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Les suppliciées du Rhône - Coline

Editions Préludes
Parution : 15 septembre 2018
365 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Lyon, 1897. Alors que des corps exsangues de jeunes filles sont retrouvés dans la ville, pour la première fois des scientifiques partent à la recherche du coupable, mettant en pratique sur le terrain toutes les avancées acquises en cette fin de XIXe siècle. 

Autopsies des victimes, profils psychologiques des criminels, voilà ce que le professeur Alexandre Lacassagne veut imposer dans l’enquête avec son équipe, mais sait-il vraiment ce qu’il fait en nommant à sa tête Félicien Perrier, un de ses étudiants aussi brillant qu’intrigant ? Entouré d’Irina, une journaliste pseudo-polonaise, et de Bernard, un carabin cent pour cent janséniste, Félicien va dénouer, un à un, les fils enchevêtrés de cette affaire au coeur d’un Lyon de notables, d’opiomanes et de faiseuses d’anges. 

Jusqu’à ce que le criminel se dévoile, surprenant et inattendu, conduisant le jeune médecin au-delà de ses limites.

Alexandre Lacassagne (1843-1924), médecin légiste, fondateur de l'anthropologie criminelle

Ce que j'en ai pensé :

Ça faisait un petit moment que je n'avais pas lu de polar historique et l'intrigue de celui-ci, située dans le vieux Lyon de la fin du XIXème siècle avait tout pour me plaire.

Pour son décor d'abord : on passe de traboules en bouchons typiques, de la colline de Fourvière à la Croix-Rousse, d'une fumerie d'opium aux ateliers familiaux des canuts, et l'auteur restitue parfaitement l'ambiance urbaine de cette fin de siècle,  avant que les grands travaux d'urbanisme ne tentent d'assainir cette ville à la confluence du Rhône et de la Saône.

Pour ses personnages ensuite : les deux étudiants en médecine, chargés par un professeur d'université d'enquêter sur les crimes avec ce qui préfigure les moyens de la médecine légale moderne, ont des caractères bien dessinés : Bernard garde ses secrets et Félicien joue l'ambiguité. S'ajoute à ce drôle de duo, une jeune femme, Irina, apprentie journaliste, femme "libérée", personnage fantasque et dynamique, à contre-courant des conventions.

Enfin, l'intrigue : l'auteur sème des indices, des fausses pistes, et, une fois n'est pas coutume je n'ai pas trop rapidement deviné qui était le criminel, ni quelles étaient ses motivations ! Bon point !
Les rebondissements et les mystères autour des personnages donnent de la saveur à cette enquête policière et j'ai apprécié l'absence de manichéisme. 

Alors, si le style, bien que ponctué de dialogues bien construits, reste de facture classique, il n'empêche que ce roman policier est intelligent et que sa dimension sociale offre une plongée passionnante dans une époque difficile.

J'ai beaucoup aimé !

Merci à Babelio Masse Critique et aux Editions Préludes pour cette lecture !

Dernière journée sur terre - Eric PUCHNER

Editions Albin Michel - Collection Terres d'Amérique
Parution : 10 octobre 2018
Titre original : Last day on earth
Traduction : France Camus-Pichon
288 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Voici neuf histoires courtes, et autant d’angles pour célébrer cette entité complexe et parfois surréaliste qu’est la famille. Ici, un adolescent suspecte sa mère d’être un robot ; là, un jeune homme récemment séparé de sa compagne emmène leur nouveau-né à une fête où la cocaïne coule à flots. On croise aussi un enfant prêt à tout pour empêcher sa mère de faire piquer le chien de son père, et une famille qui s'interroge sur ses nouveaux voisins, dont le fils de douze ans est convaincu qu'il existe un « univers parallèle » à même de résoudre miraculeusement les problèmes de chacun...  

Ces nouvelles, formidablement originales et pleines d'humour, flirtant ici et là avec l'absurde et le surnaturel, nous entraînent tour à tour dans un camp de vacances pour artistes en herbe, sur la route aux côtés d’un vieux groupe punk has-been, dans un futur dystopique où les parents n’existent plus, ou encore dans une librairie férocement indépendante. 

Réunies en un recueil décapant, elles imposent définitivement l’auteur de Famille modèle comme l'un des chroniqueurs les plus justes, les plus émouvants et les plus drôles de la vie sur terre. 

Ce que j'en ai pensé :

Je lis trop peu de nouvelles et j'aurais pu passer à côté de ce formidable recueil qui m'a enchantée !

Neuf histoires de famille un peu décalées, neuf familles un peu bancales pour qui l'amour, l'amitié, la vieillesse ou le passage à l'âge adulte ne sont pas simples et donnent lieu selon les cas à des situations cocasses ou « dramatiques ».

La narration est souvent tendre, un brin ironique parfois, mais elle prend des accents plus amers et frôle la tristesse ou la désillusion.

J'ai beaucoup aimé « Des monstres magnifiques » qui flirte avec la dystopie en évoquant une société où les vieillards sont pourchassés et où on a créé une sorte de jeunesse éternelle, ou encore « Paradis » qui montre ce père totalement immature (et pourtant touchant) et son bébé dans une fête empoudrée par la cocaïne.
Une belle découverte !

Les héros de la frontière - Dave EGGERS

Editions Gallimard - collection du Monde Entier
Parution : 8 novembre 2018
Titre original : Heroes of the frontier
Traduction : Juliette Bourdin
400 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Josie a quarante ans, elle est dentiste et mère de deux jeunes enfants. Et Josie n’en peut plus. Un ex-mari d’une lamentable lâcheté, des procès de patients rancuniers, des voisins tyranniques, un remords qui la tourmente, c’en est trop. Alors Josie quitte son travail et la civilisation, loue un camping-car et embarque ses enfants pour un périple en Alaska. Au fil de cette quête désespérée de soi, elle fera des rencontres étonnantes : de précieuses alliées, de séduisants solitaires et d’extravagants amateurs d’armes à feu. 

Cet équipage hors du commun entreprend un voyage sans espoir de retour dans l’inconnu du Grand Nord. Mais la terre de montagnes et de lumière qu’ils fantasmaient ne leur apportera pas le réconfort espéré. Ils feront au contraire l’épreuve de la nature hostile au cœur d’un État ravagé par les flammes, apprendront à vivre dans la solitude des parkings déserts, et tenteront, à tout prix, de trouver enfin leur place dans le monde. 

Ce que j'en ai pensé :

Un camping-car, une mère à bout de souffle (épuisée par un ex-mari aux intestins fragiles et un procès presque perdu d'avance contre une patiente), un gamin trop sérieux et une gamine brise-fer.
Une fuite improbable vers l'Alaska ravagé par les incendies à la recherche d'un équilibre, d'un retour sur soi, avec comme prétexte l'envie d'une vie meilleure, libre et enchantée.

Dave EGGERS livre le portrait d'une famille un peu loufoque (entre le fracas causé par la benjamine et les passages aux toilettes de l'ex-époux diarrhéique !!) où les personnages dessinent en creux le malaise d'une classe moyenne américaine en quête de sens.

Si l'ensemble du roman m'a plu, au moment d'écrire ce billet je n'ai pas grand chose à en dire, et je n'en garderai sans doute pas longtemps le souvenir. Je suis finalement un peu restée à distance de ces personnages qui ne m'ont pas touchée.

Empire des chimères - Antoine CHAINAS

Editions Gallimard - Série Noire
Parution : 6 septembre 2018
672 pages



Ce qu'en dit l'éditeur :


1983. La disparition d’une fillette dans un petit village. L’implantation dans la région d’un parc à thèmes inspiré d’un jeu de rôles sombre et addictif, au succès phénoménal. L’immersion de trois adolescents dans cet Empire des chimères qui semble brouiller dans leurs esprits la frontière entre fiction et «vraie vie»… 

Tragédie locale, bouleversement global et mondes alternatifs, Empire des chimères nous entraîne dans un labyrinthe vertigineux dont les ramifications finissent par se rejoindre… au cœur de tous les possibles.  


Ce que j'en ai pensé :


Habitués des polars et des romans noirs, oubliez tous les codes !
Empire des chimères oblige à une gymnastique déroutante, mais si, comme moi, vous êtes emportés par l'intrigue dès les premières pages, vous allez faire un drôle de voyage !


Avec une narration impeccable et ciselée, Antoine Chainas réalise un tour de passe-passe avec ce roman original et brillant qui superpose deux mondes, imbrique les niveaux de narration, nous faisant passer d'un village perdu de la lointaine région parisienne aux arcanes d'une maison de production de dessins animés (Je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec l'installation de Disney en Seine-et-Marne, à la place des champs de betteraves).


On frôle souvent l'étrange dans ce roman bien sombre (l'invasion de champignons instaure le malaise), on rencontre des sales types et des gosses pas si innocents, on trouve une vieille dame trop curieuse et un garde-champêtre assailli par son passé, et ce jeu de rôles qui cristallise les passions.


C'est donc un roman foisonnant, complexe, qui flirte entre réel et virtuel, à la fin étonnante, un roman au verbe riche et plein d'ambition, un roman qui sort des sentiers battus et qui donne à réfléchir !

Bref, c'est du lourd, et j'ai été conquise !

Après la mer - Alexandre FERAGA

Editions Flammarion
Parution : 9 janvier 2019
304 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

«J’avais dix ans lorsque je suis sorti de l’enfance.»

Devant la voiture chargée jusqu’à la gueule, Alexandre comprend qu’il part en vacances, seul avec son père. Il n’a aucune idée de leur destination : qu’importe, il espère se rapprocher de cet homme taiseux qui l’impressionne et glaner enfin quelques signes d’affection.

Le temps d’un été, Alexandre va devenir Habib – son vrai premier prénom qu’il n’a jamais utilisé en France –, traverser la mer, découvrir d’où vient son père et prouver à ses grands-parents que leur aîné n’a pas renié ses origines. Même si pour cela il doit engloutir tout ce que l’Algérie fait de pâtisseries et subir les corrections d’un grand-père soucieux d’honneur.

Mais le but de ce voyage se révèle, au fur et à mesure, étrangement plus inquiétant.


Ce que j'en ai pensé :

Après la mer, roman autobiographique et récit initiatique tout à la fois, raconte le difficile passage de l'enfance vers l'âge adulte d'Alexandre, fils d'une française et d'un algérien (Mohamed devenu Maurice pour s'intégrer), qui perd ses illusions et son innocence en embarquant vers l'Algérie où son père va le confier à ses grands-parents le temps d'un été.

Un été, à la fois tendre et infiniment cruel, pendant lequel Alexandre (devenu Habib pour plaire à la famille paternelle) expérimente un retour aux origines qui s'achèvera dans la douleur.

«J’avais traversé la mer pour effacer tous les péchés de mon père. Son occidentalisation à marche forcée, la dilution de son identité, le reniement de sa culture.»

Après la mer, au-delà des souvenirs autobiographiques, évoque aussi la question de la double-identité et de l'intégration : Alexandre le français et son double, Habib l'algérien, qui jonglent avec cette dualité, ce fragile équilibre.

J'ai beaucoup aimé la plume d'Alexandre Feraga, sobre mais tendre, et la façon dont les personnages de ce roman très personnel prennent corps et dévoilent leurs failles. 
 
Un beau roman qui m'a beaucoup touchée par sa sensibilité.

Leurs enfants après eux - Nicolas MATHIEU


Editions Actes Sud
Parution : août 2018
432 pages
Prix Goncourt 2018


Ce qu'en dit l'éditeur :

Août 1992. Une vallée perdue quelque part dans l’Est, des hauts-fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a quatorze ans, et avec son cousin, pour tuer l’ennui, il décide de voler un canoë et d’aller voir ce qui se passe de l’autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence.

Avec ce livre, Nicolas Mathieu écrit le roman d’une vallée, d’une époque, de l’adolescence, le récit politique d’une jeunesse qui doit trouver sa voie dans un monde qui meurt. Quatre étés, quatre moments, de Smells Like Teen Spirit à la Coupe du monde 98, pour raconter des vies à toute vitesse dans cette France de l’entre-deux, des villes moyennes et des zones pavillonnaires, de la cambrousse et des ZAC bétonnées. La France du Picon et de Johnny Hallyday, des fêtes foraines et d’Intervilles, des hommes usés au travail et des amoureuses fanées à vingt ans. Un pays loin des comptoirs de la mondialisation, pris entre la nostalgie et le déclin, la décence et la rage.

Ce que j'en ai pensé :

Je me demandais, à la parution de ce roman, si j'allais ou non le lire. Ma collègue me l'a prêté et ça m'a décidée, même si j'ai encore tourné autour avant de franchir le cap (il faut dire que ma PAL déborde !).

Il avait tout pour me plaire : une histoire d'ados dans les années 1990 en Lorraine, pas bien loin de là où j'ai grandi, à la même époque...J'ai souri de retrouver des noms familiers, et un peu de l'histoire de cette vallée minière.

Je n'ai pas souri longtemps parce que ce roman a fini par m'agacer un chouïa !

Je n'ai pas trouvé une narration riche ni un style étourdissant, je ne comprends donc pas pourquoi on lui a attribué le Goncourt (ou, plutôt si, je confirme que ce prix n'induit pas l'excellence à laquelle on s'attend - et accessoirement qu'il vaut mieux obtenir le Goncourt des Lycéens, gage de qualité !).

Les dialogues sont, non seulement quasi inconsistants (même si je veux bien admettre que les ados ne s'expriment pas comme Proust), mais j'ai été interloquée de découvrir des locutions qui n'étaient pas employées à l'époque (ou en tout cas, pas en Lorraine ! en 1992, je ne me souviens pas d'avoir dit "grave" comme les ados de 2018 le font...et d'ailleurs ne le font déjà plus !..).

Je n'ai pas compris non plus la nécessité de modifier les noms de lieux ? Comme je suis lorraine, je me suis amusée à pointer sur la carte les communes "trafiquées" : quel intérêt de déformer Hayange en Heillange pour ensuite parler de Thionville et de Metz ?? Drôle de maquillage !
On aura bien vite compris que l'intrigue se déroule dans la vallée de la Fensch...

Et puis, enfin, parce que quand je commence à râler...j'ai trouvé un brin de condescendance dans ce texte, comme si l'auteur voulait s'éloigner de ces origines, de cet endroit affreux où les "sans-dents" n'ont aucun espoir...Il règne sur certaines lignes ce qui pourrait s'apparenter à du mépris de classe, et presque parfois à une leçon de morale (pour vous en sortir, faites des études, et surtout ne soyez pas comme vos abrutis de parents qui ont bossé pour payer les traites de la maison). Ça ressemble parfois à de la caricature avec des clichés faciles sur la Lorraine en pleine désindustrialisation, et qui, à mon sens, n'exploite pas assez des personnages comme Hacine...


Dommage qu'il ait manqué un peu d'humanité à ce roman..
Dommage que derrière certaines qualités, le texte soit si"faible" et que le regard de l'auteur ne nous fasse pas ressentir la moindre empathie pour ses personnages.

J'ai aimé, mais je ne suis pas convaincue (ni conquise), j'ai "détesté" aussi pour plusieurs raisons qui n'engagent que moi ! En tout cas, je remercie Valérie, ma collègue, de m'avoir permis de lire ce roman !

Treize jours - Arni THORARINSSON

Editions Métailié
Parution : 4 octobre 2018
Titre original : 13 dagar
Traduction : Eric Boury
288 pages


 Ce qu'en dit l'éditeur :
13 jours, c’est le délai que sa dernière petite amie, banquière recherchée par la police, a donné à Einar pour la rejoindre à l’étranger.
13 jours, c’est le temps qu’il va lui falloir pour décider s’il veut accepter la direction du grand journal dans lequel il a toujours travaillé.
13 jours, c’est le temps qui sera nécessaire pour trouver qui a tué la lycéenne dont le corps profané a été retrouvé dans le parc. Quelque chose dans son visage rappelle à Einar sa propre fille, Gunnsa, quand elle était un peu plus jeune et encore innocente. Mais aujourd’hui Gunnsa est devenue photographe et travaille dans le même journal que son père ; elle s’intéresse de près à ces adolescents paumés et ultra connectés qui fuguent ou disparaissent, elle a plus de ressources et d’audace pour faire avancer l’enquête – et moins de désillusions.
Ce que j'en ai pensé :
Reykjavik, de nos jours. La jeunesse est à la dérive, entre alcool et drogues, la société va mal et reporte sa colère sur l'immigration, sur la perte des valeurs familiales.
Einar est journaliste (c'est un personnage récurrent, mais je n'ai lu aucun des romans précédents de l'auteur), il est à un tournant de sa vie personnelle (il est sous le charme d'une femme en fuite - malversations financières et politiques - et entretient une liaison avec une collègue, c'est un ancien alcoolique) et professionnelle (il se murmure qu'il est bien placé pour devenir le nouveau directeur de rédaction). 
Et on découvre le cadavre d'une jeune fille qui flirtait avec les milieux interlopes, se prostituait pour se payer sa came.
Einar enquête (avec sa fille Gunnsa) en parallèle avec la police et finit par découvrir le coupable.
Je n'ai pas aimé la narration à la première personne ("j'allume ma cigarette", "je pense que...", etc...), j'ai eu l'impression que ça gâchait le rythme, et que l'utilisation du présent de l'indicatif, au lieu de nous donner l'illusion que l'action se déroule sous nos yeux, créait (bizarrement) un décalage.
Je n'ai pas aimé l'interrogatoire que subit Gunnsa, mené par le flic Jonas (ancien rival amoureux d'Einar ?), écrit en italique, et intercalé entre les chapitres de l'enquête. Je n'en ai pas vu l'intérêt...
Je n'ai pas aimé avoir l'impression de ne pas comprendre la fin (alors, en fin de compte, qui est le meurtrier ?). 
Mais j'ai aimé retrouver l'Islande dans un polar, j'ai aimé les personnages même si je ne connaissais pas leur histoire.
Et du coup, je suis circonspecte.

Même les monstres - Thierry ILLOUZ

Editions de l'Iconoclaste
Parution : 5 septembre 2018
160 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Sa robe d’avocat est posée sur le dossier d’une chaise. Il la regarde du coin de l’œil. Lorsqu’il l’enfile, il n’est plus le même. Sa voix ne tremble pas. Il ne doute jamais. Lui, l’enfant d’un quartier délaissé, le fils de rapatriés d’Algérie. Il se souvient de ses grands-parents ravagés par leur départ et leur installation dans une cité picarde. Lorsque c’étaient eux que l’on désignait comme différents, et donc monstrueux. C’est cette histoire intime qu’il convoque lorsqu’il est confronté à ses clients. Des criminels. Des monstres, comme on les appelle. Parce que défendre, ce n’est pas excuser, mais chercher à comprendre.

Ce que j'en ai pensé :

Si vous étiez avocat, pourriez-vous défendre n'importe quel prévenu ? Même les monstres ?
ceux qui tuent des enfants, des grands-mères sans défense ?

Cas de conscience ! 

Ces accusés, qui sont-ils ? Seulement des déviants, des pervers, des êtres abjects, des animaux mûs par leurs pulsions ? ou pourraient-ils être des gens que la pauvreté et la précarité ont assommés, des gens qui, vaincus par une enfance douloureuse, un passé difficile, deviennent tout à coup des criminels ? des gens dénués de cœur, d'empathie, voire de sensibilité ?

L'auteur ne se contente pas d'interpeller notre notion de la justice , ni simplement d'évoquer des cas de justifiables "monstrueux", il amène une réflexion plus profonde sur le regard des autres, sur notre propension à "juger" les criminels (en dehors des faits, du pouvoir supposé de la justice etc..) et émaille son propos de sa propre expérience, son histoire et son ressenti.

C'est finement écrit, c'est intelligent et c'est surtout empli d'une expérience unique dans une narration sincère et directe.

Merci aux Editions de l'Iconoclaste pour cette découverte !

La fille muette - Mickael HJORTH & Hans ROSENFELDT


Editions Actes Sud - Collection Actes Noirs
Parution : 10 octobre 2018
Titre original : Den stumme flickan
Traducteur : Rémi Cassaigne
480 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Dans une petite ville au cœur des forêts du Värmland, la famille Carlsten est sauvagement assassinée dans sa propre maison. L’enquête est confiée à la Brigade Criminelle et prend une tournure inattendue lorsque le principal suspect est retrouvé mort, abattu avec le fusil de chasse qui avait servi pour exterminer les Carlsten. 
Le mystère continue de s’épaissir alors que la police découvre qu’il existe un témoin du premier assassinat : Nicole, dix ans, a disparu après avoir laissé ses empreintes de pieds dans le sang de son petit cousin. La police doit la retrouver avant que le tueur ne soit informé par les médias de son erreur.

Ce que j'en ai pensé :

Quand j'ai choisi ce polar, je ne savais pas qu'il s'agissait du 4ème tome d'une série (Dark secrets), et malgré mon ignorance de ces personnages récurrents, je n'ai pas été gênée dans ma lecture (certains faits antérieurs sont évoqués et ça m'a suffit pour appréhender l'ensemble des relations dans cette équipe de flics de la Criminelle).

J'ai eu un peu de mal à démarrer, à accrocher à l'intrigue, trouvant le rythme un rien haché et lent, et puis, tout s'est mis en place parfaitement : le timing de l'enquête, ses rebondissements, les affaires connexes.

J'ai deviné le nom du criminel assez tôt (à la moitié du roman) mais ça ne m'a pas empêchée de prendre plaisir à la suite de ma lecture (et à confirmer que j'avais raison !).

J'ai beaucoup aimé le personnage du psycho-criminologue Sebastian Bergman, même s'il est plus torturé, plus secret, alors qu'il apparait franchement antipathique à ses coéquipiers. J'ai aimé découvrir ses failles et ses hésitations (et à mon avis, le plus perché de l'équipe, ce n'est pas lui !).

Un polar qui se lit avec plaisir même si le démarrage se fait au diesel. 

Torrents - Christian CARAYON


Editions Fleuve Noir
Parution : 6 septembre 2018
336 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

1984. Des morceaux de corps humains sont découverts dans une rivière qui dévale vers la ville de Fontmile. On finit par identifier deux victimes, deux femmes portées disparues depuis longtemps. La peur et l'incompréhension s'emparent des habitants, jusqu'à l'arrestation de Pierre Neyrat, un chirurgien à la retraite. Ce dernier connaissait une des victimes, l'amie intime de son fils. Il a les compétences pour démembrer ainsi les cadavres et un passé trouble. Mais surtout, il a été dénoncé par sa propre fille.
Bouleversé par ces événements qui réveillent la douleur de la perte de la femme de sa vie et font imploser sa famille, son fils François décide alors de remonter le cours de l'histoire. Car derrière les silences, ce sont les violences de l'Occupation que Pierre Neyrat a tenté d'oublier.
Mettant ses pas dans ceux de son père, François va reconstituer ce passé dont il ignorait tout, où se sont noués les fils fragiles de son existence.

Deux époques, deux enquêtes, pour un polar mené de main de maître.


Ce que j'en ai pensé :

Trois voix pour raconter ce qui a pu se passer avant que l'on ne retrouve les membres désossés dans la furie de la rivière en crue.
Deux victimes, deux jeunes femmes.

Et l'un des drames touche directement la famille Neyrat : l'une des victimes était la petite amie de François, le fils du toubib, seul sensé savoir comment dépecer un corps...
Sauf que François, même troublé par certains éléments qui pourraient lui faire douter de l’innocence de son père, ne renonce pas à creuser le mystère et ne se résout pas aux accusations de sa demi-sœur.

Bonne pioche que ce polar qui entretient suffisamment le suspens pour que je me sois demandé qui était le coupable presque jusqu'à la fin (ceci dit ma 1ère impression était la bonne !).

Bonne pioche parce que l'intrigue se tient, que le style est très agréable, que l'ensemble est fluide (je n'ai pas refermé le livre avant d'en avoir le cœur net !), que les personnages sont crédibles, suffisamment travaillés sans pour autant nous faire tomber dans des portraits trop psychologiques (ici, ce sont des gens ordinaires, avec une histoire -presque- ordinaire, pas de névrose sordide, pas de psyché complétement dérangée).

Bonne pioche !! Vraiment !

Le coeur blanc - Catherine POULAIN

Editions de l'Olivier
Parution : 4 octobre 2018
256 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

« Le chant glacé et mélodieux de la rivière, sa peur, le poids terrible d’une attente folle entre les remparts des montagnes qui la cernent, mais quelle attente cette épée qu’elle pressent toujours, suspendue dans la nuit des arbres qui l’écrase – sur son cœur blanc, sa tête rousse de gibier des bois. Oh que tout éclate enfin pour que tout s’arrête. »

Pour Rosalinde, c’est l’été de tous les dangers. Dans ce village où l’a menée son errance, quelque part en Provence, elle est une saisonnière parmi d’autres.

Travailler dans les champs jusqu’à l’épuisement ; résister au désir des hommes, et parfois y céder ; répondre à leur violence ; s’abrutir d’alcool ; tout cela n’est rien à côté de ce qui l’attend.

L’amitié – l’amour ? – d’une autre femme lui donne un moment le sentiment qu’un apaisement est possible.

Mais ce n’est qu’une illusion.

Ce que j'en ai pensé :

J'avais gardé une bonne impression du premier roman de Catherine Poulain (malgré quelques longueurs).
J'avais très envie de lire celui-ci, de me plonger dans cet arrière-pays provençal, au fil des saisons, au fil des "chantiers" de récolte (cerises, pommes, lavande, olives - dans le désordre !).

J'ai retrouvé la jolie plume de l'auteur qui sait passer d'une sorte de lyrisme à la brutalité en peu de mots, alternant poésie et cruauté pour décrire le monde décalé des ouvriers saisonniers de l'agriculture, leur marginalité, leur soif de liberté qu'ils croient trouver dans des cuites d'enfer au bar du village.

Jusqu'au drame, celui d'un pays dévoré de soleil et qu'une étincelle embrasse et noircit, celui des hommes qui, parfois, ne sont que des bêtes.

C'est rude, c'est tout en aspérités, mais c'est aussi sensuel et plein de tendresse, c'est un beau roman qui confirme le talent de l'auteur.

Ecorces vives - Alexandre LENOT

Editions Actes Sud
Parution : octobre 2018
208 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

C’est une région de montagnes et de forêts, dans un massif qu’on dit Central mais que les routes nationales semblent éviter. Un homme venu de loin incendie la ferme dans laquelle il espérait un jour voir jouer ses enfants, puis il disparaît dans les bois. La rumeur trouble bientôt l’hiver : un rôdeur hante les lieux et mettrait en péril l’ordre ancien du pays. Les gens du coin passent de la circonspection à la franche hostilité, à l’exception d’une jeune femme nouvellement arrivée, qui le recueille. Mais personne n’est le bienvenu s’il n’est pas né ici.

Écorces vives est construit sur une tension souterraine, un entrelacs de préjugés définitifs et de rancœurs séculaires. De ce roman noir – qui est aussi fable sociale, western rural, hommage aux âmes mélancoliques et révoltées – sourd une menace : il faut se méfier de la terre qui dort…

Ce que j'en ai pensé :

Il m'a fallu un peu de temps, une belle pause d'une semaine sans une page tournée, sans une ligne lue, pour retrouver enfin un bouquin qui m'emporte !
Et là, dès les premières pages, dès les premières collines qui bordent le Massif Central, lieu de l'intrigue, et dès les premiers portraits de ces personnages, des hommes blessés, rudes, des femmes entre ombre et guerre, j'ai su que ça allait me plaire.

D'autant que l'auteur sculpte, au travers de ce polar rural, des scènes saisissantes de réalité, de brutalité, dessinent en artiste des sensibilités, esquisse un paysage presque sauvage, à l'écart de tout, où la nature permet parfois aux hommes d'outrepasser leur folie, d'exacerber  leurs haines viscérales ou (et ce sont les plus belles lignes de ce polar) de communier avec les éléments et les animaux.
J'ai aimé la façon dont Alexandre Lenot fait la part belle aux blessures de ces êtres humains, la manière dont il restitue la fragilité de chacun (les "victimes" tout comme les supposés "guerriers"), mais c'est surtout habilement écrit, et plein de poésie !


(un polar qui aurait bien pu être publié à la Manufacture de Livres tant ça correspond à leur ligne éditoriale - mais je me réjouis aussi de trouver ce style de polar chez Actes Sud !)


Salina, les trois exils - Laurent GAUDÉ

Editions Actes Sud
Parution : 3 octobre 2018
160 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :


Qui dira l’histoire de Salina, la mère aux trois fils, la femme aux trois exils, l’enfant abandonnée aux larmes de sel ? Elle fut recueillie par Mamambala et élevée comme sa fille dans un clan qui jamais ne la vit autrement qu’étrangère et qui voulut la soumettre. Au soir de son existence, c’est son dernier fils qui raconte ce qu’elle a été, afin que la mort lui offre le repos que la vie lui a défendu, afin que le récit devienne légende.

Renouant avec la veine mythique et archaïque de La Mort du roi Tsongor, Laurent Gaudé écrit la geste douloureuse d’une héroïne lumineuse, puissante et sauvage, qui prit l’amour pour un dû et la vengeance pour une raison de vivre.


Ce que j'en ai pensé :


"Moi, Makala, fils élevé dans le désert par une mère qui parlait aux pierres, je vais raconter Salina, la femme aux trois exils. Je vais dire ma mère qui gît là, au fond de la barque, et le monde qui apparaîtra sera fait de poussière et de cris."

Laurent Gaudé n'est sur la liste d'aucun des prix littéraires de cette rentrée littéraire de l'automne 2018, et...c'est tant mieux ! 
Parce que son roman  est au-dessus de ce qui se trame dans les coulisses du parisianisme bobo-littéraire et que c'est plutôt bon signe !

Salina, c'est l'histoire d'une femme qui, en Occident pourrait être à la tête de #metoo, c'est une femme, née nulle part en Afrique et recueillie par humanité, et qui combat les traditions patriarcales, les choix qu'elle ne peut pas faire, qui espère une vie meilleure et y renonce (presque) en même temps. 

Elle ne va pas émouvoir tout le monde, mais elle est là, dans toute sa splendeur puis dans la décrépitude de l'âge et des combats perdus d'avance ; elle ne donne aucune leçon autre que celle que nous, auditeurs (lecteurs) de son histoire,  sommes prêts à entendre, à écouter.
Elle est Salina, la somme de tous les exils à venir, ceux qui quittent leurs tribus, leurs terres, leur histoire, pour protéger leurs enfants, leur vie, et la prose (d'abord au théâtre) de Laurent Gaudé nous renvoie à nos destins, à une humanité qui fout le camp. Salina, c'est cette femme qui pourrait dériver sur un bateau au milieu d'autres réfugiés, en Méditerranée, et que les populistes refusent de recevoir, de considérer comme un être humain.

Il n'aura aucun prix littéraire ce roman, parce qu'il soulève trop de questions. 

Pourtant, il faudrait lire l'histoire de Makala, qui voulait simplement rendre hommage et dignité à sa mère Salina, à son peuple d'Afrique, à ces femmes trop loin de nous.

Les fils de la poussière - Arnaldur INDRIDASON


Editions Métailié
Parution : 4 octobre 2018
Titre original : Synir dufsins
Traduction : Eric Boury
304 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Paru en 1997, Les Fils de la poussière, premier roman d’Arnaldur Indridason, ouvre magistralement la voie au polar islandais.

Daniel, quadragénaire interné dans un hôpital psychiatrique de Reykjavík, se jette par la fenêtre sous les yeux de son frère Palmi. Au même moment, un vieil enseignant, qui a eu Daniel comme élève dans les années 60, meurt dans l’incendie de sa maison.

L’enquête est menée parallèlement par le frère de Daniel, libraire d’occasion, un tendre rongé par la culpabilité, et par une équipe de policiers parmi lesquels apparaît un certain Erlendur, aux côtés du premier de la classe Sigurdur Oli et d’Elinborg. Peu à peu, ils découvrent une triste histoire d’essais pharmaceutiques et génétiques menés sur une classe de cancres des bas quartiers, des gamins avec qui on peut tout se permettre.

Sens de la justice, personnages attachants, suspense glacé : dès ce premier thriller, on trouve tous les éléments qui vont faire le succès international qu’on connaît – et le génial Erlendur, bien sûr, tourmenté, maussade, sombre comme un ciel islandais !


Ce que j'en ai pensé :

Quelle bonne surprise cet été à l'annonce de la traduction du tout premier polar écrit par Indridason et sa parution à l'automne ! Chaque fois que je ferme l'un de ses romans, je sais que je vais trépigner avant le prochain !
Et croyez-moi, je n'ai pas été déçue, je l'ai même trouvé bien meilleur que la Trilogie des ombres !

On se retrouve aux origines du duo Erlendur/Sigurdur Oli dans une double-enquête dont les protagonistes de chacune ont des liens.
Nouvelle plongée dans ce pays peu ordinaire qu'est l'Islande, avec une société bouleversée par l'Occupation (la "situation") et qui tente de se projeter dans la modernité et oublie quelques laissés-pour-compte sur le bord du chemin dont les malades psychiatriques dont personne ne sait que faire ou ces populations misérables tombées dans la violence, la drogue ou l'alcoolisme qui vont pour certains être le laboratoire in vivo de groupes pharmaceutiques sans scrupules.

J'ai donc aimé ce duo de flics qui se découvrent, s'apprivoisent tant bien que mal mais j'ai aimé aussi tous les personnages "secondaires" qui traînent avec eux leurs histoires et leur détresse, leur culpabilité parfois.

C'est un polar qui traîne une sorte de désespoir, de malaise, mais qui donne les clés des caractères des personnages récurrents d'Indridason, tout en subtilité (et évidemment en non-dits !).

Il reste encore un opus non traduit par Métailié, mais il me tarde que ça soit fait !

La toile du monde - Antonin VARENNE

Editions Albin Michel 
Parution : 22 août 2018
352 pages
Ce qu'en dit l'éditeur :

La toile du monde possède le souffle sensuel et l’énergie des grands romans qui plient la réalité aux dimensions du rêve. Rêve de liberté d’une femme venue d’un autre monde, rêve de métamorphose du Paris de 1900, décor de l’Exposition universelle. Après Trois mille chevaux-vapeur et Équateur, Antonin Varenne signe une œuvre saisissante et confirme la singularité de son talent.
Aileen Bowman, trente-cinq ans, journaliste, célibataire, est venue couvrir l’événement pour le New York Tribune. Née d’un baroudeur anglais et d’une française utopiste, élevée dans le décor sauvage des plaines du Nevada, Aileen est un être affranchi de tout lien et de toute morale, mue par sa passion et ses idéaux humanistes. Au fil d’un récit qui nous immerge au cœur de la ville en chantier, du métropolitain naissant aux quartiers des bordels chers aux peintres, la personnalité singulière d’Aileen se confond avec la ville lumière. Un portrait en miroir qui dessine la toile du monde, de l’Europe à l’Amérique, du XIXe et au XXe siècle, du passé d’Aileen à un destin qu’elle n’imagine pas.

Ce que j'en ai pensé  :

La suite des aventures de Bowman ! J'avais tant aimé le précédent opus d'Antonin Varenne, Equateur !!

Et sans doute ai-je trop attendu de cette suite...

J'ai aimé que l'intrigue se décale dans le Paris du début du XXème siècle, histoire de changer la perspective.
J'ai commencé par beaucoup aimé Aileen Bowman, non-consensuelle, femme libre, en pantalons, dans une France encore franchement réactionnaire, très coincée.

Et puis, malgré ses rencontres avec des artistes, malgré sa liberté, Aileen a fini par me saouler, en mode féministe, et Antonin Varenne m'a perdue entre la couverture journalistique d'un événement planétaire (l'expo universelle qui donne de la matière à des passages superbes) et les atermoiements d'une cow-girl affranchie qui part à la recherche de ses "origines".

C'est sympa...mais.. J'ai zappé.

Tant pis.

Pis, pour être franche, il m'a manqué un peu de souffle, un peu d'aventure, un peu plus de peps !

La belle de Casa - In Kolijean BOFANE

Editions Actes Sud
Parution : 22 août 2018
208 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

La belle Ichrak est retrouvée un matin assassinée dans une rue de Casablanca. Tous les hommes la craignaient autant qu’ils la convoitaient… L’enquête, racontée par un jeune Congolais récemment arrivé au Maroc, est prétexte au portrait de groupe d’un quartier populaire. Avec sa vision acérée d’une réalité amère et son humour mordant, In Koli Jean Bofane dénonce la corruption des puissants, les magouilles immobilières, la précarité des migrants et la concupiscence masculine.


Ce que j'en ai pensé :

La Belle de Casa(blanca) a été retrouvée assassinée dans une ruelle. Tout le monde se souvient d'elle, de son déhanché sensuel, (in)volontairment érotique, de sa probité, de sa mère folle, de Sese avec qui elle s'était acoquinée pour soutirer de l'argent aux blancs bien naïfs.
C'est Ichrak qui lit "A l'origine, notre père obscur"(et ça, c'était mon roman coup de coeur absolu de 2014 !!) et qui succombe sans que le criminel ne soit identifié, et ça secoue tout le quartier et au-delà parce qu'elle était à la fois la fille inatteignable ou la fille facile (selon que vous soyez son ami ou un potentiel amant repoussé).

Un roman dense (que de personnages - et parmi lesquels je me suis un peu perdue...) qui évoque la condition des femmes, la corruption au Maroc, la complaisance des hommes, la médisance et pourtant..

Pourtant, je n'ai pas dû lire ce roman au bon moment, je me suis vite "ennuyée" (ça n'est pas tout à fait cette sensation), et j'ai lâché, bien que le style me plaise, que l'histoire m'intéresse, que les personnages soient bons...

Il m'a manqué sans doute un je-ne-sais-quoi..Un roman vers lequel je reviendrai, plus tard.