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Feu follet - Patricia MELO

Editions Actes Sud - collection Actes Noirs
Parution : novembre 2017
Titre original : Fogo-Fatuo
Traduction : Vitalie Lemerre et Eliana Machado
336 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Dans un théâtre de São Paulo, le rideau va se refermer sur la première de l’adaptation du Feu follet de Drieu la Rochelle. Le public retient son souffle, bluffé par la performance de l’acteur principal, tombé au sol après s’être tiré une balle dans la tête. Une mort si magistralement mise en scène que des éclats de cervelle sont projetés sur les fauteuils capitonnés du premier rang. Homicide, accident ou suicide ? L’homme, connu pour ses frasques, combinait narcissisme pathologique et dysfonctionnement érectile, un mélange détonant lors­qu’on est une vedette populaire. Qui aurait eu intérêt à sacri­fier la “poule aux œufs d’or” ? L’épouse humiliée, ravissante idiote qui se damnerait pour remporter un reality show ? Les admiratrices éconduites ? Les paparazzis en quête de scoop ?
Il incombe à Azucena, la responsable du service scientifique de la police, de trouver les réponses, alors même qu’au sein des forces de l’ordre un groupe d’exterminateurs semble s’être donné pour mission de “nettoyer” la ville.
La jeune femme se bat sur tous les fronts, et avoir malen­contreusement surpris sa sœur cadette dans la chambre conju­gale n’est pas le moindre de ses soucis.
Patrícia Melo renoue ici, non sans humour, avec le milieu vicié de la jungle urbaine, qu’elle sait dépeindre à merveille : des institutions viles et corrompues, des âmes turpides avides de reconnaissance et de pouvoir, l’éternel “spectacle” de la mi­sère humaine.

Ce que j'en ai pensé :

Do you want to be famous ?  Você quer ser famoso ?
La solution : participer à une émission de téléréalité ou créer le buzz en se suicidant sur scène... S'agit-il vraiment d'un suicide ?

Si le début de ce polar semble un peu laborieux, voire nébuleux (les "aventures" conjugales d'Azucena qui paraissent d'abord hors sujet, finissent par conférer à l'ensemble un rien de vraisemblance et d'humanité), on finit par se prendre au jeu, à découvrir les personnalités et les secrets qui lient les personnages les uns aux autres.

Je ne suis pas plus enthousiaste : c'est un bon polar mais j'ai eu souvent la sensation de me perdre, de ne pas être sûre d'avoir tout compris et surtout, à part Azucena, de ne ressentir absolument aucune empathie pour les intervenants.

Cependant, j'ai aimé l'instantané de cette société de Sao Paulo, de notre monde contemporain qui ne vit que via les réseaux sociaux, le nombre de "like", le "buzz", au détriment de l'humain, la description d'un monde corrompu...

C'est à vous de voir !

Codex 632, le secret de Christophe Colomb - José RODRIGUES DOS SANTOS

éd HC - mai 2015 - 384 pages
titre original :  O Codex 632
traduction : Cindy Kapen
Ce qu'en dit l'éditeur :
La vie de Tomás Noronha bascule lorsqu’on lui demande de déchiffrer les notes d’un professeur d’histoire retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel alors qu’il travaillait sur la découverte du Nouveau Monde. De Lisbonne à Rio, New York ou Jérusalem, le jeune cryptologue se heurte à l’une des énigmes que les historiens n’ont toujours pas réussi à résoudre : l’identité de Christophe Colomb et la véritable histoire des Grandes Découvertes.
Pourquoi le nom de « Colomb » n’a-t-il jamais été trouvé dans les témoignages de l’époque ? Pourquoi le navigateur a-t-il embarqué sur la Santa Maria quelques heures avant l’avis d’expulsion des Juifs du Portugal ? Tomás se rend vite compte qu’un mystère en appelle un autre. Pourquoi ce jeune Génois ne parlait-il ni italien, ni génois ? Et l’Amérique était-elle vraiment inconnue avant 1492 ?
Autant de questions auxquelles les spécialistes n’ont jamais vraiment pu répondre…
Jusqu’à aujourd’hui.
José António Afonso Rodrigues dos Santos est un journaliste et écrivain
portugais né au Mozambique. Il est actuellement le présentateur phare
du journal télévisé de 20h
Ce que j'en ai pensé :
J'avais lu, et aimé, La formule de Dieu pour le personnage principal, Tomás Noronha, cryptologue, en laissant de côté ce que j'aimais moins, à savoir le côté un peu longuet des explications scientifiques. C'est à cause de cet aspect un peu trop pointu que je n'avais pas lu le troisième roman traduit, La clé de Salomon qui évoquait le Bosson de Higgs...
Et là, excellente surprise pour ce roman (en fait, c'est le premier de cette série qui n'est pas publiée dans l'ordre en France) qui s'intéresse à Christophe Colomb et émet des hypothèses intéressantes sur son origine et sa véritable identité. 
Sans perdre de vue qu'il s'agit d'un roman (ce que l'auteur, en clin d’œil, rappelle dans le dernier chapitre), c'est fascinant ! 
Et le héros, confronté à des difficultés dans sa vie familiale, mène une enquête intelligente, équilibrée et passionnante !
Je me suis régalée ;o)
 Portrait présumé de Christophe Colomb, attribué à Ridolfo del Ghirlandaio

Mar azul - Paloma VIDAL

éd Mercure de France - février 2015 -208 pages
Trad. du portugais (Brésil) par Geneviève Leibrich
Ce qu'en dit l'éditeur :
Vicky a disparu le 26 juin 1976. Il faisait un soleil splendide. L’hiver, on ne sait pas pourquoi, refusait d’arriver. Elle m’avait téléphoné le matin, plus tôt que d’habitude et dit qu’elle avait peur. Proférée ainsi, abruptement, c’était une phrase à moi et c’est ce que je lui ai répondu. Nous avons raccroché.
[…] Mais trois mois après, j’ai pris un autocar à la gare routière pour suivre un trajet incertain vers le nord. Je me sentais complètement vide et le vent aurait pu m’emporter aussi bien.


Aujourd’hui, la narratrice – nous ne saurons jamais son nom – vit seule à Rio, au bord d’une plage, hantée par le passé. Autrefois, elle habitait en Argentine, auprès de son père, un célèbre architecte. Un jour, brusquement, il est «parti», sans plus donner de nouvelles. Avant ce mystérieux «départ», il l’avait confiée à une amie pour qu’elle l’élève avec sa propre fille, Vicky, qui va disparaître à son tour. Alors mieux vaut fuir…
C’est une poignante évocation du drame des disparus sous la dictature militaire en Argentine que Paloma Vidal nous donne ici. Chercher à comprendre, savoir ce qui a été un accident, une arrestation, un enlèvement – n’avoir que des bribes auxquelles se raccrocher, quelques pages d’un journal intime, quelques images, guère de noms, pour se construire une identité. Mar azul est un douloureux travail sur la mémoire, un long poème sur l’absence. 
Née en 1975 dans la capitale argentine, Paloma Vidal vit depuis l'âge de 
deux ans au Brésil. Sa difficulté à se définir – brésilienne ou argentine ? 
– est le moteur de sa création littéraire. 
Mar azul est son 4ème roman, le 1er à être publié en français.
Ce que j'en ai pensé :
Quel déconcertant premier chapitre, constitué uniquement de dialogues, les uns à la suite des autres, sans qu'on sache véritablement qui dit quoi, même si l'on devine que deux adolescentes bavardent..!! La fin de cet incipit est d'ailleurs un peu rude : on devine une jeune fille sexuellement forcée par quelqu'un qu'on n'identifie pas et cela contribue à créer le malaise...
La suite m'a surprise aussi : je n'ai pas bien compris pourquoi brusquement on se retrouve avec une narratrice d'environ 70 ans qui égrène des souvenirs (son père volatilisé volontairement, sa meilleure amie, devenue militante et "disparue" sous la dictature), parle d'un voyage en bus que je n'ai pas réussi à situer dans le temps. Une narratrice qui écrit un journal et lit celui de son père, puis alterne avec la description de ses maux physiques (qu'a-t-elle aux pieds ? ça non plus je n'ai pas compris..) nécessitant des rendez-vous chez divers toubibs et ses incursions à la piscine municipale. On devine que l'eau, la mer, la routine d'écriture sont les thèmes principaux mais sans comprendre où l'auteur veut nous emmener. S'il n'y avait la quatrième de couverture, tout ceci aurait été abscons.
Je suis restée au bord de cette histoire, insensible à l'intrigue, tentée de ne pas finir le roman mais j'ai toutefois apprécié le style.

Nuit d'orage à Copacabana - Luis Alfredo GARCIA-ROZA

titre original : Espinosa sem saida
traducteur : Sébastien ROY
éd Actes Sud - 256 pages
Ce qu'en dit l'éditeur :
Par une nuit d’orage, un indigent déguenillé gît dans une impasse, une balle en pleine poitrine. L’homicide d’un “sans-grade” est d’une banalité telle sous ces latitudes que la raison voudrait que l’affaire fût classée rapidement. C’est compter sans l’opiniâtreté du commissaire Espinosa qui s’emploie à élucider le mystère de ce meurtre sans arme, sans témoin, sans indice et sans mobile. Quelques jours plus tard, dans un immeuble huppé d’Ipanema, une jeune psychothérapeute est retrouvée morte sur son divan, entièrement dévêtue. Entre ces deux affaires, qu’a priori tout sépare, une toile de mystères alliant phobies, perversions sexuelles, schizophrénie, troubles psychotiques. C’est une simple sensation de vulnérabilité, ténue et inexplicable, qui met Espinosa sur la piste. Le commissaire-philosophe sait mieux que quiconque que dans la scène de crime se joue toujours une scène de l’enfance, avec son cortège d’expériences traumatiques.
Luiz Alfredo Garcia-Roza est né à Rio en 1936. 
Philosophe et psychologue, il a enseigné la théorie 
psychanalytique pendant trente-cinq ans
 à l’université fédérale de Rio.
Ce que j'en ai pensé :
Drôle de polar ! Assez lent, basé sur l'analyse psychologique (une des victimes est d'ailleurs thérapeute, et l'un des suspects finit en hôpital psy !), sur la réflexion mais aussi sur la violence et le sexe, ce polar m'a déroutée...
L'intrigue est plutôt bonne, bien menée, cohérente, les personnages sont nuancés, pervers, intelligents, le décor est quasi idyllique (Ipanema, Copacabana) mais..il m'a manqué un petit quelque chose, plus de peps, plus d'action ? Peut-être est-ce dû à la traduction ? 
Mais j'ai aimé quand même et je suis persuadée qu'il me faudrait lire d'autres rompols de cet auteur pour me familiariser avec ce commissaire Espinosa, cérébral et intuitif (et fan de littérature !).

Rouge Brésil - Jean-Christophe RUFIN



Au milieu du XVIème siècle, deux adolescents, Just et Colombe, frère et soeur, sont confiés par leur tante à un chevalier de Malte qui recrutent des volontaires pour peupler une nouvelle colonie au Brésil. Persuadés qu'il s'agit de rejoindre leur père disparu pendant les guerres d'Italie, les deux gamins embarquent vers le Nouveau Monde sur un navire dirigé par l'amiral de Villegagnon, au côté d'anabaptistes, de chevaliers et de manants depuis le port du Havre.
Le monde qui les attend les surprend à plus d'un titre : entre la luxuriance de la forêt, les indiens anthropophages, les luttes intestines entre catholiques et protestants qui enflamment le fort installé dans la baie de ce qui deviendra Rio, ils vont de découvertes en découvertes et leurs chemins divergent.
Colombe, jusque là travestie en garçon, se métamorphose au contact des indiens et de la nature ; Just s'éprend d'héroïsme et de chevalerie...



Comme à chaque fois avec les romans de RUFIN, je me laisse porter par l'aventure et le romanesque ! Quelle force évocatrice ! Le vocabulaire est merveilleusement choisi, riche sans être pédant ; la trame narrative est parfaite, faisant se succéder les chapitres rythmés d'évènements aux passages plus introspectifs. J'ai eu la surprise d'apprendre que cet épisode "colonial" avait vraiment existé, il n'est que rarement évoqué dans les livres d'histoire (je n'en avais jamais entendu parler alors que mes études portaient sur ce domaine....comme quoi !)
En tout cas, c'est encore une belle réussite que ce roman qui, en 2001, avait remporté le Goncourt ! J'aime les romans de RUFIN, de plus en plus !

En cherchant une photo de la couverture du roman, je suis tombée sur ça :



J'ai un peu ricané en voyant cette affiche de la série diffusée à la télé en 2013, d'après le roman. Elle ne correspond pas au roman qui nous décrit Just aux cheveux noirs et Colombe diaphane comme une florentine, avec des yeux pâles (les indiens l'appellent Oeil-Soleil)...