Salina, les trois exils - Laurent GAUDÉ

Editions Actes Sud
Parution : 3 octobre 2018
160 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :


Qui dira l’histoire de Salina, la mère aux trois fils, la femme aux trois exils, l’enfant abandonnée aux larmes de sel ? Elle fut recueillie par Mamambala et élevée comme sa fille dans un clan qui jamais ne la vit autrement qu’étrangère et qui voulut la soumettre. Au soir de son existence, c’est son dernier fils qui raconte ce qu’elle a été, afin que la mort lui offre le repos que la vie lui a défendu, afin que le récit devienne légende.

Renouant avec la veine mythique et archaïque de La Mort du roi Tsongor, Laurent Gaudé écrit la geste douloureuse d’une héroïne lumineuse, puissante et sauvage, qui prit l’amour pour un dû et la vengeance pour une raison de vivre.


Ce que j'en ai pensé :


"Moi, Makala, fils élevé dans le désert par une mère qui parlait aux pierres, je vais raconter Salina, la femme aux trois exils. Je vais dire ma mère qui gît là, au fond de la barque, et le monde qui apparaîtra sera fait de poussière et de cris."

Laurent Gaudé n'est sur la liste d'aucun des prix littéraires de cette rentrée littéraire de l'automne 2018, et...c'est tant mieux ! 
Parce que son roman  est au-dessus de ce qui se trame dans les coulisses du parisianisme bobo-littéraire et que c'est plutôt bon signe !

Salina, c'est l'histoire d'une femme qui, en Occident pourrait être à la tête de #metoo, c'est une femme, née nulle part en Afrique et recueillie par humanité, et qui combat les traditions patriarcales, les choix qu'elle ne peut pas faire, qui espère une vie meilleure et y renonce (presque) en même temps. 

Elle ne va pas émouvoir tout le monde, mais elle est là, dans toute sa splendeur puis dans la décrépitude de l'âge et des combats perdus d'avance ; elle ne donne aucune leçon autre que celle que nous, auditeurs (lecteurs) de son histoire,  sommes prêts à entendre, à écouter.
Elle est Salina, la somme de tous les exils à venir, ceux qui quittent leurs tribus, leurs terres, leur histoire, pour protéger leurs enfants, leur vie, et la prose (d'abord au théâtre) de Laurent Gaudé nous renvoie à nos destins, à une humanité qui fout le camp. Salina, c'est cette femme qui pourrait dériver sur un bateau au milieu d'autres réfugiés, en Méditerranée, et que les populistes refusent de recevoir, de considérer comme un être humain.

Il n'aura aucun prix littéraire ce roman, parce qu'il soulève trop de questions. 

Pourtant, il faudrait lire l'histoire de Makala, qui voulait simplement rendre hommage et dignité à sa mère Salina, à son peuple d'Afrique, à ces femmes trop loin de nous.

5 commentaires:

  1. J'avoue j'ai du mal avec certains styles comme lorsque le personnage est érigé en symbole et du coup pour moi il est moins "crédible" et trop éloigné, suis-je claire ? je n'ai jamais lu Gaudé, un jour peut-être !

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    1. ah qd même !! va falloir se lancer, miss ! il y a dans les romans de Gaudé, du beau verbe et qq vérités qu'il ne faut pas négliger !

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  2. J'aime tellement Gaudé que je ne passerai pas à côté de ce roman là !

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  3. Thoughtful blog, thanks for sharing.

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