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Un jardin au désert - Carine FERNANDEZ

Editions Les escales
Parution : 11 avril 2019
336 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Carine Fernandez nous offre une fresque familiale sur quatre générations, gravitant autour de Talal, le patriarche. 
Pour échapper à sa famille parfois trop envahissante, Talal aime à se réfugier dans sa palmeraie du désert.
Jusqu'au jour où il apprend à connaître Rezak, son jardinier venu d'Égypte... 


Ce que j'en ai pensé :

Départ pour l'Arabie Saoudite, pays de tous les extrêmes ! Pétrodollars et islamisme radical au programme !

Dans cette histoire où la romancière nous immerge au cœur d'une famille flotte un parfum de liberté : celle de ce magnat de l'immobilier tenté par l'érémitisme, celle qui a manqué -ou non- à ses épouses successives (il n'en tient plus le compte), celle de Rezak le jardinier d'abord fasciné par les révolutions arabes et l'espoir d'une vraie démocratie en Egypte, et enfin, celle de Dahlia, sa petite-fille anglo-saoudienne qui du haut de son adolescence aspire à une autre vie.


Le désert, la chaleur suffocante, les vents de sable. Le poids des traditions, la stricte non-mixité, les secrets et les petits arrangements avec la charia, la corruption, le fric pour seul but.
Et l'espoir, les petites rebellions, l'amour.


Il y a tout ça dans ce roman et une narration fluide, parfois teintée d'humour, souvent poétique. Une apparente légèreté qui n'empêche pas d'évoquer les sujets graves : place des femmes dans une société régie par un patriarcat autocrate et ultra-religieux, ambiguïté entre traditions et modernité..


Une réussite !

Et soudain la liberté - Caroline LAURENT

Editions Les Escales
Parution : 31 août 2017
448 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Mona Desforêt a pour elle la grâce et la jeunesse des fées. En Indochine, elle attire tous les regards. Mais entre les camps japonais, les infamies, la montée du Viet Minh, le pays brûle. Avec sa fille Lucie et son haut-fonctionnaire de mari, un maurrassien marqué par son engagement pétainiste, elle fuit en Nouvelle-Calédonie.
À Nouméa, les journées sont rythmées par la monotonie, le racisme ordinaire et les baignades dans le lagon. Lucie grandit ; Mona bovaryse. Jusqu'au jour où elle lit
Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. C'est la naissance d'une conscience, le début de la liberté.
De retour en France, divorcée et indépendante, Mona entraîne sa fille dans ses combats féministes : droit à l'avortement et à la libération sexuelle, égalité entre les hommes et les femmes. À cela s'ajoute la lutte pour la libération nationale des peuples. Dès lors, Lucie n'a qu'un rêve : partir à Cuba. Elle ne sait pas encore qu'elle y fera la rencontre d'un certain Fidel Castro...

Et soudain, la liberté, c'est aussi l'histoire d'un roman qui s'écrit dans le silence, tâtonne parfois, affronte le vide. Le portrait d'une rencontre entre Evelyne Pisier et son éditrice, Caroline Laurent – un coup de foudre amical, plus fou que la fiction. Tout aurait pu s'arrêter en février 2017, au décès d'Evelyne. Rien ne s'arrêtera : par-delà la mort, une promesse les unit.

Evelyne Pisier et Fidel Castro


Ce que j'en ai pensé :

Déçue. J'ai lu des dizaines de commentaires enthousiastes sur cet ouvrage et pourtant, avec moi, ça n'a pas fonctionné tout à fait.

Comment le qualifier d'ailleurs ?
Il ne s'agit pas d'un roman, ni tout à fait d'une autofiction, ni complètement d'une autobiographie, mais d'un mélange de tout cela, et c'est un peu déstabilisant. Ecrit à quatre mains, puisque Caroline Laurent, éditrice, a "corrigé" le roman écrit par Evelyne Pisier qui ne le trouvait pas assez romancé, pas assez romanesque. Elle intervient d'ailleurs entre deux chapitres pour donner des explications, raconter son lien privilégié avec Evelyne Pisier lors de ce travail puis sa tristesse à l'annonce de son décès. Elle explique avoir inventé le personnage de Marthe, la bibliothécaire féministe et lesbienne de Nouméa, et indique que Marie-France Pisier, la soeur d'Evelyne, a été volontairement éludée.  Les prénoms sont changés, mais on nous les "traduit" pour resituer le contexte...
Etrange !

D'autant que sans ces défauts, sans ces interventions de Caroline Laurent (qui auraient pu faire l'objet d'un épais prologue ou d'une postface), le récit est passionnant ! 

En effet, il déroule le cheminement vers la liberté des femmes, leur long combat contre le patriarcat et leur féodalité conjugale, il retrace tant les luttes féministes pour le droit à la contraception et à l'avortement que les révolutions politiques qui agitent l'après-guerre (Indochine, Algérie, Cuba) et dessine un beau portrait de femme, Mona, qui rejette peu à peu tous les conformismes de l'époque.

Dommage que la forme perturbe un peu le fond.

La porte du ciel - Dominique FORTIER

Editions Les Escales
Parution : 5 janvier 2017
256 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Au cœur de la Louisiane et de ses plantations de coton, deux fillettes grandissent ensemble. Tout les oppose. Eleanor est blanche, fille de médecin ; Eve est mulâtre, fille d'esclave. Elles sont l'ombre l'une de l'autre, soumises à un destin qu'aucune des deux n'a choisi. Dans leur vie, il y aura des murmures, des désirs interdits, des chemins de traverse. Tout près, surtout, il y aura la clameur d'une guerre où des hommes affrontent leurs frères sous deux bannières étoilées.
Plus loin, dans l'Alabama, des femmes passent leur vie à coudre. Elles assemblent des bouts de tissu, Pénélopes modernes qui attendent le retour des maris, des pères, des fils partis combattre. Leurs courtepointes sont à l'image des Etats-Unis : un ensemble de morceaux tenus par un fil – celui de la couture, celui de l'écriture.
Entre rêve et histoire, Dominique Fortier dépeint une Amérique de légende qui se déchire pour mieux s'inventer et pose avec force la question de la liberté. 



Dominique Fortier est née à Québec et vit aujourd'hui à Outremont (Montréal). Après un doctorat en littérature française à l'Université McGill, elle exerce notamment le métier de traductrice. Son premier roman, Du bon usage des étoiles (2008), a remporté le prix Gens de mer du festival Étonnants voyageurs de Saint-Malo. Elle a depuis publié Les Larmes de saint Laurent et, en compagnie de Nicolas Dickner, Révolutions. La Porte du ciel est son troisième roman.


Ce que j'en ai pensé :

Un roman comme un conte avec un narrateur original : le Roi Coton.
Un pays divisé au bord de la Guerre de Sécession.
Des esclaves noirs, des grands propriétaires (blancs évidemment) et Eve, au milieu de tous, ni comme les uns ni comme les seconds : une mulâtre "adoptée" par une famille bourgeoise.

L'auteur, dans une belle narration imagée et pleine de métaphores (les poules noires peuvent pondre des œufs blancs, le jeu d'échecs dont les rois, noir ou blanc, n'ont pas le même poids..), prend ses distances avec les faits historiques et ça ne m'a pas gênée. J'ai au contraire aimé cette histoire dont les fils relient les morceaux à la manière d'un patchwork. 

Entre certains chapitres justement, les descriptions de courtepointe telles qu'elles ont été cousues par les femmes du Gee's Bend, un groupe de femmes noires de l'Alabama (je ne parviens plus à retrouver le lien sur le site des Escales...).

Un roman agréable et poétique. Une jolie surprise.

Avant que naisse la forêt - Jérome CHANTREAU

Editions Les Escales
Parution ; 25 août 2016
224 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Marié à une jolie rousse, père d'une petite fille, Albert vit paisiblement au bout du RER parisien. Un jour qu'il traîne au lit avec sa femme, il laisse le téléphone sonner. Le répondeur se déclenche : sa mère est morte.
Albert décide de faire le point et s'enferme seul avec l'urne maternelle dans la propriété familiale de Mayenne, une grande maison cerclée de plusieurs hectares de bois. Une idée l'obsède : trouver une chanson pour la cérémonie funèbre – une chanson qui dira à tous, et mieux que n'importe quel discours, qui était cette femme sensible et indépendante.
Mais une nuit, il est réveillé par des bruits étranges. Dans l'aile ancienne du bâtiment, les murs chantent... Les échos font revenir le passé. Et puis, il y a cette légende familiale qui dit qu'un ermite erre dans la forêt. Commence alors la lente remontée des souvenirs, et avec elle, celle des secrets d'une mère que seul un fils pouvait entendre.

Après une enfance parisienne et des études littéraires, Jérôme Chantreau a créé un centre équestre. Il s’est formé parallèlement à la sylviculture pour exploiter la forêt attenante à la maison familiale. Aujourd’hui professeur de lettres, il vit dans le Pays Basque.

Ce que j'en ai pensé :

Voila un premier roman qui charme et déroute tout à la fois, un travail de deuil qui devient au fil des pages un hymne à la nature, à la sauvagerie de l'homme, à la solitude tour à tour rédemptrice ou aliénante.

Dans une prose riche et sensuelle, l'auteur nous entraîne dans le sillage d'Albert, narrateur unique, qui retrouve ses racines, renoue avec l'enfance et les souvenirs, ressuscite sa mère (l'urne mortuaire, d'abord sur la cheminée, finit dans un sac à dos qui l'accompagne dans ses pérégrinations sylvestres !). 

Les paraboles sont nombreuses, les divagations et les rêveries aussi, elles confèrent une aura mystérieuse, parfois angoissante, à ce singulier roman où on croise des villageois vindicatifs, un tableau inquiétant au fond d'un couloir dans cette maison de famille où des voix semblent cachées derrière les papiers peints, et enfin, un drôle d'ermite dont l'image se superpose à celle du narrateur.

C'est un roman malin qui brouille les pistes, joue de nos peurs mais émerveille par sa poésie, son rythme : une jolie réussite !

Extrait :

Cette histoire, je l'ai racontée depuis à ma fille. Elle a la même façon d'y croire. Sans preuve et sans raison.Une sorte de foi païenne qui m'effraie. Nous héritons des contes comme des maisons. Nous héritons des peurs et de la foi que nos ancêtres se sont bâties à travers les siècles. Il est possible de refuser cet héritage. Et il n'existe pas de notaire capable de vous dire :
"Voila, votre mère vous lègue une forêt hantée par un ermite, une maison qui semble vivre d'une vie propre, et, surtout, vous bénéficiez, mais cela depuis votre naissance, de la capacité à croire que tout ce qui est mentionné plus haut est vrai."

Etta et Otto (et Russell et James) - Emma HOOPER

éd Les Escales - 21 octobre 2015 - 432 pages
titre original : Etta and Otto and Russell and James
Traduction : Carole Hanna


Ce qu'en dit l'éditeur :
Dans sa ferme du fin fond du Saskatchewan, Etta, quatre-vingt-trois ans, n'a jamais vu l'océan. Un matin, elle enfile ses bottes, emporte un fusil et du chocolat, et entame les trois mille deux cent trente-deux kilomètres qui la séparent de la mer.
« J'essaierai de ne pas oublier de renter. » C'est le mot qu'elle laisse à Otto, son mari. Lui a déjà vu l'océan, il l'a même traversé des années plus tôt, pour prendre part à une guerre lointaine. Il comprend la décision de sa femme mais, maintenant qu'elle n'est plus là, il ne sait plus comment vivre.
Russell, l'ami d'enfance d'Otto, a passé sa vie à aimer Etta de loin. Il ne peut se résoudre à la laisser seule et part à sa suite. Et qui sait, peut-être pourra-t-il chasser le caribou en chemin.

Bercé par le rythme des vagues, Etta et Otto (et Russell et James) vogue du souvenir à l'oubli. Un roman lumineux sur la mémoire, l'amour et la poésie des mots. 

Élevée au Canada, Emma Hooper étudie la littérature et la musique 
en Angleterre où elle vit actuellement. Devenue musicienne, elle joue dans 
différents groupes tout en enseignant à l'université de Bath.


Ce que j'en ai pensé :
A la manière d'un road-trip, ce roman accompagne la fuite d'Etta vers l'Est, vers la mer, en alternant les flash-back et les retours au présent, superposant les personnages (c'est parfois très confus à la lecture : Etta devient Otto), accueillant un coyote qui parle.
C'est un roman qui parle de la vieillesse et de la mémoire, de l'amitié et de l'amour, de la difficulté de réaliser ses rêves, de l'attente. 
Il y a parfois beaucoup de poésie (certains passages témoignant des grands espaces traversés sont agréables à lire), une part de cocasserie, des personnages empathiques mais je suis restée un peu en retrait pour plusieurs raisons : je n'ai pas réussi à m'attacher à Etta (qui perd un peu la boule), ni à Otto (qui m'a paru bien falot) et surtout, j'ai été gênée par la mise en page de ce livre où, pour montrer les sauts dans le temps ou indiquer un changement de point de vue, des paragraphes de quelques lignes se retrouvent tous seuls sur une page à l'intérieur d'un chapitre qui se poursuit sur la page suivante...
Même si l'histoire est plaisante, je n'ai pas accroché véritablement (sur le même thème, j'ai préféré La lettre qui allait changer le destin d'Harold Fry arriva le mardi de Rachel Joyce) et je n'ai pas saisi la fin du roman (Etta est-elle morte ?)...

Le chat andalou - Eugen RUGE

éd Les Escales - 4 novembre 2015 - 224 pages
Titre original : Cabo de gata
Traduction : Pierre Deshusses


Ce qu'en dit l'éditeur :
Un homme décide de tout quitter : sa ville, son pays, son ex-femme et leur fille. Sans beaucoup plus qu'un hamac et quelques carnets dans ses valises, il part vers le Sud.
Le hasard le conduit à Cabo de Gata, un village de pêcheurs perdu sur la côté méditerranéenne de l'Espagne. Un paysage hostile balayé par les vents où il ne fait pas bon de vivre. Seul hôte de la pension locale tenue par une vieille veuve, l'homme décide pourtant de rester et d'écrire un livre. La routine du quotidien rythme ses journées qu'il passe à ramasser des coquillages et à observer la vie alentour, les allées et venues des chiens, des hommes, des mouettes et des bateaux. De temps à autre, la rencontre d'un touriste de passage vient égayer cette existence à laquelle l'étranger commence à prendre goût. Ils discutent littérature et écriture.
Mais, au village, personne ne semble comprendre le nouveau venu. Personne, à part un chat. 

 Né dans l'Oural en 1954, Eugen Ruge est mathématicien de formation. 
En 1988, il décide de passer à l'Ouest. Depuis la chute du Mur, il travaille 
pour le théâtre et la radio comme auteur et traducteur officiel de Tchekhov. 

Ce que j'en ai pensé :
Tout plaquer et aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte, chercher le soleil et la solitude. Voila ce qui motive ce drôle de narrateur qui s'embarque en train pour l'Espagne, erre dans Barcelone pour finalement rejoindre un bout du monde andalou où il cherche un autre sens à sa vie. 
Comme le roman d'un échec (amoureux, humain, littéraire), ce livre a la douce qualité de ne s'enfoncer ni dans la mélancolie ni dans l'introspection nombriliste. Il évoque des rencontres, parfois muettes, souvent cocasses, avec les autochtones  et les limites de ces relations qu'on essaie d'entretenir ou qu'on peut trouver envahissantes.
C'est une lecture délicieuse, légère et profonde à la fois, où l'absurde perturbe la routine, où le narrateur parle d'écriture, d'un chat étrange, d'un cercueil échoué, et de soupe aux pois chiches.