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Ceux qu'on tue - Peter SWANSON

 

Editions Gallmeister

Parution : 2 mai 2024

Traduction : Christian Cuq

432 pages


Ce qu’en dit l’éditeur :

Londres-Boston, vol de nuit. Ted Severson rencontre la superbe et mystérieuse Lily Kintner. Ils bavardent, boivent des cocktails, et voilà que peu à peu se déclenche un jeu de la vérité au cours duquel, un détail après l’autre, Ted se dévoile à l’oreille bienveillante de Lily. Il lui avoue l’échec de son couple : sa femme, Miranda, le trompe. Il en vient même à confier qu’il la tuerait bien. Et que ce ne serait finalement que justice. Or Lily déclare le plus sérieusement du monde qu’elle est prête à l’aider. Après tout, des tas de gens méritent de mourir, pour toutes sortes de raisons. Mais Lily s’est bien gardée de révéler à Ted son passé de tueuse. Quand les choses dégénèrent, les chances de chacun de s’en tirer ne sont clairement pas les mêmes…

Ce que j’en ai pensé :

Un mari trompé qui rêve de vengeance, une belle inconnue qui lui offre de tuer la femme infidèle. On pourrait presque croire au remake d’un vieux film des années 1950 ou à l’intrigue d’un des romans d’Agatha Christie.

Peter Swanson s’y entend à installer une ambiance dans laquelle prennent corps des personnages intéressants, à la psyché complexe. Et dans ce roman, on en a pour sa faim : la mystérieuse femme fatale, l’infidèle machiavélique, le mari pantois..

Même si l’ensemble a un goût de déjà-lu, l’auteur ménage ses effets, réussit à distiller un brin de suspens et suffisamment d’action pour installer une bonne dynamique.

Un polar qui se lit d’une traite.

Neuf vies - Peter SWANSON

 

Editions Gallmeister

Parution : 4 janvier 2024

Traduction : Christian Cuq

416 pages


Ce qu’en dit l’éditeur :

Neuf personnes sans lien apparent entre elles reçoivent simultanément une liste de neuf noms, dont le leur, sans la moindre explication. Lorsque deux d'entre eux sont retrouvés morts, un terrifiant compte à rebours s'enclenche. De nouveaux meurtres s'enchaînent bientôt. Jessica Winslow, agent du FBI, est bien décidée à résoudre cette affaire, d'autant que son nom figure sur la liste.


Ce que j’en ai pensé :

Une liste, neuf noms : Jay, Caroline, Ethan, Alison, Jack, Matthew, Arthur, Franck et Jessica.

Quel est le lien qui unit ces neuf personnages ? Qui décide de les éliminer un à un ?

Peter Swanson a voulu rendre hommage à la « reine » du whodunit, Agatha Christie. Et bien que l’intrigue ne se déroule pas à huis-clos, elle rappelle le célébrissime « Dix petits nègres ». A mesure que les meurtres s’enchaînent, la tension monte, quelques pistes s’ouvrent, et le final ne manque pas de surprendre (même si cet opus-hommage est finalement moins sombre que l’original d’Agatha Christie).

Une lecture plaisante, avec des personnages suffisamment travaillés pour être crédibles, une intrigue qui tient la route malgré des thèmes un peu classiques.

Les fils de Shifty - Chris OFFUTT

 

Editions Gallmeister

Parution : 4 janvier 2024

Traduction : Anatole Pons-Reumaux

288 pages


Ce qu’en dit l’éditeur :

Mick Hardin se remet d’une blessure de guerre chez sa sœur Linda, shérif de Rocksalt dans le Kentucky, lorsque le cadavre d’un dealer local est découvert. Il s’agit de l’un des fils de Shifty Kissick, une veuve que Mick connaît depuis longtemps. La police refusant d’enquêter, Shifty demande à Mick de découvrir le coupable. Se débattant entre un divorce difficile et son addiction aux antidouleurs, ce dernier commence à fouiner dans les collines, avec la ferme consigne de ne pas gêner la réélection de sa sœur. Il comprend vite que le meurtre a été mis en scène, et bientôt un deuxième fils de Shifty est abattu. Pourquoi le sort s’acharne-t-il ainsi sur la famille Kissick ? Le temps presse et Mick le sait car dans cette communauté basée sur un code moral intransigeant, la violence appelle la violence.

 

Ce que j'en ai pensé :

Dans ces collines du Kentucky, on ne blague pas avec le sens de l’honneur et avec le respect. Même celui des truands morts. C’est sans doute la raison pour laquelle Mick accepte la mission qui lui est confiée par la vieille Shifty : retrouver qui a tué deux de ses fils. Une bonne raison de se remettre en selle pour ce soldat accro aux antidouleurs dont la sœur est accessoirement shériff de la ville où ont eu lieu les meurtres.

Dans ce polar rural, Chris OFFUTT jongle à chaque page entre rudesse et délicatesse, noirceur et rédemption. Les collines et la faune sont le décor d’une violence qui va crescendo ; les personnages, y compris secondaires (l’Oncle Merle ou Jacky l’inventeur), ont une vraie présence, une authenticité indéniable et souvent, une certaine vulnérabilité que l’auteur sait inscrire dans ce polar bien rythmé.

Une réussite !

Winter's bone - Daniel WOODRELL

 


 Edition : Gallmeister

Parution : 4 avril 2024

Traduction : Franck Reichert

240 pages

 

 

Ce qu’en dit l’éditeur :

Accusé de diriger un laboratoire de crystal meth, le père de Ree Dolly s’est enfui, et les Dolly risquent de perdre leur maison s’il ne se présente pas à son prochain rendez-vous au tribunal. Avec deux jeunes frères qui dépendent d’elle, Ree, seize ans, sait qu’elle doit retrouver son père. En plein cœur des Ozarks, avec l’hiver qui se profile, Ree comprend rapidement que poser des questions au rude clan Dolly peut être dangereux. Mais quand une révélation troublante se profile, Ree trouve en elle-même des ressources inattendues et découvre une famille prête à tout pour protéger les siens.


Ce que j’en ai pensé :

Voilà une gamine qui ne manque pas d’aplomb ! Il lui en faut du courage et de la résilience pour s’occuper de sa fratrie et d’une mère qui perd les pédales alors que le père a disparu dans la nature... Au milieu des rednecks bourrés de méthamphétamine, elle a décidé de poser les questions qui dérangent et d’arpenter les Ozarks gelés pour retrouver son père, mort ou vif.

C’est noir et glauque (on flirte avec les tarés consanguins prêts à tout à chaque page), presque déshumanisé, souvent sans espoir. Je me suis demandé où j’avais mis les pieds ! Pourtant j’aime ça , les histoires sombres…

J’avoue avoir trouvé le roman un peu long, l’auteur trop bavard, mais j’ai aimé l’ambiance et le côté très cinématographique de la narration (en écrivant cette chronique, j’ai d’ailleurs découvert qu’il avait fait l’objet d’une adaptation en 2010 avec Jennifer Lawrence dans le rôle de Ree).

La vertu du mensonge - Ellen G. SIMENSEN

 

Editions GALLMEISTER

Parution :6 janvier 2022

496 pages

Traduction : Hélène Hervieu



Ce qu'en dit l'éditeur :

À Hønefoss en Norvège, le policier Lars Lukassen enquête sur le meurtre présumé d’un ancien camarade de classe. Peu à peu l’ambiance de la petite ville se tend : une silhouette sinistre rôde autour des cours d’écoles et tourmente des enfants en leur chuchotant des histoires effrayantes. C’est là qu’une nouvelle enseignante, Johanna, rejoint la classe de la petite Annie, la fille de Lars. Ce dernier tombe rapidement sous le charme de la jeune femme qui semble pourtant exceller dans l’art du mensonge. 

Pourquoi ment-elle? Quels secrets a-t-elle amenés dans les profondes forêts de Hønefoss en fuyant ses terres natales près fjord de Nordgulen ? Perturbé dans ses investigations, Lars doit agir sur tous les fronts.

 

Ce que j'en ai pensé :

Roman d'ambiance teinté de polar, "La vertu du mensonge" prend son temps pour dérouler son intrigue et semer des doutes dans l'esprit du lecteur.

Il faut se faire au rythme, à ces longues pages qui tournent en rond et semblent ne mener vers rien, à ces personnages troubles qui semblent porter en eux secrets et vieilles histoires de rancune.

Si ce n'était la disparition d'une écolière, je crois que j'aurais rapidement lâché ce bouquin, tellement je m'y ennuyais (et avec l'impression de ne pas comprendre où la romancière voulait en venir..) !

Le rythme semble s’accélérer dans la deuxième partie quand on accède aux événements de 1995, quand Johanna a perdu sa jeune soeur, Ada.

Pourtant, j'ai lâché l'affaire. A moins de 50 pages de la fin...

La faute en revient principalement à la traduction !! Il y a des fautes qui me hérissent le poil et, là, j'en suis désolée, je ne parviens pas à passer outre..

 

Chapitre 65 - page 392 :

"Sa fille n'avait pas tant d'importance à ses yeux, sinon il l'aurait mieux surveiller."

SURVEILLÉE !

Chapitre 73 - page436 :

"Le lensmann a pris le relai."

RELAIS !!

 

et j'ai tiqué sur un "il nota qu'elle posa"...on ne devrait pas écrire "il nota qu'elle posait" ?????

Gallmeister, si vous passez par là...payez des cours de grammaire-orthographe à vos traducteurs, merci !

Résultat : BOF.

Cavalier, passe ton chemin - Larry McMURTRY

 

Editions Gallmeister

Parution : 4 novembre 2021

272 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Lonnie grandit dans le ranch de son grand-père, un éleveur texan à l’ancienne, et dans l’ombre de cow-boys qui perpétuent une certaine tradition. Nous sommes dans les années 1950, et le souvenir de l’Ouest héroïque n’est pas si loin. Sauf qu’on s’ennuie ferme dans cette prairie désormais “civilisée”, qui n’offre guère de distractions à un garçon de dix-sept ans. Alors Lonnie rêve. Mais voilà que Hud, fils d’un premier lit de sa grand-mère et redouté des autres hommes, s’en prend à Halmea, une employée noire. Dans ce monde macho, encore ségrégationniste, la violence des rapports humains s’impose brutalement à Lonnie, alors qu’une terrible menace pour le ranch se précise peu à peu.

Premier roman de Larry McMurtry, Cavalier, passe ton chemin a été adapté au cinéma en 1963 par Martin Ritt avec Paul Newman, sous le titre Le plus sauvage d’entre tous.

 

Ce que j'en ai pensé :

Certes, c'est un premier roman..mais je me suis ennuyée. Profondément !

Ce n'est qu'aux 2/3 du livre que j'ai commencé à trouver de l'intérêt à ce roman qui parle essentiellement de :

- maladie bovine et d'abattage de cheptel

- de solitude (Loonie est orphelin, n'a pas de copine, ..)

- d'amour (et d'ailleurs, plutôt de fantasme de baise et de domination masculine, si possible sur la gent noire féminine)

Ça commence donc à présenter de l’intérêt quand Halmea se fait violenter par Hud, parce que tout à coup, ça semble sortir le héros (l'anti-héros) Loonie de sa torpeur (et lui-même fantasme sévère sur les seins d'Halmea)...

Soit.

Loonie, "l'anti-héros", ne bouge pas un orteil, il est là, au bord, sans trop savoir comment se positionner. Et quand la situation part en cacahuète, il y assiste, impuissant, (et surtout avec ses multiples questionnements, résolu à ne RIEN faire), il choisit la fuite.

Anti-héros dans toute sa splendeur (et ce point de vue est intéressant !).

Bon, premier roman = indulgence , OK

Mais pour n'importe quel roman = ennui, pas OK

J'aurais pu fermer ce bouquin si le dernier 1/3 ne m'avait pas retenue.

1/3 de roman c'est un peu juste pour s'éclater. Ça manque de rythme (et l'auteur ne m'a pas enchantée, alors que j'ai plusieurs autres de ses romans en stock..).

Les dents de lait - Helene BUKOWSKI

Editions Gallmeister

Parution : 19 août 2021

272 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Skalde et sa mère Edith vivent dans leur maison isolée à l'orée de la forêt. L'adolescente n'a jamais vu le bleu du ciel : leur région est en proie au brouillard et à la sécheresse depuis si longtemps. Les derniers habitants du coin, après avoir fait sauter l'unique pont qui les reliait au reste du monde, espèrent ainsi que leur autarcie volontaire les protégera du chaos. Un jour, Skalde découvre dans une clairière une enfant à la chevelure rouge feu. D'où vient-elle ? Comment a-t-elle pu arriver jusqu'ici ? Consciente de sa transgression, l'adolescente recueille la petite fille, sous le regard méfiant de sa mère Edith. Car les deux femmes ne se sont jamais vraiment intégrées à cette communauté pétrie de peurs et de superstitions. Tandis que les villageois s'organisent, le trio devra bientôt faire face à une véritable chasse aux sorcières.

 Ce que j'en ai pensé :

Un brouillard persistant, une sécheresse accablante, des animaux mourants, plus d'oiseaux, des arbres fruitiers improductifs. Le monde a vacillé et les hommes aussi.

C'est dans ce contexte apocalyptique que survivent Skalde, adolescente, et sa mère Edith, sur un coin de terre coupé du monde, jusqu'à l'apparition de l'enfant rousse, Meiris qui va bouleverser ce qui restait d'équilibre.

Étonnant premier roman qui semble volontairement laisser des zones d'ombre dans le récit : on ne saura pas d'où viennent l'animosité et la rancœur qui animent les relations mère-fille, ni d'où arrive l'enfant rousse, ni comment le monde a basculé..

Il ne faudra donc pas chercher de réponses, oublier le rationnel pour se laisser porter par ce récit en forme de journal intime, écrit par Skalde et qui interroge le lecteur sur nos peurs : celle de la l'inconnu, celle de la perte de repères et de certitudes. 

Helene BUKOWSKI peint avec justesse une communauté apeurée, au bord de la rupture et de la violence, guidée par ses superstitions (l'enfant rousse est-elle un elfe ?), par l'enjeu de sa survie face à une nature aussi cruelle qu'elle a pu être prolifique et bienveillante.

J'ai beaucoup aimé le ton et le rythme de cette dystopie dans laquelle les personnages semblent pourtant parfois "vides d'émotions" (le peu d'empathie dégagé accentue le côté sombre du roman, comme si les sentiments mouraient eux-aussi). J'ai apprécié le mystère persistant sur les origines et la fin ouverte qui laissent le lecteur libre d'imaginer les prémices et la suite de cette histoire.

True story - Kate REED PETTY

 

Editions Gallmeister

Parution : 19 août 2021

448 pages

Traduction : Jacques Mailhos



Ce qu'en dit l'éditeur :

Talentueuse mais solitaire, Alice Lovett prête sa plume pour écrire les histoires des autres. Pourtant elle reste hantée par la seule histoire qui lui échappe : sa propre vie. Une simple rumeur, lancée en ce lointain été 1999 par deux ados éméchés, a embrasé en un rien de temps toute la communauté.

Que s’est-il réellement passé sur la banquette arrière de cette voiture alors qu’ils ramenaient Alice, endormie, chez elle ? Accusations, rejets, déni, faux-semblants… la réalité de chaque protagoniste vacille et reste marquée à tout jamais. Et quand le présent offre une chance de réparer le passé, comment la saisir ? Faut-il se venger ou pardonner ? Ou mieux vaut-il tout oublier ? Mais peut-on oublier ce qu’on n’a jamais vraiment su ?

 
Construit comme un piège machiavélique qui bouscule les certitudes, True Story explore la fluctuante tension entre fiction et réalité et la manière dont notre société diffuse et affronte la rumeur.



Ce que j'en ai pensé :

Un roman-puzzle, un patchwork de styles narratifs finalement assez déroutant (alternance des points de vue de deux protagonistes – la jeune fille « violée » et un ami du « violeur » ; script de court-métrage ; brouillons de devoirs scolaires, retranscription de conversations téléphoniques, etc), ce premier roman étonne.

Il n'étonne pas seulement par sa construction narrative mais par son postulat. Kate Reed Petty interroge : de quoi naissent les rumeurs ? Jusqu'à quel point guident-elles la vie de ceux qui en font l'objet ? Comment peut-on se reconstruire, poursuivre sa vie ?

Roman fascinant quand il s'apparente au thriller psychologique, roman pénible à lire quand le style emprunte des chemins de traverse (j'ai été agacée par les scenarii, souvent ineptes, par la succession de brouillons corrigés par la prof), roman presque social qui décortique les mécanismes américains d'entrée à l'université, de glorification des équipes scolaires de sport (avec absolution de tous les abus), roman qui aborde la perte et la déchéance (bus d'alcool et de drogues), roman qui, finalement, ne fait que jouer sur les thèmes « à la mode » (dans quelle mesure le témoignage d'une fille violée peut-il être crédible?).

Tellement à « la mode » d'ailleurs que le combat d'Hailey paraît être le reflet d'un combat presque politique qui a oublié la nuance et surtout ..la vérité !

Pour tout dire, j'ai aimé lire le point de vue de Nick (ami des supposés violeurs, celui qui finit par bousiller sa vie de trop d'interrogations et de presque culpabilité) et celui d'Alice qui évoque l'emprise dont elle a été l'objet.

Le reste m'a parfois ennuyée (extrait de scenarii, etc), parfois un brin énervée , et je n'ai réussi à m'attacher qu'à deux personnages : Nick et Alice.

Le roman aurait gagné à ne pas trop s'éparpiller,,,

Komodo - David VANN

 

Editions Gallmeister

Parution : 4 mars 2021

304 pages

 

Ce qu'en dit l'éditeur :

 Sur l’invitation de son frère aîné Roy, Tracy quitte la Californie et rejoint l’île de Komodo, en Indonésie. Pour elle, délaissée par son mari et épuisée par leurs jeunes jumeaux, ce voyage exotique laisse espérer des vacances paradisiaques : une semaine de plongée en compagnie de requins et de raies manta. C’est aussi l’occasion de renouer avec Roy, qui mène une vie chaotique depuis son divorce et s’est éloigné de sa famille. Mais, très vite, la tension monte et Tracy perd pied, submergée par une vague de souvenirs, de rancoeurs et de reproches. Dès lors, un duel s’engage entre eux, et chaque nouvelle immersion dans un monde sous-marin fascinant entraîne une descente de plus en plus violente à l’intérieur d’elle-même, jusqu’à atteindre un point de non-retour. 

Avec ce portrait trouble d’une femme en apnée, David Vann confirme son immense talent pour sonder les abysses de l’âme humaine.


 Ce que j'en ai pensé :

Chaque fois que j'entame un nouveau roman de David VANN, je m'attends à recevoir la même claque que lorsque j'ai lu "Sukkwan Island".

Cette fois encore, je suis déçue. 

Pour plusieurs raisons :

- je pourrais vous reproduire ici le registre de thème "pipi-caca" exploité plus que de raison dans le roman, entre les hémorroïdes de l'héroïne (page 87 et avant), ses besoins de "CHIER" (pages 59, 103, 118, 229, 231) ou de "faire pipi" (pages 29, 90, 102), ses expressions scatologiques ("sac à merde" page 55 et ailleurs), ses besoins de PQ (page 215 et suivantes), etc..

On va demander à Dr FREUD ce qu'il en pense : stade et plaisir anal/ emprise/ source et objet pulsionnel etc..je ne suis pas psychothérapeute, et je crois que David VANN a fait EXPRÈS d'introduire (OMG encore du sous-jacent psychanylitico-freudien !) ces éléments pour démontrer que Tracy n'a pas coupé le cordon, soit.

(à lire, ça devient presque grotesque tous ces pipis-cacas)

- j'ai cru que l'acmé du roman (et le twist à la David VANN) serait atteint lors d'une plongée mère-fille, ou plus loin, lors de la plongée frère-soeur, ou vraiment, puisqu'il ne s'était rien passé de si irréversible, quand Tracy retrouve ses jumeaux-vampires et son mec pas à la hauteur..

N'y comptez pas. RIEN. Tout est bien qui finit bien, pas de meurtre, pas d'enfant torturé, juste un époux qui fait de nouvelles promesses.

 - en accessoire, le "nature writing" ? mouais...les pages les plus "nature" sont si longues....(tellement longues...)...mon seul "kif" ? chercher sur internet à quoi ressemblaient les poissons énumérés. Oups !

Bref vous l'aurez deviné, je suis passée à côté (très loin au large) de ce roman dont j'attendais sans doute beaucoup trop. 

Et quand je vois les dithyrambes  sur Babelio, je m'interroge..et je me dis que j'ai vraiment loupé le truc, la quintessence "davidvannesque" du roman.


Huit crimes parfaits - Peter SWANSON

 

Editions Gallmeister

Parution : 4 février 2021

352 pages



Ce qu'en dit l'éditeur :

Libraire spécialisé en roman policier, Malcolm Kershaw reçoit la visite surprise du FBI. L’agent Gwen Mulvey enquête sur deux affaires étranges : une série de meurtres qui rappelle un roman d’Agatha Christie, et un "accident" qui fait écho à un livre de James Cain. 

Elle espère donc que l’avis d’un expert du genre lui permettra d’interpréter correctement les (rares) indices à sa disposition. Et ce n’est pas tout : Malcolm, quinze ans plus tôt, a publié sur son blog une liste intitulée ”Huit crimes parfaits”, où figuraient ces deux intrigues. 

Serait-il possible qu’un tueur s’en inspire aujourd’hui ? 

Très vite, l’angoissante certitude s’impose : le tueur rôde déjà à proximité. Malcolm commence à le voir partout, et sent un véritable nœud coulant se resserrer autour de son cou.


Une intrigue irrésistible et une brillante variation autour du roman policier, avec en filigrane cette question éternelle : le crime parfait existe-t-il ?


Ce que j'en ai pensé :

Il neige fort à Boston et la librairie de Malcom, spécialisée dans le roman policier est un refuge paisible où ronronne Nero, chat roux en résidence permanente au milieu des livres.

Paisible jusqu'à ce que débarque Gwen, agent du FBI, qui a fait le lien entre certains meurtres et accidents récents et un article de Malcolm sur le blog de la librairie et qui recense huit crimes parfaits.

Si le style est assez classique, si l'ambiance reste feutrée (ni scènes ultra violentes, ni sexe), presque « vintage » (comme les polars mentionnés par Malcolm tout au long de ce roman), l'intrigue demeure captivante ? Pas tout à fait un page-turner, ce polar réussit à semer le doute : Malcolm est-il victime, complice, meurtrier ? On se prend au jeu de découvrir son passé, ses petits arrangements avec son histoire personnelle.

Même si j'avais deviné assez tôt les ressorts de cette intrigue, même sil m'a semblé que les traits des personnages auraient pu être plus « fouillés », j'ai passé un bon moment.

Seul bémol, j'ai regretté que Malcolm recense en détail les crimes parfaits : je n'avais jamais lu « L'inconnu de Nord-Express » de Patricia Highsmith, et maintenant que j'en connais les ressorts, je me dis que je n'aurais plus aucune surprise en le lisant...

Coup de vent - Mark HASKELL SMITH

 

Editions GALLMEISTER

Parution : 5 septembre 2019

256 pages

 

 

Ce qu'en dit l'éditeur :

À quoi sert de posséder dix millions de dollars en liquide si, comme Neal Nathanson, on s'est perdu en mer à bord d’un voilier en train de sombrer ? 

Strictement à rien, sauf à en brûler un sac ou deux dans l’espoir fou d’attirer l’attention. Sauvé in extremis, Neal se réveille menotté sur le bateau d’une navigatrice en solitaire, méfiante et bien décidée à entendre son histoire. Neal lui parle alors de Bryan, un jeune loup de Wall Street qui a réussi à détourner un magot conséquent avant de s’enfuir dans les Caraïbes. Bien sûr, la banque qui l’employait a lancé des enquêteurs à sa poursuite. 

 C’est ainsi que Neal, accompagné d’une pro de la finance, la très douée Seo-yun, s’est retrouvé chargé de récupérer l’argent. Simplement, ils n’étaient pas les seuls.


Ce que j'en ai pensé :

Un trader véreux qui détourne 10 millions de dollars, sa DRH un brin nymphomane (et qui voit l'approche de son futur mariage d'un œil très circonspect) , un agent de recouvrement le fameux Neal, gay qui vient de se faire larguer), un détective privé caribéen, nain et noir, une navigatrice en solitaire sponsorisé grâce aux réseaux sociaux…

Mettez tout ce beau monde dans un bateau et devinez qui va vraiment couler ?

Ce roman, purement jubilatoire, qui flirte avec les codes du polar, est simplement addictif ! Qu'importe que les personnages soient parfois caricaturaux (le nain noir à grosse b..), l'ensemble est enlevé, sans temps mort, jubilatoire (situations parfois cocasses et jeux de mots), il parvient aussi à dénoncer (sans prise de tête) nombre de nos travers contemporains : pouvoir de Wall Street et paradis fiscaux, prééminence des médias, sexualité, violence et question du bien et du mal, emprise des réseaux sociaux, etc.

Intelligent, trépidant, drôle, le cocktail parfait !

(et quelques évocations sexuelles pour le piment à l'intrigue, souvent plus drôlatiques qu'explicites)

Bilan de Mai 2020

Bien, bien...

Je suis bien embêtée : l'envie de rédiger des billets de lecture ne revient pas. Ça se complique.

Mais, notez que je fais l'effort (sic), avec presque 10 jours de retard, de venir poser un bilan mensuel.



Douze livres, romans et essais, aucun polar ce mois-ci !

Il y a eu du très bon, du pas mal mais aussi une déception.


J'ai adoré :


* Tant qu'il y aura des cèdres, Pierre JARAWAN, Editions Héloïse d'Ormesson

Un excellent roman que je recommande (et que je relirai !).


J'ai beaucoup aimé :


* Nouvel an, Juli ZEH, Editions Actes Sud

Parce que Lanzarote et un secret de famille.


* Dehors, la tempête, Clémentine MELOIS, Grasset

Un essai sur la littérature, le langage, les mots, toujours un peu décalé !


* Loin, Alexis MICHALIK, Editions Albin Michel

Même si la première partie m'a un peu agacée !


* Giono, furioso, Emmanuelle LAMBERT, Editions Stock

Un point de vue intéressant et quelques "mythes" revus sur cet auteur...


* De la forêt, Bibhouti Bhoushan BANERJI, Editions Zulma

Une ré-édition d'un roman indien qui offre un beau regard sur l'écologie.


* Un automne de Flaubert, Alexandre POSTEL, Editions Gallimard

Savoureux, instantané instructif !


* Que sont nos amis devenus ? Antoine SENANQUE, Grasset

Lecture sympa, personnage attachant.


J'ai moins aimé :


* Hugo Pratt, trait pour trait, Thierry THOMAS, Editions Grasset

Ça manquait de peps, selon moi...


* Comme des frères, Claudine DESMARTEAU, Editions Iconoclaste

La fin m'a paru manquer de saveur !


* Petit traité de philosophie naturelle, Kathleen DEAN MOORE, Editions Gallmeister

Quelques "nouvelles" m'ont plu, mais je me suis lassée...


La déception :


* Les méduses, Frédérique CLEMENÇON, Editions Flammarion

Je suis passée à côté de ce roman, sans m'en expliquer la raison.


***

Et de votre côté, ça a donné quoi ?


A chacun sa mort - Ross McDONALD

Editions Gallmeister - Collection Totem
Parution : 7 mai 2013
Titre original : The way some people die
Traduction : Jacques Mailhos
272 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Dans une maison décrépite de Santa Monica, une veuve glisse dans la main de Lew Archer 50 dollars pour qu’il retrouve sa fille Galatea, disparue depuis Noël. Ça n’est pas cher payé et les indices sont minces, mais une photo de la séduisante jeune femme achève de convaincre le détective. Galatea semble en danger : elle a été vue pour la dernière fois en compagnie d’un malfrat notoire.

Des quartiers pauvres de San Francisco aux villas de Palm Springs, dans un monde gouverné par les commerces illicites, les cadavres s’accumulent et la ravissante disparue mène un jeu des plus troubles.


Ce que j'en ai pensé :

Ça faisait longtemps qu'un bouquin ne m'avait pas laissée aussi circonspecte, à me demander ce qui m'a déplu tout en admettant avoir été entraînée jusqu'au bout par son intrigue…

J'ai aimé l'ambiance de ce polar très sombre où la chronique sociale dessine une Amérique de malfrats et de petites gens englués dans la misère ou la détresse. 

Les personnages sont saisissants de vérité : de l'acteur déchu au flic incorruptible, du truand au dealer d'héroïne, du gamin qui se rêve une carrière de boxeur à la vieille dame amoureuse…

Le décor est vite planté : rues glauques, hôtels sordides, villas luxueuses, tout y est ! L'ambiance suinte le désespoir et la décrépitude, les petites magouilles et les grandes arnaques.

Pourtant, je ne suis pas sûre d'avoir aimé, j'ai eu l'impression étouffante de m'ennuyer un peu et la résolution de l'intrigue ne m'a apporté aucune surprise, j'avais déjà deviné la fin...

Sauvage - Jamey BRADBURY

Editions Gallmeister
Parution : 7 mars 2019
Traduction : Jacques Mailhos
320 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

À dix-sept ans, Tracy Petrikoff possède un don inné pour la chasse et les pièges. Elle vit à l’écart du reste du monde et sillonne avec ses chiens de traîneau les immensités sauvages de l’Alaska. Immuablement, elle respecte les trois règles que sa mère, trop tôt disparue, lui a dictées : «ne jamais perdre la maison de vue», «ne jamais rentrer avec les mains sales» et surtout «ne jamais faire saigner un humain». 
Jusqu’au jour où, attaquée en pleine forêt, Tracy reprend connaissance, couverte de sang, persuadée d’avoir tué son agresseur. Elle s’interdit de l’avouer à son père, et ce lourd secret la hante jour et nuit. Une ambiance de doute et d’angoisse s’installe dans la famille, tandis que Tracy prend peu à peu conscience de ses propres facultés hors du commun.


Ce que j'en ai pensé :

Je ne suis pas près d'oublier Tracy ! 
Une gamine étonnante, différente, attachante par sa singularité et son amour pour ce bout d'Alaska, sa forêt et les chiens de traineau. Sauvage, vraiment !..

La nature a la part belle dans ce très réussi roman d'initiation, elle est un personnage à part entière, elle dessine une atmosphère tantôt pesante, tantôt protectrice. Elle est vie et mort tout à la fois. 
La narration particulièrement riche donne toute sa beauté à cet environnement, en fait un lieu idéalisé qui sied au caractère de Tracy et révèle son caractère.

Roman d'apprentissage donc, mais aussi roman "d'amour" : celui de Tracy pour sa famille, pour les chiens, pour Jess. Un amour un peu fou, hors normes, qui repousse les limites et qui fait grandir.

Une pépite (et c'est un premier roman !!), un de ces romans à garder précieusement !

Les grandes marées - Jim LYNCH

Editions Gallmeister - Collection Totem
Parution : 4 janvier 2018
Traduction : Jean Esch
288 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Une nuit, Miles O’Malley, treize ans, se faufile hors de chez lui pour aller explorer les étendues du Puget Sound à marée basse. Il fait une découverte qui lui vaut une célébrité locale. Certains se demandent quand même si cet adolescent imaginatif n’est pas un affabulateur ou... peut-être même davantage ? En fait, Miles est surtout un gosse qui s’apprête à grandir, assionné par l'océan, amouraché de la fille d’à côté et inquiet à l’idée que ses parents divorcent. Alors que la mer continue à abandonner des présents issus de ses profondeurs mystérieuses, Miles se débat avec la difficulté d’entrer dans le monde des adultes.

Ce que j'en ai pensé :

"Houle sentimentale, marée basse pas banale". 

On rencontre de drôles de trucs sur cette côte  ouest des Etats-Unis, des céphalopodes préhistoriques (ou presque), des poissons qu'on croyait disparus depuis longtemps et de espèces invasives qui pourraient bien ruiner tout le littoral.

C'est Miles, presque 14 ans, qui découvre toutes ces bestioles bizarres en trainant dehors à marée basse, qui est amoureux de son ex-baby-sitter, qui récolte des palourdes et des étoiles de mer pour se faire un peu d'argent de poche, qui traîne comme un boulet son pote Phelps porté sur le sexe et sur les Kent à fumer en cachette, qui se préoccupe de l'état de santé de sa vieille voisine rongée par Parkinson et qui se rend compte que ses parents risquent bien de divorcer assez vite...

C'est un gamin presque aussi bizarre que les créatures qui échouent sur ce coin de littoral, mais un gamin tellement attachant qu'il donne à ce roman tout son relief !
Un gamin qui fait son apprentissage du monde adulte (l'amour, le désamour, la découverte du sexe, l'impression de devenir "grand" en devenant "important"...) et qui finalement, témoigne d'une maturité étonnante, d'une profondeur de vue peu ordinaire !

Ça pourrait être un manifeste écologiste, presque un conte, c'est finalement un peu plus que ça ! Parce que Miles est un petit bonhomme peu ordinaire qui se préoccupe autant des vieilles dames que du jeune plancton, parce que Miles qui, au début du roman désespère son père qui voudrait bien qu'il grandisse un peu (en taille), finit par en remontrer aux adultes (et à prendre quelques centimètres sur la toise !!).

Un roman parfait, au style équilibré et fluide, qui s'autorise quelques touches d'humour et invite à la réflexion (que faisons-nous de  notre environnement naturel ? ) et qui offre un héros atypique infiniment sympathique et bienveillant !

What else ?

Pike - Benjamin WHITMER

Editions Gallmeister - Collection Totem
Parution : 3 janvier 2017
Traduction : Jacques Mailhos
288 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :
  
Douglas Pike n’est plus le truand d’autrefois. De retour dans sa ville natale des Appalaches proche de Cincinnati, il vit de petits boulots et tente de combattre ses démons du mieux qu’il peut. Jusqu'au jour où il apprend que sa fille, depuis longtemps perdue de vue, vient de mourir d’une overdose. Et où il découvre par la même occasion l'existence de sa petite-fille âgée de douze ans. Tandis que la gamine et lui tentent de s’apprivoiser, un flic brutal et véreux commence à manifester un intérêt malsain pour la fillette.
 
Ce roman est en cours d’adaptation par le réalisateur Olivier Marchal (36 quai des OrfèvresLes LyonnaisBraquo…).

Ce que j'en ai pensé :

Voila un polar urbain bien trash, à l'écriture acérée et à la narration impeccable ! 

Des bas-fonds de Cincinnati, au milieu des junkies et des putes, Pike (lui-même pas tout à fait irréprochable, plutôt anti-héros que modèle de vertu) va mener l'enquête sur la mort de sa fille qu'il trouve suspecte. On croise ici un sacré nombre de figures interlopes, aux mœurs douteuses et à la violence exacerbée.

Ça sent la crasse et le sexe, la misère et la peur. 

Ni remords, ni regrets, les morts tombent comme des mouches et les coups pleuvent.
Même la gamine n'est pas piquée des vers, langage ordurier et réparties cinglantes à l'appui d'une personnalité peu ordinaire ! Les dialogues, en plus d'être crus, sont surtout très "croustillants", comme une pointe d'humour (bien noir décapant) bien sentie !

Un polar qui envoie du bois, qui secoue, qui prend aux tripes tant la noirceur est profonde, tant la réalité est rude, tant l'écriture est travaillée ! Un style qui par-delà la violence résonne de manière étrangement poétique...
Du noir très très noir, comme j'adore !!

Un auteur qu'il va me falloir suivre parce que là, j'ai été scotchée ! 

(NB, c'était mon 800ème billet sur ce blog ! )

Le sillage de l'oubli - Bruce MACHART


Editions Gallmeister
Parution : 5 janvier 2012
Titre original : The wake of forgiveness
Traduction : Marc Amfreville
344 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Texas, 1895. Un propriétaire terrien voit la seule femme qu'il a jamais aimée mourir en mettant au monde leur quatrième fils, Karel. Vaincu par la douleur, l'homme entraîne ses enfants dans une vie austère et brutale. Pour lui, seuls comptent désormais ses chevaux de course montés par Karel, et les paris qu'il lance contre ses voisins pour gagner toujours plus de terres. Mais l'enjeu est tout autre lorsqu'un propriétaire espagnol lui propose un pari insolite qui engage l'avenir des quatre frères. Karel s'élance dans une course décisive, avec pour adversaire une jeune fille qui déjà l'obsède.

Premier roman éblouissant, Le Sillage de l'oubli a valu à son auteur d'être comparé par une presse américaine enthousiaste à William Faulkner. À travers une écriture vertigineuse, Bruce Machart  dresse le portrait sans concession d'une famille déchirée en quête de rédemption.

Ce que j'en ai pensé :

Ça sent la sueur et le sang, le crottin de cheval et la terre tout juste labourée par ces quatre frères que le destin n'a pas épargné. A force d'être attelés à la charrue par leur père, à la place des chevaux de trait, ils ont tous le cou tordu, l'oreille qui touche l'épaule. La mère est morte en donnant naissance au quatrième garçon de la fratrie, il en porte le lourd fardeau, les reproches muets d'un père peu aimant, même si, cavalier émérite,  il va lui permettre d'agrandir ses terres en gagnant des courses de chevaux.

C'est un Texas dur et impitoyable que raconte l'auteur, mêlant des bagarres dantesques à des moments de grâce, alors que dans presque tout le roman, l'amour parait absent : on touche des chairs (pour donner un fils ou dézinguer un abruti avec le plomb de sa .22), on ne parle pas de sentiments même si la sensualité est prégnante, on ravale sa morgue en même temps que sa morve, on flatte la croupe des chevaux et on descend de la bière de contrebande.

C'est parfois brut d'écorce, c'est parfois tout le contraire. C'est le roman des immigrants tchèques en Amérique, c'est aussi le roman d'un monde d'hommes à peine adouci par les femmes. 
Mais c'est aussi le roman du pardon et de la faculté d'oublier les rancunes, la haine, les blessures de l'enfance !

Dire que c'est, en plus, un premier roman !

Idaho - Emily RUSKOVICH


Editions Gallmeister - collection Americana
Publication : 3 mai 2018
Traduction : Simon Baril
368 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Idaho, 1995. Par une chaude journée d’août, une famille se rend dans une clairière de montagne pour ramasser du bois. Tandis que Wade, le père, se charge d’empiler les bûches, Jenny, la mère, élague les branches qui dépassent. Leurs deux filles, June et May, âgées de neuf et six ans, se chamaillent et chantonnent pour passer le temps. C’est alors que se produit un drame inimaginable, qui détruit la famille à tout jamais. Neuf années plus tard, Wade a refait sa vie avec Ann au milieu des paysages sauvages et âpres de l’Idaho. Mais alors que la mémoire de son mari s’estompe, Ann devient obsédée par le passé de Wade. Déterminée à comprendre cette famille qu’elle n’a jamais connue, elle s’efforce de reconstituer ce qui est arrivé à la première épouse de Wade et à leurs filles.


Ce que j'en ai pensé :

Etrange premier roman...qui ressasse le souvenir jusqu'à la lie quand c'est son absence, ou la façon dont on l'occulte, qui constitue la matière première du livre.

Ne pas se souvenir de l'horreur, avoir oublié. 

Parce que ça fait mal, ou parce qu'on perd la boule, comme Wade, précocement sénile, qui ne sait plus qu'il avait deux filles et qu'une seule d'entre elles est morte, qui ne sait plus jouer du piano, qui dérive comme son père et son grand-père dans les limbes de la mémoire.

Comme Jenny, l'infanticide, qui fuit dans le silence la vraie raison pour laquelle sa hachette a tuée sa fille, et qui, bizarrement, ne semble pas tant se préoccuper de sa vie supposée survivante et disparue que du sort de sa co-détenue, Elisabeth.

Comme Ann, la nouvelle compagne de Wade, qui supporte sa violence, ses errements, et qui reprend à son compte le drame, tente de le comprendre. Qui aide Jenny, à sa manière (et je n'ai pas compris quel sentiment de devoir ou de culpabilité se cachaient derrière ses intentions).

Une narration presque sèche, abrupte. Comme la piqûre des taons dans cette forêt juste avant "le" drame. Un chouïa insensible. Sans doute volontairement, comme l'aspect "choral" qui détache le drame du ressenti des protagonistes.

Un roman qui ne laisse pas de glace, qui interroge sur la mémoire et le souvenir, qui laisse des zones d'ombre, des non-dits. Surprenant, certes, mais qui laisse aussi présager d'une plume forte ! à suivre !