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Regardez-nous danser (Le pays des autres - tome 2) - Leïla SLIMANI

 

Editions GALLIMARD - Collection La Blanche

Parution : 3 février 2022

355 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

« Année après année, Mathilde revint à la charge. Chaque été, quand soufflait le chergui et que la chaleur, écrasante, lui portait sur les nerfs, elle lançait cette idée de piscine qui révulsait son époux. Ils ne faisaient aucun mal, ils avaient bien le droit de profiter de la vie, eux qui avaient sacrifié leurs plus belles années à la guerre puis à l’exploitation de cette ferme. Elle voulait cette piscine, elle la voulait en compensation de ses sacrifices, de sa solitude, de sa jeunesse perdue. »


1968 : à force de ténacité, Amine a fait de son domaine aride une entreprise florissante. Il appartient désormais à une nouvelle bourgeoisie qui prospère, fait la fête et croit en des lendemains heureux. Mais le Maroc indépendant peine à fonder son identité nouvelle, déchiré entre les archaïsmes et les tentations illusoires de la modernité occidentale, entre l’obsession de l’image et les plaies de la honte. C’est dans cette période trouble, entre hédonisme et répression, qu’une nouvelle génération va devoir faire des choix. "Regardez-nous danser" poursuit et enrichit une fresque familiale vibrante d’émotions, incarnée dans des figures inoubliables. 

 

Ce que j'en ai pensé :

Il est loin le temps où Mathilde, jeune alsacienne et fraîche épousée d'Amine, tirait à la carabine sur les rats depuis sa misérable bicoque marocaine. Le domaine a prospéré et c'est maintenant contre les crapauds attirés par sa toute nouvelle piscine qu'elle s'énerve.

L'ambiance est à la suspicion dans ce Maroc tout juste libéré de la colonisation, le règne d'Hassan II est violence et tensions politiques. Il ne fait pas bon étaler trop sa richesse ni affirmer d'idées libertaires.

Autour de la famille Belhadj, le monde change. Les femmes rêvent de liberté, de libre choix pour leurs vies et restent pourtant prisonnières des traditions, du qu'en-dira-t-on et des milices secrètes.

C'est un monde en révolution qu'aborde la romancière dans ce second opus de la saga familiale, un monde en équilibre, au bord du gouffre, coincé entre Maghreb traditionnel et Europe des Trente Glorieuses. Un monde où l'émancipation (tant féminine par la voix d'Aïcha que masculine par celle de Selim qui rêve d'Amérique) tarde, s'oppose au conservatisme et à la répression du régime en place, et où l'accomplissement d'une réussite sociale ne garantit pas le bonheur.

Un très bon roman, vivant, mêlant vies minuscules et Histoire malgré une narration un peu "classique". Des personnages plus prégnants, plus empathiques.

A espérer que l'on n'attende pas encore 2 ans avant le prochain opus !

Le pays des autres - Leïla SLIMANI

Editions Gallimard - Collection La blanche
Parution : 5 mars 2020
368 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, s’éprend d’Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l’armée française. Après la Libération, le couple s’installe au Maroc à Meknès, ville de garnison et de colons. Tandis qu’Amine tente de mettre en valeur un domaine constitué de terres rocailleuses et ingrates, Mathilde se sent vite étouffée par le climat rigoriste du Maroc. Seule et isolée à la ferme avec ses deux enfants, elle souffre de la méfiance qu’elle inspire en tant qu’étrangère et du manque d’argent. Le travail acharné du couple portera-t-il ses fruits? Les dix années que couvre le roman sont aussi celles d’une montée inéluctable des tensions et des violences qui aboutiront en 1956 à l’indépendance de l’ancien protectorat. 
 
Tous les personnages de ce roman vivent dans «le pays des autres» : les colons comme les indigènes, les soldats comme les paysans ou les exilés. Les femmes, surtout, vivent dans le pays des hommes et doivent sans cesse lutter pour leur émancipation. Après deux romans au style clinique et acéré, Leïla Slimani, dans cette grande fresque, fait revivre une époque et ses acteurs avec humanité, justesse, et un sens très subtil de la narration. 

Ce que j'en ai pensé :

Changement de style pour Leïla Slimani, pour mon plus grand plaisir !

Voila une trilogie qui débute aux abords de Meknès, au Maroc, une grande fresque familiale aux personnages multiples qui accroche le lecteur dès les premières pages.

Les personnages justement ! 
J'ai aimé qu'ils soient si finement campés, chacun fait face à ses propres démons, à ses contradictions, aucun n'est noir ni blanc. Tous sont dessinés en finesse, révèlent des caractères intéressants, donnent la mesure de l'intrigue et sont les témoins des grands bouleversements qui vont secouer le pays à la veille de son indépendance.

C'est un roman qui parle de la place des femmes dans la société marocaine, leur volonté d'émancipation et leur soumission entremêlées, qui explore le thème de "l'autre" comme étranger, y compris dans son propre pays, et qui restitue un instantané saisissant du Maroc dans les années 1950 entre tradition et modernité.

Vivement la suite !

Chanson douce - Leïla SLIMANI

Editions Gallimard - Collection La blanche
Parution : 18 août 2016
240 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant. 

 Leïla Slimani, née en 1981 au Maroc, est une journaliste et écrivain franco-marocaine. En 2014, elle publie son premier roman chez Gallimard, Dans le jardin de l'ogre. Le sujet (l'addiction sexuelle féminine) et l'écriture sont remarqués par la critique et l'ouvrage est proposé pour le Prix de Flore 2014.

Ce que j'en ai pensé :

Le drame est posé dès les premiers mots : "Le bébé est mort."...On en frissonne d'avance ! 

Pourtant, au-delà du fait divers, de la pulsion mortifère d'une nounou, c'est une étude sociétale et psychologique que déroule l'auteur dans ce roman qui prend parfois des allures de polar.

Dans une narration impeccable, on assiste impuissant à ce qui se trame dans cet appartement bobo, on relie les points entre eux, les indices qui prévenaient de la catastrophe, la main-mise de Louise sur cette famille où le couple s'étiole doucement...

Et pourtant...Je serai moins dithyrambe que d'autres lecteurs, je me suis un peu ennuyée, j'ai trouvé quelques longueurs à ce roman, comme si la (trop) fine analyse des personnages enroulait l'intrigue dans des circonvolutions inutiles.
Je n'ai ressenti aucune compassion pour Myriam ou Paul, ni même pour leurs malheureux enfants, pas plus que je n'ai apprécié la lente dérive et la souffrance de Louise qui la conduisent au geste fatal.
Dommage !  

C'est Plume de Cajou  qui était la marraine des #MRL 2016 pour ce roman ! Merci à Prime Minister pour cette lecture !