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Tout ce que nous allons savoir - Donal RYAN

Editions Albin Michel
Parution : 27 mars 2019
Titre original : All we shall know
Traduction : Marie Hermet
288 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

« Martin Toppy est le fils d’un homme célèbre chez les gens du voyage et le père de mon enfant à naître. Il a dix-sept ans, j’en ai trente-trois. J’étais son professeur particulier. » 

C’est sur ces mots que s’ouvre le nouveau roman de Donal Ryan. Melody Shee est enceinte de douze semaines lorsqu’elle entreprend l’écriture d’un journal. Hantée par son mariage toxique avec un homme qui l’a quittée en apprenant la vérité sur l’enfant à naître, par le souvenir d’une mère inaccessible et de l’amie d’enfance qu’elle a trahie, Melody doit faire face seule à ses démons. Jusqu'à ce qu'une jeune femme énigmatique entre dans sa vie… 

Ce que j'en ai pensé :

J'avais beaucoup aimé "Le cœur qui tourne" en 2015 puis "Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe " (coup de cœur en 2017), je me réjouissais de lire ce nouveau roman de Donal RYAN.

J'ai retrouvé avec le plus grand plaisir une écriture forte et poétique, qui ici prend de l'ampleur, dans une narration parfois effrénée. Il y a tout ce qu'on imagine de l'Irlande dans ce roman qui raconte le destin de deux femmes que presque tout pourrait opposer.

L'une, Melody, adultère, qui porte l'enfant d'un jeune homme qu'elle n'aurait pas dû rencontrer (ni séduire !) et l'autre, Mary, mise à l'écart de sa communauté de gens du voyage parce qu'elle est stérile et que cela discrédité sa famille et le mariage arrangé prévu pour elle.

Deux personnalités étonnantes auxquelles  je ne me suis que peu attachée pourtant, leur préférant le père de Melody et Pat, le mari trompé, dans toute sa détresse.
J'ai aimé cet instantané (les 28 dernières semaines de  la grossesse de Melody) de l'Irlande et de la vie des gens du voyage, et la façon dont l'auteur décrit les relations amoureuses.

Merci à Babelio Masse Critique et aux Editions Albin Michel pour ce très bon roman qui confirme tout le talent de Donal Ryan. 

 

Bilan de février 2017

18 livres ce mois-ci (5 755 pages) ! J'explose les compteurs ! Il faut dire que j'ai une bonne excuse : immobilisée suite à une opération, je n'ai pas d'autre choix que de bouquiner..et c'est tant mieux ! C'est l'occasion de lire des auteurs suivis depuis longtemps, de faire de belles découvertes et de voir se confirmer des talents tous neufs ;o)

Les romans d'une part :


Et les polars, évidemment :

Du très bon, du moyen, et des déceptions plus ou moins fortes...

Coup de cœur absolu :
Sandrine COLLETTE, Les larmes noires sur la terre, Denoël



Mais aussi :

Christian KIEFER, Les animaux, Albin Michel


Tanguy VIEL, Article 353 du Code Pénal, Minuit

Il y a eu quelques déceptions, 

Cécile COULON, Trois saisons d'orage, Viviane Hamy (trop académique et une narration un peu morne)

Ingrid DESJOURS, Echo, Pocket (lieux communs, personnages caricaturaux)

Arnaldur INDRIDASON, Dans l'ombre, Métailié (absence d'Erlendur, enquête qui m'a laissé un goût d'inachevé)

Un bon mois partagé entre littérature française et étrangère (dont une majorité d'auteurs américains).
Et vous ? Votre coup de cœur de février 2017 ? Votre plus grosse déception ?

Une année dans la vie Johnsey Cunliffe - Donal RYAN

Editions Albin Michel - Collection 'Grandes Traductions'
Parution : 11 janvier 2017
Titre original : The thing about December
Traduction : Marina Boraso
304 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :
 Jeune paysan naïf et solitaire, Johnsey vit à l’écart du monde. Il travaille à la coopérative du village, avec sa famille pour seul lien. À la mort de ses parents, il hérite de leur ferme, éveillant aussitôt la jalousie de la communauté.  Et lorsqu’un consortium promet la prospérité au village en échange du rachat de ses terres, Johnsey refuse. Il devient dès lors un ennemi aux yeux des villageois, qui lui déclarent la guerre…
Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe raconte, au jour le jour, le combat d’un homme seul qui tente par tous les moyens de trouver un sens à sa vie dans un monde qui en est dénué. Donal Ryan livre au passage une formidable critique de la société moderne et du matérialisme qui vient à bout de toutes les valeurs et de tous les idéaux. 

Né en Irlande en 1976, Donal Ryan, dipômé en droit, a publié quatre ouvrages dont seuls Le coeur qui tourne et Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe ont été traduits en France.


Ce que j'en ai pensé :

Johnsey n'est certainement pas "le couteau le plus affuté du tiroir", il a tout du simplet de village, d'un Candide victime presque volontaire des autres jeunes. Il a du mal à aligner des phrases cohérentes et préfère souvent se taire parce qu'il craint de ne pas savoir mettre ses mots dans l'ordre. Heureusement que Jackie et Sally, ses parents, protègent ce grand et gros couillon mal dégrossi.

Sauf que..les parents meurent tour à tour et leurs terres valent un paquet de fric et qu'elles intéressent des promoteurs, "le consortium". 
Sauf qu'un tabassage en règle par les crapules du coin l'envoie à l’hôpital où il rencontre Dave Charabia, blessé lui-aussi, et surtout Siobhan la jolie infirmière. 
Sauf que Johnsey le benêt, supposément devenu riche par la possession des terres héritées) devient l'ennemi du village.

Le roman commence en janvier pour finir en décembre, une année en portraits et péripéties dans la vie de ce drôle de gars, un chapitre par mois qui débute par des considérations sur les saisons et le travail à la ferme, rappelle des souvenirs d'enfance du temps où les parents de Johnsey étaient vivants. Une année bien courte finalement tant elle bouleverse radicalement la vie de cet anti-héros pas si nunuche qu'il en a l'air. 

 « Voilà à quoi on reconnaît le mois de décembre : il file en un éclair. Vous fermez les yeux et déjà il est passé. Comme si vous n’aviez jamais été là. »
  
Qu'est-ce que je l'ai aimé ce ravi de la crèche et son embarras, son asocialité involontaire, son regard sur l'amour et l'amitié et surtout sa loyauté ! Une bonne pâte bien tendre mais qui nous ouvre les yeux sur le manque d'humanité de nos congénères ! Il est tour à tour  émouvant ou agaçant, se dépréciant sans cesse ; on le plaint pour ses maladresses et sa solitude mais son bon sens et son humanité font un sacré pied de nez à la  méchanceté et à la cupidité ambiantes !

Le style de l'auteur est toujours aussi fluide et ose les traits d'humour (quand un cathéter devient un "chat-têteur" dans la bouche de Johnsey) mêlés à un brin de poésie nostalgique à l'irlandaise, faisant ainsi de ce roman une comédie flirtant avec le roman noir.
 

Le coeur qui tourne - Donal RYAN

 éd Albin Michel
Parution : 2 mars 2015
Titre original : The spinning heart
traducteur : Marina Boraso
224 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Bobby Mahon était une figure respectée du village. L’ancien contremaître de l’entreprise locale est désormais, comme la majorité des habitants, au chômage. Sans indemnités ni espoir de retrouver du travail. La crise qui frappe de plein fouet l’Irlande comme toute l’Europe déchire les liens de sa communauté autrefois soudée. Les langues se délient, les rumeurs circulent, les tensions et les rivalités émergent. Et, faute de pouvoir s’en prendre au patron qui a mis la clé sous la porte, Bobby devient la cible d’hommes et de femmes démunis et amers. Jusqu’à l’irréparable…
Donal Ryan tisse dans ce premier roman qui allie noirceur et humour ravageur une fresque humaine et sociale saisissante. À la manière d’un roman choral, dont la construction ambitieuse n’est pas sans rappeler le  Faulkner de Tandis que j’agonise, vingt-et-un narrateurs se succèdent pour raconter l’histoire d’un naufrage. Mais aussi d’un espoir. À l’image de ce cœur rouillé, planté sur la porte de la maison où Bobby a grandi, qui persiste à tourner au gré du vent.


Ce que j'en ai pensé :

Ce roman a été refusé 47 fois par les maisons d'édition auxquelles le présentait son auteur, et pourtant il a été en lice pour le Booker Prize en 2013 ! 

Le procédé narratif n'est pas sans rappeler celui utilisé par Olivier ADAM dans "Peine perdue" : tour à tour, les habitants d'un village irlandais prennent la parole pour parler d'eux, de leurs voisins, de la crise, de la décrépitude de leurs vies...et certains, en plus d'être dans la misère, ont carrément une case en moins ! 
 
Une Irlande désespérée sert de décor à l'intrigue sur fond de cruauté, de rancœurs et de crimes...

Pas un roman très réjouissant, certes mais captivant, il faut le reconnaître ! En tout cas, j'ai passé un bon moment avec ces êtres cabossés qui unissent leurs voix dans ce roman choral pour raconter leur vie qui s'écroule.