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Amalia Albanesi - Sylvie TANETTE

éd Mercure de France - 2 septembre 2011 - 144 pages
Ce qu'en dit l'éditeur :
Amalia racontait les ronces qui envahissaient les chemins, les oliviers qui partaient à l’assaut des collines et dont, quand elle était petite, elle avait tellement peur. Elle racontait les brebis dans les granges et les murets de pierres sèches le long des champs. Le sentier qui menait à la falaise et l’âne un jour qui a sauté. Dans ces moments-là, Amalia redevenait pour un instant la petite fille qu’elle avait été, rêvant du monde entier sans avoir jamais quitté ses collines. Et même, mais alors vraiment rarement, Amalia parlait du jour où Stepan Iscenderini était arrivé à Tornavalo, le jour où le village s’était arrêté de respirer.

Région des Pouilles, début du XXe siècle : Amalia a passé son enfance à déambuler dans des paysages écrasés de soleil en imaginant des mondes inconnus au-delà des mers. Le jour où elle croise un beau marin aux yeux verts arrivé de Turquie, et qui dit avoir traversé la mer Noire à la nage, la jeune fille comprend que l’homme sera à la hauteur de ses rêves. Bientôt, Amalia et Stepan quittent Tornavalo pour aller tenter leur chance à Alexandrie. Début d’un incroyable périple...

De Bari à Istanbul, de Malte au Liban, d’Alexandrie à Marseille, Amalia Albanesi est la saga d’une famille sur quatre générations. Une lignée de femmes exceptionnelles ballotées d’un bord à l’autre de la Méditerranée au gré d’histoires d’amour passionnelles et des désordres de l’Histoire, de la révolution bolchévique à la guerre d’Espagne.

Née en 1965 à Marseille, Sylvie Tanette est journaliste et critique littéraire.
 Amalia Albanesi est son premier roman.

Ce que j'en ai pensé :
Quel plaisir de retrouver ce petit bijou dans ma bibliothèque ! Un roman délicat, nostalgique, qui célèbre l'Italie et la Méditerranée, qui raconte l'héritage et la filiation, les souvenirs des femmes d'une famille, leurs "grandes" aventures amoureuses et cette terre rouge de Tornavalo qui les suit partout en grains de poussière tenaces.
Je me suis régalée à naviguer d'Alexandrie à Bari, à faire une pause au bazar d'Istanbul ou dans les orangeraies du Liban, à lire l'histoire de la femme de Loth changée en statue de sel que se transmettent les femmes de la famille (c'est leur identité, leur force de "ne pas se retourner" quand on part vivre sa vie). J'ai aimé le caractère bien trempé d'Amalia l'arrière-grand-mère des Pouilles, son regard noir et sa réputation de folle, sa fierté et son talent de brodeuse, mais aussi Luna sa fille qui ancre la famille à Marseille, et la narratrice dont on ne connait pas le prénom qui raconte ce drôle de passé d'émigrants à son fils.
Seul regret : que le roman soit court (même si le rythme que cela procure est un enchantement) et que l'auteur n'est rien publié depuis cette merveille de poésie : le style est fluide, ciselé, les mots justes et tendres.


Mar azul - Paloma VIDAL

éd Mercure de France - février 2015 -208 pages
Trad. du portugais (Brésil) par Geneviève Leibrich
Ce qu'en dit l'éditeur :
Vicky a disparu le 26 juin 1976. Il faisait un soleil splendide. L’hiver, on ne sait pas pourquoi, refusait d’arriver. Elle m’avait téléphoné le matin, plus tôt que d’habitude et dit qu’elle avait peur. Proférée ainsi, abruptement, c’était une phrase à moi et c’est ce que je lui ai répondu. Nous avons raccroché.
[…] Mais trois mois après, j’ai pris un autocar à la gare routière pour suivre un trajet incertain vers le nord. Je me sentais complètement vide et le vent aurait pu m’emporter aussi bien.


Aujourd’hui, la narratrice – nous ne saurons jamais son nom – vit seule à Rio, au bord d’une plage, hantée par le passé. Autrefois, elle habitait en Argentine, auprès de son père, un célèbre architecte. Un jour, brusquement, il est «parti», sans plus donner de nouvelles. Avant ce mystérieux «départ», il l’avait confiée à une amie pour qu’elle l’élève avec sa propre fille, Vicky, qui va disparaître à son tour. Alors mieux vaut fuir…
C’est une poignante évocation du drame des disparus sous la dictature militaire en Argentine que Paloma Vidal nous donne ici. Chercher à comprendre, savoir ce qui a été un accident, une arrestation, un enlèvement – n’avoir que des bribes auxquelles se raccrocher, quelques pages d’un journal intime, quelques images, guère de noms, pour se construire une identité. Mar azul est un douloureux travail sur la mémoire, un long poème sur l’absence. 
Née en 1975 dans la capitale argentine, Paloma Vidal vit depuis l'âge de 
deux ans au Brésil. Sa difficulté à se définir – brésilienne ou argentine ? 
– est le moteur de sa création littéraire. 
Mar azul est son 4ème roman, le 1er à être publié en français.
Ce que j'en ai pensé :
Quel déconcertant premier chapitre, constitué uniquement de dialogues, les uns à la suite des autres, sans qu'on sache véritablement qui dit quoi, même si l'on devine que deux adolescentes bavardent..!! La fin de cet incipit est d'ailleurs un peu rude : on devine une jeune fille sexuellement forcée par quelqu'un qu'on n'identifie pas et cela contribue à créer le malaise...
La suite m'a surprise aussi : je n'ai pas bien compris pourquoi brusquement on se retrouve avec une narratrice d'environ 70 ans qui égrène des souvenirs (son père volatilisé volontairement, sa meilleure amie, devenue militante et "disparue" sous la dictature), parle d'un voyage en bus que je n'ai pas réussi à situer dans le temps. Une narratrice qui écrit un journal et lit celui de son père, puis alterne avec la description de ses maux physiques (qu'a-t-elle aux pieds ? ça non plus je n'ai pas compris..) nécessitant des rendez-vous chez divers toubibs et ses incursions à la piscine municipale. On devine que l'eau, la mer, la routine d'écriture sont les thèmes principaux mais sans comprendre où l'auteur veut nous emmener. S'il n'y avait la quatrième de couverture, tout ceci aurait été abscons.
Je suis restée au bord de cette histoire, insensible à l'intrigue, tentée de ne pas finir le roman mais j'ai toutefois apprécié le style.

Un palais à Orvieto - Marlena de BLASI


Marlena, ex-"chef" aux USA, a eu un coup de foudre pour l’Italie et pour Fernando, vénitien. Après avoir habité dans la campagne toscane pendant quelques années, ils décident de se trouver une maison à rénover quelque part en Ombrie, seule région italienne à n’avoir aucun accès à la mer ni aucune frontière avec un pays étranger. Ils découvrent un palais délabré à Orvieto et concluent un étrange contrat avec les propriétaires qui leur affirment que les travaux seront finis très vite. Ce sera loin d’être le cas et en attendant, ils s’installent dans un appartement rongé de moisissures et s’adaptent avec plus ou moins de bonheur aux mœurs des ombriens.

Après « Mille jours en Toscane » (qui n’avait pas la même saveur que « Sous le soleil de Toscane » de Frances MAYES ou la verve d’ »Une année en Provence » de Peter MAYLE), j’avais envie de lire la suite des aventures italiennes et culinaires de Marlena. Non que je sois fan de cet auteur, mais parce que dès qu’on parle d’Italie, j’ai des palpitations !



Ce n’est certes pas un grand roman, il est même parfois un brin agaçant, mais en se laissant porter par le rythme, on apprécie les anecdotes parfois savoureusement contées, on sourit de ces berges qui se nourrissent de rapines, on est touchés par les noyaux de pêche patiemment récoltés par un petit garçon. Quelques recettes à la fin du volume mettent l’eau à la bouche et seront testées prochainement à la maison, juste pour retrouver le goût de tout ce que j’aime en Italie.

Orvieto se veut l’une des villes vantant la « slow food » qui prône un retour aux traditions culinaires, à la consommation locale et de saison, en privilégiant le partage et la convivialité (en opposition au fast food, à la malbouffe et la mondialisation culinaire). Un art de vivre pour réapprendre à dédier du temps à chaque chose, pour ralentir la cadence : prendre le temps de bien choisir ses aliments, de les connaître, de les cuisiner convenablement et de les savourer en bonne compagnie. Le roman de Marlena de Blasi évoque les plaisirs culinaires partagés, glorifie les produits locaux, et finalement, sans évoquer cette particularité de la ville, nous rapproche de ses principes.



Mille jours en Toscane - Marlena de BLASI


Je crois que je ne sais pas résister à un roman (et même à un livre de recettes!) qui évoque l'Italie, et plus encore la Toscane ! Cette fois, comme les autres, j'ai craqué sans remords même si le récit de Marlena De BLASI ne semblait rien apporter de plus que les romans de Peter MAYLE ou Frances MAYES...

L'histoire relate l'installation en Toscane d'un couple américano-italien et son intégration dans le village. Fernando a décidé d'abandonner son travail dans une banque vénitienne pour s'installer avec Marlena, l'américaine critique culinaire qu'il a épousée.

La terre est rude en Toscane, rude mais généreuse, à l'image de ses habitants. On suit les pérégrinations du couple au fil des saisons dans une Toscane gourmande : des recettes typiques émaillent les chapitres, on sent l'odeur du romarin, ça fonctionne plutôt pas mal parce que les personnages sont attachants (le "duc" qui les a pris sous son aile et qui raconte aussi "sa" Toscane, Florina l'amie..).

Pas de rénovation de maison comme dans les romans de Frances MAYES même si un four se construit et que des projets se dessinent, on n'est pas dans la même perspective..

Ceci dit, même si ce récit m'a beaucoup plus, je suis restée un peu sur ma faim. Je ne vois d'ailleurs pas pourquoi il s'intitule "Mille jours en Toscane" puisqu'il ne se déroule que sur 4 saisons...et on est parfois pas très loin de la bluette sentimentale..


Certains passages m'ont fait réfléchir au fil de ma lecture :

"Ils disent que la vie leur semblait meilleure quand elle était dure. Que la nourriture avait meilleur goût quand elle apaisait une vraie faim. Et que rien ne surpasse le moment où le soleil se lève et celui où il se couche. (...) Ils ne comprennent pas cette avidité de certains à vouloir accumuler, avoir plus que ce qu'on peut consommer.(...) Ils trouvent que leurs voisins ont perdu leur capacité à imaginer ou à ressentir les choses, et même à aimer."

"Cominciamo dal fondo, commençons au commencement. Saint Augustin l'a clairement dit, chacun de nous va mourir. Toute chose pourrira un jour, un arbre, un fromage, un cœur, un corps. Quand on le sait, quand on l'a compris, la vie semble moins importante, ce qui l'est, c'est de la vivre comme on le souhaite."

C'était une lecture agréable, un bon moment qui m'a ramenée en Toscane où je n'ai pas pu aller depuis l'an dernier…et c'était déjà pas si mal !