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L'oasis éternelle - Luis MONTERO MANGLANO


Editions Actes Sud - collection Lettres Hispaniques
Parution : juin 2018
Titre original : La cadena del profeta
Traduction : Claude Bleton
576 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

 Établi dans les sous-sols du Musée archéologique de Madrid, le Corps royal des quêteurs est une organisation secrète chargée de récupérer des objets du patrimoine espagnol éparpillés à travers le monde après la spoliation massive provoquée par les guerres. Sa mission consiste, en quelque sorte, à voler les voleurs. Au lendemain d’aventures tumultueuses sur les traces du roi Salomon et de Lilith, l’incomparable reine de Saba, l’établissement vit ses pires heures et risque le démantèlement. Un nouveau patron a été nommé, qui entend transformer ces limiers en bureaucrates.

À la suite du vol, en apparence anodin, d’un manuscrit très ancien (le Mardud de Séville), le naturel audacieux de l’équipe revient au galop, au prix d’une évidente insurrection. Pour mener cette mission interdite, les quêteurs gagnent le Mali, où ils devront infiltrer un pays ravagé par la guerre que se livrent les factions touareg, les intégristes islamistes, l’armée française et une des plus anciennes tribus africaines. Dans l’ombre de leur équipée sauvage : une multinationale tentaculaire et, enfoui dans l’Oasis Éternelle, un singulier objet extrêmement convoité, notamment par la mystérieuse Lilith. Ainsi qu’une révélation : la quête de la fameuse table du roi Salomon, un des secrets les plus insaisissables de l’histoire des civilisations, n’est pas tout à fait terminée…

Mêlant érudition et imagination – amour, aventure, crocodiles et Pygmées –, ce roman palpitant nous plonge au cœur des trésors des bibliothèques de Tombouctou.

Ce que j'en ai pensé : 

De retour pour de nouvelles aventures toujours aussi trépidantes ! 

Comme dans le premier tome, ça secoue ! Et Tirso est un personnage de plus en plus attachant, tout en nuances, qui va, dans ce second opus, en découvrir  un peu plus sur son père...

Cette fois, l'aventure nous entraîne au Mali, en pays dogon, au plus près de l'origine du monothéisme et des croyances populaires.  
Ne vous étonnez pas d'y croiser des Pygmées à dents limées et des crocodiles pas franchement sympas !  

Comme auparavant c'est érudit mais pas saoulant,  c'est à la fois plein de tonus et intelligent, souvent drôle, et ce sont presque 580 pages qui se lisent si vite qu'on regrette déjà d'arriver au dernier chapitre !
Sauf que le narrateur, Tirso, a promis de nous raconter une autre histoire, et que j'ai déjà hâte ! 

(ça va être long, un an...)


La table du roi Salomon - Luis MONTERO MANGLANO


Editions Actes Sud
Parution : juin 2017
Titre original : La mesa del rey Salomon
Traduction : Claude Bleton
528 pages 

Ce qu'en dit l'éditeur :

Canterbury : des ruelles pavées à l’ombre d’une cathédrale mythique, un honorable archevêque, des étudiants, des pubs et des bicyclettes. Tirso Alfaro, doctorant espagnol en art médiéval, s’ennuie à mourir au musée de la ville, où il officie comme guide ; jusqu’au jour où, sous ses yeux, un moine dérobe la précieuse patène ancienne, fleuron de la céramique vitrifiée des maîtres cordouans, qu’il était venu étudier. Échouant à convaincre les autorités que l’œuvre qui continue de briller de tous ses feux derrière la vitrine blindée est une réplique, Tirso est renvoyé à Madrid, où l’attend une offre d’emploi énigmatique, assortie d’un extravagant test d’aptitude… qu’il réussit. Il intègre alors le Corps royal des quêteurs : une organisation secrète, établie dans les sous-sols du Musée archéologique de Madrid, et dont la mission consiste à localiser et à rapatrier par tous les moyens les œuvres du patrimoine historique national que les rapines des guerres des XIXe et XXe siècles ont éparpillées à travers le monde. Les objets ainsi “volés aux voleurs” sont remplacés par de parfaites copies (le procédé mis en œuvre à Canterbury).

La première mission de Tirso, qui porte sur l’un des secrets les plus insondables de l’histoire des civilisations, le lance sur la trace du roi Salomon et de Lilith, l’incomparable reine de Saba.

L’amour et l’action le disputent à l’intrigue et à l’aventure, dans ce roman érudit et trépidant qui nous plonge au cœur des histoires de l’art.

Luis Montero Manglano est né à Madrid en 1981. Il est professeur d'histoire de l'art et d'histoire médiévale.

Ce que j'en ai pensé :

Je suis de plus en plus difficile lorsqu'il s'agit de polar ésotérique, et souvent de plus en plus circonspecte. Il ne s'agit pas de convoquer les Templiers ni seulement d'évoquer des mystères plurimillénaires pour susciter mon intérêt : à force d'avoir tellement lu ce genre, il me faut aussi une érudition certaine (et pas seulement plaquée artificiellement sur l'intrigue), sans qu'elle soit pesante (du genre à donner envie de sauter des paragraphes), que le rythme soit vif et que les personnages, évidemment, soit au moins empathiques sinon crédibles.

Ce roman-là réunit des critères positifs : Tirso le héros, sorte d'universitaire raté qui végète dans l'ombre d'une mère reconnue comme célèbre archéologie et d'un père un peu mystérieux trop tôt disparu, est un bon personnage : un peu trop vif, pas toujours très fin mais intelligent et débrouillard, remplit le rôle à merveille !

L'histoire change un peu (et ironise, en clin d’œil, sur l’absence ces Templiers) et tient la route : une brigade semi-secrète de chercheurs de trésors qui veulent avant tout que l'héritage espagnol retrouve sa place dans les musées.

C'est vivant, enlevé, sans temps mort et les 528 pages défilent à toute vitesse ! Une sorte d'Indiana Jones érudit, mais pas trop, et qui, une fois n'est pas coutume se passe en Espagne et concerne la Table d'Emeraude (clic pour en savoir plus), sujet assez peu abordé dans la littérature ésotérique.

Seul bémol : l'utilisation du passé simple et les tournures de phrases en "on", un peu bizarres mais l'ensemble se tient, se lit avec plaisir !

Ça tombe bien, on dirait que c'est le début d'une série ;o)


Monteperdido - Agustin MARTINEZ

Editions Actes Sud - Collection Actes noirs
Parution : mai 2017
Traduction : Claude BLETON
480 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Monteperdido : un village de montagne acculé contre les plus hauts pics des Pyrénées. Des routes sinueuses, impraticables en hiver, des congères, des rivières qui débordent. Quelques familles, souvent coupées du monde, des sangliers et des chevreuils dans les forêts de peupliers et de pins noirs. C’est là que disparaissent un jour deux fillettes de onze ans qui, comme tous les soirs, traversaient la pinède de retour du collège. Malgré la mobilisation exemplaire du village, on n’a jamais retrouvé leurs traces.
Cinq ans plus tard, au fond d’un ravin, une voiture accidentée et le cadavre d’un homme. À ses côtés, une adolescente désorientée mais vivante : Ana, une des fillettes disparues. Si l’autre est toujours en vie, le temps presse. Qui se cache derrière cet enlèvement ? Deux inspecteurs de Madrid viennent rouvrir l’enquête mais se heurtent à l’hostilité des habitants qui chassent en meute, faisant front contre l’élément exogène, prêts à lutter jusqu’à la mort pour cacher leurs terrifiants secrets. Il apparaît pourtant qu’Ana connaît son ravisseur. Est-ce uniquement la peur et la proximité de son bourreau qui la musellent ? Comment comprendre la troublante triangulation qui s’est jouée pendant cinq ans dans le sous-sol exigu d’un refuge de montagne ? Un roman puissant, âpre et vertigineux à l’image de son saisissant décor.

Né en 1975 en Espagne, Agustin MARTINEZ a d'abord travaillé dans la publicité avant de se consacrer à l'écriture de scénarios. Monteperdido est son premier roman.

Ce que j'en ai pensé :

Monte perdido, mont perdu...un coin reculé des Pyrénées espagnoles, une vallée noyée sous la neige en hiver et sous les pluies torrentielles au printemps, celles qui détruisent les ponts et noient ses habitants.
Un lieu comme hors du temps où la faune sauvage (sangliers, cerfs et chamois) s'ébat dans la forêt qui couvre cette vallée, un endroit où les touristes viennent se reposer, s'essayer à l'escalade ou au canyoning. Là où le seul tunnel qui aurait relié ce "rien" au monde n'a même pas été achevé...Là où ont disparu cinq ans auparavant deux gamines même pas ados.
Tout le monde a été soupçonné et il a été soudain, naturellement, plus commode de supposer qu'une personne extérieure au village avait pu enlever (tuer ?) les deux gamines..
Sauf que, dans ce village coupé du monde, chacun tient ses secrets bien gardés, protège son intimité, se défie de l'autre.
Sara, la flic un peu névrosée, va démêler les fils, s'égarer, reprendre les pistes d'une enquête bâclée cinq ans plus tôt

Un rythme assez lent mais qui permet au lecteur de s'immiscer dans l'âme de chacun des protagonistes, de comprendre les failles et les peurs, de cheminer au plus près de chacun d'eux.
Plutôt très bon pour un premier roman et au final, une intrigue prenante à laquelle s'ajoute une fin déroutante !


Memento mori - Sebastià ALZAMORA

Editions Actes Sud - Collection Actes Noirs
Parution : mars 2013
Titre original : Crim de sang
Traduction : Serge Mestre
304 pages
Prix Sant Jordi


Ce qu'en dit l'éditeur :

Barcelone, été 1936. Le Front populaire au pouvoir déchaîne la plus grande persécution religieuse qu’ait con nue l’Espagne. Des éléments anarchistes incontrôlés se proposent d’“exfiltrer” discrètement des confréries religieuses, contre rançon.
Dans la cuisine de la pension où ils se sont réfugiés en attendant de pouvoir quitter le pays, des frères maristes trouvent le corps sans vie d’un des leurs ; dans la ruelle avoisinante gît celui d’un enfant. Ils ont été vidés de leur sang, dans un modus operandi qui ressemble fort à celui des vampires.
Le commissaire chargé de l’enquête ne croit pas aux vampires. Et pour tout dire, il n’accorde pas plus de crédit aux religieux qu’aux anarchistes qui les persécutent. Les deux acolytes (un docteur et un juge) qui l’assistent occasionnellement sont, eux, fascinés par la légende du Golem et s’ingénient à créer du vivant à partir de la matière inerte et plus particulièrement de dépouilles humaines. Pendant que ses amis s’exaltent avec leurs macabres automates, le commissaire se rend au couvent des Capucines où le chef des anarchistes a caché un évêque dont il pense pouvoir négocier la vie auprès des fascistes. L’infâme éminence, qui se pense aussi surnaturel que Dieu, y a jeté son dévolu sur une toute jeune novice. Est-ce l’effet de la pureté de son chant ou de son insoutenable puberté ?
Thriller gothique sépulcral, d’une beauté grave et envoûtante, Memento mori décrit un monde au bord du gouffre avec une effroyable douceur.
 
Sebastià Alzamora i Martín, né en 1972, est un écrivain, critique littéraire et directeur culturel mayorquin. Il est l’auteur de plusieurs recueils de poèmes et de contes, d’essais et de romans, dont certains sont traduits en français comme La Fleur de peau (Métailié, 2007) et Memento mori (Actes noirs, 2013). 
 
Ce que j'en ai pensé :

J'aurais appris une chose en abandonnant ce roman aux 2/3 de ma lecture : les polars gothiques ne sont pas faits pour moi ! 

Impossible d'adhérer à cette drôle d'histoire où sévissent un vampire, un juge qui fabrique un automate de cheval reconstitué à partir de restes humains et un évêque pervers qui aime les toutes jeunes filles, le tout sur fond de bombardements à Barcelone...

Pourtant la narration est remarquable, d'autant qu'elle tranche avec le sujet traité : elle donnerait presque de la douceur et de la poésie à cette farandole macabre mais elle manque sans doute un peu de peps qui m'aurait donné envie de connaître le dénouement.

Un ratage, une lecture très mitigée et j'arrête ma lecture à la page 160 (mais je n'ai peut-être pas trop la tête à lire en ce moment ?).

Les filles au lion - Jessie BURTON

Editions Gallimard - Collection du Monde Entier
Parution : 9 mars 2017
Titre original : The muse
Traduction : Jean Esch
496 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

En 1967, cela fait déjà quelques années qu’Odelle, originaire des Caraïbes, vit à Londres. Elle travaille dans un magasin de chaussures mais elle s’y ennuie, et rêve de devenir écrivain. Et voilà que sa candidature à un poste de dactylo dans une galerie d’art est acceptée ; un emploi qui pourrait bien changer sa vie. Dès lors, elle se met au service de Marjorie Quick, un personnage haut en couleur qui la pousse à écrire.
Elle rencontre aussi Lawrie Scott, un jeune homme charmant qui possède un magnifique tableau représentant deux jeunes femmes et un lion. De ce tableau il ne sait rien, si ce n’est qu’il appartenait à sa mère. Marjorie Quick, à qui il soumet la mystérieuse toile, a l’air d’en savoir plus qu’elle ne veut bien le dire, ce qui pique la curiosité d’Odelle.
La jeune femme décide de déchiffrer l'énigme des Filles au lion. Sa quête va révéler une histoire d’amour et d’ambition enfouie au cœur de l’Andalousie des années trente, alors que la guerre d’Espagne s’apprête à faire rage. 

(autres couvertures)

 Ce que j'en ai pensé :

Après Miniaturiste et sa Hollande sombre et glaciale, Jessie Burton pose sa plume entre Andalousie lumineuse et Londres enfiévrée pour Les filles au lion. On pourrait dire "pose son pinceau" puisque le roman parle d'un mystérieux tableau surgi du passé et tant la prose est fine et délicate, restituant avec soin l'Espagne des années 30 et Londres à la fin des années 1960.

« (...) en tendant l'oreille, vous pouviez entendre les articulations d'un scarabée qui cheminait entre les racines des maïs.
Des collines provenaient la musique sourde des cloches des chèvres, qui venaient étouffer ces bruits plus légers en descendant parmi les éboulis, à travers le voile de chaleur. Les abeilles, assoupies par les grosses têtes plates des fleurs, les voix des fermiers qui s'appelaient, les arpèges des oiseaux qui jaillissaient des arbres. Une journée d'été fait tellement de bruit, quand vous demeurez totalement silencieux. »

L'art est d'une certaine façon le point commun de ces deux romans, mais ce sont surtout les femmes, une nouvelle fois, qui sont à l'honneur. Femmes fortes bien que soumises à l'homme ou aux diktats sociaux : l'héroïne londonienne est une jeune exilée caribéenne qui se rêve écrivain (mais doit avant tout lutter contre la précarité et le racisme) et Olive, la jeune fille peintre, réfugiée en Espagne, cache son talent original derrière une imposture.

«  Qui peignait ainsi ? Une fille de dix-neuf ans dans son pyjama d'internat ? Qui connaissait de telles couleurs, qui pouvait s'emparer du paysage dans lequel elle venait d'arriver et en faire quelque chose de plus beau, de plus fort, plus éclatant que le soleil qui envahissait la pièce ? »

Le roman croise donc deux histoires, deux personnalités, deux destins peu ordinaires et Jessie Burton confirme un immense talent. Certes, le fond est parfois romanesque, mais le livre interroge aussi sur la création artistique, sur les difficultés d'être une femme artiste, sur les préjugés et sans être féministe, sur la position de la femme.

«  J'ai vu ce que le succès fait aux gens, comment il les éloigne de leurs impulsions créatrices, comment il les paralyse. Ils ne peuvent plus faire autre chose que d'horribles répliques de ce qu'ils ont déjà fait, car tout le monde a un avis sur ce qu'ils sont et ce qu'ils devraient être. »

NB : Comme me le fait remarquer Electra, j'ai oublié de préciser : j'ai beaucoup beaucoup aimé ce roman ! Parce qu'il est remarquablement bien écrit (un mélange de simplicité et de profondeur peu communs), parce que j'ai eu l'impression que 'auteur livrait un peu d'elle-même (notamment sur les effets pervers de la célébrité et de la "pression" quand il s'agit de faire une "nouvelle" œuvre quand la première a été un succès fou), parce qu'on y parle des femmes sans le militantisme (que je trouve ridicule) des chiennes-de-garde, parce qu'il y a des personnages forts (j'ai profondément aimé Marjorie Quick), parce qu'il y est aussi question de passions (amoureuses, artistiques, révolutionnaires).

A lire pour comprendre peut-être les mots cachés dans ce roman, le blog de l'auteur :
  http://www.jessieburton.co.uk/blog.html
  

Les muselés - Aro SAINZ de la MAZA

Editions Actes Sud - collection Actes Noirs
Parution : 7 septembre 2016
Titre original : El angulo muerto
Traduction : Serge Mestre
368 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Dans un sous-bois à la lisière de Barcelone, caché sous des feuilles mortes, gît le corps d’une jeune femme à l’aspect en tout point ordinaire, si ce n’est ses ongles, impeccablement manucurés : une étudiante de famille modeste qui finance ses études au service de recouvrement de créances dans un cabinet d’avocats, et arrondit ses fins de mois en faisant l’escort-girl.
Quelques jours plus tard, un des associés du cabinet qui l’employait est retrouvé mort dans son appartement cossu du centre-ville. De la chaîne hifi high-tech s’échappent encore des accords de blues, tandis que le champagne s’évente sur le comptoir de marbre noir.
L’enquête s’annonçait déjà ardue quand un sadique entreprend d’exposer dans les squares, à la vue des enfants, des chiens empalés. Les plaintes fusent et la pression est à son comble pour l’inspecteur Milo, chaque jour un peu plus gagné par la schizophrénie qui a déjà emporté son père et ronge désormais son frère Hugo. Mais ces troubles psychotiques qu’il essaie d’endiguer sont aussi sa plus grande force : une capacité hors pair à se mettre dans la peau des meurtriers.
Le pouvoir politique veut des arrestations pour ramener l’ordre dans la ville et refuse d’entendre les clameurs d’une cohorte d’Indignés pris au collet par le chômage, la corruption et la misère, prêts à tout pour simplement survivre. Mais qui sont les coupables ? Ces victimes ?
Dans une Barcelone en noir et blanc, pétrifiée et transie, asphyxiée par la crise, l’auteur conduit un thriller poignant sur la ligne rouge qui mène au précipice les exclus du système.

Né à  Barcelone en 1959, diplômé à l'Université de Barcelone, Aro Sáinz de la Maza est écrivain, éditeur, correcteur et traducteur. Il a écrit des romans, des livres d'histoire et est coauteur de deux recueils de contes populaires. 

Ce que j'en ai pensé :

Le précédent opus d'Aro SAINZ de LA MAZA faisait partie de mes chouchous de l'année 2014, j'avais aimé le style du Bourreau de Gaudi même si quelques particularités linguistiques entre l'espagnol et sa traduction m’avaient agacée.

J'ai retrouvé avec plaisir Milo Malart, peut-être un peu moins "psychosé" qu'avant (malgré le pétage de plomb de son frère...) mais surtout plus humain (merci au chien !). Et je me suis laissée embarquer dans cette enquête sans trop de résistance ! 

Au-delà du roman policier, c'est un portrait de Barcelone engluée dans la crise qu'offre l'auteur, et il restitue fort bien l'ambiance d'une ville où le chômage s'aggrave, où les sans-abris se multiplient : un terreau propice au crime et à l'angoisse, pas loin de la révolte.

Cette fois pas d'expressions agaçantes comme dans le premier tome, et un rythme soutenu qui font de ce roman un moment de plaisir ! A souhaiter que les enquêtes de Milo Malart continuent !

 

Le secret de l'empereur - Amélie de Bourbon-Parme

éd Gallimard - 27 août 2015 - 320 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
En 1555, l'empereur Charles Quint annonce aux dignitaires des Pays Bas qu'il quitte le pouvoir et qu'il transmet sa couronne à son fils Philippe, pour rejoindre le monastère de Yuste, au fin fond de l'Estrémadure. Déçu par un idéal impossible à réaliser, épuisé par des voyages incessants à travers ses royaumes, il se retire du monde pour se consacrer à sa dernière passion, digne d'un prince de la Renaissance : les instruments de mesure du temps. Ce roman est le récit de son renoncement, l'histoire de son règne et de son obsession pour une horloge mystérieuse, dont le fonctionnement et la finalité, soudain, lui échappe. Aucun des maîtres horlogers qui l'entourent ne peut percer le secret de cet incroyable mécanisme. Après avoir étendu son empire sur tout l'espace du globe, parviendra-t-il à percer l'insondable mystère du temps ? Pourquoi l'homme le plus puissant d'Occident, empereur du Saint Empire romain germanique, qui s'est opposé de toutes ses forces à l'Empire Ottoman, et qui fut à l'origine des expéditions qui permirent de découvrir l'Amérique, décide-t-il de quitter le monde ? 

Amélie de Bourbon Parme (née le 13 mars 1977 à Paris) est journaliste et écrivain.
 Docteur en histoire (Université Paris Sorbonne), elle a écrit en 2001 un livre sur
 Louis XVII, son arrière-cousin. Elle a épousé Igor Bogdanoff  en 2009.

 Charles de Habsbourg dit Charles Quint, né le 24 février 1500 à Gand
 et mort le 21 septembre 1558 au monastère de Yuste
un astrarium tel que conçu en Italie au XIVème siècle
 
Ce que j'en ai pensé :
Lassé de l'exercice du pouvoir et affaibli par des crises de goutte, Charles Quint, monarque chrétien le plus puissant du XVIe siècle, veut se retirer au fond de l'Estrémadure, au monastère hiéronymite de Yuste où il veut consacrer son temps au salut de son âme. Il n'emporte avec lui que certains tableaux (dont celui de François 1er, son ennemi juré !) et sa collection de pendules parmi lesquelles se trouve une drôle d'horloge astronomique dont le mécanisme étrange pourrait bien déplaire à l'Inquisition.
Le roman, à la narration plaisante, évoque le déclin d'un roi, usé par les guerres et les voyages, diminué physiquement, obsédé par sa rédemption mais intrigué par un mystère mécanique qu'il ne comprend pas. Cet astrarium (mélange d'horloge astronomique et de planétarium) est une énigme et permet d'entretenir un (léger) suspens tout au long du livre. Pourtant, à la mort du roi, rien n'est résolu, le mystère de sa conception reste entier et Copernic est tout juste évoqué...Dommage !
Il semble que l'auteur ait (volontairement ?) interverti des personnages : le maître-horloger au service de Charles Quint pendant les dernières années de son règne (en 1555 dans le roman) est nommé Giovanni par l'auteur et vient de Crémone alors que le supposé fabricant de l'horloge mystérieuse serait un certain moine Della Torre. 

En faisant quelques recherches, il s'avère que Gianello Torriani, dit Della Torre, fut embauché dès 1530 par l'Empereur pour réparer un astrarium fabriqué par Giovanni Dondi Dell'orologio (de Crémone) au milieu du XIVème siècle.
Etrange quand on sait qu'Amélie de Bourbon-Parme est historienne, sauf à admettre que la littérature puisse prendre quelques libertés avec l'Histoire ?

Le chat andalou - Eugen RUGE

éd Les Escales - 4 novembre 2015 - 224 pages
Titre original : Cabo de gata
Traduction : Pierre Deshusses


Ce qu'en dit l'éditeur :
Un homme décide de tout quitter : sa ville, son pays, son ex-femme et leur fille. Sans beaucoup plus qu'un hamac et quelques carnets dans ses valises, il part vers le Sud.
Le hasard le conduit à Cabo de Gata, un village de pêcheurs perdu sur la côté méditerranéenne de l'Espagne. Un paysage hostile balayé par les vents où il ne fait pas bon de vivre. Seul hôte de la pension locale tenue par une vieille veuve, l'homme décide pourtant de rester et d'écrire un livre. La routine du quotidien rythme ses journées qu'il passe à ramasser des coquillages et à observer la vie alentour, les allées et venues des chiens, des hommes, des mouettes et des bateaux. De temps à autre, la rencontre d'un touriste de passage vient égayer cette existence à laquelle l'étranger commence à prendre goût. Ils discutent littérature et écriture.
Mais, au village, personne ne semble comprendre le nouveau venu. Personne, à part un chat. 

 Né dans l'Oural en 1954, Eugen Ruge est mathématicien de formation. 
En 1988, il décide de passer à l'Ouest. Depuis la chute du Mur, il travaille 
pour le théâtre et la radio comme auteur et traducteur officiel de Tchekhov. 

Ce que j'en ai pensé :
Tout plaquer et aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte, chercher le soleil et la solitude. Voila ce qui motive ce drôle de narrateur qui s'embarque en train pour l'Espagne, erre dans Barcelone pour finalement rejoindre un bout du monde andalou où il cherche un autre sens à sa vie. 
Comme le roman d'un échec (amoureux, humain, littéraire), ce livre a la douce qualité de ne s'enfoncer ni dans la mélancolie ni dans l'introspection nombriliste. Il évoque des rencontres, parfois muettes, souvent cocasses, avec les autochtones  et les limites de ces relations qu'on essaie d'entretenir ou qu'on peut trouver envahissantes.
C'est une lecture délicieuse, légère et profonde à la fois, où l'absurde perturbe la routine, où le narrateur parle d'écriture, d'un chat étrange, d'un cercueil échoué, et de soupe aux pois chiches.

Ça aussi, ça passera (2) - Milena BUSQUETS


Dans le "ELLE" de cette semaine, page , Olivia de LAMBERTERIE ajoute sa voix au chœur de louanges pour ce roman paru chez Gallimard et dont j'ai fait un billet il y a presque un mois, le jour de sa parution...
Je n'étais pas très enthousiaste après ma lecture mais à lire d'autres critiques bien plus élogieuses, je m'étais persuadée d'être passée à côté et qu'il me faudrait peut-être le relire.
Sauf que, dans l'article de "ELLE", je tombe sur ça :


Mince alors ! Si cette lectrice qui l'a lu 3 fois l'adore, et que moi je n'ai pas plus aimé que ça, c'est parce que nous avons tous des sensibilités différentes et qu'un lecteur n'est pas un être unique, formaté. 
Ce qui est pathétique, ça n'est pas d'aimer tellement un livre (ou pas, parce qu'on a "loupé le truc") mais c'est de mépriser le lecteur en insinuant qu'il puisse être crétin !
Au prix auquel on paye les bouquins, on n'aime pas trop être pris pour des jambons (ou des chorizos !!)...

Hortensias - David THOMAS

éd STOCK - avril 2015 - 232 pages
Ce qu'en dit l'éditeur :
Gabriel Vialle, la cinquantaine, a un double choc au tournant de sa vie : il met fin à une relation compliquée et apprend la mort brutale de sa mère. Confiné chez lui alors que sa fiancée obstinée tape à la porte, il voit tous les moments forts de sa vie lui revenir en rafales. La mort de son père sur un chemin de Formentera. Son enfance de petit faune aux Baléares. Sa jeunesse dans les quartiers populaires de Barcelone. Ses rapports difficiles et lointains avec sa mère partie brûler sa vie dans le Swinging London.
Au terme de dix-sept jours d’enfermement, il décide de tout abandonner et revient dans la maison de son enfance hippie, à Formentera.
Mais son retour sera plus brutal que prévu.
Journaliste né en 1966, David THOMAS se consacre à
 l'écriture (théâtre, romans) depuis 2007. Il est 
l'auteur de La patience des buffles sous la pluie (nouvelles).
Ce que j'en ai pensé :
Quel roman ! J'ai accroché dès la première page, en le feuilletant à la librairie, et je n'ai pas hésité ! Impossible de le lâcher ! 
Ce bouquin est un heureux mélange d'ironie mordante et de nostalgie, ces pages sont pleines d'images heureuses d'une enfance passée à Formentera entre vieilles pierres et mer turquoise, bercée par les bêtises de gamin. Il est le récit de la presqu'errance d'un jeune homme un peu déraciné, puis d'un adulte qui envoie tout valser pour se reconstruire et se retrouver. 
Et bien que s'en dégage une impression de solitude, que l'auteur y évoque sa mère absente parce que trop occupée par ses mondanités, il n'y a jamais de tristesse mais une manière presque cruelle de se débarrasser de l'auto-apitoiement. Les scènes cocasses y sont légion (ah ! le concert des Rolling Stones à Hyde Park en 1969) et même face à la mort l'humour reste prégnant, plus fort que tout.
Un vrai coup de coeur (et un livre-hérisson !) qui me donne très envie de découvrir d'autres écrits de cet auteur !

Extraits :
"Les souvenirs ne sont pas faits pour être justes et vrais, ils sont faits pour être ces terriers dans lesquels on s'engouffre pour souffler un peu du présent."

"Ils étaient ce qu'on appelle communément des jeunes cons, dont le comportement promettait avec certitude qu'ils deviendraient rapidement des vieux tout aussi cons."

Ça aussi, ça passera - Milena BUSQUETS


titre original : Tambien esto pasara
traduction : Robert Amutio
éd Gallimard - 192 pages
parution 04 mai 2015
Ce qu'en dit l'éditeur :
C’est l’été, la saison préférée de Blanca. Après le décès de sa mère, elle quitte Barcelone pour s’installer dans la maison de vacances familiale de Cadaqués. Sur cette terre riche des souvenirs de son enfance, sous le soleil de la Méditerranée, elle cherche l’apaisement. Mais elle ne part pas seule, une troupe disparate et invraisemblable l’accompagne : ses deux ex-maris, les fils qu’elle a eus d’eux, ses amies Sofía et Elisa, son amant Santi et, bien entendu, sa mère défunte, à qui elle ne cesse de parler par-delà la mort, tant cette disparition lui semble difficile et inacceptable.
Les baignades, les promenades en bateau et les siestes dans le hamac vont se succéder, tout comme ces longs dîners estivaux au cours desquels les paroles s’échangent aussi facilement que les joints ou les amours. Les souvenirs affleurent alors, faisant s’entrelacer passé et présent. Blanca repense à cette mère fantasque, intellectuelle libre et exigeante, qu’elle a tant aimée et tant détestée. Elle lui écrit mentalement une lettre silencieuse et intense dans laquelle elle essaie de faire le bilan le plus honnête de leur relation douloureusement complexe.
Elle lui dit avec ses mots tendres, drôles et poignants que face à la mort elle choisit l’élégance, la légèreté, la vie.
Elle lui dit qu’elle choisit l’été et Cadaqués car elle sait que ça aussi, ça passera.
Livre événement de la Foire de Francfort 2014, traduit et publié dans une trentaine de pays, ce deuxième roman de Milena Busquets est un petit prodige d’équilibre et d’intelligence. 
Milena BUSQUETS, née en 1972, a étudié au 
Lycée français de Barcelone et à l'Institut 
d'archéologie de Londres. 
Ce que j'en ai pensé :
J'avais envie de ce roman parce que l'histoire se déroule essentiellement à Cadaquès où je vais passer le week-end. Tout me semblait réuni pour tisser une intrigue a priori captivante : la mer, le soleil, les copains et ce très beau coin d'Espagne.
Pourtant, s'il y a des passages intéressants, très justes par leur ton, il m'a manqué quelque chose. Je n'ai pas réussi à ressentir assez d'empathie pour le personnage principal, Blanca, rentière un peu bobo et très portée sur le sexe, qui vient d'enterrer sa mère et qui, de chagrin ou par habitude, recouche avec un de ses ex-maris, en drague un autre, ne fait que penser à la défunte et qui finalement, semble se perdre à la recherche d'elle-même et de l'apaisement. Ça m'a semblé parfois un peu confus, j'ai dû relire quelques phrases dont je ne comprenais pas le cheminement...
Déception, donc....

Tétraméron, les contes de Soledad - José Carlos SOMOZA

titre original :  Tetrammeron : Los cuentos de Soledad
traducteur : Marianne Millon
éd Actes Sud - 256 pages
Ce qu'en dit l'éditeur :
Dans un mystérieux ermitage aux abords de Madrid, une société occulte se réunit une fois l'an pour raconter des contes cruels. Une jeune collégienne en excursion scolaire se voit impliquée de force dans cet édifiant étalage d'histoires hantées par la présence du péché, de la tentation, de la luxure et du mal à l'état pur. Un rite de passage pour anéantir les paradis de l'enfance.
Né en 1959 à La Havane, José Carlos SOMOZA 
est un écrivain espagnol, par ailleurs ancien psychiatre.
Ce que j'en ai pensé :
 Je n'avais encore lu roman de SOMOZA et j'ai eu l'impression de pénétrer dans un univers étrange, vaguement malsain et dérangeant...
Dans ces contes cruels, l'auteur nous invite à ouvrir des coffrets gigognes, chacun révélant une nouvelle histoire. On entre dans une atmosphère souvent onirique mais j'ai eu la plupart du temps la sensation que c'était comme ouvrir la boîte de Pandore et qu'on glissait de plus en plus vers quelque chose d'oppressant où le "fantasme" sert de prétexte à la perversité. 
Je crois même ne pas avoir tout compris, ne pas avoir trouvé de vrai "but" à ces contes. Je suis passée à côté de l'univers de José Carlos SOMOZA, j'ai été dérangée par ces contes et par les personnages qui, à mon sens, dépassent le gothique annoncé en 4ème de couverture et ont fini par me paraître assez sordides et amoraux.
C'était peut-être l'objectif de ce roman puisque l'auteur a été psychiatre, mais quand je pense à ce vendeur de librairie qui m'indiquait que l'ouvrage était classé "jeunesse"......(après vérification, ça ne semble pas être le cas !)

Le bourreau de Gaudi - Aro SAINZ DE LA MAZA

Ce qu'en dit l'éditeur :
Un corps en flammes est retrouvé pendu au balcon d’un des monuments les plus emblématiques de Barcelone, La Pedrera, d’Antonio Gaudí. Bien mauvaise publicité pour la ville à quelques semaines de la consécration par le pape de la Sagrada Familia. Les services policiers sont aux abois et réintègrent l’électron libre Milo Malart, révoqué par mesure disciplinaire. Tandis qu’il enquête en binôme avec une jeune sous-inspectrice, qui semble tout droit sortie d’une série américaine à succès, les meurtres s’enchaînent selon un rituel immuable : toujours des membres de l’oligarchie barcelonaise, férocement mutilés au sein des édifices du célèbre architecte qui fait la gloire de la ville. Barcelone a vendu son âme au diable ; elle doit payer le prix de sa magnificence.
La chasse à l’homme est ouverte, mais qui cherche-t-on ? Un prédateur sadique assoiffé de vengeance ou la victime d’un système politique arrogant et corrompu, qui sacrifie les plus fragiles au faste tapageur de la ville et à sa manne touristique ? Pour répondre, il faut d’abord décrypter le symbolisme ésotérique des œuvres de Gaudí, aux formes proprement hallucinantes.
(la couverture originale)

Dans une intrigue magistralement tenue jusqu’à la dernière page, orchestrant pressions politiques, énigmes maçonniques, mœurs dissolues et presse à sensation, Le Bourreau de Gaudí plante l’envers du décor d’une cité unanimement saluée pour sa beauté et sa prouesse architecturale. Une “Ville des prodiges” terriblement moderne et effroyablement archaïque.

 Ce que j'en ai pensé :
Ce sont les fameuses cheminées de la Pedrera qui m'ont d'abord attirée, et le titre, alors que je rentrais tout juste de Barcelone où Gaudi est omniprésent, du Park Guell à la Sagrada Familia, grandiose.
Et comme en plus je trouve les polars publiés chez Actes Sud particulièrement bons, je me suis laissée tenter par les 667 pages de ce roman noir...
667 pages hypnotisantes, s'enchaînant dans une intrigue intelligente, menée tambour battant ! Un vrai bon polar, noir, fort, intense, captivant ; un héros magnétique, bourru et psychotique (comme tous les flics de polar, hein ? la recette est connue) avec des tendances schizophrènes (ça c'est inédit) et un 6ème sens pas commun, mâtiné d'une empathie pour..les criminels ! Et ces criminels-là valent leur pesant d'or : torture, vengeance par le feu, perversions...
(la Pedrera, maison de Gaudi sur le Paseig de Gracia)
Bref, je me suis régalée, je n'ai pas vu défiler les pages, et en plus j'ai adoré retrouver au fil de l'intrigue les différents lieux de Barcelone liés à Gaudi sans avoir l'impression de me taper un guide touristique comme dans Inferno !
Seul bémol, l'expression "vilaine fille" avec laquelle Camilo Masart, le flic, désigne sa collègue quand il lui parle, je n'ai pas compris la subtilité de ce surnom, j'ai supposé que c'était un trait d'humour ibérique mais dans le doute...


En avant route ! - Alix de SAINT-ANDRE

Ce qu'en dit l'éditeur :

Pèlerine multirécidiviste, peu douée pour la marche et accrochée à ses cigarettes, Alix de Saint- André a pris trois fois la route de Compostelle. D’abord, depuis Saint-Jean-Pied-de-Port, sur le « chemin français », où s’envolèrent ses idées de méditation solitaire dans des refuges surpeuplés ; puis, de La Corogne jusqu’à Finisterre, sur le « chemin anglais » ; et enfin depuis les bords de Loire, pour accomplir ce que les Espagnols appellent « le vrai chemin », celui qu’on doit faire en partant de chez soi...
De paysages sublimes en banlieues pittoresques, elle a rejoint ce peuple de marcheurs de tous pays, réunis moins par la foi que par les ampoules au pied, qui se retrouvent pour vivre à quatre kilomètres-heure une aventure humaine sur laquelle elle porte un regard à la fois affectueux et espiègle.


Ce que j'en ai pensé :
Est-ce que je m'attendais à quelque chose de plus drôle, de plus fantasque ? Je ne sais pas trop mais ce récit m'a globalement déçue parce qu'il y manquait un peu plus de second degré et que, même si Compostelle est avant tout un pélerinage, il y avait un peu trop de bondieuseries dans ce bouquin. Je sais, ça parait normal, mais j'ai eu l'impression de me retrouver à la messe avec une drôle de paroissienne, très franchement catho tradi (qui connait quand même des prières en latin !) mais qui se défendrait peu ou prou de l'être...étonnante sensation d'un récit "pas franc"...
Ça n'est pas déplaisant à lire, à la manière d'un blog, mais ça n'est jamais assez profond dans la réflexion...Par pudeur ? On ne sait pas trop ce qui a retenu Alix de SAINT-ANDRÉ dans cette manière de relater ses expériences du "camino" en nous livrant des portraits un peu vite brossés de personnes qu'elle a sans doute trouvés bien plus attachants que ce qu'elle en révèle.


 J'avais offert ce livre à ma mère, qui fait le chemin, par petites étapes, et j'avais la curiosité  de le lire aussi...je n'ai pas été convaincue.