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Notre château - Emmanuel REGNIEZ

Editions Le Tripode
Parution : 21 janvier 2016
128 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Un frère et une soeur vivent reclus depuis des années dans leur maison familiale, qu’ils ont baptisée « Notre château ». Seule la visite hebdomadaire du frère à la librairie du centre ville fait exception à leur isolement volontaire. Et c’est au cours de l’une ces sorties rituelles qu’il aperçoit un jour, stupéfait, sa soeur dans un bus de la ligne 39. C’est inexplicable, il ne peut se l’expliquer. Le cocon protecteur dans lequel ils se sont enfermés depuis vingt ans commence à se fissurer.
On pourrait penser aux films Les Autres de Alejandro Amenábar, Shining de Kubrick, ou à La Maison des feuilles de Danielewski. En reprenant à son compte l’héritage de la littérature gothique et l’épure de certains auteurs du nouveau roman, Emmanuel Régniez réussit un roman ciselé et singulier, qui comblera les amateurs d’étrange.

Emmanuel Régniez est un écrivain de langue française. Il est libraire du "Le Cent Livres" à Mons. Notre Château est son premier roman. Il est aussi l'auteur de L'Abc du gothique (2012) aux éditions Le Quartanier. 

Ce que j'en ai pensé :

Etrange. Ce roman est étrange. Il est étrange que ce roman soit étrange. Vraiment étrange.

Cette phrase vous interpelle, vous interloque ? Certes. Mais toute la narration de ce drôle de roman est ainsi, construite de mots qui se répètent, s'entremêlent, s'inversent. Étrange. Comme cette obsession pour "le bus n°39 qui va de la gare à la Cité des 3 Fontaines, en passant par l'Hôtel de Ville"...
Un roman lancinant, supposé gothique (mais certes pas à la manière de ceux de Carlos Luis Zafon) dont je n'ai malheureusement pas saisi la portée, peut-être pas compris le sens ou les choses cachées (sauf le dernier "chapitre" de quelques lignes ?).

Etrange. Et finalement, c'est parfois assez sympa de sortir de sa zone de confort et d'être un peu perdue à cause d'un bouquin. Et de conclure sur la série de photos en fin de volume qui interrogent. Etrange.
 

Extrait :

"Une maison qui contient beaucoup de livres est une maison ouverte au monde, est une maison qui laisse entrer le monde. Chaque livre qui entre est un fragment du monde extérieur et, tel un puzzle, quand nous posons ensuite le livre dans les rayons de Notre Bibliothèque, nous recomposons le monde, un monde à notre image, à notre pensée."

Retour à Oakpine - Ron CARLSON

Editions Gallmeister
Parution : 11 février 2016
Titre original : Return to Oakpine
Traduction : Sophie Aslanides
288 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
La petite ville d’Oakpine, au cœur des magnifiques paysages du Wyoming, offre une vie paisible à ses habitants. Et c’est à cela qu’aspire Jimmy, 50 ans, atteint du sida. Devenu un écrivain renommé à New York, il souhaite désormais retrouver sa ville natale pour y passer les derniers mois de sa vie, et renouer avec ses parents. Il découvre que le destin vient de réunir à Oakpine ses trois meilleurs amis d’enfance : Craig, Frank et Mason. Chacun a fait son chemin, construit une vie, mais tous se trouvent aujourd’hui à un tournant de leur existence. Petit à petit, au gré de ces retrouvailles, les quatre hommes vont se rendre compte que leur amitié est la meilleure arme pour effacer les fantômes du passé et affronter les obstacles du présent.
Avec pour décor des images lumineuses et émouvantes de l’Ouest américain, Ron Carlson dépeint toute l’humanité de ses personnages et offre un portrait bouleversant de l’amitié, dans un nouveau roman qui confirme son infini talent à sonder les âmes.


Ron Carlson est né en 1947 en Utah et a grandi à Salt Lake City. Après des études de lettres, il devient professeur dans le Connecticut puis à l'université d'Arizona où il commence à enseigner le creative writing avant de devenir directeur de ce département. Il enseigne aujourd'hui la littérature à l'université de Californie. 



Ce que j'en ai pensé : 

Premiers chapitres décevants...je les ai lus sans ressentir d'empathie pour les personnages évoqués, à part peut-être pour Craig ou pour son fils...Même Jimmy, malade, n'attire pas spécialement la compassion. D'ailleurs, avant que je n'abandonne le roman à la page 153, il n'est dit nulle part qu'il est atteint du sida, bizarre non ?

Pourtant, j'ai cru que j'allais me suis laisser prendre au piège de ce portrait d'une bande d'amis, devenus quinquagénaires, à l'évocation de cette petite ville du Wyoming, à ce parfum de nostalgie que dégage le roman. Mais justement, la nostalgie emporte tout sans qu'il ne paraisse rien en sortir de positif, pas de gaieté, chaque évocation de souvenir semblant au contraire infuser de la tristesse.

Alors on pourrait penser que la perspective de perdre un ami secoue tellement cette ex-bande de potes que cette tristesse est voulue par l'auteur ? Sauf que seuls deux d'entre eux évoquent vaguement la perspective d'une visite au malade à la page 152 ! Super les copains !!
Bref, ça m'a achevée !

A noter : page 40, une phrase incompréhensible (erreur de traduction ?) sur laquelle j'ai dû revenir plusieurs fois avant de renoncer :

"Le miroir biseauté se composait de trois grands panneaux ; sur le bord supérieur du panneau central, trois trous causés par des tirs datés de la préhistoire, même s'ils étaient concluaient un millier d'histoires, qui toutes tournaient autour de féroces jalousies et d'erreurs sur la personne, et qui toutes passaient pour vraies et très récentes, on le jurait."

Un roman qui ne m'a pas touchée, pas émue, et que je garde pour plus tard, persuadée qu'on est quelquefois moins réceptifs à certaines histoires qu'à d'autres moments ou qu'on attend trop d'un roman...dommage !




Drama queen palace - Stéphane CORVISIER

Editions Grasset
Parution : 11 mai 2016
176 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Un palace de la Riviera, un alcoolique mondain, une diva sur le retour et des voyous qui rôdent… Armand Deshordes boit pour oublier que ses amours sont vouées à l’échec. Fabiola di Orsola exaspère dans l’hystérie sa crainte d’avoir perdu sa voix. Une semaine les sépare du récital qu’elle doit donner à l’Opéra de Monte-Carlo. Elle attend d’Armand qu’il l’aide à préparer ce come-back très incertain. Quelle est la plus folle des deux ? Quand il croit enfin la rejoindre, il découvre qu’elle a vidé les lieux. Quelques heures peut-être, mais quelques heures de trop… Livré à lui-même, à bout de solitude et de mélancolie, Armand va partir à la dérive d’une aventure où le désir devient danger. Et ivresse de la perdition.
Un roman conçu comme un triptyque, tels les trois actes d’une tragédie teintée de lyrisme et de sarcasme.
Stéphane Corvisier est né à Paris en 1973 où il enseigne la littérature. Il a publié chez Grasset, en 2011, un premier roman remarqué, Reine de nuit.

Ce que j'en ai pensé :

Grandeur et décadence...Homosexualité et alcool...pour se perdre, s'oublier,  étourdir la honte et la solitude.

Une tragédie servie par une narration (trop) précieuse à grands renforts d'interjections italiennes ou de locutions latines, des phrases (trop) travaillées, une ambiance (trop) nostalgique...

Beaucoup de "trop" dans ce court roman ! Je suis passée à côté, insensible à la douleur des personnages, à l'émotion exacerbée (celle d'Armand prof homosexuel et musicologue, celle de Fabiola, diva fragile). 
Je n'ai pas compris la finalité de ce livre comme s'il n'était que le constat d'une déchéance, qu'un état des lieux avant la chute. 
Dommage !

Moro-sphinx - Julie ESTEVE

Editions Stock - collection "la bleue"
Parution : 20 avril 2016
184 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
Lola est une trentenaire parisienne, comme les autres. Enfin pas tout à fait. Jamais la phrase dite par Charles Denner dans L’homme qui aimait les femmes de François Truffaut n’a été si bien appliquée : les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le monde en tous sens. Lola arpente la ville, amazone, chaque fois que son envie devient plus forte que la raison, l’homme succombe, chasseur devenant proie, même le plus repoussant. À la fin de l’acte, clac, elle lui coupe un ongle. Lola, c’est M la maudite, aux pulsions guerrières. Elle semble sortie d’un manga, bouche rouge et grands yeux. Jusqu’à ce que Lola tombe amoureuse. Mais est-elle vraiment faite pour l’amour ? Et si la passion, c’était la fin du rêve ?

Née en 1980, titulaire d'un DEA d’Histoire de l’Art, Julie Estève est journaliste spécialiste d'art contemporain. Elle est auteur de catalogues d’exposition et de contes pour enfants. Moro-sphinx est son premier roman.

Ce que j'en ai pensé :
Drôle de papillon que ce moro-sphinx avec sa trompe qui butine de fleurs en fleurs et qui ressemble tant à Lola qui passe d'homme en homme sans jamais se fixer ! Une fille paumée, trop maquillée, aux tenues provocantes qui laissent jouer ses longues jambes et un cul à se damner, une fille toute seule qui fait perdre la tête aux hommes parce que l'un d'entre eux, un jour, l'a laissée tomber.

Des désillusions de l'enfance (une mère partie trop tôt et un deuil impossible, un père alcoolique) aux désillusions de "l'amour" qu'elle rend trash juste pour ne jamais s'attacher, Lola est une âme en peine que rien de console et que tout homme désole. 

Entre propos crus (le sexe pour le sexe, mécanique, calculé, frénétique, s'ouvrir pour souffrir) et purs instants de grâce, la narration déstabilise mais emporte, addictive, dans une intrigue étrange et déroutante (cette histoire de couteau au début et à la fin m'a interpellée). 

Quel talent pour un premier roman ! Car ce n'est plus une fille vulgaire qui claque ses stilettos sur les trottoirs de Paris, de bar en bar, mais une gamine perdue qui cherche sans fin un peu d'amour, un idéal, un apaisement qui ne vient pas...

J'ai vraiment beaucoup aimé et j'ai hâte de lire le prochain roman que pourra écrire Julie Estève !
Merci aux Editions STOCK pour cet envoi surprise qui m'a ravie !! 

(le moro-sphinx ou papillon colibri)

 

Parfois le loup - Urban WAITE


Editions Actes Sud - collection Aces noirs
Parution : Avril 2016
Titre original : Sometimes the wolf
Traduction : Céline SCHWALLER

Ce qu'en dit l'éditeur :
Le shérif Patrick Drake s’efforce de vivre la tête haute dans sa petite ville de montagne, mais un jour sa femme tombe malade. Il est seul à faire bouillir la marmite, alors pour faire face, il se met à avoir de mauvaises fréquentations. Bientôt, il est arrêté et condamné pour l’un des pires crimes qu’ait connu l’histoire locale.
Douze ans plus tard, Patrick entame sa conditionnelle sous l’oeil circonspect de son fils, Bobby, shérif adjoint dans l’ancien bureau de son père. Hanté par les casseroles du paternel, et secrètement rongé par une culpabilité mal placée, Bobby n’a pas eu la vie facile non plus et son mariage s’en ressent. Il a bien cherché à tourner la page, mais les esprits étroits des petites villes ont la mémoire longue. Et peu de temps après sa sortie de prison, une menace terrifiante ressurgit du passé de Patrick. Cette fois, personne ne sera épargné.
De roman en roman, Urban Waite fait montre d’une rare constance. Prose lancinante, personnages forts, paysages grandioses, il suit patiemment la trace ouverte par Cormac McCarthy.


Urban Waite est né en 1981. Il vit à Seattle Son premier roman, La terreur de vivre,  a été salué par Stephen King comme étant "un sacré roman, au rythme implacable".

Ce que j'en ai pensé :

Comment un polar, que je devinais excellent, peut-il me tomber des mains ? Pas le bon livre au bon moment ?
Pourtant, au début, il avait tout pour me plaire : une chasse à l'homme, un magot disparu-détourné, un flic presque pathétique de simplicité. J'ai cru abandonner à moins de la moitié et puis....
Finalement, je me suis laissée emporter par cette histoire et j'ai été séduite !

La narration, un brin lancinante, souvent très lente, a bien failli me décourager ! Elle enveloppe, atténue la violence latente, donne de la profondeur aux personnages, lesquels sont travaillés, fouillés, leurs états d'âme au plus proche de la réalité, dans l'ambivalence des sentiments (jusqu'où est-on prêt à aller pour nos enfants ?).
Il y a aussi ce loup qui rôde, ces hautes herbes de la prairie, cette cabane au milieu de rien, le bar de Silver Lake qui composent un paysage fort, sauvage et pourtant rassurant car familier pour les protagonistes

J'ai eu raison de persister parce qu'au final c'est un très bon polar !

  5ème but marqué par mon équipe pour la Coupe d'Europe des Livres 2016 !

 

Des livres pour l'été


L'été à la plage, à la montagne, à la campagne ou sans partir de chez soi ?
C'est parfois l'occasion de lire beaucoup plus que le reste de l'année et quelquefois l'inspiration manque : saisir le premier livre en tête de gondole au supermarché ou se laisser guider par d'autres conseils, moins mercantiles ?

Si vous avez loupé la rentrée littéraire de septembre 2015 ou celle de janvier 2016, il est encore temps de rattraper quelques lectures ! Sur le blog, il suffit de piocher ici (clic) ou (clic) ! 


Pour sortir (peut-être) un peu des sentiers battus et des récentes parutions, voici quelques bouquins issus de ma bibliothèque - au format poche - et dont le titre fait référence à l'été, au soleil ou à la mer :


Ceux chroniqués sur le blog : (clic sur le titre)



De là, on voit la mer - Philippe BESSON


Le soleil à mes pieds - Delphine BERTHOLON

La solitude des soirs d'été - Anaïs JEANNERET

Pour les autres, il suffit de fouiller sur le net pour trouver résumés et critiques ;o)

Suburra - Giancarlo de CATALDO & Carlo BONINI

Editions Métailié Noir 
Parution : 7 janvier 2016
480 pages
Titre original : Suburra
Traduction : Serge Quadruppani

Ce qu'en dit l'éditeur :
Samouraï, ex-leader fasciste devenu gangster, est sur le point de réaliser le couronnement de sa carrière criminelle : piloter en sous-main un gigantesque projet immobilier prévoyant la bétonisation du territoire, du bord de mer jusqu’à la capitale. Pour cela, il lui faut maintenir à tout prix la paix entre les différentes mafias qu’il fédère : Calabrais, Napolitains, Gitans… Il s’appuie aussi sur les réseaux de Malgradi, politicien priapique et véreux. Mais une nuit de débauche tourne mal et la pagaille et les règlements de comptes s’installent.
Samouraï voit se dresser contre lui un ex-disciple, Marco Malatesta, désormais à la tête d’une unité d’élite de carabiniers. À ses côtés Michelangelo, procureur pianiste de jazz, et trois femmes, Alba, collègue et ex-petite amie, Alice, son nouvel amour, blogueuse altermondialiste, et Sabrina, ex-pute, incarnation du bon sens populaire au pays de la gauche caviar médiatique.
Des salons chics aux gigantesques night-clubs de la périphérie où l’on mange, se drogue, tue et se prostitue avec une monstrueuse vitalité, De Cataldo et Bonini racontent les coulisses criminelles de Rome.
Dans ce récit dont l’actualité a mis en évidence la véracité documentaire jusque dans les moindres détails, De Cataldo démontre une fois encore qu’il a su tirer le meilleur parti des influences qu’il revendique, de Balzac à Ellroy en passant par Tarantino.
Ce roman a été adapté au cinéma par Stefano Sollima (Gomorra et Romanzo Criminale tv).

 Giancarlo DE CATALDO, magistrat à la cour de Rome, est l’un des écrivains de roman noir les plus importants d’Italie, devenu aussi une grande signature de la presse et un homme de télévision apprécié. Il est l’auteur de Romanzo criminale, La saison des massacres, La forme de la peur, Le Père et l’étranger et Les Traîtres.
Carlo Bonini est journaliste d’investigation à La Repubblica, et grand connaisseur des dessous politiques et policiers italiens.

Ce que j'en ai pensé : 
Rome décadente et dépravée, Rome submergée par les affaires de sexe, de drogue et de fric, avec une mafia tentaculaire dont les membres s'affrontent pour gagner du terrain et toujours un peu plus de pouvoir ! 

Tout y passe, du petit malfrat qui souhaite s'affranchir, au politicard véreux et pervers, du prélat magouilleur à la pute roumaine : une galerie de personnages dans laquelle on pourrait se perdre et qui, pourtant, interagit, s'imbrique tellement que l'improbable devient réalité, à la limite du reportage sur les bas-fonds d'un monde pourri ! 

Entre assassinats et magouilles politico-immobilières, règlements de compte et loi du plus fort (ou du plus malin !), ce polar fascine ! 

Absolument passionnant, carrément hypnotique et surtout tellement près de la réalité à en être terrifiant (chantages, extorsions, meurtres s'enchaînent), ce roman au style percutant m'a donné très envie de découvrir les autres polars de l'auteur !

Extra !!
 Je remercie les Editions Métailié et Collibris qui, grâce à leur concours, m'ont permis de lire cet excellent polar !

Sorbonne plage - Edouard LAUNET

Editions Stock
Parution : 11 mai 2016
216 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
Au début du siècle dernier, des universitaires parisiens prennent leurs quartiers d’été sur la presqu’île de l’Arcouest, un joli coin de Bretagne. Ils y pêchent, se baignent, naviguent en famille. Le reste de l’année, ils mènent des combats politiques et scientifiques : dreyfusisme, pacifisme, rationalisme, antifascisme…et recherche atomique. Dans le groupe de l’Arcouest, aussi surnommé « Sorbonne Plage », quatre prix Nobel – Marie Curie, Jean Perrin, Frédéric et Irène Joliot-Curie – seront à deux doigts de prouver qu’une énergie formidable peut être extraite de l’infiniment petit pour être mise au service de l’humanité. Les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki feront s’effondrer le rêve de ces idéalistes ainsi que notre foi sans bornes en la science. Tout en nous faisant découvrir cette histoire humaine et scientifique hors norme, Édouard Launet nous raconte aussi celle, plus dramatique, de la bombe atomique, aventure intellectuelle autant que politique.

Journaliste, auteur d’essais sur la littérature et sur les sciences, Édouard Launet a publié chez Stock Le Seigneur des îles (2014).

Ce que j'en ai pensé :
Etonnant récit qui mène l'enquête dans le microcosme scientifique de la" bande de l'Arcouest" réunissant physiciens nobelisés et artistes !

L'auteur, ancien ingénieur, mêle habilement images sépia d'un monde perdu, évoque les vacances sur cette presqu'île au nord de la Bretagne, et instille très finement une réflexion sur les limites du progrès. Quel regard, autre que celui de la fierté des découvertes scientifiques, a pu avoir cette élite intellectuelle quand a explosé la bombe à Hiroshima ?

On croise Albert Einstein et les Curie, Albert Camus et des marins naufragés comme dans un album-photos qui étireraient ses pages sur tout le XXème siècle et ses bouleversements.

La plume de l'auteur sert ce document qui évite les écueils d'un ouvrage trop scientifique : les références aux découvertes nucléaires, les quelques notions de physique et de chimie n'étouffent pas cet ouvrage qui offre de belles lignes, poétiques, sur la parenthèse enchantée à "Sorbonne-Plage".

Une belle découverte !

Merci à Babelio et aux éditions Stock qui m'ont offert de lire ce récit dans le cadre de  l'opération "Masse critique" !




L'ombre couvre leurs yeux - Elie TREESE

Editions Rivages
Parution : avril 2016
192 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
Une jeune femme se présente chez un vieillard solitaire, au plus profond d’un marais. Ce personnage énigmatique va lui conter l’histoire d’Hector, un fils de bonne famille disparu dans des circonstances étranges, une vingtaine d’années auparavant. Mais les plaies peuvent rester vives, malgré le temps. Et la ravissante Aude, au cœur de cette nature inquiétante, percevra bientôt les contours d’un drame qui ne pourra la laisser indifférente. Campant un cadre romanesque séduisant où le mythe (l’auteur reprend les épisodes clé de L’Iliade) imprègne la petite et la grande Histoire à partir d’un canevas très dense qui mêle traumatisme de guerre, vols d’objet d’art, règlement de compte et vengeance de sang dans un Sud aux accents de légende, Elie Treese parvient à décrire la porosité des destinées humaines. Porté par un souffle épique, son récit s’attache à saisir la part d’éclat qui réside en chaque entreprise, même la plus insensée.

Élie Treese, après des études de lettres, s'installe en Corrèze au fond des bois. Il a alors la rage d'écrire, des textes de toutes sortes, recueils de poèmes ou essais. En 2001, menacé de perdre son poste, il obtient une licence puis le Capes de lettres. En 2011, il est reçu à l'agrégation de lettres modernes.L'ombre couvre leurs yeux est son troisième roman.

Ce que j'en ai pensé :
Quelle narration ! Une langue parfaite et maitrisée, jouant sur les registres de la tragédie et de la poésie, subtile et pourtant parfois violente.

Drôle de manière, souvent acrobatique, de distiller les éléments de l'intrigue, alternat es points de vue, les apartés. On s'y perd un peu avant d'être emportés par le récit du "Démiurge", essayant de comprendre comment se noue le drame...

Étonnant et détonant ! Parce que c'est un roman presque immobile et qui pourtant maintient la tension, ressemblant par moments à un roman noir (ambiance façon omerta) avec règlements de comptes sur fond de vol d'objets d'art (qu'est devenue la collection de Monte Cassino ?).

Un très bon roman !

Sens dessus dessous - Milena AGUS

Éditions Liana Levi
Parution : 15 avril 2016
Titre original : Sottosopra
Traduction : Marianne Faurobert
160 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
Mr. Johnson, le monsieur du dessus, a toujours les lacets défaits et des vestes trouées. Pourtant, c’est un violoniste célèbre qui vit dans le plus bel appartement de l’immeuble, avec vue sur la mer. Anna, la voisine du dessous, partage un petit entresol obscur avec sa fille, taille ses robes dans de vieilles nappes et fait des ménages. Pourtant, elle cache dans ses tiroirs des dessous coquins et des rêves inavoués. Ces deux-là, plus tout jeunes, débordants de désirs inassouvis, étaient faits pour se rencontrer. Dans les escaliers, où montent et descendent des voisins occupés par une farouche quête du bonheur, se tricotent à tous les étages situations rocambolesques, amours compliquées, jalousies absurdes. Mais n’est-ce pas là la clef de voûte de toute vie?
Observatrice indiscrète, pourfendeuse de la normalité, Milena Agus fait la chronique de ce microcosme dans lequel souffle un vent délicieusement frondeur. 

Milena Agus est née en 1959 en Italie. Son premier roman publié en France, Mal de pierres, a été adapté au cinéma en 2016.

Ce que j'en ai pensé :
Je n'avais pas aimé Mal de pierres...Quelques dizaines de pages et j'avais refermé le roman. Pourtant, même en étant un brin méfiante, j'avais très envie de lire celui-ci. Et c'était une jolie surprise que de se promener en Sardaigne dans cet immeuble où se croisent des personnages touchants et attachants.

Même si j'ai trouvé superflu les scènes où la narratrice "mouille" et parle (encore que très vaguement) de ses émois sexuels, l'ensemble est fort plaisant et évoque avec délicatesse l'amour, l'amitié, la vievieillesse, l'homosexualité, l'homoparentalité, les enfants abandonnés à leur sort, la passion pour les livres et la musique, pour le paysage sarde.

Ça reste très léger mais ça se lit avec beaucoup de plaisir, ça sent l"été et le linge étendu aux fenêtres !
  

Prix littéraire L'Express / BFM TV - Les délibérations


Il y a quelques jours, nous avions rendez-vous dans les locaux du journal L'Express pour choisir qui sera l'heureux lauréat de cette édition du Prix Littéraire 2016 !


Dix jurés et Laurent Binet, président du jury, un buffet froid et des discussions passionnées ! Chacun y va de ses arguments pour défendre son chouchou, il ne doit en rester qu'un !


Pour mémoire, en lice cette année : (clic sur les titres pour retrouver mes billets)

Le bout du monde, Marc Victor, éditions JC Lattès
Surtensions, Olivier Norek, éditions Michel Lafon
Le grand marin, Catherine Poulain, éditions de l'Olivier
Wanderer, Sarah Leon, éditions Héloïse d'Ormesson
Il reste la poussière, Sandrine Collette, éditions Denoël
La grande arche, Laurence Cossé, éditions Gallimard NRF
A la table des hommes, Sylvie Germain, éditions Albin Michel
Mousseline la sérieuse, Sylvie Yvert, éditions Héloïse d'Ormesson
En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut, éditions Finitude
Celle que vous croyez, Camille Laurens, éditions Gallimard NRF
Histoire de la violence, Edouard Louis, éditions du Seuil
Envoyée spéciale, Jean Echenoz, éditions de Minuit
Pas si facile de convaincre nos co-jurés lors des sessions de vote : pourquoi ce roman plutôt qu'un autre ? et le président, Laurent Binet est au moins aussi concentré que les jurés !

Rendez-vous en juin pour connaître le roman qui sera couronné ! aucun indice ne s'est glissé dans ce billet, ne cherchez pas !  

Black Messie - Simonetta GREGGIO

Editions Stock - collection La bleue
Parution : 4 mai 2016
360 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
Dans les douces collines de Toscane, le Monstre de Florence a sauvagement assassiné sept jeunes couples entre 1968 et 1985. Cet horrible fait divers a inspiré films et romans, dont Le Silence des agneaux. Mais le principal suspect est mort en attendant un énième procès et le silence a recouvert toute l’histoire... Jusqu’au jour où filles et garçons recommencent à tomber, fauchés par un serial killer étrangement semblable à celui d’autrefois. Le Monstre est-il revenu ? A-t-on commis une erreur à l’époque ?
Le capitaine des carabiniers Jacopo D’Orto mène l’enquête. Proche de la retraite, il n’a plus rien à perdre. Dans une course contre la montre, il fouille la fosse où la boue des mystères italiens s’est amassée. Depuis la Renaissance, le mal refait régulièrement surface dans ce pays qui semble béni des Dieux. L’Italie actuelle paraît pourtant purifiée de ses secrets… mais si, derrière les apparences, il n’y avait que chaos, violence et guerres de pouvoir ?

Née à Padoue en Italie, Simonetta Greggio est notamment l’auteur, chez Stock, de La Douceur des hommes, Dolce Vita 1959-1979L’Homme qui aimait ma femme et Les Nouveaux Monstres 1978-2014. Elle a également publié des nouvelles.

Ce que j'en ai pensé :
Simonetta Greggio change de registre ! Après les deux tomes de Dolce vita  et des Nouveaux monstres qui évoquaient les années de plomb en Italie, elle flirte avec le polar et revient sur "le monstre de Florence", une affaire de meurtres qui a secoué l'Italie et qui n'a jamais été vraiment résolue ! Le tueur en série a d'ailleurs inspiré le personnage d'Hannibal Lecter...
(pour une vue sur cette série de meurtres, voir ici ) 

De 1968 à 1985, il tue huit fois, en suivant un rituel quasi immuable : il surprend des amoureux en pleins ébats dans leur véhicule et sa cruauté semble sans limites : les corps des femmes sont retrouvés atrocement mutilés. L 'enquête elle-même devient monstrueuse : 56000 pages de dossier, des dizaines de milliers de personnes interrogées, des procès retentissants, trois hommes arrêtés, condamnés à de lourdes peines. 
Narration un brin déroutante quand les mots s'étalent en logorrhée, intrigue parfois téléguidée (que vient faire Charles Manson dans cette affaire ?), et même si j'ai eu la sensation d'être un peu passée à côté, ce roman se lit pourtant d'une traite. 
Les personnages, Jacopo le flic, Miles le prof de littérature, Indie sa fille, sont habilement travaillés et permettent  de s'attacher à l'histoire qui flirte avec l'ésotérique et les sociétés secrètes. La conclusion de l'affaire toutefois est un peu facile, l'alternance de point de vue narratifs tentant d'expliquer ce qui s'est passé sans que cela soit réellement convaincant et crédible.
Mais il y a Florence, la ville, en points de suspension, dans sa splendeur et sa décadence !..