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Rien ne t'appartient - Nathacha APPANAH

 

Editions Gallimard - Collection La blanche

Parution : 19 août 2021

160 pages



Ce qu'en dit l'éditeur :

« Elle ne se contente plus d’habiter mes rêves, cette fille. Elle pousse en moi, contre mes flancs, elle veut sortir et je sens que, bientôt, je n’aurai plus la force de la retenir tant elle me hante, tant elle est puissante. C’est elle qui envoie le garçon, c’est elle qui me fait oublier les mots, les événements, c’est elle qui me fait danser nue. »


Il n’y a pas que le chagrin et la solitude qui viennent tourmenter Tara depuis la mort de son mari. En elle, quelque chose se lève et gronde comme une vague. C’est la résurgence d’une histoire qu’elle croyait étouffée, c’est la réapparition de celle qu’elle avait été, avant. Une fille avec un autre prénom, qui aimait rire et danser, qui croyait en l’éternelle enfance jusqu’à ce qu’elle soit rattrapée par les démons de son pays.

À travers le destin de Tara, Nathacha Appanah nous offre une immersion sensuelle et implacable dans un monde où il faut aller au bout de soi-même pour préserver son intégrité. 

 

Ce que j'en ai pensé :

Je suis fan de Nathacha Appanah depuis que j'avais découvert "Le dernier frère", j'attends donc chacun de ses romans avec une vive impatience, certaine d'être à nouveau charmée par les mots d'une conteuse hors pair.

Pourtant, cette fois-ci, j'ai bien cru que j'allais renoncer après quelques dizaines de pages de cette histoire à laquelle je ne comprenais pas grand chose. 

Jusqu'à ce que Vijaya, la petite fille oubliée, refoulée dans les limbes de la mémoire, perce les flancs de la narratrice, Tara, pour sortir au grand jour et raconter son destin de "fille gâchée" dans un orphelinat jusqu'à sa renaissance après le tsunami de 2004.

Et la magie a opéré, délivrant dans un roman sensible et sensuel toute la poésie que Nathacha Appanah est capable d'instiller dans les pires catastrophes, dans la violence qui assomme le lecteur, presque par surprise. 

C'est un roman sur la solitude, la douleur et la résilience, sur la construction de soi, sur le deuil et l'espoir, et sur la condition des femmes.

Un beau portrait de femme, entre chagrin et folie, servi par une plume délicate.

Le ciel par-dessus le toit - Nathacha APPANAH


Editions Gallimard
Parution : 22 août 2019
128 pages



Ce qu'en dit l'éditeur :


«Sa mère et sa sœur savent que Loup dort en prison, même si le mot juste c’est maison d’arrêt mais qu’est-ce que ça peut faire les mots justes quand il y a des barreaux aux fenêtres, une porte en métal avec œilleton et toutes ces choses qui ne se trouvent qu’entre les murs.

Elles imaginent ce que c’est que de dormir en taule à dix-sept ans mais personne, vraiment, ne peut imaginer les soirs dans ces endroits-là.»

Comme dans le poème de Verlaine auquel le titre fait référence, ce roman griffé de tant d’éclats de noirceur nous transporte pourtant par la grâce de l’écriture de Nathacha Appanah vers une lumière tombée d’un ciel si bleu, si calme, vers cette éternelle douceur qui lie une famille au-delà des drames. 

Ce que j'en ai pensé :

128 pages seulement pour retrouver la plume ô combien poétique de Nathacha APPANAH ! C'est un peu court ! 

et pourtant, ça condense des instantanés de vie, de drames, d'amour et de désamours, de fuites et de renoncements.

Eliette-Phénix, petite fille parfaite modelée à l'image de ce que ses parents souhaitent, jusqu'à ce baiser qui la fait basculer, jusqu'à ses enfants qu'elle aime mais avec lesquels elle marque une distance, comme si l'amour présentait un danger, jusqu'à Paloma sa fille qui prend le large et Loup, l'enfant-bizarre, délinquant, qui fuit le monde en courant comme un forcené. 

Une famille étrange, un peu dysfonctionnelle, des ratés et des incompréhensions, des non-dits qui polluent l'amour, la relation mère-enfant...

Il y aurait de quoi programmer la psychanalyse de ces 3 personnages tant leur psyché est complexe, troublée. 
Mais Nathacha APPANAH nous livre Phénix-Paloma-Loup dans leur côté brut, réussit à instiller de la poésie, de la douceur, et invite à la réflexion : sommes-nous le miroir de nos parents (et de notre enfance) ou son exact contraire ?

Court, étonnant, et BON !

Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

                                              Paul VERLAINE

Un coup d'oeil dans le rétro : les chouchous de la rentrée d'automne 2016

La fin de l'année arrive à grands pas et les bilans aussi !

Je me demandais quels avaient été mes romans favoris parus à l'automne 2016...

Quelques 8098 pages lues, 27  romans au total, tous genres confondus ;o) Il en reste trois sur ma PAL..En participant au Challenge de la Rentrée Littéraire, j'ai presque atteint les 5% lus sur les 560 publiés. Ça motive toujours plus de se grouper autour de la littérature !

J'ai lu 17 auteurs français ou francophones et 10 auteurs étrangers mais...
Au bilan de mes chouchous, un peu plus d'écrivains américains que de littérature francophone ! 

Dans le peloton de tête :


 
Et vous ? Quels ont été vos préférés de cette rentrée littéraire ?

 

Tropique de la violence - Nathacha APPANAH

Editions Gallimard
Parution : 25 août 2016
192 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

«Ne t’endors pas, ne te repose pas, ne ferme pas les yeux, ce n’est pas terminé. Ils te cherchent. Tu entends ce bruit, on dirait le roulement des barriques vides, on dirait le tonnerre en janvier mais tu te trompes si tu crois que c’est ça. Écoute mon pays qui gronde, écoute la colère qui rampe et qui rappe jusqu’à nous. Tu entends cette musique, tu sens la braise contre ton visage balafré? Ils viennent pour toi.»

Tropique de la violence est une plongée dans l’enfer d’une jeunesse livrée à elle-même sur l’île française de Mayotte, dans l’océan Indien. Dans ce pays magnifique, sauvage et au bord du chaos, cinq destins vont se croiser et nous révéler la violence de leur quotidien.





Nathacha Appanah née en 1973 à Mahébourg, île Maurice, est une journaliste et romancière mauricienne. Son premier roman, Les Rochers de Poudre d'Or, sur l'histoire des engagés indiens, lui vaut le prix RFO du Livre 2003. 

Ce que j'en ai pensé :

En 2007, j'ai découvert une écriture poétique et forte, douce et puissante, et j'ai été stupéfiée par la prose incroyable de Nathacha Appanah dans Le dernier frère. Depuis, j'ai tout lu de cet auteur, tout aimé, et encore plus quand elle raconte Maurice, la belle île qui fait rêver et qui possède pourtant son avers...

"Qu'est-ce qu'on sait de nos cœurs et de ces choses de notre enfance qui nous rattrapent par la cheville et nous retournent brusquement ?"


S'il y a toujours de la tendresse et beaucoup de poésie, ses romans n'épargnent aucune "violence", et je place volontiers ce terme entre guillemets parce que dans ce nouvel opus qui porte le presque effrayant titre de "Tropique de la violence", ça n'est pas seulement ça : c'est surtout la vie comme elle vient, avec le bon et le mauvais, le pire et le meilleur. 

"Je me suis demandé si, en réalité, il n'était pas foutu d'avance, ce garçon-là, et, avec lui, tous les garçons et les filles nés comme lui, au mauvais endroit, au mauvais moment."

Dans ce roman qui se déroule dans cette France du bout du monde et qui raconte les migrants,  les abandons d'enfants, les bidonvilles et les "politiques sociales" qui foirent, la drogue et la faim, rien n'est facile, rien n'est tendre.


 "Ils connaissent plein de choses ces gars-là, ils connaissent les chiffres de la misère, ils connaissent les chiffres de la délinquance, ils étudient les graphiques de la violence, ils ont des mots comme culture et loisirs à la bouche mais ils ne comprennent jamais rien, en réalité."

Aucun jugement de la part de l'auteur qui, avec la plus grande finesse, alterne les voix de ce roman polyphonique : celles des enfants (Bruce le caïd de Gaza qui a déjà basculé dans l'enfer, et surtout Moïse le comorien adopté qui ne trouve pas sa place), celle de Marie l'infirmière, d'Olivier le flic ou encore de Stéphane, travailleur social à qui la réalité du terrain fait perdre ses illusions.
 

C'est un uppercut, un regard lucide sur ce qui se passe partout, en Occident ou ailleurs. Ça pourrait être Lesbos ou Lampedusa, mais c'est à Mayotte, en France, et rien n'est fait réellement, pas plus qu'ailleurs, pour ces gamins perdus.

"Mayotte, c'est la France, et ça n'intéresse personne."

J'ai lu ça et là que ce roman était violent, choquant, difficile à lire...C'est tout le contraire : c'est un roman puissant, un roman lumineux, à la prose hypnotique et c'est pour moi, encore une fois, un vrai coup de cœur !

En attendant demain - Nathacha APPANAH

éd Gallimard - 208 pages
Ce qu'en dit l'éditeur :
«Adam est debout, le visage collé à la petite fenêtre, les deux mains accrochées aux barreaux. Tout à l'heure, quand il a grimpé sur sa table pour atteindre l'ouverture, il s'est souvenu que les fenêtres en hauteur s'appellent des jours de souffrance. Adam attend l'aube, comme il attend sa sortie depuis quatre ans, cinq mois et treize jours. Il n'a pas dormi cette nuit, il a pensé à Anita, à Adèle, à toutes ces promesses non tenues, à ces dizaines de petites lâchetés qu'on sème derrière soi...»
Adam et Anita rêvaient de vivre de leur art – la peinture, l'écriture. Ils pensaient accomplir quelque chose d'unique, se forger un destin. Mais le quotidien, lentement, a délité leurs rêves jusqu'à ce qu'ils rencontrent Adèle qui rallume un feu dangereux.
En attendant demain est un roman qui raconte la jeunesse, la flamme puis la banalité, les mensonges et la folie d'un couple. 
Nathacha Devi Pathareddy Appanah née en 1973 à l'île Maurice 
est une journaliste et romancière, elle  est l'auteur du "Dernier frère" 
récompensé par le Prix roman Fnac 2007 .

Ce que j'en ai pensé :
Voila 7 ans que Nathacha APPANAH n'avait pas publié de roman, et j'avais hâte de découvrir quelle histoire elle allait me conter.
Dès les premières phrases, la narration accroche, les couleurs se dessinent, la musicalité des mots se met en marche. La phrase est déliée, sensuelle, parfois rapide comme un battement de coeur puis douce et nostalgique. Il faut se laisser guider par le rythme, se prendre au piège de ce mystère (Adèle la mauricienne, sans papiers ; Laura, handicapée suite à un accident dont on ne sait rien..).
L'écriture de Nathacha APPANAH, ciselée, décrypte les sentiments et les blessures, berce le texte d'une pointe d'amertume, délaye les mensonges et la banalité du couple, les renoncements, les espoirs et les petites défaites.
C'est un roman qui se lit vite mais c'est une nouvelle fois une belle réussite !