Editions
de La Martinière
Parution
: 29 août 2019
208
pages
Ce
qu'en dit l'éditeur :
"
Ma rue raconte l'histoire du monde avec une odeur de poubelles. Elle
s'appelle rue Léon, un nom de bon Français avec que des métèques
et des visages bruns dedans. "
Abad, treize ans, vit dans le quartier de Barbès, la Goutte d'Or, Paris XVIIIe. C'est l'âge des possibles : la sève coule, le cœur est plein de ronces, l'amour et le sexe torturent la tête. Pour arracher ses désirs au destin, Abad devra briser les règles. À la manière d'un Antoine Doinel, qui veut réaliser ses 400 coups à lui.
Rhapsodie des oubliés raconte sans concession le quotidien d'un quartier et l'odyssée de ses habitants. Derrière les clichés, le crack, les putes, la violence, le désir de vie, l'amour et l'enfance ne sont jamais loin.
Dans une langue explosive, influencée par le roman noir, la littérature naturaliste, le hip-hop et la soul music, Sofia Aouine nous livre un premier roman éblouissant.
Ce
que j'en ai pensé :
Il
y a chez Abad, un peu du "Momo" décrit par Romain Gary
dans "La vie devant soi", mais il y a aussi l'instantané
d'un quartier parisien, la Goutte d'Or où cohabitent toutes les
immigrations, légales ou non, tous les désespoirs d'une société
ni française ni étrangère.
Au
travers de ce gamin des rues, franchement porté sur la branlette (il
y a des passages savoureux, d'une réalité et d'une fraîcheur..),
se dessine le portrait d'un quartier de "recalés", d'Ida
la gamine juive sauvée de la Shoah, à Gervaise (-Hello ZOLA -) la
pute africaine, des "Barbapapas" (intégristes islamistes
auxquels l'auteur via la narration n'accorde aucune circonstance
atténuante - le chapitre en mode texto sur les candidats au voyage
vers la Syrie est décapant !) à Madame Odette, retraitée-virée de
Radio France et qui fait découvrir musique et littérature à ce
gosse "de rien"...
C'est
Paris, dans ses replis pas bobos, dans sa cruelle réalité, c'est
aussi un témoignage émouvant, souvent drôle, parfois sinistrement
réaliste qu'offre Sofia Alouine ! une belle plume, un auteur à
suivre !
Presque coup de cœur !!
(Il nous en faut de ces auteurs qui racontent les autres, les musulmans pas rigoristes pas terroristes, qui narrent "l'ensemble" et pas la détestation, qui donnent à voir des êtres humains exactement identiques à nous dans toutes leurs faiblesses, dans tous leurs espoirs..)
"(....)faire
semblant que tout va bien, éviter la honte, y revenir un jour,
fermer sa gueule même si la rage gronde. Pas chez nous, pas chez
toi, homme englouti ici et refusé là-bas."
Oui, il nous en faut, de ces auteur(e)s.
RépondreSupprimerMoi aussi, j'ai pensé au Momo de Gary.
Je garde un beau souvenir de ce roman. Sa dureté est contrebalancé par une vive fraîcheur. J'en aurais pris encore un brin...