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Encabanée - Gabrielle FILTEAU-CHIBA

 

Editions GALLIMARD - Collection Folio

Parution : 15 décembre 2021

128 pages



Ce qu'en dit l'éditeur :

Lassée par un quotidien aliénant, Anouk quitte son appartement de Montréal pour une cabane abandonnée dans la région du Kamouraska, là où naissent les bélugas. « Encabanée » au milieu de l’hiver, elle apprend peu à peu les gestes pour subsister en pleine nature. La vie en autarcie à -40 °C est une aventure de tous les instants, un pari fou, un voyage intérieur aussi. Anouk se redécouvre. Mais sa solitude sera bientôt troublée par une rencontre inattendue… 



 Ce que j'en ai pensé :

Quelle déception que ce mini-roman ! (qui n'est même pas une histoire vraie !!)

Je m'attendais à un récit relatant une expérience hors du commun et l'intrigue ne tient que sur quelques jours aux cours desquels arrivent tour à tour un chat (ça tombe bien, ça réchauffe !) et un gaillard recherché par la police pour acte de vandalisme sur une voie ferrée (ça tombe bien, la narratrice se payerait bien une partie de jambes en l'air !).

Si le livre n'avait pas été si court, je l'aurais renvoyé à l'auteur pour qu'elle se chauffe dans sa cabane !

On part du postulat que l'héroïne, Anouk, est écolo et féministe. 

Soit. 

Mais comme l'être humain est plein de contradictions, il ne lui faudra pas trois jours pour se rendre compte qu'un homme, en plus de calmer sa soudaine envie de sexe, ça sert aussi à couper du bois et à pelleter la neige pendant que madame prépare le café ! Waouh ! Nouveau genre de féminisme ?

Quant à l'écologie, il faut espérer qu'elle ne consiste pas seulement à crever de froid dans une cabane perdue au milieu de nulle part..le roman évoque les coups d'éclat d'une bande d'activistes mais semble montrer que trop s'impliquer ne sert à rien. Assez étrange..On a vite l'impression qu'Anouk est simplement auto-centrée et vaguement égoïste, de biens belles valeurs (ahem..) !

Bref, je n'ai pas trouvé grand intérêt à ce livre et d'autant moins, qu'outre une trop courte temporalité, il m'a paru survoler, de façon presque inconsistante, tous les thèmes qu'il prétendait évoquer. Et de voir virer l'expérience d'autarcie et de solitude en romance écolo m'a fait bien ricaner !

Heureusement, le savoureux langage canadien donne un peu de peps à l'ensemble ! Mais on est bien loin de Sylvain Tesson imbibé de vodka "dans les forêts de Sibérie" (y compris en qualité littéraire).

Les étoiles s'éteignent à l'aube - Richard WAGANESE


Editions 10/18
Parution : 7 septembre 2017
Titre original : Medicine walk
Traduction Christine Raguet
312 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Lorsque Franklin Starlight, âgé de seize ans, est appelé au chevet de son père Eldon, il découvre un homme détruit par des années d’alcoolisme. Eldon sent sa fin proche et demande à son fils de l’accompagner jusqu’à la montagne pour y être enterré comme un guerrier. S’ensuit un rude voyage à travers l’arrière-pays magnifique et sauvage de la Colombie britannique, mais aussi un saisissant périple à la rencontre du passé et des origines indiennes des deux hommes. Eldon raconte à Frank les moments sombres de sa vie aussi bien que les périodes de joie et d’espoir, et lui parle des sacrifices qu’il a concédés au nom de l’amour. Il fait ainsi découvrir à son fils un monde que le garçon n’avait jamais vu, une histoire qu’il n’avait jamais entendue.

Né en 1955 et mort en 2017, Richard Wagamese, est l’un des principaux écrivains indigènes canadiens. Il est l’auteur de treize livres publiés en anglais par les principaux éditeurs du Canada anglophone. Wagamese appartient à la nation amérindienne ojibwé, originaire du nord-ouest de l’Ontario, et est devenu en 1991 le premier indigène canadien à gagner un prix de journalisme national. 

indien ojibwa

Ce que j'en ai pensé :

Coup de coeur pour ce beau roman qui mêle nature writing et quête initiatique ! Et chapeau à la traductrice qui a si parfaitement rendu les paysages, les personnages et leurs émotions !

Si le thème est triste, il est cependant l'occasion pour l'auteur de raconter comment se tissent (et se détissent) les liens familiaux, de parler du destin et d'évoquer la vie rude et pourtant simplement belle de ces gens du fond du Canada pour lesquels parler de sentiments n'est pas une mince affaire et d'évoquer la perte de l'héritage ojibwa.

"Tout ce qui était indien, on l'a oublié, parce qu'on était occupés à survivre dans ce monde."


Il y est question de pardon, de remords, et évidemment d'amour (celui qui transporte, celui dont on a manqué) mais aussi de solitude et de déchéance.

"(...)  il n'y avait là que de la pitié pour une vie jalonnée de repères qui n'ont jamais eu d'autre fonction que de marquer les frontières des souffrances et des pertes, des malheurs et des regrets, rien qui ait pu lui apporter du réconfort au cours de ses derniers jours."

J'ai aimé tous les personnages : le père raté qui renoue, aux portes de la mort, avec ce fils qu'il a abandonné et qui témoigne d'une rare force de caractère, et "le vieux" dans toute sa bonté.

J'ai aimé imaginer le feu de bois du soir, la cabane en bardeaux, l'ours prêt à attaquer et les coyotes planqués, les bruits de la forêt et les truites du ruisseau, les couchers de soleil violet et rose. Tout est rendu avec poésie et justesse, dans une belle narration, dense et vive.

(et j'ai bien envie de trouver la recette de la bannique !) 

Loin de la violence des hommes - John VIGNA

Editions Albin Michel - Collection Terres d'Amérique
Parution : 8 février 2017
Titre original : Bull head
Traduction : Marguerite Capelle
256 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Avec ce premier recueil de nouvelles, le jeune auteur canadien John Vigna dresse un portrait bouleversant de la condition humaine dans un monde où la brutalité prend le pas sur la raison et où les mauvaises décisions partent toujours d’une bonne intention. Saisis dans leur rôle de mari, d’amant, de père ou de frère, ses personnages poursuivent sans relâche leur quête d’un bonheur incertain.

Doué d’une empathie sans failles pour ces héros du quotidien, John Vigna instille de la beauté et du mystère dans des existences qui pourraient sembler banales ou ordinaires, et il s’impose comme une vraie découverte littéraire.
 
John Vigna est un jeune auteur canadien dont les textes de fiction et de non-fiction ont été publiés dans de nombreuses revues prestigieuses ainsi que dans des anthologies, et lui ont déjà valu plusieurs récompenses.
Il enseigne le creative writing à l'université de Colombie-Britannique. Loin de la violence des hommes est son premier livre.


Ce que j'en ai pensé :

Je l'ai déjà dit, mais j'aime vraiment beaucoup cette collection Terres d'Amérique chez Albin Michel  C'est toujours l'occasion de découvrir de nouveaux auteurs à la plume souvent brillante et de plonger au cœur du continent nord-américain dans ce qu'il a de plus dur, de plus sauvage, qu'il s'agisse de nature ou des hommes.

Ce recueil ne fait pas exception : avec le brame des wapitis ou le bruit des tronçonneuses pour décor sonore, un pack de bières dans la glacière d'un pick-up, ces nouvelles de John Vigna évoquent l'immensité des forêts, la détresse et la solitude des hommes.

D'une pute de motel à un taximan sentimental, d'un frère en prison à une jument qui ne passera pas l'hiver, l'auteur égrène la petite misère de l'être humain, toujours à frôler le désespoir et à s'accrocher, souvent en vain, à des rêves perdus.

Si les deux premières nouvelles m'ont laissée un peu circonspecte (je ne suis pas sûre d'avoir compris leurs chutes...), je me suis ensuite laissée emporter par la narration des histoires suivantes, avec Station service ou Le sud qui m'ont convaincue du talent de l'auteur.

La tresse - Laetitia COLOMBANI

Editions Grasset
Parution : 10 mai 2017
224 pages
Ce qu'en dit l'éditeur :

Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.
 
Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.
 
Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée.
 
Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est gravement malade.
 
Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est destiné et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité.

Laetitia Colombani est scénariste, réalisatrice et comédienne. Elle a écrit et réalisé deux longs-métrages, À la folie… pas du tout et Mes stars et moi. Elle écrit aussi pour le théâtre. La Tresse est son premier roman.

Ce que j'en ai pensé :

C'est drôle ! Au lieu de "Ce que j'en ai pensé" j'avais commencé à écrire ; "Ce que j'ai aimé"...! 

Et j'ai aimé tant de choses ! D'abord la narration, simple mais efficace, sans fioritures, sans circonvolutions inutiles, sans pour autant être trop sèche : elle va droit à l'essentiel mais touche au cœur.

Ensuite ces trois histoires. Trois histoires, trois brins de la tresse, trois femmes.
Trois femmes que tout sépare : une intouchable qui ramasse les excréments des autres castes et n'a nul avenir (sauf celui qu'elle rêve pour sa petite fille de six ans), une italienne qui reprend l'entreprise de son père quand celui-ci, après un accident de Vespa, se retrouve dans le coma et découvre la faillite proche,  une avocate canadienne aux dents longues et à la réussite toute tracée jusqu'à ce qu'on lui détecte un cancer.

Ça pourrait vite tourner à la bluette, mais c'est tout sauf ça ! et pour un premier roman, chapeau bas ! 

J'ai été happée par ces destins, par ces conditions féminines si différentes en apparence (n'y-a-t-il pas finalement beaucoup de points communs entre une jeune femme sicilienne soumise au joug de la famille et des traditions, une indienne intouchable supposée ne jamais quitter sa caste, une femme du monde capitaliste occidental vouée toute entière à sa carrière au détriment de sa famille et de sa santé ? ). 
J'ai aimé cette façon de croiser les chemins : des femmes singulières, courageuses dans leur combat,  dignes, luttant contre les préjugés et les présupposés de classe (ah ! le déterminisme social...), des femmes fortes qui luttent, s'émancipent, chacune à sa manière, sans gloriole et sans féminisme revanchard.
  
Une belle lecture que je recommande -et je sais bien que je ne suis pas la première à le faire !

Le cas Sneijder - Jean-Paul DUBOIS

Editions Points
Parution : 13 septembre 2012
240 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :
Paul Sneijder est l’unique survivant d’un accident d’ascenseur. Sa fille y a perdu la vie. Depuis ce jour, sa perception de la réalité s’est affinée, comme si quelqu’un avait monté le son du vacarme du monde. Comment continuer à vivre, avec une épouse tyrannique qui ramène un poulet rôti les jours où elle voit son amant ? En changeant de métier : promener des chiens, voilà une activité attrayante.

Né à Toulouse en 1950, Jean-Paul Dubois a publié de nombreux romans (Je pense à autre chose, Si ce livre pouvait me rapprocher de toi). Il a obtenu le prix France Télévisions pour Kennedy et moi (Le Seuil, 1996), le prix Femina et le prix du roman Fnac pour Une vie française (Éditions de l'Olivier, 2004).


Ce que j'en ai pensé :

C'est toujours un plaisir de retrouver Jean-Paul Dubois et ses névroses...les familles un peu foutraques et bancales, les chiens, les dentistes et les tondeuses à gazon, le héros prénommé Paul  et sa femme Anna, invariablement d'un roman à l'autre.
C'est comme un repère ;o)

Cette fois, au lieu des tondeuses, ce sont les ascenseurs, leur mécanisme et leurs dysfonctionnements qui sont au cœur de ce qui commence comme une tragédie mais qui prend rapidement des allures de comédie : l'ironie latente des romans de l'auteur se déploie à nouveau, examinant avec circonspection et humour les verticalités citadines, l'horizontalité morne de sa vie et de ses déplacements, exploitant le thème de la chute (celle qui a tué sa fille dans l'ascenseur et celle qui attend son couple et sa vie).

Drôle encore, ce roman, et toujours empreint de nostalgie, de rémanences. De l'humour pour accompagner ce pauvre Paul qui promène des chiens et développe un eczéma inquiétant, qui ramasse leurs déjections avec circonspection, qui s'inquiète des nuées d'oiseaux morts comme d'un signe funeste, ironise sur sa tyrannique épouse infidèle, sur leurs enfants jumeaux qu'il se met à détester cordialement...
C'est d'autant plus savoureux que la narration aligne quelques aphorismes bien trouvés !

"Et je peux vous garantir qu'ensuite vous serez aussi détendu et relaxé qu'une olive dans un verre de Martini."

 Affiche du film , comédie dramatique franco-canadienne 
réalisée par Thomas Vincent, sortie en 2016

L'ours - Claire CAMERON

Editions 10/18
Parution : 5 janvier 2017
Titre original : The bear
Traduction : Bernard Cohen
240 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
Canada, Ontario, un parc naturel sur les rives du lac Opeongo. Anna, 5 ans, et le petit « Sticky » campent avec leurs parents lorsqu’ils sont surpris en pleine nuit par un gros « chien noir ». Le lendemain, la fillette découvre qu’elle et Stick sont désormais seuls, et que c’est à elle, la « grande », de protéger son frère. Débute alors pour les deux enfants une dangereuse errance… Inspiré d’une histoire vraie, cet extraordinaire récit de survie entre Into the Wild et Room est raconté avec une tendresse déchirante à hauteur d’enfant. Un livre inoubliable.

Née à Toronto (Canada) en 1973, Claire Cameron a fait des études d'histoire et de culture à Queen's University, Kingston. Elle est journaliste et romancière. 

Ce que j'en ai pensé :

Une belle couverture, une idée de départ à la fois horrible et fascinante, tout pour me plaire et pourtant...je me suis un peu perdue en route, sans doute à cause de cette narration du point de vue de la fillette héroïne malgré elle de cette tragédie. 
Le langage est un peu enfantin mais ce qui m'a le plus gênée est sans doute la longueur de certaines phrases dont on perd le fil (elles sont supposées représenter le cheminement des réflexions de la gamine mais elles ont fini par m'agacer et me sembler peu crédibles).

La seconde partie du roman, après l'attaque de l'ours et la fuite des deux enfants en canoë, m'a paru un peu poussive, et j'ai préféré l'épilogue finalement ! Un roman qui m'a légèrement déçue et qui aurait sans doute gagné à être moins long.

Etta et Otto (et Russell et James) - Emma HOOPER

éd Les Escales - 21 octobre 2015 - 432 pages
titre original : Etta and Otto and Russell and James
Traduction : Carole Hanna


Ce qu'en dit l'éditeur :
Dans sa ferme du fin fond du Saskatchewan, Etta, quatre-vingt-trois ans, n'a jamais vu l'océan. Un matin, elle enfile ses bottes, emporte un fusil et du chocolat, et entame les trois mille deux cent trente-deux kilomètres qui la séparent de la mer.
« J'essaierai de ne pas oublier de renter. » C'est le mot qu'elle laisse à Otto, son mari. Lui a déjà vu l'océan, il l'a même traversé des années plus tôt, pour prendre part à une guerre lointaine. Il comprend la décision de sa femme mais, maintenant qu'elle n'est plus là, il ne sait plus comment vivre.
Russell, l'ami d'enfance d'Otto, a passé sa vie à aimer Etta de loin. Il ne peut se résoudre à la laisser seule et part à sa suite. Et qui sait, peut-être pourra-t-il chasser le caribou en chemin.

Bercé par le rythme des vagues, Etta et Otto (et Russell et James) vogue du souvenir à l'oubli. Un roman lumineux sur la mémoire, l'amour et la poésie des mots. 

Élevée au Canada, Emma Hooper étudie la littérature et la musique 
en Angleterre où elle vit actuellement. Devenue musicienne, elle joue dans 
différents groupes tout en enseignant à l'université de Bath.


Ce que j'en ai pensé :
A la manière d'un road-trip, ce roman accompagne la fuite d'Etta vers l'Est, vers la mer, en alternant les flash-back et les retours au présent, superposant les personnages (c'est parfois très confus à la lecture : Etta devient Otto), accueillant un coyote qui parle.
C'est un roman qui parle de la vieillesse et de la mémoire, de l'amitié et de l'amour, de la difficulté de réaliser ses rêves, de l'attente. 
Il y a parfois beaucoup de poésie (certains passages témoignant des grands espaces traversés sont agréables à lire), une part de cocasserie, des personnages empathiques mais je suis restée un peu en retrait pour plusieurs raisons : je n'ai pas réussi à m'attacher à Etta (qui perd un peu la boule), ni à Otto (qui m'a paru bien falot) et surtout, j'ai été gênée par la mise en page de ce livre où, pour montrer les sauts dans le temps ou indiquer un changement de point de vue, des paragraphes de quelques lignes se retrouvent tous seuls sur une page à l'intérieur d'un chapitre qui se poursuit sur la page suivante...
Même si l'histoire est plaisante, je n'ai pas accroché véritablement (sur le même thème, j'ai préféré La lettre qui allait changer le destin d'Harold Fry arriva le mardi de Rachel Joyce) et je n'ai pas saisi la fin du roman (Etta est-elle morte ?)...