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Chien-loup - Serge JONCOUR

Editions Flammarion
Parution : 22 août 2018
480 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

L’idée de passer tout l’été coupés du monde angoissait Franck mais enchantait Lise, alors Franck avait accepté, un peu à contrecœur et beaucoup par amour, de louer dans le Lot cette maison absente de toutes les cartes et privée de tout réseau. L’annonce parlait d’un gîte perdu au milieu des collines, de calme et de paix. Mais pas du passé sanglant de cet endroit que personne n’habitait plus et qui avait abrité un dompteur allemand et ses fauves pendant la Première Guerre mondiale. Et pas non plus de ce chien sans collier, chien ou loup, qui s’est imposé au couple dès le premier soir et qui semblait chercher un maître. En arrivant cet été-là, Franck croyait encore que la nature, qu’on avait apprivoisée aussi bien qu’un animal de compagnie, n’avait plus rien de sauvage ; il pensait que les guerres du passé, où les hommes s’entretuaient, avaient cédé la place à des guerres plus insidieuses, moins meurtrières. Ça, c’était en arrivant.

Serge Joncour raconte l’histoire, à un siècle de distance, d’un village du Lot, et c’est tout un passé peuplé de bêtes et anéanti par la guerre qu’il déterre, comme pour mieux éclairer notre monde contemporain. En mettant en scène un couple moderne aux prises avec la nature et confronté à la violence, il nous montre que la sauvagerie est toujours prête à surgir au cœur de nos existences civilisées, comme un chien-loup.


Ce que j'en ai pensé :

L'homme est un loup pour l'homme. Il en faut parfois peu pour que la violence le gagne et lui fasse perdre raison, pour que la bestialité prenne le dessus. 

Et on sent, dès les premières pages, que ces terres perdues au fond du Lot, coupées du monde, vont être le décor idéal pour laisser à la sauvagerie toute latitude.

Elle va d'abord se matérialiser par l'apparition d'un chien sauvage, sans collier et sans maître, qui traîne aux abords de la maison, puis se dessiner dans le souvenir de ces fauves d'un cirque réfugiés sur la colline avec leur dresseur et enfin, éclater dans la rancoeur de Franck envers ses jeunes associés.
L'homme est tour à tour un "jeune loup" conquérant, un boucher, un chasseur, un geôlier...

Et les femmes ? Elles apparaissent comme les seules capables de lutter contre la part animale et brutale des hommes, communiant avec la nature, s'adaptant à cet environnement hostile (Lise), ou composant avec la sensualité et la mort (Joséphine), tempérant la colère et la cruauté.

La  superposition des deux époques de narration (la guerre de 14-18 / notre époque) multiplie les parallèles, développe le thème de la sauvagerie en miroir.

Serge Joncour montre ici à quel point il est dans son élément, jonglant entre situations tendues et humour, entretenant le suspens au milieu d'une nature tantôt créatrice de paix, tantôt génératrice d'angoisse. Ça bruisse, c'est dense, inquiétant, c'est, d'une certaine manière, une autre forme de sauvagerie.

J'aurais pu lire 100 pages de plus tant ce nouveau roman m'a séduite, tant dans sa narration, riche et savoureuse, que pour cette histoire que j'ai aimé ! 

Une parfait réussite !

Merci aux Editions Flammarion et à Babelio pour cette lecture en avant-première !


Repose-toi sur moi - Serge JONCOUR

Editions Flammarion
Parution : 17 août 2016
427 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Aurore est styliste et mère de famille. Ludovic est un ancien agriculteur reconverti dans le recouvrement de dettes. Ils partagent la cour de leur immeuble parisien et se rencontrent car des corbeaux s'y sont installés. Leurs divergences pour régler ce problème les mènent à l'affrontement mais ils finissent par apprendre à se connaître.

Serge Joncour est un écrivain français né en 1961. Il est romancier, nouvelliste et scénariste.

Ce que j'en ai pensé :

Je suis fan de Serge Joncour depuis longtemps, je relis UV régulièrement, et L'écrivain national était une belle réussite Pour autant, je redoutais ce nouveau roman : la quatrième de couverture ressemblait fort au synopsis d'une pâle bluette...

Effectivement, tout semble conduire à un roman d'amour à l'intrigue et aux ingrédients un peu convenus : un gars venu du Lot, veuf et d'origine paysanne, et une parisienne, styliste, mariée, belle et mère de jumeaux...

Sauf que, si l'ensemble souffre un peu du romantisme facile et n'évite pas certains poncifs et certains raccourcis (opposition paysans/citadins, force/fragilité, solitude/famille), la plume de Serge Joncour fait merveille et révèle toute l'empathie qu'il a pour ces personnages, dévoilant leurs failles et leurs hésitations, explorant les méandres de l'âme humaine, ses inquiétudes...

Alors même si ça n'est pas le meilleur roman de l'auteur, c'est une belle histoire (d'amour) et certains passages maintiennent le rythme, sont carrèment addictifs, permettant de passer un bon moment de lecture !


Note : un mois après, cette histoire me trotte encore dans la tête...

L'amour sans le faire - Serge JONCOUR

éditions Flammarion
320 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

« On ne refait pas sa vie, c'est juste l'ancienne sur laquelle on insiste », pense Franck en arrivant aux Bertranges, chez ses parents qu'il n'a pas vus depuis dix ans. Louise est là, pour passer quelques jours de vacances avec son fils dont elle a confié la garde aux parents de Franck. Le temps a passé, la ferme familiale a vieilli, mais ces retrouvailles inattendues vont bouleverser le cours des choses. Franck et Louise sont deux êtres abîmés par la vie, ils se parlent peu mais semblent se comprendre. Dans le silence de cet été chaud et ensoleillé, autour de cet enfant de cinq ans, « insister » finit par ressembler, tout simplement, à la vie réinventée. 
Né en 1961, Serge Joncour est l'auteur, entre autres, 
de L'idole, UV, romans adaptés pour le cinéma

Ce que j'en ai pensé :

Ce qu'il y a de bien avec Serge Joncour, c'est qu'à chaque fois j'ai la certitude de me laisser envelopper toute entière par une histoire où les mots, les sentiments sonnent justes, où les phrases sont taillées à la perfection d'une image pour restituer une ambiance.

Là, encore, je n'ai pas été déçue. Et là encore, en refermant ce roman, je me suis fait la réflexion que j'avais passé un chouette moment, que j'avais trouvé ma place dans cette cour de ferme du Lot avec les trois personnages autour de moi comme une famille. Que j'avais senti leur drôle d'amour, leur goût de la terre, leur apaisement.

Un beau roman du retour aux sources, aux origines, du retour vers le passé, et les thèmes chers à Serge Joncour, une infinie tendresse malgré les silences et les non-dits.

(Seul bémol, un truc idiot qui a échappé à la relecture-correction : la voiture change de couleur, verte puis rouge...Mais ce n'est pas ce genre de bricole qui compte).

Au salon du livre


L'an dernier, invitée par le magazine ELLE dans le cadre du Jury des Lectrices, je n'avais pas pu me rendre au Salon du Livre. Je ne suis pas fan de ce type de manifestation, de ces ambiances surpeuplées et surchauffées.


J'ai beaucoup de mal à aller vers les auteurs en dédicace parce que je les suppose souffrir de l'exercice, obligés de se plier à la contrainte de la promo grand public. Je suis même franchement embarrassée de me retrouver face à l'un d'eux, tendant un livre à signer et m'imaginant ne pas savoir que leur dire hors "j'aime beaucoup ce que vous écrivez" (et qui est d'une banalité affligeante !!)..
Cette année pourtant, invitée sur un plateau télé, j'ai profité de mon escapade parisienne pour arpenter les allées du salon le dimanche et la balade a été plaisante.

J'avais prévu quelques achats sur les stands d'Actes Sud, de Zulma et de Métailié  et ma PAL a encore augmenté :

Hilarion, Christophe ESTRADA
Saltarello, Matthieu Dhennin
Si rien ne bouge, Hélène GAUDY
La montagne de minuit, Jean-Marie BLAS de ROBLES (l'auteur, qui venait juste d'arriver sur le (tout petit mais très coloré) stand des éditions ZULMA, buvait son café avant la séance de dédicaces et m'a spontanément proposé de m'écrire un petit mot ! Un homme charmant dont les yeux pétillent !)
Le soleil se couche à Sao Paulo, Bernardo CARVALHO, présent sur le stand et qui parle français ! Sa dédicace est un clin d'oeil à ce roman brésilien qui parle d'expatriés japonais...
Après l'orage, Selva ALMADA
Scipion, Pablo CASACUBERTA
L'amour sans le faire, Serge JONCOUR qui tend spontanément la main pour saluer les lecteurs/lectrices et avec qui j'ai évoqué la cocasserie de la situation (son dernier roman évoque les rencontres auteur/lectrice), qui fait de la pub pour le bouquin de Bégaudeau !


J'ai raté Laurent GAUDÉ (la file d'attente trop longue m'a découragée et je n'avais emporté avec moi aucun de ses romans, c'est ma déception du jour !) et Tatiana de ROSNAY, je me suis perdue dans les yeux bleus et le beau sourire d'Olivier ADAM (et j'étais super impressionnée !), 


J'ai été émue de voir Joseph JOFFO, j'ai souri en apercevant Ian MANOOK dont j'avais détesté "Yeruldelgger" l'an passé et qui portait un tee-shirt sympa,

 ("cool Yerul..")

j'ai trouvé Monsieur Jean d'ORMESSON bien fatigué, et Antoine VOLODINE bien seul...Il y avait aussi Justine LEVY et une file de groupies essentiellement féminines, Raphaël ENTHOVEN qui parlait du snobisme (qui d'autre à part lui ?), Patricia MacDONALD, Yanick LAHENS, Susie MORGENSTERN et ses lunettes-coeur...

Pas de temps non plus pour traîner du côté des livres sur le voyage, pas assez pour écouter toute la conférence sur la déforestation en Amazonie (avec le chef indien Almir Narayamoga Surui)  ni de découvrir les auteurs congolais...

Fatiguée mais ravie, j'ai attendu de rejoindre mon hôtel où j'ai découvert et savouré mes dédicaces ;o)

L'écrivain national - Serge JONCOUR


Ce qu’en dit l’éditeur :

Le jour où il arrive en résidence d’écriture dans une petite ville du centre de la France, Serge découvre dans la gazette locale qu’un certain Commodore, vieux maraîcher à la retraite que tous disent richissime, a disparu sans laisser de traces. On soupçonne deux jeunes « néoruraux », Aurélik et Dora, de l’avoir tué. Mais dans ce fait divers, ce qui fascine le plus l’écrivain, c’est une photo : celle de Dora dans le journal. Dès lors, sous le regard de plus en plus suspicieux des habitants de la ville, cet « écrivain national », comme l’appelle malicieusement monsieur le Maire, va enquêter à sa manière, celle d’un auteur qui recueille les confidences et échafaude des romans, dans l’espoir de se rapprocher de la magnétique Dora. Dans une atmosphère très chabrolienne, Serge Joncour déroule une histoire à haute tension : les quelques semaines de tranquillité que promettait ce séjour d’écriture se muent, lentement mais sûrement, en une inquiétante plongée dans nos peurs contemporaines

.

Ce que j’en ai pensé : 

Beaucoup de choses m’ont plu dans ce roman que j’ai pris plaisir à lire, comme les précédents de cet auteur (découvert avec «U.V» dont il parle justement dans cet opus.

On est plongé dans une atmosphère effectivement très chabrolienne qui devient étouffante, oppressante ; on ne peut manquer de penser au «Cri du hibou» ou à «Poulet au vinaigre» tant l’ambiance de cette petite ville du Morvan que décrit Serge Joncour est marquée par la suspicion et la rumeur.

Le prétexte premier du roman, ces ateliers d’écriture et ces rencontres avec les lecteurs, donnent lieu à des scènes assez drôles parfois mais souvent cruelles (l’écrivain-narrateur évoque la critique au vitriol de ces romans par une lectrice très énervée, raconte toute l’ambiguïté d’un atelier d’écriture avec des illettrés, narre un repas partagé avec l’élite politique du coin dont pas un membre n’a dû ouvrir un seul de ses romans). Sous l’humour pointe une sorte de désarroi sincère, de position trouble de l’écrivain face à son public, un aveu de fragilité.

Mais sous ce couvert d’autofiction, on se laisse prendre au jeu de l’enquête policière qui amène le narrateur à rencontrer Dora, jeune marginale, et à croiser tout un tas de personnages, plus ou moins impliqués, à démêler les fils de ce microcosme provincial où tous s’épient, où les enjeux pseudo-écologiques autour de la forêt révèle le plus sombre de l’âme humaine.

J’ai beaucoup aimé les contrastes saisissants évoqués dans le livre, le doigt pointé de l’écrivain-narrateur sur certains des travers de notre société (sans réseau télécom, sans réseau social, nous sommes perdus ; préserver une parcelle verte oblige à des choix non respectueux de l’environnement..).


note : en tout cas, (rapport au comité de lectrices intransigeantes qui démontent "UV") si Serge Joncour venait dans ma petite ville de province, je lui dirais tout le bien que je pense de ses romans, et j'oublierai de noter que dans ce roman, son héroïne a d'abord les cheveux courts, mais qu'au bout d'une semaine ils lui chatouillent le coup, et que parfois elle a les yeux noirs (image ?) et d'autres fois les yeux bleus ! Quoiqu'il en soit, j'aime beaucoup ce qu'il écrit ;o)