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La porte du voyage sans retour - David DIOP

 

Editions du Seuil - Collection Cadre rouge

Parution : 19 août 2021

256 pages

 

Ce qu'en dit l'éditeur :

 « La porte du voyage sans retour » est le surnom donné à l’île de Gorée, d’où sont partis des millions d’Africains au temps de la traite des Noirs. C’est dans ce qui est en 1750 une concession française qu’un jeune homme débarque, venu au Sénégal pour étudier la flore locale. Botaniste, il caresse le rêve d’établir une encyclopédie universelle du vivant, en un siècle où l’heure est aux Lumières. Lorsqu’il a vent de l’histoire d’une jeune Africaine promise à l’esclavage et qui serait parvenue à s’évader, trouvant refuge quelque part aux confins de la terre sénégalaise, son voyage et son destin basculent dans la quête obstinée de cette femme perdue qui a laissé derrière elle mille pistes et autant de légendes.

S’inspirant de la figure de Michel Adanson, naturaliste français (1727-1806), David Diop signe un roman éblouissant, évocation puissante d’un royaume où la parole est reine, odyssée bouleversante de deux êtres qui ne cessent de se rejoindre, de s’aimer et de se perdre, transmission d’un héritage d’un père à sa fille, destinataire ultime des carnets qui relatent ce voyage caché.

 

Ce que j'en ai pensé :

Sénégal, XVIIIème siècle, Michel ADANSON alors jeune naturaliste, explore l'Afrique à la recherche de plantes ou d'animaux alors inconnus en Europe.

Paris, début du XIXème siècle, ledit ADANSON se meurt. 

A près de 60 ans au service de la botanique, il lègue à sa fille ses mémoires et son extraordinaire rencontre avec le Sénégal; ses coutumes, ses terres tour à tour riches ou désolées,  les hommes qui peuplent ce pays, et surtout LA femme pour laquelle il est prêt à tout.

Au-delà d'un roman qui pourrit donner l'illusion d'un dithyrambe contre la colonisation et l'esclavage, David DIOP, dans les pas de Michel ADANSON, restitue une époque (où le terme de "nègre" est usuel, quoi qu'on en pense aujourd'hui..) et prend la mesure d'une passion pour un pays, sans jugement de valeurs (les comparaisons de "civilisation" sont parfois cocasses), en la portant à l'aune d'une histoire d'amour et d'aventure.

A cette lecture, les sentiments et les émotions s'opposent. Il en ressort la sensation que le lecteur ne devra pas choisir un parti, mais se laisser porter par un conte dans lequel personne ne sort vainqueur, dans lequel il n'est pas besoin de juger...ou de réécrire l'histoire !!

C'est un instantané du Siècle des Lumières, un moment M où se confrontent en Europe "droits de l'homme" et exploitation presque capitaliste de la "chair humaine" (la toute-puissance de l'exploitation sucrière) et où en Afrique, on hésite entre animisme et islam, entre colons français et anglais, entre traditions et modernité.

S'oblitérant du style (et des allitérations) de son premier roman, David DIOP livre ici un roman sensible, teinté de nostalgie, le récit initiatique d'un authentique amoureux de l'Afrique, le récit d'un voyage au-delà du temps qui alterne Histoire et histoires.

Une excellente lecture !

Frère d'âme - David DIOP

Editions du Seuil - collection Cadre rouge
Parution : 16 août 2018
176 pages
Goncourt des Lycéens 2018


Ce qu'en dit l'éditeur :

Un matin de la Grande Guerre, le capitaine Armand siffle l’attaque contre l’ennemi allemand. Les soldats s’élancent. Dans leurs rangs, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, deux tirailleurs sénégalais parmi tous ceux qui se battent alors sous le drapeau français. Quelques mètres après avoir jailli de la tranchée, Mademba tombe, blessé à mort, sous les yeux d’Alfa, son ami d’enfance, son plus que frère. Alfa se retrouve seul dans la folie du grand massacre, sa raison s’enfuit. Lui, le paysan d’Afrique, va distribuer la mort sur cette terre sans nom. Détaché de tout, y compris de lui-même, il répand sa propre violence, sème l’effroi. Au point d’effrayer ses camarades. Son évacuation à l’Arrière est le prélude à une remémoration de son passé en Afrique, tout un monde à la fois perdu et ressuscité dont la convocation fait figure d’ultime et splendide résistance à la première boucherie de l’ère moderne.


Ce que j'en ai pensé :

Asseyez-vous à l'ombre de l'arbre à palabres et écoutez la drôle d'histoire que conte David Diop.

L'histoire d'un tirailleur sénégalais enrôlé pour combattre dans les tranchées contre "l'ennemi aux yeux bleus" qui a ôté la vie à son meilleur ami et qui tout à coup se met à dérailler, à couper des mains et à les conserver comme des trophées.

L'histoire d'un gamin africain, grandi au milieu des manguiers, d'un père qui vieillit d'un coup quand la mère disparait, et qui commence à entendre des voix quand son ami meurt sous ses yeux, toutes entrailles dehors.

A la manière d'un griot, Alfa raconte son enfance sénégalaise, confie le traumatisme de la guerre, l'horreur de la mitraille et des obus qui tombent, parle d'amour aussi alors que lui, le "sorcier-soldat" ne respire plus que l'odeur de la mort.

A la manière d'un griot, l'auteur donne du rythme à son roman, en psalmodies, en phrases répétées presque comme des mantras, entraînant la lecture page après page dans une histoire touchante et douloureuse.

J'ai beaucoup aimé !!