Editions
Actes Sud
Parution
: août 2018
432
pages
Prix
Goncourt 2018
Ce
qu'en dit l'éditeur :
Août
1992. Une vallée perdue quelque part dans l’Est, des
hauts-fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de
canicule. Anthony a quatorze ans, et avec son cousin, pour tuer
l’ennui, il décide de voler un canoë et d’aller voir ce qui se
passe de l’autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au
bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui
qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui
commence.
Avec ce livre, Nicolas Mathieu écrit le roman d’une vallée, d’une époque, de l’adolescence, le récit politique d’une jeunesse qui doit trouver sa voie dans un monde qui meurt. Quatre étés, quatre moments, de Smells Like Teen Spirit à la Coupe du monde 98, pour raconter des vies à toute vitesse dans cette France de l’entre-deux, des villes moyennes et des zones pavillonnaires, de la cambrousse et des ZAC bétonnées. La France du Picon et de Johnny Hallyday, des fêtes foraines et d’Intervilles, des hommes usés au travail et des amoureuses fanées à vingt ans. Un pays loin des comptoirs de la mondialisation, pris entre la nostalgie et le déclin, la décence et la rage.
Ce
que j'en ai pensé :
Je
me demandais, à la parution de ce roman, si j'allais ou non le lire.
Ma collègue me l'a prêté et ça m'a décidée, même si j'ai
encore tourné autour avant de franchir le cap (il faut dire que ma
PAL déborde !).
Il
avait tout pour me plaire : une histoire d'ados dans les années 1990
en Lorraine, pas bien loin de là où j'ai grandi, à la même
époque...J'ai souri de retrouver des noms familiers, et un peu de
l'histoire de cette vallée minière.
Je
n'ai pas souri longtemps parce que ce roman a fini par m'agacer un
chouïa !
Je
n'ai pas trouvé une narration riche ni un style étourdissant, je ne
comprends donc pas pourquoi on lui a attribué le Goncourt (ou,
plutôt si, je confirme que ce prix n'induit pas l'excellence à
laquelle on s'attend - et accessoirement qu'il vaut mieux obtenir le
Goncourt des Lycéens, gage de qualité !).
Les
dialogues sont, non seulement quasi inconsistants (même si je veux
bien admettre que les ados ne s'expriment pas comme Proust), mais j'ai
été interloquée de découvrir des locutions qui n'étaient pas
employées à l'époque (ou en tout cas, pas en Lorraine ! en 1992,
je ne me souviens pas d'avoir dit "grave" comme les ados de
2018 le font...et d'ailleurs ne le font déjà plus !..).
Je
n'ai pas compris non plus la nécessité de modifier les noms de
lieux ? Comme je suis lorraine, je me suis amusée à pointer sur la
carte les communes "trafiquées" : quel intérêt de
déformer Hayange en Heillange pour ensuite parler de Thionville et
de Metz ?? Drôle de maquillage !
On
aura bien vite compris que l'intrigue se déroule dans la vallée de
la Fensch...
Et
puis, enfin, parce que quand je commence à râler...j'ai trouvé un
brin de condescendance dans ce texte, comme si l'auteur voulait
s'éloigner de ces origines, de cet endroit affreux où les
"sans-dents" n'ont aucun espoir...Il règne sur certaines
lignes ce qui pourrait s'apparenter à du mépris de classe, et
presque parfois à une leçon de morale (pour vous en sortir, faites
des études, et surtout ne soyez pas comme vos abrutis de parents qui
ont bossé pour payer les traites de la maison). Ça ressemble parfois à de la caricature avec des clichés faciles sur la Lorraine en pleine désindustrialisation, et qui, à mon sens, n'exploite pas assez des personnages comme Hacine...
Dommage
qu'il ait manqué un peu d'humanité à ce roman..
Dommage que derrière certaines qualités, le texte soit si"faible" et que le regard de l'auteur ne nous fasse pas ressentir la moindre empathie pour ses personnages.
Dommage que derrière certaines qualités, le texte soit si"faible" et que le regard de l'auteur ne nous fasse pas ressentir la moindre empathie pour ses personnages.
J'ai aimé, mais je ne suis pas convaincue (ni conquise), j'ai "détesté" aussi pour plusieurs raisons qui n'engagent que moi ! En tout cas, je remercie Valérie, ma collègue, de m'avoir permis de lire ce roman !
J'adore quand tu râles comme ça! Je trouve ton billet excellent, à contre-courant de l'enthousiasme ambiant. Je n'avais pas envie de le lire, donc ça n'enlève rien! Mais tes arguments bien sentis m'auraient enlever l'envie.
RépondreSupprimerÀ défaut de noter ce roman pour un achat futur, j'aurais bien pris un paragraphe de «râlage» de plus!
Ta collègue qui t'a prêté le roman... Il lui a plu?
Oui, je crois me souvenir qu'elle avait aimé mais aussi qu'elle avait tiqué sur le "Grave" comme expression des années 90...Je lui rends le livre demain, on va sûrement en parler !
Supprimeroh le premier son discordant ! Je crois que Sonia a adoré, du coup j'adore ton billet. J'ai trié ma liste d'envies de la BM et je l'ai enlevé me disant que non, il ne m'irait pas et du coup je te lis ce soir, et j'ai bien fait ! ah oui, bizarre de reconnaître des lieux. Pour la condescendance, je comprends et en même temps on ne souhaite à ses enfants que de faire des études et de "vivre mieux" non ? mais pas à "fuir" évidemment ! j'espère que ceux qui l'ont aimé vont venir ici s'exprimer ! pour les ados, et bien si tu as lu (je crois que si) absolute darling, ils s'expriment justement comme des Proustiens ;-)
RépondreSupprimerJe me suis posé la question du mépris de classe aussi. Je ne pense que ce soit le but de l'auteur mais c'est l'impression qu'il donne parfois, malgré lui.
RépondreSupprimerJe suis d'accord, je ne pense pas qu'il le fasse "exprès" mais je crois que c'est inscrit en faux dans son ADN..(au sens que pour être lorraine, j'ai vu tellement de gens "ordinaires" virer facho et/ou snob, je me méfie des intentions pas claires)
Supprimeril ne m'attire pas, ce roman... et étant lorraine aussi, j'ai tiqué en voyant Heillange ^^ et oui, personne ne disait "grave" dans les années 90...
RépondreSupprimerÇa me fait plaisir que tu confirmes ! et tu es lorraine ? Dingue ! d'où ?
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