des antichambres ou dans les allées gelées du parc. Et, dans ce monde à part, une Araignée tisse sa toile... 

C'est tout le sel de ce polar historique dont la narration parfaite laisse entrevoir une possible suite.
 

Inflammation - Eric MANEVAL

Editions La Manufacture de Livres - collection Territori
Parution : 4 novembre 2016
182 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Je leur dirai que leur maman est partie et qu'elle a eu un accident. Voilà ce qui s'est passé, les enfants. Maman a eu un accident et elle est tombée dans la rivière. C'est la pure vérité. Elle est partie, et surtout ne me demandez pas pourquoi. Ne me demandez jamais pourquoi, parce que je n'en sais rien et ça me rend fou. Liz disparaît un soir d'orage violent. Jean a tout juste le temps de la voir prendre le volant et s'enfuir sous les trombes d'eau.
Pour quelle raison ? Dans le courant de la nuit, une fois la ligne téléphonique rétablie, la voix de Liz hurlera dans un message : " Pardon, Jean ! Pardon !" Pardon pour quoi ? Toutes ces questions ne mèneront qu'à l'angoisse et au doute, car on ne sait jamais si ce que l'on voit, d'autres le voient aussi. Et s'ils le voient, on n'est jamais certain qu'ils l'interprètent de la même façon que nous.
Il en va ainsi des paysages, des choses et des êtres. Parfois des êtres qui nous entourent. Parfois de ceux qu'on aime plus que tout au monde depuis des années. 

Né en 1967, Eric Maneval a voué sa jeunesse au canoé kayak et au basket ball. Après mille emplois peu rémunérés, s'est fixé à Marseille où il est veilleur de nuit. Amasse de façon pathologique des caisses de romans policiers. 

Ce que j'en ai pensé :

Décidément La Manufacture des Livres est une maison d'édition qui me plait de plus en plus ! 
Voila encore qu'elle publie un polar tendu et nerveux comme j'aime, un auteur à la plume sèche et incisive !

Un roman court, écrit à la première personne du singulier, qui commence tout de suite dans le vif du sujet avec une plongée étourdissante dans la vie soudain fracassée du narrateur, Jean Mourrat, et qui nous entraîne loin entre essais pharmaceutiques, communauté quasi sectaire et secrets bien cachés.

Quand on imagine avoir une existence banale et heureuse et qu'on découvre que la personne qui dort à nos côtés pourrait être bien plus mystérieuse...

Impossible d'en dire trop pour ne pas spoiler l'intrigue, mais c'est encore une fois la preuve qu'on peut faire court et intelligent, et instiller le doute dans quelques lignes bien senties !

Chapeau !

En douce - Marin LEDUN

Editions Ombres Noires
Parution : 24 août 2016
251 pages
Prix Transfuge du meilleur polar 2016

Ce qu'en dit l'éditeur :

Sud de la France. Un homme est enfermé dans un hangar isolé. Après l’avoir séduit, sa geôlière, Émilie, lui a tiré une balle à bout portant. Il peut hurler, frapper, elle vit seule dans son chenil, au milieu de nulle part. Elle lui apprend que, cinq ans plus tôt, alors jeune infirmière, elle a été victime d’un chauffard. L’accident lui a coûté une jambe. Le destin s’acharne. La colère d’Émile devient aussi puissante que sa soif de vengeance.
En douce est un roman sombre, dévastateur, où l’injustice se heurte à la force de vie d’une héroïne lumineuse.
 

Né en 1975, Marin Ledun est un romancier français, auteur de romans noirs et de nouvelles à multiples facettes et particularités.

Ce que j'en ai pensé :

Rien de tel qu'un polar pour se remettre d'une panne de lecture un peu longue ! Et bien que Luz (du même auteur) m'ait légèrement déçue, j'avais très envie de découvrir ce huis-clos.

Un chenil et un mobil-home au milieu des étangs et des pins, à l'écart d'un village envahi de touristes, une jeune femme amputée à la suite d'un accident de voiture et un type qui devient sa victime un soir de 14 juillet : la fête est finie, le plan cul aussi et l'histoire tourne au vinaigre avec une balle dans la cuisse et une plaie qui s'infecte. 
Pourquoi Emilie a-t-elle tiré sur Simon ? Une simple histoire de vengeance ?

Plus qu'un polar un peu angoissant (l'ambiance est étouffante sous les tôles du hangar et dans ce mobil-home), En douce est aussi un roman social où l'auteur décortique les évènements qui mènent à l'exclusion, au déclassement, au rejet. Le drame du quotidien comme trame narrative, comme source de l'intrigue, voila qui change un peu : certes il y a enlèvement et séquestration et l'héroïne reste une criminelle mais...il n'empêche que son personnage est attachant dans ses blessures et sa fragilité.

Une réussite ! 

Sacrifice - Joyce Carol OATES

Editions Philippe Rey
Parution : 3 octobre 2016
Titre original : The sacrifice
Traduction : Claude Seban
384 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

1987, dans un quartier noir délabré d’une ville du New Jersey, une mère cherche partout sa fille, Sybilla, disparue depuis trois jours. L’adolescente sera retrouvée, ligotée, le corps barbouillé d’excréments et d’injures racistes, dans les sous-sols d’une vieille usine abandonnée. Emmenée aux urgences, elle accuse des « flics blancs » de l’avoir enlevée, battue et violée.
Ce terrible acte de violence choque profondément sa communauté, où personne ne fait confiance à la police blanche, et exacerbe les tensions raciales frémissant depuis des décennies. Un pasteur noir et son frère, avocat militant des droits civiques récupèrent l’affaire qu’ils exploitent au mieux de leurs intérêts ; imités rapidement par le Prince noir, leader du Royaume de l’islam, plus redoutable encore. La vérité n’importe guère à ces leaders religieux, les médias s’en soucient tout aussi peu, et pourtant les faits se révèlent progressivement de plus en plus troubles.
Dans un chœur de voix et de points de vue qui va crescendo – de la police aux médias en passant par la victime et sa famille –, l’auteure offre une nouvelle compréhension, choquante, du pouvoir et de l’oppression, de l’innocence et de la culpabilité, de la vérité et du sensationnalisme, de la justice et du châtiment.
S’inspirant, comme souvent, d’un fait divers réel, Joyce Carol Oates explore les lignes de faille d’une société toujours troublée par la question de la race et signe un roman profond et incendiaire.

 Joyce Carol Oates, née en  juin 1938 à Lockport dans l'État de New York, est une femme de lettres américaine, à la fois poétesse, romancière, nouvelliste, dramaturge et essayiste

Ce que j'en ai pensé :

J'avais très envie de lire ce roman, surtout après avoir lu de nombreuses critiques très positives, et j'avais aussi très envie de voir ce que valait la plume de cet auteur américain encensé par les critiques.

J'ai lutté. J'ai décroché assez vite. J'ai persisté. Je ne sais toujours pas si j'ai aimé ou si j'ai détesté.

J'ai aimé cette façon qu'avait l'auteur de dépeindre cette Amérique des laissés-pour-compte, cette frange de la société multi-raciale toujours en butte aux préjugés, à la pauvreté (à la misère !!) : on devine vite que le roman est un miroir sociétal, une réalité. 

J'ai aimé la narration, rythmée, vive, réaliste avec l'intervention des différents personnages. J'ai d'ailleurs ressenti infiniment plus d'empathie pour Inès Iglesias, la flic hispano-américaine, ni tout à fait blanche ni tout à fait noire, que pour la victime ou sa mère. C'est à mon sens le personnage le plus sensible, et le plus crédible de cette histoire. Parce que les doutes arrivent très vite : si Ednetta et Sybilla avaient menti ?

Mais...

Dans les personnages qui interviennent, j'ai détesté le Révérend Mudrick, j'ai détesté tout ce qu'il représentait : la récupération religieuse et quasi politique d'un fait divers. Un côté sordide, profiteur, qui m'a vite dérangée (finalement, les médias ne sont-ils pas manipulés puisqu'on peut manipuler la source d'information ?)...

J'ai détesté cette narration qui tourne autour du pot, qui ne va pas à l'essentiel. J'ai fini par m'ennuyer un peu, trouvant certains passages un peu longuets.

Un ratage en quelque sorte, l'impression d'être passée à côté d'un bon roman...