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Ne t'arrête pas de courir - Mathieu PALAIN

 

Editions de l'ICONOCLASTE

Parution : 19 août 2021

422 pages

Prix Interallié 2021



Ce qu'en dit l'éditeur :

"Je voulais qu'il change. Qu'il s'en sorte. Qu'il arrête de voler et qu'il devienne champion olympique. Je rêvais. Je refusais de voir une réalité que pourtant il ne me cachait pas. " De chaque côté du parloir de la prison, deux hommes se dévoilent.

L'un, Mathieu Palain, est devenu journaliste et écrivain alors qu'il se rêvait footballeur.

L'autre, Toumany Coulibaly, cinquième d'une famille de dix-huit enfants, est un athlète hors normes et un braqueur de pharmacies. Champion le jour, voyou la nuit : il y a une " énigme Coulibaly " que Mathieu Palain tente d'éclaircir autant qu'il s'interroge sur lui-même. "

L'enfermement, l'amitié et la délinquance, pourquoi certains s'en
sortent et d'autres pas. J'ai longtemps tourné autour de ces obsessions. Et puis j'ai rencontré Toumany. "

 

Ce que j'en ai pensé :

D'abord pas très attirée par le thème de ce livre, je me suis laissée tenter pour contrer le début d'une panne de lecture et parce que j'avais beaucoup beaucoup aimé Sale gosse

Mathieu PALAIN explore cette fois le destin de Toumany Coulibaly qu'il contacte d'abord par courrier puis rencontre lors de parloirs. Toumany déroule sa vie en équilibre fragile entre délinquance (il est incarcéré pour vols) et performances sportives (jeune espoir de l'athlétisme français).

Un récit pudique et au plus près de la réalité, dans lequel l'auteur se place en miroir et explore ses propres failles, tente de comprendre comment un destin bascule.

Ce n'est donc pas un roman même si ce livre en adopte le style, c'est une biographie au ton sensible qui raconte une amitié, une relation sincère et nous dresse le portrait d'un homme qui doit redessiner sa vie.

Une réflexion sur la prison, la réinsertion, les doutes et les peurs, la solitude et les blessures d'abandon. Une réflexion toujours bienveillante et humble et qui ouvre vers l'espoir.

Des news..Bilan de mes lectures de confinement

Mon dernier article datait du 31 mars ! Autant dire que ça fait déjà un bout !!


Une drôle de bestiole a sacrément perturbé nos vies, et je me suis réjouie d'aimer lire (et d'avoir du stock !) quand le confinement a été annoncé.

Au tout début de cet épisode, j'essayais encore de tenir le rythme de mes parutions, et puis, je ne saurais expliquer pourquoi, si j'ai continué à lire (frénétiquement !), je n'ai plus rien publié ! 
Pour tout dire, je ne compte pas le faire...

J'ai dû lire presque 40 livres en quasi 2 mois (certains billets sont publiés juste avant celui-ci), un rythme un peu plus soutenu que d'habitude évidemment...

Petit bilan sans commentaires de mes lectures "confinées" :

Du côté des BD :

Relecture du début de la série India Dreams  


Du côté des romans :



Du côté des essais / documents :

Et enfin, les polars :

et puis, j'ai lu presque tous les Thilliez !


Je me pose toujours la question de continuer ou non ce blog.. On verra ce que mes envies me dictent !

Papiers - Violaine SCHWARTZ

Editions P.O.L
Parution avril 2019
256 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Violaine Schwartz a recueilli la parole de plusieurs demandeurs d’asile, à l’origine pour une commande du Centre dramatique national de Besançon. Elle a rencontré des hommes et des femmes, jeunes et moins jeunes, tous réunis par le même destin : l’obligation de fuir, de quitter le pays natal, Afghanistan, Mauritanie, Kosovo, Éthiopie, Arménie, Azerbaïdjan ou Irak. Elle avait un dictaphone. Parfois un interprète à ses côtés. On lui a confié des photocopies de récits de vie, des articles de journaux, des photocopies de minutes d’entretien de l’OFFPRA, des lettres administratives, des décisions de rejets, des circulaires du ministère de l’Intérieur... Elle a rencontré une avocate, assisté à des audiences à la Cour Nationale du droit d’Asile (CNDA) et au Tribunal Administratif de Besançon. Elle s’est fixé une contrainte : écrire à partir des mots entendus, et seulement à partir des mots entendus.

Avec toutes ces voix, Violaine Schwartz a composé une fresque, une litanie, comme une variation sur les mêmes thèmes : l’absurdité de la bureaucratie, l’arbitraire de notre justice, les affres de l’attente, le hasard des chemins parcourus, la douleur de tout abandonner derrière soi, le courage de partir, les souvenirs à vif, la culpabilité de survivre, la peur encore, l’espoir aussi, la vie qui s’invente malgré tout, pas à pas, sur la route de l’exil, dans la frange de notre société. Des épopées modernes. Des récits de vies héroïques qu’elle a orchestrés sur la page.

Ce que j'en ai pensé :

Dans mon histoire familiale, le seul "migrant" connu était mon grand-père fuyant le STO pendant l'occupation nazie de l'Alsace. Au plus loin qu'on remonte dans toutes les branches de l'arbre généalogique familial (c'est-à-dire vers 1620), mes ancêtres sont nés dans un coin de France, n'en ont jamais bougé, ont trouvé leur époux/épouse et y ont fait leurs enfants...
Je vis dans un coin de cette France où le seul risque que je cours est celui du manque d'eau et de températures indécemment chaudes l'été.

Je serai peut-être le prochain migrant de ma famille, non parce que mon pays est en guerre ou que je ne pratique pas la religion "recommandée", ni pour mes opinions politiques (encore que, si cette blonde prend le pouvoir, je pourrais faire comme mon grand-père !!), mais parce que les changements climatiques rendront ma vie ici trop difficile. 

Je ne suis donc souvent que compassion pour les gens qui fuient leurs maisons, leur pays, leurs souvenirs,, pour espérer se construire un avenir meilleur, ailleurs...

Les voix retranscrites par Violaine Schwartz racontent ces fuites et ces espoirs, ces êtres humains qui ne sont plus en sécurité là où ils sont nés, et elle a la délicatesse de retranscrire ces témoignages (émouvants !) sans jugement, sans interprétation.

Voila des hommes et des femmes qui cherchent un refuge, c'est tout.

Prêts à tout endurer pour que leurs enfants grandissent loin des bombes, pour qu'ils mangent à leur faim, pour avoir le droit de lire de la poésie, pour ...vivre, tout simplement !

Un bouquin à garder, et qu'il faudrait donner en lecture à tous.


Comme à la guerre - Julien BLANC-GRAS

Editions Stock
Parution : 2 janvier 2019
288 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

« Le jour de la naissance de mon fils, j’ai décidé d’aller bien, pour lui, pour nous, pour ne pas encombrer le monde avec un pessimisme de plus. Quelques mois plus tard, des attentats ont endeuillé notre pays. J’en étais à la moitié de ma vie, je venais d’en créer une et la mort rôdait. L’Enfant articulait ses premières syllabes avec le mot guerre en fond sonore. Je n’allais pas laisser l’air du temps polluer mon bonheur. »

Roman d’une vie qui commence, manuel pour parents dépassés, réflexion sur la transmission, cette chronique de la paternité dans le Paris inquiet et résilient des années 2015-2018 réussit le tour de force de nous faire rire sur fond de
tragédie.

Ce que j'en ai pensé :

Que transmet-on à ses enfants ? Que retient-on de nos parents ? 

Julien Blanc-Gras, dans un roman-récit où l'humour pointe à chaque page, évoque sa toute nouvelle paternité alors que l'attentat de Charlie-Hebdo annonce une époque de "guerre" et qu'il se replonge dans le journal intime que son grand-père a écrit pendant la 2nde guerre mondiale.

C'est une mise en abîme de nos vies minuscules, de nos héritages et de ce qu'on donnera comme souvenirs à nos enfants. 

Ce sont deux guerres en parallèle qui sont racontées, deux points de vue sur le monde qui questionnent sur ce que devient notre monde et ce que nous laissons à nos enfants.

Sur un ton tour à tour grave ou léger (j'ai beaucoup aimé les scènes où l'auteur se "confronte" à ce fils qui grandit), Julien Blanc-Gras parle de transmission (héritage social, historique, mode de vie, idées) et de construction de soi (par les voyages, la découverte de l'autre avec tout ce qu'elle peut impliquer de positif - ouverture d'esprit- ou de négatif -racisme-) sans jamais juger. 


Un propos intelligent, intéressant, parfois inquiet et souvent drôle, et un livre que j'ai beaucoup aimé.

Merci aux Editions Stock et à Valentine pour cette lecture !

Même les monstres - Thierry ILLOUZ

Editions de l'Iconoclaste
Parution : 5 septembre 2018
160 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Sa robe d’avocat est posée sur le dossier d’une chaise. Il la regarde du coin de l’œil. Lorsqu’il l’enfile, il n’est plus le même. Sa voix ne tremble pas. Il ne doute jamais. Lui, l’enfant d’un quartier délaissé, le fils de rapatriés d’Algérie. Il se souvient de ses grands-parents ravagés par leur départ et leur installation dans une cité picarde. Lorsque c’étaient eux que l’on désignait comme différents, et donc monstrueux. C’est cette histoire intime qu’il convoque lorsqu’il est confronté à ses clients. Des criminels. Des monstres, comme on les appelle. Parce que défendre, ce n’est pas excuser, mais chercher à comprendre.

Ce que j'en ai pensé :

Si vous étiez avocat, pourriez-vous défendre n'importe quel prévenu ? Même les monstres ?
ceux qui tuent des enfants, des grands-mères sans défense ?

Cas de conscience ! 

Ces accusés, qui sont-ils ? Seulement des déviants, des pervers, des êtres abjects, des animaux mûs par leurs pulsions ? ou pourraient-ils être des gens que la pauvreté et la précarité ont assommés, des gens qui, vaincus par une enfance douloureuse, un passé difficile, deviennent tout à coup des criminels ? des gens dénués de cœur, d'empathie, voire de sensibilité ?

L'auteur ne se contente pas d'interpeller notre notion de la justice , ni simplement d'évoquer des cas de justifiables "monstrueux", il amène une réflexion plus profonde sur le regard des autres, sur notre propension à "juger" les criminels (en dehors des faits, du pouvoir supposé de la justice etc..) et émaille son propos de sa propre expérience, son histoire et son ressenti.

C'est finement écrit, c'est intelligent et c'est surtout empli d'une expérience unique dans une narration sincère et directe.

Merci aux Editions de l'Iconoclaste pour cette découverte !

Mohammad, ma mère et moi - Benoît COHEN

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Editions Flammarion
Parution : 4 avril 2018
288 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Au moment où Donald Trump accède au pouvoir, Benoit Cohen, cinéaste français installé aux États-Unis, apprend que sa mère s’apprête à héberger, dans l’hôtel particulier du 7e arrondissement où elle vit seule, Mohammad, un migrant afghan. Alors que Benoit Cohen s’insurge contre ce président raciste qui menace de fermer les frontières, il ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour sa mère qui, sans lui en avoir jamais soufflé mot, ouvre sa porte à un étranger. Il revient alors à Paris et rencontre Mohammad. Ce garçon qui, de déracinement en déracinement, a grandi, à l’instar des chats, sept fois plus vite qu’un jeune occidental, va lui confier son histoire. Entre Benoit, exilé volontaire, et Mohammad, réfugié malgré lui, une relation intense se noue, sous le regard de Marie-France, qui vient compléter cet improbable trio.

Dans ce récit singulier, Benoit Cohen décrit, non sans humour, ce chemin exaltant et complexe qu’est la rencontre de l’autre et s’interroge sur ce que «donner» veut dire.

Ce que j'en ai pensé :

J'avais commencé ce document avant de lire celui de Bernie Bonvoisin, La danse du chagrin, et je l'ai repris pour tenter de les mettre en parallèle et de voir comment deux témoignages peuvent s'associer ou se dissocier.

Pour être honnête, je n'ai pas lu ce livre de la même façon. Le style est évidemment différent et dans le récit de Benoît Cohen, j'ai aimé le ton (et l'humour) mais surtout le jeu en miroir entre sa position de migrant aux USA et celle de Mohammad, réfugié politique qui veut d'abord sauver sa vie.

"La photo d'un enfant mort (Aylan Kurdi - 2 septembre 2015) sur une plage turque fait le tour des réseaux sociaux, elle est reprise dans toute la presse, l'émotion est à son comble, on se dit que ça va réveiller les consciences, provoquer un élan de solidarité massif, mais quelques jours plus tard, une autre image, sur un autre sujet, prend le relais et le problème de réfugiés retombe dans les oubliettes. En attendant, on continue à accueillir au compte-gouttes quelques miraculés et on laisse mourir les autres, en mer sur les plages ou dans le froid." 

J'ai aimé sans réserve tous les passages où Mohammad raconte à Benoît Cohen son périple vers la France, fait de hasards et d'opportunités, de galères et de course à la survie. Je me suis beaucoup attachée à ce personnage, j'ai aimé le regard curieux et parfois circonstancié de l'auteur, j'ai été touchée par l'humanité de sa mère, Marie-France Cohen, qui ouvre sa porte, son cœur, qui malgré ses maladresses offre un asile, un lieu de repos et de reconstruction (chapeau bas, Madame, pour votre altruisme et votre générosité !!).

J'ai toutefois eu un peu de mal sur le statut de Mohammad (qu'on pourrait féliciter pour sa ténacité, son ambition et pour le fait qu'il croit en ses rêves !).
Soyons clairs, quel est le pourcentage de réfugiés de la trempe de cet homme à qui ici tout le monde ouvrirait sa porte ? Il m'a semblé que si ce témoignage permettait de se délester du sentiment de "danger" apporté par les réfugiés, il ne concernait pas toute la population des migrants. 

Alors oui, il faudrait ouvrir sa porte sans arrière-pensée, sans peur et sans a-priori, il faudrait ouvrir son cœur, donner de l'espoir, mais la situation n'est pas la même partout. Et si Benoît Cohen offre un récit qui nous y incite, je n'ai pas pu m'empêcher de me dire qu'il était idyllique, parfait pour de la comm' pro-réfugiés, mais sans doute pas au plus proche de la réalité des milliers de personnes qui se réfugient en Europe (et ça n'enlève pourtant rien au fait que je suis admirative des décisions de la maman, exemplaire, de l'auteur !).

"Ma mère a accompli ce que beaucoup aimeraient faire, mais ne font pas. Des paroles aux actes il y a souvent un monde. (...) Je me suis rendu compte que je n'étais pas prêt à héberger quelqu'un chez moi, à partager ma salle de bains, ma cuisine, mon salon. Je me réfugie derrière l'idée que je travaille à domicile et je ne peux pas prendre le risque d'être déconcentré. La vérité est que je ne veux pas renoncer à mon confort. Pourquoi dans nos esprits d'Occidentaux, le confort est-il si important ? Pourquoi n'arrive-t-on pas à y renoncer ? Pourquoi sommes-nous à ce point renfermés sur nous-mêmes ?"