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Bilan de Mai 2020

Bien, bien...

Je suis bien embêtée : l'envie de rédiger des billets de lecture ne revient pas. Ça se complique.

Mais, notez que je fais l'effort (sic), avec presque 10 jours de retard, de venir poser un bilan mensuel.



Douze livres, romans et essais, aucun polar ce mois-ci !

Il y a eu du très bon, du pas mal mais aussi une déception.


J'ai adoré :


* Tant qu'il y aura des cèdres, Pierre JARAWAN, Editions Héloïse d'Ormesson

Un excellent roman que je recommande (et que je relirai !).


J'ai beaucoup aimé :


* Nouvel an, Juli ZEH, Editions Actes Sud

Parce que Lanzarote et un secret de famille.


* Dehors, la tempête, Clémentine MELOIS, Grasset

Un essai sur la littérature, le langage, les mots, toujours un peu décalé !


* Loin, Alexis MICHALIK, Editions Albin Michel

Même si la première partie m'a un peu agacée !


* Giono, furioso, Emmanuelle LAMBERT, Editions Stock

Un point de vue intéressant et quelques "mythes" revus sur cet auteur...


* De la forêt, Bibhouti Bhoushan BANERJI, Editions Zulma

Une ré-édition d'un roman indien qui offre un beau regard sur l'écologie.


* Un automne de Flaubert, Alexandre POSTEL, Editions Gallimard

Savoureux, instantané instructif !


* Que sont nos amis devenus ? Antoine SENANQUE, Grasset

Lecture sympa, personnage attachant.


J'ai moins aimé :


* Hugo Pratt, trait pour trait, Thierry THOMAS, Editions Grasset

Ça manquait de peps, selon moi...


* Comme des frères, Claudine DESMARTEAU, Editions Iconoclaste

La fin m'a paru manquer de saveur !


* Petit traité de philosophie naturelle, Kathleen DEAN MOORE, Editions Gallmeister

Quelques "nouvelles" m'ont plu, mais je me suis lassée...


La déception :


* Les méduses, Frédérique CLEMENÇON, Editions Flammarion

Je suis passée à côté de ce roman, sans m'en expliquer la raison.


***

Et de votre côté, ça a donné quoi ?


La mère morte - Blandine de CAUNES

Editions Stock - Collection la Bleue
Parution : 2 janvier 2020
220 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :


Une mère, âgée mais indépendante, se trompe de jour, de lieu de rendez-vous avec ses filles, achète des objets superflus et coûteux, oublie dans le coffre de sa voiture les fruits de mer bretons, et se lève la nuit, croyant partir pour une destination inconnue.

Cela pourrait être drôle, si ce n’était une maladie mentale due à l’âge, et surtout si cette femme si confuse n’était pas la romancière Benoîte Groult, la mère de l’auteure de ce livre d’une force rare. Benoîte Groult, luttant, jouant avec sa propre fin, mais refusant avec rage de céder à la fatalité et à la vieillesse, elle qui a été une militante de l’association « Pour le droit de mourir dans la dignité  ». Voici la femme intime, plus que la femme publique, ici telle qu’on ne la connaît pas, et qui écrivait : « Dans la vie, deux mondes se côtoient : celui des gens qui vont vivre et celui des gens qui vont mourir. Ils se croisent sans se voir. »
Benoîte s’éteint en juin 2016 à Hyères, à 96 ans. Écrivaine comblée, mère et grand-mère heureuse, femme de combats remportés. Mais ce que ce livre raconte, ce n’est pas juste le deuil hélas ! prévisible d’une mère admirée et aimée, mais un double deuil : voici le terrible sens du titre, La mère morte. « Maman, mon dernier rempart contre la mort. Bientôt, ce sera moi le rempart pour ma fille ».

Le 1
er avril 2016, la fille de Blandine de Caunes, Violette, 36 ans, meurt dans un banal accident de voiture, laissant orpheline sa fille Zélie. L’ordre du monde est renversé : Benoîte s’accroche à la vie, Blandine sombre, Violette n’est plus.

De Benoîte Groult, sa fille a hérité l’humour et la force vitale. Ce livre n’est pas triste, au contraire. C’est une réconciliation entre trois générations de femme qui partagent le « même amour forcené pour la vie, toujours plus forte que tout », le credo de Benoîte qu'elle a transmis à sa fille.

Ce que j'en ai pensé :

Ça aurait pu être triste, voire pathétique. Moins de trois mois s'écoulent pour l'auteur, entre la perte de Violette sa fille et de Benoîte Groult sa mère. Les deux personnes les plus chères à son monde. Deux raisons de ne plus entendre ni dire le mot "maman". 

Deux peines insondables, bouleversantes dont l'auteur tire un récit lumineux, doux et tendre, qui laisse la mort frôler son univers et la maintient pourtant à distance.

On s'interroge d'abord sur le lent déclin de Benoîte Groult, écrivain engagé, féministe, vive et si forte. Alzheimer et la décrépitude de la vieillesse, les chutes et les draps tachés, les oublis et les ellipses, les angoisses. 
Et au travers du deuil de cette mère si brillante, l'auteur prend de plein fouet la mort de sa fille, encore si jeune.

Pourtant, c'est un récit traversé d'amour, au travers de la douleur et des larmes (parfois des cris), un amour fusionnel qui ne s'épargne ni les conflits ni les déchirures, un amour comme un message d'espoir pour traverser les épreuves.

J'ai repensé au livre d'Emmanuelle Bernheim, et j'ai aimé la pudeur et la "joie" qui se dégageait de ce récit aussi. Un bel hommage que livre Blandine de Caunes.

Oublier Klara - Isabelle AUTISSIER

Editions Stock - Collection La Bleue
Parution : 2 mai 2019
320 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Mourmansk, au Nord du cercle polaire. Sur son lit d’hôpital, Rubin se sait condamné. Seule une énigme le maintient en vie : alors qu’il n’était qu’un enfant, Klara, sa mère, chercheuse scientifique à l’époque de Staline, a été arrêtée sous ses yeux. Qu’est-elle devenue ? L’absence de Klara, la blessure ressentie enfant ont fait de lui un homme rude. Avec lui-même. Avec son fils Iouri. Le père devient patron de chalutier, mutique. Le fils aura les oiseaux pour compagnon et la fuite pour horizon. Iouri s’exile en Amérique, tournant la page d’une enfance meurtrie.

Mais à l’appel de son père, Iouri, désormais adulte, répond présent : ne pas oublier Klara ! Lutter contre l’Histoire, lutter contre un silence. Quel est le secret de Klara ? Peut-on conjurer le passé ?

Dans son enquête, Iouri découvrira une vérité essentielle qui unit leurs destins. 

Oublier Klara est une magnifique aventure humaine, traversé par une nature sauvage.

Ce que j'en ai pensé : 


C'est une longue quête qui entraîne Iouri, exilé aux USA, à la recherche de sa grand-mère paternelle qu'il n'a pas connue.

Une aventure aux confins des terres russes, de celles qui mettent les hommes (et leur coeur !) à rude épreuve, qui cachent les hontes de l'ancien bloc soviétique entre goulags et mise à l'écart des populations autochtones.

Isabelle Autissier s'y entend à nous embarquer avec elle, à nous dessiner des paysages hostiles et pourtant, elle nous raconte aussi les oiseaux et les hommes, donnant à cette histoire une belle lumière.

Roman du souvenir, du passé qui ressurgit, quête d'identité et de mémoire familiale, tableau saisissant d'une URSS disparue, Oublier Klara emporte le lecteur, l'enveloppe dans sa nostalgie poétique.

Une belle immersion dans les paysages arctiques et dans la société russe !

Merci aux Editions Stock pour cette lecture en avant-première qui confirme que j'aime beaucoup la plume d'Isabelle Autissier !

Très haute tension - Lionel DAUDET

Editions Stock – Collection La bleue
Parution : 2 mai 2018
304 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :


Trois amis de longue date, alpinistes chevronnés et amateurs de base-jump – ce sport extrême consistant à sauter d’une falaise en parachute.
Une expédition intense en Alaska dans une nature sauvage et préservée.
Un projet de lignes à très haute tension qui menace de défigurer définitivement une vallée du sud des Alpes.

Tels sont les ingrédients de ce roman où l’on peut, ou pas, s’engager en montagne comme dans la vie, dans des activités à risque comme dans des mouvements de contestation. Une radicalisation dans la lutte, mais jusqu’où ?



 (photo "NO THT 05" montrant l'action slackline de 2016)

Ce que j'en ai pensé :

Voila un roman dont on a peu entendu parlé et qu'on n'a pas vu beaucoup sur les réseaux (seul mon fil IG le présente - si on exclut les 2 photos de l'éditeur en mai 2018, à sa parution, et un seul billet sur Babelio)...
Et c'est bien dommage tant il résonne dans l'actualité !

L'auteur est connu pour ses prouesses d'alpiniste, sans doute moins pour ces récits d'aventure. Dans ce premier roman, qui s'inspire d'une situation réelle , il nous emmène de l'Alaska à la Haute-Durance en compagnie d'un trio d'amis fous de sports extrêmes, prêts à affronter tous les dangers.
Des profils différents mais complémentaires, tous liés par le même amour de la nature, des personnages convaincants dans leurs combats et qui ne manquent pas de susciter l'empathie.

Le roman prend vite une tournure politique, explorant le thème des ZAD dans une lutte assez peu connue des médias (l'auteur s'y est personnellement impliqué), celle du refus de l'installation d'une ligne à très haute tension au flanc des Alpes, celle de ces habitants qui souhaitent préserver leur cadre de vie et la beauté de la nature.

Pas de prise de position manichéenne dans cette narration enlevée qui imprime un rythme soutenu et un suspens croissant mais un regard bienveillant, et surtout très inspirant !

Merci à Valérie pour le prêt de ce roman que j'ai beaucoup aimé !

Comme à la guerre - Julien BLANC-GRAS

Editions Stock
Parution : 2 janvier 2019
288 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

« Le jour de la naissance de mon fils, j’ai décidé d’aller bien, pour lui, pour nous, pour ne pas encombrer le monde avec un pessimisme de plus. Quelques mois plus tard, des attentats ont endeuillé notre pays. J’en étais à la moitié de ma vie, je venais d’en créer une et la mort rôdait. L’Enfant articulait ses premières syllabes avec le mot guerre en fond sonore. Je n’allais pas laisser l’air du temps polluer mon bonheur. »

Roman d’une vie qui commence, manuel pour parents dépassés, réflexion sur la transmission, cette chronique de la paternité dans le Paris inquiet et résilient des années 2015-2018 réussit le tour de force de nous faire rire sur fond de
tragédie.

Ce que j'en ai pensé :

Que transmet-on à ses enfants ? Que retient-on de nos parents ? 

Julien Blanc-Gras, dans un roman-récit où l'humour pointe à chaque page, évoque sa toute nouvelle paternité alors que l'attentat de Charlie-Hebdo annonce une époque de "guerre" et qu'il se replonge dans le journal intime que son grand-père a écrit pendant la 2nde guerre mondiale.

C'est une mise en abîme de nos vies minuscules, de nos héritages et de ce qu'on donnera comme souvenirs à nos enfants. 

Ce sont deux guerres en parallèle qui sont racontées, deux points de vue sur le monde qui questionnent sur ce que devient notre monde et ce que nous laissons à nos enfants.

Sur un ton tour à tour grave ou léger (j'ai beaucoup aimé les scènes où l'auteur se "confronte" à ce fils qui grandit), Julien Blanc-Gras parle de transmission (héritage social, historique, mode de vie, idées) et de construction de soi (par les voyages, la découverte de l'autre avec tout ce qu'elle peut impliquer de positif - ouverture d'esprit- ou de négatif -racisme-) sans jamais juger. 


Un propos intelligent, intéressant, parfois inquiet et souvent drôle, et un livre que j'ai beaucoup aimé.

Merci aux Editions Stock et à Valentine pour cette lecture !

Les heures solaires - Caroline CAUGANT

Editions Stock - Collection Arpège
Parution : 2 janvier 2019
288 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Alors qu’elle prépare sa prochaine exposition, Billie, artiste trentenaire, parisienne, apprend la mort brutale de Louise. Sa mère, dont elle s’est tenue éloignée si longtemps, s’est mystérieusement noyée.
Pour Billie, l’heure est venue de retourner à V., le village de son enfance.

Elle retrouve intacts l’arrière-pays méditerranéen, les collines asséchées qu’elle arpentait gamine, la rivière galopante aux échos enchanteurs et féroces, et surtout le souvenir obsédant de celle qu’elle a laissée derrière elle : Lila, l’amie éternelle, la sœur de cœur — la grande absente.
Les Heures solaires brosse le portrait de trois générations de femmes unies par les secrets d’une rivière. Y palpitent l’enfance, l’attachement à sa terre d’origine, l’impossibilité de l’oubli.

Et c’est en creusant la puissance des mémoires familiales que Caroline Caugant pose aussi cette question : les monstres engendrent-ils toujours des monstres ?

Ce que j'en ai pensé :

"Demande-t-on pardon aux morts ?"

Ceux qui nous hantent, ceux qui se cachent derrière les secrets de famille, ceux qui vous empêchent de vivre...

Dans ce roman sensible, l’héroïne, Billie, revient aux sources après le décès de sa mère atteinte d'Alzheimer. Elle ne lui a légué que sa relative froideur et la maison de V. ou Billie a grandi avec sa meilleure amie, Lila.
Autour de Billie, artiste peintre, des zones d'ombre, des zones d'oubli... 
Autour de Billie se dessine une lignée de femmes, à la fois fortes et fragiles, amoureuses, prêtes à tout pour se construire la vie dont elles ont rêvé.

C'est un roman qui parle de construction et de "déconstruction" (détruire pour recommencer - j'ai beaucoup aimé le cheminement artistique de Billie-, renaître, se découvrir), du poids des secrets et de l'héritage familial (il y a comme de l'atavisme dans l'air !), c'est aussi un roman d'apprentissage par bien des aspects (se délivrer de la famille, et toutefois s'y reconnaître).

C'est aussi un roman d'ambiance où la chaleur (souvent écrasante) et l'eau (coupable -parce que lieu "criminel" - et rédemptrice tout à la fois) se disputent les émotions. L'écriture est habile, joliment tournée, finalement addictive et la construction du roman, entre présent et flashbacks, résonne parfaitement dans ce qui pourrait presque tenir du huis-clos. Il ne suffit pas de ne plus y penser pour que ce qui est arrivé n'ait jamais existé…

Merci aux Editions Stock, à Valentine et à Caroline, pour cette très belle lecture !

Une année de romans


C'est l'heure des bilans ! 

Je n'ai pas pu résisté à reprendre le questionnaire vu chez Jérôme , chez The Autist Reading et chez Hop sous la couette pour balayer mon année en livres !

J'ai clairement moins lu qu'en 2018 (140 livres en 2018 contre 170 en 2017) et j'ai eu aussi beaucoup moins de coups de cœur (trop d'attentes déçues)..

140 livres et 346 600 pages environ !

Moitié romans (67 dont 19 premiers romans), moitié polars (65, l'ambiance n'est donc pas si noire !), et quelques récits et documents.

Seulement 47 romans écrits en langue française parmi mes lectures qui pourtant m'ont emmenée au bout du monde (26 livres se déroulent sur le continent américain, 10 en Afrique - au sens large-, 11 ailleurs en Europe et 7 dans les pays nordiques).


1) Ma 1ère lecture de l'année ?
(et une très bonne surprise !)

Community - Estelle NOLLET - Editions Albin Michel

 2) Le livre le plus bref que j'ai lu ?
(96 pages avec beaucoup d'humour) 
 
 Bambi bar - Yves RAVEY - Editions de Minuit

3) Le livre le plus dépaysant ?
(et qui aurait mérité plus de visibilité)

Un océan, deux mers, trois continents - Wilfried N'SONDÉ - Editions Actes Sud

 4) La plus belle couv' de l’année ?
(et aussi un très beau conte)

Salina, les trois exils - Laurent GAUDÉ - Editions Actes Sud

 5) Un nouvel auteur découvert cette année ?  
(et une très jolie surprise !)

La vraie vie - Adeline DIEUDONNÉ - Editions de l'iconoclaste

 6) Le livre dont l’écriture m’a éblouie ?
(étonnant !)

Frère d'âme - David DIOP - Editions du Seuil

 7) Le meilleur personnage de l’année ?
(sacrée nana !!)

Alex- Pierre LEMAITRE - Editions Le livre de poche


 8) Le livre que j’attendais le plus ?
(et qui a répondu à mes attentes !)

Juste après la vague - Sandrine COLLETTE - Editions Denoël


 9) Le livre le plus déstabilisant ?
 (pour tout un tas de raisons !)

Est-ce ainsi que les hommes jugent ? - Mathieu MÉNEGAUX - Editions Grasset

 10) Le livre le plus inattendu ?
(parce que je n'aurais pas pensé relire ce classique plein de fantaisie, et que j'en suis ravie !)

Mon chien Stupide - John FANTE - Editions 10/18

 11) Le livre que j’ai enfin lu ?
(pour lire sa suite aussitôt après !) 
 
Au revoir là-haut - Pierre LEMAITRE - Editions Albin Michel

 12) Mon plus gros pavé ?
(et ce sont deux polars !)

en poche :
Lontano - Jean-Christophe GRANGÉ - Editions du Livre de Poche (non chroniqué) - 960 pages

en broché grand format :
Signe de vie  - José RODRIGUES DOS SANTOS - Editions Harper Collins - 704 pages

 13) Le livre le plus émouvant ?
 (je n'ai pas lu grand chose qui m'ait vraiment émue cette année...)

Le paradoxe d'Anderson - Pascal MANOUKIAN - Editions du Seuil

 14) Le livre le plus drôle ? 
(et qui fait réfléchir tout de même !)

Ecoute - Boris RAZON - Editions Stock

15) Le livre qui m’a appris quelque chose que j’ignorais totalement ?
(sur l'origine de la danse de St Guy)

Entrez dans la danse - Jean TEULÉ - Editions Julliard

 16) Ma dernière lecture de l’année ?
(et un auteur que je ne pensais pas lire un jour !)

L'empire des loups - Jean-Christophe GRANGÉ - Editions Le livre de poche 
(non chroniqué) 

 17) Le plus beau titre de l’année ?
(parce que, ce poème d'Aragon, chanté par Bernard Lavilliers :
" C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien"
)

Prendre des loups pour des chiens - Hervé Le Corre - Editions Rivages


 18) Le meilleur recueil de nouvelles de l’année ?
(parce que c'est surtout le seul lu en 2018 - et qu'il est super bien !)

J'aurais voulu être égyptien - Alaa EL ASWANY - Editions Actes Sud

 19) Le livre le plus ennuyeux de l’année ?
 (aurait pu postuler dans la rubrique suivante !)

Le cœur converti - Stefan HERTMANS - Editions Gallimard

 20) Le plus gros raté de l’année ?
 (lu dans le cadre du Prix Elle, la daube ultime en matière de polar !)

Défaillances - B.-A. PARIS - Editions Hugo Thriller


 21) Le meilleur livre de l’année ?
(parce que Khadra, parce que ça dérange nos préconçus) 

Khalil - Yasmina KHADRA - Editions Julliard

-**-
Et vous ? Votre bilan ?
(clic sur les titres pour lire les chroniques)

Ecoute - Boris RAZON

Editions Stock - Collection La bleue
Parution : 22 août 2018
350 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

« – T’es où
– T ou
– Tu fais quoi ? »

Vincent Lemasson est là, à l’intérieur d’une camionnette banalisée. Pour parer à la menace terroriste, l’officier de police surveille l’avenue des Gobelins dans cet univers confiné. Il intercepte tous les messages échangés dans son périmètre. Submergé par une vague d’emojis, de photos érotiques, de textes qu’il ne comprend pas, il se sent seul, dérouté.
En face, devant la boutique d’appareils photo anciens, un homme attire son attention ; un homme sans connexion, qui n’émet rien. Le suspect entre dans le magasin. Il en sort, lesté d’un lourd boîtier. Vincent ne peut plus le quitter des yeux.


Ce que j'en ai pensé :

La narration ne se limite, heureusement pas, à la restitution des écoutes de Vincent Lemasson qui traque, via les textos, les appels , Snapchat, depuis sa camionnette-sous-marin postée dans une rue de Paris et qu'on sent vite noyé dans la multitude de vies qui passent à portée de ses écouteurs.

On croise Crospito, qui cherche dans tout Paris l'appareil photo de Victor le Roumain qui l'immortalisait sur la pellicule argentique tous les 7 ans. Il se murmure qu'il pourrait être "Le Morse", métalleux à la carrure d'haltérophile alimentant la légende du hard-rock et qui va attirer tout un tas de fans gothiques sur l'avenue des Gobelins. Pourtant Crospito semble n'être qu'un type un peu étrange qui a étudié la population marrane du Portugal et Fernando Pessoa...

On suit aussi les errances de Miguel Tuschinsky, avocat mexicain mandaté par un baron de la drogue, Herman "El Flaco" Bachman qui veut devenir une femme et que des cerbères poursuivent jusqu'à Paris.

Etrange ? Sans lien aucun que cette avenue parisienne ? Pourtant, non ! C'est un roman complexe sur l'identité que livre Boris Razon : celles, fugitives, qui gravitent autour de lui et livrent des instantanés de leurs vies (et révèlent la vacuité des échanges, le désir de retenir l'attention et l'amour) mais aussi celles qu'on voudrait changer, pour devenir quelqu'un d'autre, pour se cacher des autres ou de soi.
Le roman questionne sur qui est-on, que veut-on révéler de soi, jusqu'où peut-on se livrer aux autres et pour leur montrer quoi de notre propre personne ?
Chacun des personnages semble interroger l'autre en miroir.

J'ai été assez vite emportée par cette lecture qui met en perspective nos moyens de communiquer à l'aune de la multiplication des réseaux.

Merci à Valentine des Editions Stock pour cette découverte !

La révolte - Clara DUPONT-MONOD

Editions Stock - collection La bleue
Parution : 22 août 2018
240 pages
(en lice pour le Goncourt 2018)

Ce qu'en dit l'éditeur :

« Sa robe caresse le sol. À cet instant, nous sommes comme les pierres des voûtes, immobiles et sans souffle. Mais ce qui raidit mes frères, ce n’est pas l’indifférence, car ils sont habitués à ne pas être regardés ; ni non plus la solennité de l’entretien – tout ce qui touche à Aliénor est solennel. Non, ce qui nous fige, à cet instant-là, c’est sa voix. Car c’est d’une voix douce, pleine de menaces, que ma mère ordonne d’aller renverser notre père. »
Aliénor d’Aquitaine racontée par son fils Richard Coeur de Lion.

Richard Cœur de Lion

Ce que j'en ai pensé :

J'avais tant aimé Le roi disait que j'étais diable que je me réjouissais de lire un autre roman sur Aliénor narré par Clara Dupont-Monod ! 
Je n'ai pas été déçue ! Quelle narration intense !
Cette fois, c'est la voix de Richard Coeur de Lion qui raconte sa mère, Aliénor, les combats qui l'opposent à Henri II d'Angleterre, "Le Plantagenêt". 

C'est une nouvelle fois avec un plaisir intact que j'ai retrouvé Clara et Aliénor, comme si elles étaient indissociables, comme deux amies. Même si l'auteur prend quelques libertés avec l'histoire, elle restitue à coup de phrases, parfois sèches, la tension qui habite l'Occident médiéval et les conflits de territoires et de pouvoir.

C'est une pure héroïne dont il s'agit, de celles qui font l'admiration, menant les hommes dans le sens de son combat, de ses convictions. Stratège et manipulatrice,  parfois fine, parfois guidée par la colère, amoureuse du beau verbe, et finalement si proche de Richard obligé de la trahir...

Le rythme s'accélère...presque trop.

Mais...c'est ce que j'attendais de cet opus, une accélération, un "entrain", quelque chose qui montre l'urgence, l'importance de vivre vite ! Avec de tels personnages, avec la frénésie d'un monde médiéval qui change si rapidement, il ne pouvait en être autrement !

"Les peuples qui ne retiendront qu'un seul livre deviendront fous. Ils psalmodieront des phrases comme les ânes mâchent de l'herbe."

Merci à Valentine et aux éditions Stock pour cette fascinante lecture !

Avec toutes mes sympathies - Olivia de LAMBERTERIE


Editions Stock -Collection La bleue
Parution : 22 août 2018
256 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Les mots des autres m’ont nourrie, portée, infusé leur énergie et leurs émotions. Jusqu’à la mort de mon frère, le 14 octobre 2015 à Montréal, je ne voyais pas la nécessité d’écrire. Le suicide d’Alex m’a transpercée de chagrin, m’a mise aussi dans une colère folle. Parce qu’un suicide, c’est la double peine, la violence de la disparition génère un silence gêné qui prend toute la place, empêchant même de se souvenir des jours heureux.
Moi, je ne voulais pas me taire.
Alex était un être flamboyant, il a eu une existence belle, pleine, passionnante, aimante et aimée. Il s’est battu contre la mélancolie, elle a gagné. Raconter son courage, dire le bonheur que j’ai eu de l’avoir comme frère, m’a semblé vital. Je ne voulais ni faire mon deuil ni céder à la désolation. Je désirais inventer une manière joyeuse d’être triste.
Les morts peuvent nous rendre plus libres, plus vivants. »


Ce que j'en ai pensé :

Il y a tant de pudeur dans ce livre, et tant de joie aussi ! 
Olivia de Lamberterie nous plonge dans les abysses du deuil et sert pourtant un livre lumineux sur la fraternité et l'amour !

Parce qu'il n'y a, entre ces pages, aucune tristesse, mais seulement la volonté de retenir des instants de bonheur, des éclairs de tendresse et surtout une profonde admiration envers ce frère disparu trop tôt et qui laissent ses proches dans l’incompréhension de son geste. 

Ce sont des confidences chuchotées, dans lesquelles pointe parfois l'humour, et qui révèlent une femme bienveillante mais forte, marquée mais courageuse. Des confidences intimes qui réveillent des souvenirs, qui éveillent la compassion.

J'avoue avoir craint trop d'intimité, une impudeur dévoilée pour servir l'écriture, mais c'est tout le contraire !  

Un roman-témoignage, un roman-hommage, empreint de douceur ! 
J'ai beaucoup aimé !

Merci à Valentine et aux Editions Stock pour m'avoir permis cette lecture en avant-première !