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Succion - Yrsa SIGURDARDOTTIR

 

Editions ACTES SUD - Collection Actes Noir

Parution : Mai 2019

416 pages

Traduction : Catherine et Véronique MERCY


Ce qu'en dit l'éditeur :

Assise sur les marches glaciales devant l’entrée de sa nouvelle école, Vaka regrette de n’avoir pas mis un manteau plus chaud. Apparemment, son père a oublié de venir la chercher, sa mère a oublié de lui donner de l’argent de poche cette semaine et l’école est déjà fermée. On ne peut décidément pas se fier aux adultes. Résignée à attendre, elle voit bientôt une petite fille approcher. Vaka la reconnaît tout de suite : elle est dans sa classe, c’est celle à qui il manque deux doigts. La petite fille habite juste derrière l’école, alors Vaka lui demande si elle peut venir chez elle passer un coup de téléphone pour appeler son père. Plus personne ne reverra jamais Vaka.

Dégradé et relégué au plus bas de l’échelle après les polémiques qui ont entouré sa dernière enquête, l’inspecteur Huldar doit se contenter des chiens écrasés. Jusqu’au jour où on le charge d’une vérification de routine qui bascule dans l’horreur lorsque, après un signalement anonyme, il trouve deux mains coupées dans le jacuzzi d’une maison du centre-ville. Huldar ignore encore que cette mutilation n’est que la première d’une longue série.

 

Ce que j'en ai pensé :

Quel message laisseriez-vous dans une capsule temporelle ? Sans doute pas cette liste énigmatiques de victimes de meurtres, seulement désignées par des initiales, comme l'a fait cet écolier dont le père, arrêté pour pédophilie, croupit en prison !

Dix ans plus tard, l'inspecteur Huldar est écarté d'une enquête sur un meurtre sordide, le premier d'une série. Coïncidence ?

Mais ce qui fait l'intérêt de ce polar bien macabre, c'est la plongée saisissante dans les remugles de la société islandaise : celle des laissés-pour-compte et celle des élites qui usent de leur influence. 

Pédophilie, corruption, vengeance, jeux de pouvoir, folie, carences des institutions (déjà évoquées dans  "ADN" et dans "Indésirable" ) : les thèmes abordés sont nombreux. Ils mettent en relief des personnages singuliers, souvent "borderline", sans scrupules.

Les personnages récurrents de cette série, l'inspecteur Huldar et Freyja, la psy, livrent leurs failles et leurs doutes, leurs portraits gagnent en épaisseur et le duo fonctionne parfaitement, jouant sur la dualité attraction/répulsion.

Un très bon polar, bien ficelé !

Sans passer par la case départ - Camilla LACKBERG

 

Editions Actes Sud - Collection Actes noirs

Parution : 6 octobre 2021

112 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Skurusundet, détroit huppé dans l’archipel de Stockholm, réveillon de la Saint-Sylvestre. 

Quatre jeunes sont réunis pour fêter la nouvelle année. 

Pour braver l’ennui, ils décident de jouer au Monopoly. 

Mais ils ne sont plus des enfants : il faut pimenter les règles et les enjeux.

 La partie d’action ou vérité dans laquelle ils se lancent les entraîne vers des révélations de plus en plus fracassantes et des mises en situation de plus en plus dangereuses, jusqu’au point de non-retour…

 

Ce que j'en ai pensé :

Format court pour cet opus et histoire un peu convenue..

Quatre grands ados dans une belle maison, de l'alcool à volonté, quelques substances illicites et un "action ou vérité" qui laisse apparaître les failles et les sales secrets de chacun.

Quatre ados assez "stéréotypés" : une jeune fille très en vue, sa meilleure amie qu'on devine fragile, le copain beau-gosse et l'autre un peu "spécial". Des jeux de séduction, une pointe de jalousie, et le miroir se fendille sur ces modèles de la bonne société suédoise.

Si on devine assez vite que la soirée du 31 décembre va tourner au drame, cette novela offre assez de tension narrative pour ne pas ennuyer. Violences familiales, alcoolisme, inceste, anorexie, drogues, racisme..Un condensé du pire de la société derrière les façades proprettes de la respectabilité.

Intéressant, mais finalement pas très original, un dénouement plutôt attendu et facile, un peu trop de thèmes abordés sur un format aussi court mais, bien que l'auteur exploite des thèmes "à la mode", ça reste plaisant.

Aux animaux la guerre - Nicolas MATHIEU

 

Editions Actes Sud - collection Acets noirs

Parution : Mars 2014

368 pages

Prix Transfuge du meilleur espoir Polar   

Prix Erckmann-Chatrian -

Prix Mystère de la critique -


Ce qu'en dit l'éditeur :

Une usine qui ferme dans les Vosges, tout le monde s’en fout. Une centaine de types qui se retrouvent sur le carreau, chômage, RSA, le petit dernier qui n’ira pas en colo cet été, un ou deux reportages au 19/20 régional et puis basta.

Sauf que les usines sont pleines de types dangereux qui n’ont plus rien à perdre. Comme Martel, le syndicaliste qui planque ses tatouages, ou Bruce, le bodybuilder sous stéroïdes. Des types qui ont du temps et la mauvaise idée de kidnapper une fille sur les trottoirs de Strasbourg pour la revendre à deux caïds qui font la pluie et le beau temps entre Épinal et Nancy.

Une fille, un Colt .45, la neige, à partir de là, tout s’enchaîne.


Ce que j'en ai pensé :

Un polar qui prend son temps pour brosser le portrait d'un coin des Vosges qui se meurt, d'un bout de Lorraine où les petites frappes se prennent pour des caïds et où la plupart des gens savent depuis toujours que la fin du monde n'est pas loin.

Des déclassés, des « plus bons à rien », des mômes sans avenir qui se croisent, tissent des bouts d'amitié au gré des combines, s'inventent des rêves pour quand le printemps reviendra et qu'ils pourront se tirer loin de là.

Portrait morose d'une société qui se perd, ce polar joue sur les flash-backs et cette cassure dans le rythme de cette dégringolade sociale inéluctable est bienvenue. Il multiplie les portraits avec intelligence en humanisant la descente aux enfers de ces recalés, en instillant une sorte de tendresse bienveillante pour ces « minables » même si l'amertume se faufile entre chaque ligne…

Un bon roman noir, addictif, dans lequel on retrouve l'univers et le style de Nicolas Mathieu et qui dose avec justesse roman social et polar.

Une rose seule - Muriel BARBERY

 

Editions Actes Sud

Parution : 19 août 2020

157 pages



Ce qu'en dit l'éditeur :

Rose arrive au Japon pour la première fois. Son père, qu’elle n’a jamais connu, est mort en laissant une lettre à son intention, et l’idée lui semble assez improbable pour qu’elle entreprenne, à l’appel d’un notaire, un si lointain voyage.

Accueillie à Kyōto, elle est conduite dans la demeure de celui qui fut, lui dit-on, un marchand d’art contemporain. Et dans cette proximité soudaine avec un passé confisqué, la jeune femme ressent tout d’abord amertume et colère. Mais Kyōto l’apprivoise et, chaque jour, guidée par Paul, l’assistant de son père, elle est invitée à découvrir une étrange cartographie, un itinéraire imaginé par le défunt, semé de temples et de jardins, d’émotions et de rencontres qui vont l’amener aux confi ns d’elle-même.

Ce livre est celui de la métamorphose d’une femme placée au cœur du paysage des origines, dans un voyage qui l’emporte jusqu’à cet endroit unique où se produisent parfois les véritables histoires d’amour.

 

Ce que j'en ai pensé :

Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu Muriel Barbery…


Là, j'ai eu beaucoup de plaisir à redécouvrir sa plume et à suivre Rose, l'héroïne, dans ce voyage de deuil au Japon.

Deuil d'un père qu'elle n'a pas connu, deuil d'elle-même aussi, de son être ancien.

Renaissance d'une femme au gré des jardins et des temples dans une prose poétique où chaque chapitre est précédé du court récit d'une légende nipponne ancienne.

Bilan de Mai 2020

Bien, bien...

Je suis bien embêtée : l'envie de rédiger des billets de lecture ne revient pas. Ça se complique.

Mais, notez que je fais l'effort (sic), avec presque 10 jours de retard, de venir poser un bilan mensuel.



Douze livres, romans et essais, aucun polar ce mois-ci !

Il y a eu du très bon, du pas mal mais aussi une déception.


J'ai adoré :


* Tant qu'il y aura des cèdres, Pierre JARAWAN, Editions Héloïse d'Ormesson

Un excellent roman que je recommande (et que je relirai !).


J'ai beaucoup aimé :


* Nouvel an, Juli ZEH, Editions Actes Sud

Parce que Lanzarote et un secret de famille.


* Dehors, la tempête, Clémentine MELOIS, Grasset

Un essai sur la littérature, le langage, les mots, toujours un peu décalé !


* Loin, Alexis MICHALIK, Editions Albin Michel

Même si la première partie m'a un peu agacée !


* Giono, furioso, Emmanuelle LAMBERT, Editions Stock

Un point de vue intéressant et quelques "mythes" revus sur cet auteur...


* De la forêt, Bibhouti Bhoushan BANERJI, Editions Zulma

Une ré-édition d'un roman indien qui offre un beau regard sur l'écologie.


* Un automne de Flaubert, Alexandre POSTEL, Editions Gallimard

Savoureux, instantané instructif !


* Que sont nos amis devenus ? Antoine SENANQUE, Grasset

Lecture sympa, personnage attachant.


J'ai moins aimé :


* Hugo Pratt, trait pour trait, Thierry THOMAS, Editions Grasset

Ça manquait de peps, selon moi...


* Comme des frères, Claudine DESMARTEAU, Editions Iconoclaste

La fin m'a paru manquer de saveur !


* Petit traité de philosophie naturelle, Kathleen DEAN MOORE, Editions Gallmeister

Quelques "nouvelles" m'ont plu, mais je me suis lassée...


La déception :


* Les méduses, Frédérique CLEMENÇON, Editions Flammarion

Je suis passée à côté de ce roman, sans m'en expliquer la raison.


***

Et de votre côté, ça a donné quoi ?


Les métèques - Denis LACHAUD

Editions Actes Sud
Parution : mars 2019
224 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Par deux fois la famille Herbet est convoquée à la préfecture de Marseille. Dès le premier courrier Célestin, le fils aîné, a pressenti un danger. Mais il ignore alors que sa mère, tout comme son père, a jadis changé de patronyme. Dans une région où l’altérité est dangereuse, dans un pays où cinquante ans plus tôt on encourageait les immigrés à s’assimiler, voici qu’un fonctionnaire leur demande de reprendre leur nom d’origine. Quelques nuits plus tard la famille Herbet est cruellement assassinée à son domicile. Seul Célestin, qui entretient avec le réel une relation particulière, parvient à s’échapper par les toits.

Commence alors un long voyage, une succession de jours durant lesquels il s’agit pour le tout jeune homme de passer inaperçu, une fuite ponctuée de rencontres précieuses dans une contrée quadrillée de contrôles policiers.

Ce que j'en ai pensé :

Et si l'histoire se répétait, dans tout ce qu'elle a eu de sinistre ? S'il y avait de nouveau des chasses à l'homme, qu'on veuille séparer les "bons" de l'ivraie ?
Ça vous rappelle des années noires, honteuses ? 
De celles dont on avait dit "plus jamais ça" ?
Surtout en France, patrie des Lumières, du Liberté-Egalité-Fraternité affiché au fronton des mairies...

Et pourtant, dans ce roman percutant, c'est bien le gouvernement français qui décide d'éliminer "les métèques", ceux qui ne seraient pas nés franco-français !

Seule solution : fuir.
Devenir un migrant.
Rejoindre un pays où l'on sera en sécurité.

Diablement d'actualité, non ? 

Denis Lachaud réussit le tour de force de nous plonger dans les abimes de la fuite, en évoquant le destin tragique de ces "métèques", et amène par une narration juste, sans sensiblerie, sans propos moralisateurs, à se questionner sur la question de l'identité, de la persécution (orchestrée par le gouvernement !) et sur l'espoir de reconstruire ailleurs un lendemain meilleur.

Brillant, intelligent, indispensable à lire !

La bibliothèque enchantée - Mohammad RABIE

Editions Actes Sud - Collection Sindbad
Parution : janvier 2019
Titre original : Kawkab'Anbar
Traduction : Stéphanie Dujols
176 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Chaher, jeune fonctionnaire du ministère des “Biens de mainmorte”, se voit confier une mission inhabituelle : rédiger pour la forme un rapport sur une bibliothèque oubliée du Caire que l’État veut raser pour faire passer une nouvelle ligne de métro. Il se décide pourtant à mener sérieusement son enquête et, peu à peu, tout un monde mystérieux et labyrinthique s’ouvre à lui dans cette bâtisse délabrée et poussiéreuse où les ouvrages sont entassés sans cotation ni indexation et où l’on trouve des traductions dans toutes les langues imaginables. 

Fasciné par l’étrange bibliothèque, il ne l’est pas moins par la poignée d’originaux qui la fréquentent, comme Ali, célèbre traducteur ayant perdu toute foi en son métier, ou “Jean le copiste”, homme mutique ayant passé sa vie à photographier des livres page après page et, surtout, Sayyid, vieil intellectuel nihiliste, cynique et truculent, qui connaît la bibliothèque comme sa poche mais n’est pas prompt à divulguer ses secrets.

Dans ce roman surprenant, Mohammad Rabie tisse d’une main de maître une double trame narrative. Entre la voix de Chaher et celle de Sayyid, son récit dévoile des franges de marginalité, loin de l’étau suffocant de la bureaucratie, et des strates de rêves et de légendes sous l’épiderme racorni de la ville.


Ce que j'en ai pensé :

A-t-on déjà vu plus étrange bibliothèque que celle-ci ? Oubliée au fond d'une rue, dérobée aux regards, et dont le système de rangement dépasse l'entendement ? Des milliers de livres, dans toutes les langues que parlent les hommes, posés là suite à des dons, et sur la première page desquels ont trouve le titre du livre qui le précède sur l'étagère, et sur la dernière page, le titre du livre rangé juste après.

De quoi dérouter les esprits les plus cartésiens et intriguer Chaher qui doit, par son rapport au ministère, influer sur le devenir du lieu.

On croise un vieil érudit, un copiste frénétique et un traducteur. Chacun à sa manière partage le charme du lieu et invite le jeune Chaheb à la réflexion sur la littérature.

C'est une belle balade à laquelle nous invite Mohammad RABIE, dans une Egypte sclérosée par l'administration et avide de "progrès" où subsiste encore cette petite bulle dédiée aux livres, hors du temps et loin de toute modernité, une faille spatio-temporelle qui échappe au classement et aux index.

La narration est délicieuse, comme souvent avec les auteurs égyptiens, elle s'enrubanne de poésie sans se départir d'un certain humour, d'une critique sous-jacente de la société cairote.

Une année de romans


C'est l'heure des bilans ! 

Je n'ai pas pu résisté à reprendre le questionnaire vu chez Jérôme , chez The Autist Reading et chez Hop sous la couette pour balayer mon année en livres !

J'ai clairement moins lu qu'en 2018 (140 livres en 2018 contre 170 en 2017) et j'ai eu aussi beaucoup moins de coups de cœur (trop d'attentes déçues)..

140 livres et 346 600 pages environ !

Moitié romans (67 dont 19 premiers romans), moitié polars (65, l'ambiance n'est donc pas si noire !), et quelques récits et documents.

Seulement 47 romans écrits en langue française parmi mes lectures qui pourtant m'ont emmenée au bout du monde (26 livres se déroulent sur le continent américain, 10 en Afrique - au sens large-, 11 ailleurs en Europe et 7 dans les pays nordiques).


1) Ma 1ère lecture de l'année ?
(et une très bonne surprise !)

Community - Estelle NOLLET - Editions Albin Michel

 2) Le livre le plus bref que j'ai lu ?
(96 pages avec beaucoup d'humour) 
 
 Bambi bar - Yves RAVEY - Editions de Minuit

3) Le livre le plus dépaysant ?
(et qui aurait mérité plus de visibilité)

Un océan, deux mers, trois continents - Wilfried N'SONDÉ - Editions Actes Sud

 4) La plus belle couv' de l’année ?
(et aussi un très beau conte)

Salina, les trois exils - Laurent GAUDÉ - Editions Actes Sud

 5) Un nouvel auteur découvert cette année ?  
(et une très jolie surprise !)

La vraie vie - Adeline DIEUDONNÉ - Editions de l'iconoclaste

 6) Le livre dont l’écriture m’a éblouie ?
(étonnant !)

Frère d'âme - David DIOP - Editions du Seuil

 7) Le meilleur personnage de l’année ?
(sacrée nana !!)

Alex- Pierre LEMAITRE - Editions Le livre de poche


 8) Le livre que j’attendais le plus ?
(et qui a répondu à mes attentes !)

Juste après la vague - Sandrine COLLETTE - Editions Denoël


 9) Le livre le plus déstabilisant ?
 (pour tout un tas de raisons !)

Est-ce ainsi que les hommes jugent ? - Mathieu MÉNEGAUX - Editions Grasset

 10) Le livre le plus inattendu ?
(parce que je n'aurais pas pensé relire ce classique plein de fantaisie, et que j'en suis ravie !)

Mon chien Stupide - John FANTE - Editions 10/18

 11) Le livre que j’ai enfin lu ?
(pour lire sa suite aussitôt après !) 
 
Au revoir là-haut - Pierre LEMAITRE - Editions Albin Michel

 12) Mon plus gros pavé ?
(et ce sont deux polars !)

en poche :
Lontano - Jean-Christophe GRANGÉ - Editions du Livre de Poche (non chroniqué) - 960 pages

en broché grand format :
Signe de vie  - José RODRIGUES DOS SANTOS - Editions Harper Collins - 704 pages

 13) Le livre le plus émouvant ?
 (je n'ai pas lu grand chose qui m'ait vraiment émue cette année...)

Le paradoxe d'Anderson - Pascal MANOUKIAN - Editions du Seuil

 14) Le livre le plus drôle ? 
(et qui fait réfléchir tout de même !)

Ecoute - Boris RAZON - Editions Stock

15) Le livre qui m’a appris quelque chose que j’ignorais totalement ?
(sur l'origine de la danse de St Guy)

Entrez dans la danse - Jean TEULÉ - Editions Julliard

 16) Ma dernière lecture de l’année ?
(et un auteur que je ne pensais pas lire un jour !)

L'empire des loups - Jean-Christophe GRANGÉ - Editions Le livre de poche 
(non chroniqué) 

 17) Le plus beau titre de l’année ?
(parce que, ce poème d'Aragon, chanté par Bernard Lavilliers :
" C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien"
)

Prendre des loups pour des chiens - Hervé Le Corre - Editions Rivages


 18) Le meilleur recueil de nouvelles de l’année ?
(parce que c'est surtout le seul lu en 2018 - et qu'il est super bien !)

J'aurais voulu être égyptien - Alaa EL ASWANY - Editions Actes Sud

 19) Le livre le plus ennuyeux de l’année ?
 (aurait pu postuler dans la rubrique suivante !)

Le cœur converti - Stefan HERTMANS - Editions Gallimard

 20) Le plus gros raté de l’année ?
 (lu dans le cadre du Prix Elle, la daube ultime en matière de polar !)

Défaillances - B.-A. PARIS - Editions Hugo Thriller


 21) Le meilleur livre de l’année ?
(parce que Khadra, parce que ça dérange nos préconçus) 

Khalil - Yasmina KHADRA - Editions Julliard

-**-
Et vous ? Votre bilan ?
(clic sur les titres pour lire les chroniques)

Leurs enfants après eux - Nicolas MATHIEU


Editions Actes Sud
Parution : août 2018
432 pages
Prix Goncourt 2018


Ce qu'en dit l'éditeur :

Août 1992. Une vallée perdue quelque part dans l’Est, des hauts-fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a quatorze ans, et avec son cousin, pour tuer l’ennui, il décide de voler un canoë et d’aller voir ce qui se passe de l’autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence.

Avec ce livre, Nicolas Mathieu écrit le roman d’une vallée, d’une époque, de l’adolescence, le récit politique d’une jeunesse qui doit trouver sa voie dans un monde qui meurt. Quatre étés, quatre moments, de Smells Like Teen Spirit à la Coupe du monde 98, pour raconter des vies à toute vitesse dans cette France de l’entre-deux, des villes moyennes et des zones pavillonnaires, de la cambrousse et des ZAC bétonnées. La France du Picon et de Johnny Hallyday, des fêtes foraines et d’Intervilles, des hommes usés au travail et des amoureuses fanées à vingt ans. Un pays loin des comptoirs de la mondialisation, pris entre la nostalgie et le déclin, la décence et la rage.

Ce que j'en ai pensé :

Je me demandais, à la parution de ce roman, si j'allais ou non le lire. Ma collègue me l'a prêté et ça m'a décidée, même si j'ai encore tourné autour avant de franchir le cap (il faut dire que ma PAL déborde !).

Il avait tout pour me plaire : une histoire d'ados dans les années 1990 en Lorraine, pas bien loin de là où j'ai grandi, à la même époque...J'ai souri de retrouver des noms familiers, et un peu de l'histoire de cette vallée minière.

Je n'ai pas souri longtemps parce que ce roman a fini par m'agacer un chouïa !

Je n'ai pas trouvé une narration riche ni un style étourdissant, je ne comprends donc pas pourquoi on lui a attribué le Goncourt (ou, plutôt si, je confirme que ce prix n'induit pas l'excellence à laquelle on s'attend - et accessoirement qu'il vaut mieux obtenir le Goncourt des Lycéens, gage de qualité !).

Les dialogues sont, non seulement quasi inconsistants (même si je veux bien admettre que les ados ne s'expriment pas comme Proust), mais j'ai été interloquée de découvrir des locutions qui n'étaient pas employées à l'époque (ou en tout cas, pas en Lorraine ! en 1992, je ne me souviens pas d'avoir dit "grave" comme les ados de 2018 le font...et d'ailleurs ne le font déjà plus !..).

Je n'ai pas compris non plus la nécessité de modifier les noms de lieux ? Comme je suis lorraine, je me suis amusée à pointer sur la carte les communes "trafiquées" : quel intérêt de déformer Hayange en Heillange pour ensuite parler de Thionville et de Metz ?? Drôle de maquillage !
On aura bien vite compris que l'intrigue se déroule dans la vallée de la Fensch...

Et puis, enfin, parce que quand je commence à râler...j'ai trouvé un brin de condescendance dans ce texte, comme si l'auteur voulait s'éloigner de ces origines, de cet endroit affreux où les "sans-dents" n'ont aucun espoir...Il règne sur certaines lignes ce qui pourrait s'apparenter à du mépris de classe, et presque parfois à une leçon de morale (pour vous en sortir, faites des études, et surtout ne soyez pas comme vos abrutis de parents qui ont bossé pour payer les traites de la maison). Ça ressemble parfois à de la caricature avec des clichés faciles sur la Lorraine en pleine désindustrialisation, et qui, à mon sens, n'exploite pas assez des personnages comme Hacine...


Dommage qu'il ait manqué un peu d'humanité à ce roman..
Dommage que derrière certaines qualités, le texte soit si"faible" et que le regard de l'auteur ne nous fasse pas ressentir la moindre empathie pour ses personnages.

J'ai aimé, mais je ne suis pas convaincue (ni conquise), j'ai "détesté" aussi pour plusieurs raisons qui n'engagent que moi ! En tout cas, je remercie Valérie, ma collègue, de m'avoir permis de lire ce roman !

La fille muette - Mickael HJORTH & Hans ROSENFELDT


Editions Actes Sud - Collection Actes Noirs
Parution : 10 octobre 2018
Titre original : Den stumme flickan
Traducteur : Rémi Cassaigne
480 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Dans une petite ville au cœur des forêts du Värmland, la famille Carlsten est sauvagement assassinée dans sa propre maison. L’enquête est confiée à la Brigade Criminelle et prend une tournure inattendue lorsque le principal suspect est retrouvé mort, abattu avec le fusil de chasse qui avait servi pour exterminer les Carlsten. 
Le mystère continue de s’épaissir alors que la police découvre qu’il existe un témoin du premier assassinat : Nicole, dix ans, a disparu après avoir laissé ses empreintes de pieds dans le sang de son petit cousin. La police doit la retrouver avant que le tueur ne soit informé par les médias de son erreur.

Ce que j'en ai pensé :

Quand j'ai choisi ce polar, je ne savais pas qu'il s'agissait du 4ème tome d'une série (Dark secrets), et malgré mon ignorance de ces personnages récurrents, je n'ai pas été gênée dans ma lecture (certains faits antérieurs sont évoqués et ça m'a suffit pour appréhender l'ensemble des relations dans cette équipe de flics de la Criminelle).

J'ai eu un peu de mal à démarrer, à accrocher à l'intrigue, trouvant le rythme un rien haché et lent, et puis, tout s'est mis en place parfaitement : le timing de l'enquête, ses rebondissements, les affaires connexes.

J'ai deviné le nom du criminel assez tôt (à la moitié du roman) mais ça ne m'a pas empêchée de prendre plaisir à la suite de ma lecture (et à confirmer que j'avais raison !).

J'ai beaucoup aimé le personnage du psycho-criminologue Sebastian Bergman, même s'il est plus torturé, plus secret, alors qu'il apparait franchement antipathique à ses coéquipiers. J'ai aimé découvrir ses failles et ses hésitations (et à mon avis, le plus perché de l'équipe, ce n'est pas lui !).

Un polar qui se lit avec plaisir même si le démarrage se fait au diesel. 

Ses yeux bleus - Lisa HAGENSEN

Editions Actes Sud - Collection Actes noirs
Parution : juin 2018
Titre original : Hennes ögon blà
Traduction : Rémi Cassaigne
368 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Raili Rydell, bibliothécaire célibataire de quarante ans mal dans sa peau, passe l’été dans son chalet au bord d’un petit lac de la forêt de Lövaren. Elle y rencontre Olofsson, un ours solitaire qui vit sur la rive opposée. Il lui raconte d’étranges histoires au sujet des habitants du coin, notamment celle du couple voisin dont l’un des enfants a disparu du jour au lendemain sans que personne ne semble s’en préoccuper, comme s’il n’avait jamais existé. Il évoque également un chien qu’il est persuadé d’avoir eu et qui se serait volatilisé sans laisser la moindre trace – ayant même disparu de ses albums photos. Raili est à la fois fascinée et sceptique : son nouvel ami est-il mythomane ? Ou n’a-t-il simplement pas toute sa tête ? Mais lorsque Olofsson est retrouvé noyé dans le lac, elle comprend que quelque chose ne tourne vraiment pas rond dans ce petit “havre de paix”.

Ovni parfaitement addictif, Ses yeux bleus met en scène un personnage haut en couleur, sorte de délicieux croisement entre Bridget Jones et Hercule Poirot, qui se trouve aspiré dans un cauchemar délirant, digne d’un roman de Stephen King.

Ce que j'en ai pensé :

Polar addictif, effectivement ! avec en prime, en pour une fois, une héroïne féminine, peut-être pas si Bridget Jones que le prétend la maison d'édition, mais suffisamment empathique pour entraîner le lecteur dans son enquête !

On navigue entre monde contemporain et retours vers une période plus lointaine, parfois même entre vie réelle et "surnaturel" (mais tout reste plausible, c'est une vue de l'esprit), et la narration tend son fil avec habileté, suffisamment de rebondissements pour ne pas s'ennuyer et avoir envie de tourner vite les pages de ce polar !

Je me suis régalée, et enthousiasmée aussi de savoir que c'était le premier tome d'une trilogie et que j'aurais le plaisir de lire encore d'autres enquêtes de Raili !

Un bon moment de lecture !