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Les jeunes mortes - Selva ALMADA

éd Métailié - 8 octobre 2015 - 144 pages
Titre original : Chicas muertas
Traduit par : Laura Alcoba
Ce qu'en dit l'éditeur : Années 80, dans la province argentine : trois crimes, trois affaires jamais élucidées qui prennent la poussière dans les archives de l’histoire judiciaire. Des “faits divers”, comme on dit cruellement, qui n’ont jamais fait la une des journaux nationaux.
Les victimes sont des jeunes filles pauvres, encore à l’école, petites bonnes ou prostituées : Andrea, 19 ans, retrouvée poignardée dans son lit par une nuit d’orage ; María Luisa, 15 ans, dont le corps est découvert sur un terrain vague ; Sarita, 20 ans, disparue du jour au lendemain.
Troublée par ces histoires, Selva Almada se lance trente ans plus tard dans une étrange enquête, chaotique, infructueuse ; elle visite les petites villes de province plongées dans la torpeur de l’après-midi, rencontre les parents et amis des victimes, consulte une voyante… Loin de la chronique judiciaire, avec un immense talent littéraire, elle reconstitue trois histoires exemplaires, moins pour trouver les coupables que pour dénoncer l’indifférence d’une société patriarcale où le corps des femmes est une propriété publique dont on peut disposer comme on l’entend. En toute impunité.
À l’heure où les Argentins se mobilisent très massivement contre le féminicide (1808 victimes depuis 2008), ce livre est un coup de poing, nécessaire, engagé, personnel aussi. Mais c’est surtout un récit puissant, intense, servi par une prose limpide.

 Selva Almada est née en 1973 à Villa Elisa (Entre Ríos)
 et a suivi des études de littérature à Paraná, avant de s’installer
 à Buenos Aires, où elle anime des ateliers d’écriture. 

Ce que j'en ai pensé :
Dans ce récit, Selva ALMADA retrace le fil d'une enquête menée en Argentine où les filles disparaissent, sont violées ou tuées alors que les coupables restent impunis, protégés parfois par des magnats locaux ou par les failles de l'instruction.
L'ensemble est assez décousu, l'auteur passant d'un fait divers à l'autre (trois disparues sont l'objet de ses interrogations) sans plus de manières, elle questionne les témoins survivants (qui ont parfois été suspectés : fiancés, famille, voisins), tente de recoller les pièces d'un puzzle, consulte une voyante. Née en Argentine elle-aussi, l'auteur semble particulièrement marquée par les disparitions depuis son enfance et dénonce un fait de société dont les journaux s'emparent comme du scénario d'une telenovela : les femmes ne sont rien, leur condition les prédispose aux abus de toute nature.
Le récit n'est toutefois pas un plaidoyer féministe, il ne se conclut pas non plus avec la résolution des meurtres mais amène à réfléchir sur l'omerta argentine.
Si j'ai été touchée par ce récit, j'ai cependant regretté son côté brouillon.

Après l'orage - Selva ALMADA

éd Métailié - mars 2014 - 144 pages
Titre original : El viento que arrasa
Traduit par : Laura Alcoba
Ce qu'en dit l'éditeur :
 Un garage au milieu de nulle part, province du Chaco, nord de l’Argentine. La chaleur est étouffante, les carcasses de voiture rôtissent au soleil, les chiens tournent en rond. Le Révérend Pearson et sa fille Leni, seize ans, sont tombés en panne ; ils sont bloqués là, le temps que la voiture soit réparée. El Gringo Brauer s’échine sur le moteur tandis que son jeune protégé Tapioca le ravitaille en bières fraîches et maté, et regarde avec curiosité ces gens si différents qui lui parlent de Dieu. Dans ce huis clos en plein air, le temps est suspendu, entre-deux, l’instant est crucial : les personnages se rencontrent, se toisent, s’affrontent. C’est peut-être toute leur vie qui se joue là, sur cette route poussiéreuse, dans ce paysage hostile et désolé, alors que l’orage approche. Selva Almada signe ici un premier roman époustouflant de maîtrise, avec une prose sobre, cinématographique, éminemment poétique.
Née en 1973 à Entre Ríos, Selva ALMADA vit aujourd’hui à Buenos Aires. 
Elle a écrit plusieurs recueils de nouvelles. Après l’orage est son premier roman. 
Ce que j'en ai pensé :
Voila un roman qui me faisait très envie à sa parution, que j'ai finalement acheté au Salon du Livre en mars dernier et que j'ai laissé de côté jusqu'à aujourd'hui. Attendre un peu pour mieux savourer ?
L'écriture est brillante, souple, elle restitue à merveille l'Argentine accablée de chaleur, désertique, elle est une ode puissante à la nature, hostile, rude pour les hommes qui y vivent. Mais elle décrit l'humain et ses failles, ses doutes, avec précision, rendant à chacun sa force, son caractère. Une écriture effectivement très visuelle, cinématographique.
Les personnages, justement : El Gringo le garagiste malade, à la fois rustre et bienveillant pour son fils adoptif Tapioca, coeur pur et simple, pas encore un homme et plus tout à fait un enfant, Leni la fille adolescente du pasteur avec ses révoltes et ses contradictions, et puis le révérend Pearson dégoulinant de prosélytisme, suant Dieu par tous les pores, abject, hypocrite, détestable...Un quatuor équilibré dont les caractères s'opposent, s'échauffent jusqu'à l'orage...
Superbe premier roman !!