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Dans les angles morts - Elizabeth BRUNDAGE

Editions Quai Voltaire
Parution : 11 janvier 2018
Titre original : All Things Cease to Appear
Traduction : Cécile Arnaud
528 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

En rentrant chez lui un soir de tempête de neige, George Clare trouve sa femme assassinée, et leur fille de trois ans seule dans sa chambre - depuis combien de temps?
Huit mois plus tôt, engagé à l'université de Chosen, il avait acheté pour une bouchée de pain une ancienne ferme laitière, et emménagé avec sa famille dans cette petite ville étriquée et appauvrie, en passe d'être repeuplée par de riches New-Yorkais. Ce qu'il a omis de dire à sa femme, c'est que les anciens propriétaires, acculés par les dettes, s y étaient suicidés, en laissant trois orphelins, Eddy, Wade et Cole. 
Dans les angles morts est aussi l'histoire des frères Hale, et celle de la maison de leur enfance. Pour le shérif Travis Lawton, George est le premier suspect. Mais les secrets sont tenaces dans cette enquête où la culpabilité règne en maître.

La prose haletante d'Elizabeth Brundage explore les défaillances enfouies en chacun de nous, susceptibles de nous mener à l'impensable. 

Ce que j'en ai pensé :

Roman ou thriller psychologique ? 
Cet ouvrage oscille entre deux genres, développant d'une part la vie presque ordinaire d'une femme au foyer, échouée dans une ferme perdue au milieu de nulle part, et d'autre part une intrigue révélant la sociopathie d'un des personnages principaux, mythomane et pervers.

Des personnages intéressants, notamment les frères Hale, orphelins de père et mère qui deviennent les témoins involontaires d'un drame qui se noue, ou encore Willis, jeune fille passionnée de poésie, enchainée sans le vouloir à sa propre dépression et à la folie de George.
A noter, dans les "personnages", cette vieille ferme qui semble maudite, qui a sa propre vie et qui donne parfois au roman des allures de conte fantastique !

Pourtant, si l'intrigue est souvent tendue à la manière d'un polar, si la narration est travaillée au cordeau, si le livre restitue l'image d'une certaine Amérique (profs vaguement bobos, cooptation entre milieu social, voile dans les Hamptons), j'ai trouvé que l'ensemble manquait de "nerf", et je me suis parfois ennuyée (fin de la première partie).

 C'est un bon roman mais j'ai tout de même été gênée par le mélange des genres, ou par le côté trop contemplatif. 
 

Génération - Paula McGRATH

Editions de la Table Ronde - Quai Voltaire
Parution : 12 janvier 2017
240 pages
Titre original : Generation
Traduction : Cécile Arnaud
Ce qu'en dit l'éditeur :

Joe Martello est le propriétaire d'une ferme au cœur de l'Illinois – de ces grandes fermes bio où se croisent travailleurs clandestins et jeunes wwoofeurs venus d'Europe. C'est par une copine de bureau qu'Áine entend parler de ce trentenaire mal léché. Quelques échanges par Skype plus tard, elle se décide à le rejoindre pour passer un été loin du carcan de sa vie de jeune mère divorcée dans sa province irlandaise. Et tant pis si elle doit emmener sa petite Daisy. Mais, sur place, rien ne se passe comme prévu. Joe et la ferme sont remplis d'ombres – et pas seulement celles des chauves-souris qui pullulent au grenier : une mère prof de piano qui a noyé dans les kilos le souvenir des cris nazis, son petit élève prodige germano-japonais, une ancienne camarade de fac que Joe n'a pas l'air enchanté de revoir... Le jour où elle met la main sur un ordinateur caché, Áine comprend qu'elle doit rentrer au plus vite en Irlande. Des années plus tard, sa fille partie à Chicago sur les traces de son grand-père fera de nouveau tourner ce kaléidoscope de trajectoires brisées...
Construit comme un film choral, Génération est de ces romans qui vous maintiennent en alerte. Partant des traumatismes et des tabous que chaque génération lègue à la suivante, Paula McGrath bâtit un hymne à la jeunesse et au renouveau.


Paula McGrath est née en Irlande en 1966. Elle est diplômée d’un Master of Fine Arts de l’université de Dublin et enseigne le creative writing à l’université de Dublin et à la Big Smoke Writing Factory. 

Ce que j'en ai pensé :

De 1958 à 2027, de l'Irlande aux USA ou au Canada, ce premier roman déroule une galerie de portraits, apparemment sans liens entre eux : des personnages singuliers et attachants, de Aine et sa fille Daisy qui arrivent dans une ferme bio du Midwest dirigée par Joe, un drôle de type franchement cradingue et accro aux pétards, ou encore Kane et sa mère japonaise.
L'histoire d'Aine et de sa fille aurait pu à elle-seule être la substance de ce roman, on les quitte à regret, il y avait de quoi en effet nourrir plusieurs chapitres.

C'est un roman sur la migration (trouver une nouvelle vie ailleurs, meilleure si possible, en tout cas moins terne) mais surtout sur la fuite, sur la quête de soi et la recherche d'identité au travers parfois de la généalogie.

La narration est douce et pourtant incisive, elle explore les rapports mère/enfant (protection, transmission du passé, espoirs) et les modèles familiaux dans leurs fragilité (famille monoparentale, divorce).

NB : Marie-Claude fait bien d'en parler dans les commentaires : le premier chapitre est un brin déconcertant avec l'emploi du "tu" narratif. C'est le seul chapitre concerné, celui qui évoque la migration originelle, celle du mineur irlandais. Le reste du roman est écrit à la troisième personne du singulier.
Un premier roman très réussi !



Ailleurs - Richard RUSSO




Ailleurs. C’est là qu’il faut aller. C’est de cet ailleurs que rêve Jean Russo, la mère de l’auteur, depuis sa petite ville de Gloversville, étouffée par les carcans de la société américaine d’après guerre. Un ailleurs où elle serait enfin libre, où elle ne dépendrait ni de ses parents ni d’aucun homme. Sauf de son fils avec lequel elle crée un lien si fort qu’il en est déroutant. Jean Russo est malade mais personne ne le sait encore, tout le monde se contente de subir ses lubies : déménager sans cesse, aller ailleurs encore. Et c’est pourtant à Gloversville que revient Richard Russo par l’écriture…

Je ne sais toujours pas dans quelle catégorie ranger ce livre de Richard Russo qui parfois apparaît être un document autobiographique et d’autres fois prend le caractère d’un roman. Je l’ai lu très vite, je l’ai aimé. Mais j’ai vite perdu le fil des résidences successives et ça m’a un peu gâché le plaisir ! Pourtant, ce roman est une histoire d’amour entre une mère possessive, autoritaire, malade, et son fils qui jamais, malgré ses tentatives, malgré la culpabilité qui en résulte, ne s’en détache, toujours fidèle à celle qui lui a donné le goût des livres, à celle qui finalement lui a inspiré son œuvre. Une belle lecture !

Je lui ai donné 14/20.