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Le mur des silences - Arnaldur INDRIDASON

 

Editions METAILLE

Parution : 4 février 2022

Titre original : þagnarmúr

Traduction : Eric BOURY

320 pgaes

 

Ce qu'en dit l'éditeur :

C’est une maison dans laquelle les femmes ne se sont jamais senties bien, les familles n’y sont jamais restées longtemps. Une médium dit même y avoir perçu une sensation d’étouffement. Pendant des travaux de modernisation, le mur de la cave s’écroule et un corps apparaît.

Konrad enquête et met au jour des mystères anciens.

Dans le même temps il presse la police d’élucider le meurtre de son père mais il a oublié qu’à l’époque, l’enfant qu’il était avait menti, et il se retrouve soupçonné.

Toujours dans une ambiance à la Simenon et avec Konrad, un héros ici très ambigu, moyennement sympathique, noyé dans l’alcool et la solitude, un roman noir magistral dans lequel le passé et les victimes oubliées ressurgissent.

 

Ce que j'en ai pensé :

Je n'ai pas lu le précédent opus des enquêtes de Konrad, flic à la retraite ("La pierre du remords") . Mais après avoir croqué en quelques jours la trilogie de Ragnar Jonasson ("La dame de Reykjavik"), j'ai eu envie de rester en Islande et de suivre le rythme d'une enquête sans trop d'hémoglobine.

Le "héros" (si on peut lui attribuer ce qualificatif, est toujours poursuivi par ses vieux démons, son père (accessoirement truand, escroc) a été tué et son meurtre n'a jamais été résolu.

A l'occasion de la découverte d'un cadavre emmuré dans une buanderie, et au fil d'une enquête poursuivie de manière privée, Konrad remonte l'histoire.

Comme d'habitude, Arnaldur INDRIDASON joue de la temporalité , superposant  passé et présent, criminalité ancienne et enquêtes contemporaines.

On aborde ici les problématiques de la violence infra-familiale (femme battue et emprise du pervers-narcissique), de la petite délinquance (violence et cambriolages), de la pédophilie et des problèmes sociétaux tels que l'alcoolisme. Dans ce "cold case", les thèmes s'entrecroisent, tissent une ambiance.

Ça parait parfois un peu superficiel, peut-être surjoué, mais ça fonctionne.

Konrad, malgré ses défauts, ses défaillances, est un personnage attachant, un peu bancal...on aime ou pas la narration qui oscille entre passé et présent, entre nostalgie et volonté de résoudre des enquêtes criminelles, mais oui, encore une fois, j'ai aimé l'écriture d'Arnaldur INDRIDASON, son style, et le dénouement qui n'était pas tout à fait celui que j'attendais.

Succion - Yrsa SIGURDARDOTTIR

 

Editions ACTES SUD - Collection Actes Noir

Parution : Mai 2019

416 pages

Traduction : Catherine et Véronique MERCY


Ce qu'en dit l'éditeur :

Assise sur les marches glaciales devant l’entrée de sa nouvelle école, Vaka regrette de n’avoir pas mis un manteau plus chaud. Apparemment, son père a oublié de venir la chercher, sa mère a oublié de lui donner de l’argent de poche cette semaine et l’école est déjà fermée. On ne peut décidément pas se fier aux adultes. Résignée à attendre, elle voit bientôt une petite fille approcher. Vaka la reconnaît tout de suite : elle est dans sa classe, c’est celle à qui il manque deux doigts. La petite fille habite juste derrière l’école, alors Vaka lui demande si elle peut venir chez elle passer un coup de téléphone pour appeler son père. Plus personne ne reverra jamais Vaka.

Dégradé et relégué au plus bas de l’échelle après les polémiques qui ont entouré sa dernière enquête, l’inspecteur Huldar doit se contenter des chiens écrasés. Jusqu’au jour où on le charge d’une vérification de routine qui bascule dans l’horreur lorsque, après un signalement anonyme, il trouve deux mains coupées dans le jacuzzi d’une maison du centre-ville. Huldar ignore encore que cette mutilation n’est que la première d’une longue série.

 

Ce que j'en ai pensé :

Quel message laisseriez-vous dans une capsule temporelle ? Sans doute pas cette liste énigmatiques de victimes de meurtres, seulement désignées par des initiales, comme l'a fait cet écolier dont le père, arrêté pour pédophilie, croupit en prison !

Dix ans plus tard, l'inspecteur Huldar est écarté d'une enquête sur un meurtre sordide, le premier d'une série. Coïncidence ?

Mais ce qui fait l'intérêt de ce polar bien macabre, c'est la plongée saisissante dans les remugles de la société islandaise : celle des laissés-pour-compte et celle des élites qui usent de leur influence. 

Pédophilie, corruption, vengeance, jeux de pouvoir, folie, carences des institutions (déjà évoquées dans  "ADN" et dans "Indésirable" ) : les thèmes abordés sont nombreux. Ils mettent en relief des personnages singuliers, souvent "borderline", sans scrupules.

Les personnages récurrents de cette série, l'inspecteur Huldar et Freyja, la psy, livrent leurs failles et leurs doutes, leurs portraits gagnent en épaisseur et le duo fonctionne parfaitement, jouant sur la dualité attraction/répulsion.

Un très bon polar, bien ficelé !

Les roses de la nuit - Arnaldur INDRIDASON

Editions Métailié
Parution : 3 octobre 2019
Titre original : Dauđarósir
Traduction : Eric Boury
290 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

La vengeance des victimes.

Elle est condamnée, il l’aime, elle l’entraîne dans sa vengeance mortelle.

A la sortie d’un bal, un couple pressé se réfugie dans le vieux cimetière, mais au cours de leurs ébats la jeune femme voit un cadavre sur une tombe et aperçoit une silhouette qui s’éloigne. Elle appelle la police tandis que son compagnon, lui, file en vitesse. Le commissaire Erlendur et son adjoint Sigurdur Oli arrivent sur les lieux pour découvrir la très jeune morte abandonnée sur la tombe fleurie d’un grand homme politique originaire des fjords de l’Ouest.

La victime a 16 ans, personne ne la connaît, elle se droguait. Erlendur questionne sa fille Eva Lind, qui connaît bien les milieux de la drogue pour en dépendre. Elle lui fournit des informations précieuses et gênantes à entendre pour un père. Il s’intéresse aussi à la tombe du héros national et va dans les fjords de l’Ouest où il découvre une amitié enfantine et une situation sociale alarmante. La vente des droits de pêche a créé un grand chômage et une émigration intérieure massive vers Reykjavík, dont les alentours se couvrent d’immeubles modernes pour loger les nouveaux arrivants. Sigurdur Oli, lui, s’intéresse plutôt à la jeune femme qui les a appelés.

Le parrain de la drogue, vieux rocker américanisé et proxénète, est enlevé au moment où la police révèle ses relations avec un promoteur immobilier amateur de très jeunes femmes. Pendant ce temps, contre toute déontologie, Sigurdur Oli tombe amoureux de son témoin.

Ce que j'en ai pensé :

Un très bon cru !! J'ai retrouvé avec le plus grand plaisir ce bon vieil Arnaldur et son équipe pour une enquête qui nous emmène, une fois encore, à Reykjavik et dans les fjords, entre nuit boréale et enquête criminelle.

Au-delà de l'enquête, qui navigue dans les milieux interlopes de la drogue, au-delà du rythme si propre aux polars islandais (lent, introspectif, dans trop de rebondissements à la manière des "page-turners"..), l'ambiance prime. C'est une image de l'Islande et de ses marges (ses marginaux), le constat d'une société qui peine à mêler tradition et modernité, qui vit au rythme de l'Europe mais n'en accepte pas tous les codes, qui jongle entre mémoire et course en avant...

Cet opus est aussi un roman de la solitude, de la culpabilité (Erlendur face à ses démons), le roman d'un constat social où personne n'est ni bon ni mauvais, où les personnages évoluent comme ils le peuvent, en transgression, en rébellion, et souvent en apnée.

J'ai pris beaucoup de plaisir avec ce polar (chronologiquement, avant "La cité des jarres") qui permet de mieux comprendre encore les ambivalences de son héros, Erlendur.


Ce que savait la nuit - Arnaldur INDRIDASON

Editions Métailié
Parution : 7 février 2019
Titre original : Myrkriđ Veit
Traduction : Eric Boury
300 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Les touristes affluent en Islande et les glaciers reculent lentement. Le cadavre d’un homme d’affaires disparu depuis trente ans émerge du glacier de Langjökull. Son associé de l’époque est de nouveau arrêté et Konrad, policier à la retraite, doit reprendre bien malgré lui une enquête qui a toujours pesé sur sa conscience, en partie sabotée par la négligence d’un policier toujours en service.
Au moment où il pensait vivre sa douleur dans la solitude – le meurtre de son père n’a jamais été élucidé et sa femme vient de mourir d’un cancer –, Konrad doit reprendre ses recherches, malgré les embûches et la haine. Seul le témoignage d’une femme qui vient lui raconter l’histoire de son frère tué par un chauffard et le supplie de trouver ce qui s’est passé pourrait l’aider à avancer…
Ce nouvel enquêteur, jumeau littéraire d’Erlendur, permet à Indridason de développer le spectre de son talent. Konrad est né en ville, il a eu une enfance difficile, il vient de perdre l’amour de sa vie, il est en train de renoncer à lui-même. 


Ce que j'en ai pensé :

C'est toujours avec le même plaisir que je retrouve la plume d'Arnaldur Indridason, et ce rythme si particulier à ces polars islandais.

Celui-ci n'échappe pas à la règle même si cette fois Erlendur est absent de l'intrigue  : voici Konrad, flic à la retraite, qu'on avait découvert dans Passage des ombres et qui cette fois encore enquête en parallèle..
Un personnage touchant qui traîne sa nostalgie, ses regrets et son deuil et qui rappelle Erlendur par bien des aspects.

Comme toujours, les polars d'Indridason évoquent le climat social et économique de l'Islande, parlent des conséquences désastreuses de la crise et des problèmes d'addiction. Cet opus ne s'y limite pas, il aborde, par le biais d'une vieille enquête non résolue, les erreurs judiciaires mais aussi les problèmes du réchauffement climatique et donc du recul des glaciers islandais. 

Des thèmes a priori sans relation mais qui trouvent une unité dans ce bon polar !

Treize jours - Arni THORARINSSON

Editions Métailié
Parution : 4 octobre 2018
Titre original : 13 dagar
Traduction : Eric Boury
288 pages


 Ce qu'en dit l'éditeur :
13 jours, c’est le délai que sa dernière petite amie, banquière recherchée par la police, a donné à Einar pour la rejoindre à l’étranger.
13 jours, c’est le temps qu’il va lui falloir pour décider s’il veut accepter la direction du grand journal dans lequel il a toujours travaillé.
13 jours, c’est le temps qui sera nécessaire pour trouver qui a tué la lycéenne dont le corps profané a été retrouvé dans le parc. Quelque chose dans son visage rappelle à Einar sa propre fille, Gunnsa, quand elle était un peu plus jeune et encore innocente. Mais aujourd’hui Gunnsa est devenue photographe et travaille dans le même journal que son père ; elle s’intéresse de près à ces adolescents paumés et ultra connectés qui fuguent ou disparaissent, elle a plus de ressources et d’audace pour faire avancer l’enquête – et moins de désillusions.
Ce que j'en ai pensé :
Reykjavik, de nos jours. La jeunesse est à la dérive, entre alcool et drogues, la société va mal et reporte sa colère sur l'immigration, sur la perte des valeurs familiales.
Einar est journaliste (c'est un personnage récurrent, mais je n'ai lu aucun des romans précédents de l'auteur), il est à un tournant de sa vie personnelle (il est sous le charme d'une femme en fuite - malversations financières et politiques - et entretient une liaison avec une collègue, c'est un ancien alcoolique) et professionnelle (il se murmure qu'il est bien placé pour devenir le nouveau directeur de rédaction). 
Et on découvre le cadavre d'une jeune fille qui flirtait avec les milieux interlopes, se prostituait pour se payer sa came.
Einar enquête (avec sa fille Gunnsa) en parallèle avec la police et finit par découvrir le coupable.
Je n'ai pas aimé la narration à la première personne ("j'allume ma cigarette", "je pense que...", etc...), j'ai eu l'impression que ça gâchait le rythme, et que l'utilisation du présent de l'indicatif, au lieu de nous donner l'illusion que l'action se déroule sous nos yeux, créait (bizarrement) un décalage.
Je n'ai pas aimé l'interrogatoire que subit Gunnsa, mené par le flic Jonas (ancien rival amoureux d'Einar ?), écrit en italique, et intercalé entre les chapitres de l'enquête. Je n'en ai pas vu l'intérêt...
Je n'ai pas aimé avoir l'impression de ne pas comprendre la fin (alors, en fin de compte, qui est le meurtrier ?). 
Mais j'ai aimé retrouver l'Islande dans un polar, j'ai aimé les personnages même si je ne connaissais pas leur histoire.
Et du coup, je suis circonspecte.

Les fils de la poussière - Arnaldur INDRIDASON


Editions Métailié
Parution : 4 octobre 2018
Titre original : Synir dufsins
Traduction : Eric Boury
304 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Paru en 1997, Les Fils de la poussière, premier roman d’Arnaldur Indridason, ouvre magistralement la voie au polar islandais.

Daniel, quadragénaire interné dans un hôpital psychiatrique de Reykjavík, se jette par la fenêtre sous les yeux de son frère Palmi. Au même moment, un vieil enseignant, qui a eu Daniel comme élève dans les années 60, meurt dans l’incendie de sa maison.

L’enquête est menée parallèlement par le frère de Daniel, libraire d’occasion, un tendre rongé par la culpabilité, et par une équipe de policiers parmi lesquels apparaît un certain Erlendur, aux côtés du premier de la classe Sigurdur Oli et d’Elinborg. Peu à peu, ils découvrent une triste histoire d’essais pharmaceutiques et génétiques menés sur une classe de cancres des bas quartiers, des gamins avec qui on peut tout se permettre.

Sens de la justice, personnages attachants, suspense glacé : dès ce premier thriller, on trouve tous les éléments qui vont faire le succès international qu’on connaît – et le génial Erlendur, bien sûr, tourmenté, maussade, sombre comme un ciel islandais !


Ce que j'en ai pensé :

Quelle bonne surprise cet été à l'annonce de la traduction du tout premier polar écrit par Indridason et sa parution à l'automne ! Chaque fois que je ferme l'un de ses romans, je sais que je vais trépigner avant le prochain !
Et croyez-moi, je n'ai pas été déçue, je l'ai même trouvé bien meilleur que la Trilogie des ombres !

On se retrouve aux origines du duo Erlendur/Sigurdur Oli dans une double-enquête dont les protagonistes de chacune ont des liens.
Nouvelle plongée dans ce pays peu ordinaire qu'est l'Islande, avec une société bouleversée par l'Occupation (la "situation") et qui tente de se projeter dans la modernité et oublie quelques laissés-pour-compte sur le bord du chemin dont les malades psychiatriques dont personne ne sait que faire ou ces populations misérables tombées dans la violence, la drogue ou l'alcoolisme qui vont pour certains être le laboratoire in vivo de groupes pharmaceutiques sans scrupules.

J'ai donc aimé ce duo de flics qui se découvrent, s'apprivoisent tant bien que mal mais j'ai aimé aussi tous les personnages "secondaires" qui traînent avec eux leurs histoires et leur détresse, leur culpabilité parfois.

C'est un polar qui traîne une sorte de désespoir, de malaise, mais qui donne les clés des caractères des personnages récurrents d'Indridason, tout en subtilité (et évidemment en non-dits !).

Il reste encore un opus non traduit par Métailié, mais il me tarde que ça soit fait !

Passage des ombres - Arnaldur INDRISASON


Editions Métailié
Parution : 3 mai 2018
Titre original : Skuggasund
Traduction : Eric Boury
304 pages 


Ce que dit l'éditeur :

Un vieil homme solitaire est retrouvé mort dans son lit. Il semble avoir été étouffé sous son oreiller. Dans ses tiroirs, des coupures de presse sur la découverte du corps d’une jeune couturière dans le passage des Ombres en 1944, pendant l’occupation américaine.
Pourquoi cet ancien crime refait-il surface après tout ce temps ? La police a-t-elle arrêté un innocent ?
Soixante ans plus tard, l’ex-inspecteur Konrad décide de mener une double enquête. Jumeau littéraire d’Erlendur, il a grandi en ville, dans ce quartier des Ombres si mal famé, avec un père escroc, vraie brute et faux spirite. Il découvre que l’Islande de la « situation » n’est pas tendre avec les jeunes filles, trompées, abusées, abandonnées, à qui on souffle parfois, une fois l’affaire consommée, « tu diras que c’était les elfes ».

Un polar prenant qui mêle avec brio deux époques et deux enquêtes dans un vertigineux jeu de miroirs. Où l’on découvre que les elfes n’ont peut-être pas tous les torts et que les fééries islandaises ont bon dos…

Ce que j'en ai pensé :

Dernier tome de la "Trilogie des ombres", cet opus en est sans doute le meilleur, parce que, selon moi, il ressemble le plus à ce qu'écrivait Arnaldur Indridason dans les enquêtes d'Erlendur. On retrouve avec le plus grand plaisir l'ambiance particulière de l'Islande pendant la Seconde Guerre Mondiale (et la "situation", les islandaises séduites par les américains) et cette manière particulière de mener l'enquête, sans soubresauts.

Il y a là le charme du temps qui passe et qui n'efface pas toutes les blessures, un cold-case qui ressurgit et fait remonter à la surface d'étranges souvenirs, des regrets. L'ex-inspecteur Konrad, confronté à son passé, à sa "honte" (son père est un escroc qui s'est joué de la crédulité des autres via la médiumnité), s'implique plus que de raison dans un fait divers qui a eu lieu en 1944 à Reykjavik.

L'intrigue est pourtant "moderne", elle évoque le patriarcat, le poids de la honte, la concupiscence des hommes et souvent leur effroyable lâcheté, elle dessine en creux la condition féminine (Rosamunda qui rêvait de s'affranchir en devenant couturière, les filles séduites par les soldats et souvent honteuses de l'avoir été..) et le rôle des croyances populaires dans la vie quotidienne des islandais.
 

ADN - Yrsa SIGURDARDOTTIR

Editions Actes Sud - collection Actes noirs
Parution : 3 janvier 2018
Titre original : DNA
Traduction : Catherine Mercy
416 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Elísa Bjarnadóttir méritait d’être punie. Elle devait payer. Mais quelle faute pouvait justifier une telle violence ? On vient de retrouver la jeune femme à son domicile, la tête en­tourée de gros scotch, exécutée de la façon la plus sordide. L’agonie a dû être atroce. Sa fille de sept ans a tout vu, cachée sous le lit de sa mère, mais la petite se mure dans le silence. Es­pérant l’en faire sortir, l’officier chargé de l’enquête se tourne alors vers une psychologue pour enfants. C’est sa seule chance de remonter jusqu’au meurtrier. Ce dernier n’a pas laissé de trace, juste une incompréhensible suite de nombres griffon­née sur les lieux du crime.

Alors que les experts de la police tentent de la déchiffrer, un étudiant asocial passionné de cibi reçoit à son tour d’étranges messages sur son poste à ondes courtes. Que cherche-t-on à lui dire ? Sans le savoir, il va se retrouver mêlé à l’une des séries de meurtres les plus terrifiantes qu’ait connues l’Islande.

Avec ce roman addictif et glaçant, au dénouement inatten­du, Yrsa Sigurðardóttir confirme son statut de reine du polar islandais.


Ce que j'en ai pensé :

ADN, acide désoxyribonucléique,  support de l'information génétique. Elément de preuves dans une enquête criminelle. Vecteur des tares qui pourrait affecter une famille. 

J'adore être surprise par le dénouement d'un polar ! Et là, je me suis régalée ! 
Yrsa Sigurdardottir m'a conquise une nouvelle fois par son sens de l'intrigue et je crois que je vais explorer sa bibliographie !

Faire témoigner une gamine de 7 ans qui a assisté au meurtre de sa mère, ne pas la bousculer, éviter d'ajouter le choc des interrogatoires au traumatisme du crime, faire remonter ses souvenirs pour tenter de comprendre cet assassinat et dessiner le portrait du tueur. C'est la tâche qu'on assigne à ce flic de seconde zone (les enquêteurs principaux et aguerris sont sous le coup d'une enquête interne) qui se serait bien passé d'être sous les feux des projecteurs...

Pour les enquêteurs, l'enquête piétine, et les meurtres se succèdent. (attention, chochottes s'abstenir, les appareils ménagers sont un peu dangereux tout de même, surtout quand ils sont détournés de leur fonction intiale...)

Et les pages de ce polar se tournent, addictives, tandis que le lecteur s'interroge.

C'est habilement mené (mais j'avais déjà dit ça ou presque sur le précédent polar de l'auteur !) et j'ai aimé retrouvé cette atmosphère particulière à l'Islande, le style narratif dépourvu d'inutile, et cette incursion dans la société puisque ce roman évoque la détresse sociale, les abandons d'enfants, les héritages...

Un polar extra, que je recommande !

Il n'en revint que trois - Gudbergur BERSSON

Editions Métailié - Bibliothèque nordique
Parution : 11 janvier 2018
Titre original : Þrír sneru aftur
Traduction : Eric Boury
208 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Une ferme perdue en Islande, à des kilomètres du premier village, entre un champ de lave, des montagnes et des rivages désolés. Le ciel est vide et les visiteurs sont rares.
Mais l’écho de la Deuxième Guerre mondiale ne va pas tarder à atteindre ses habitants. Soudain soldats, déserteurs, espions débarquent, mais aussi radio, route, bordels et dollars. Puis viendront les touristes. L’ordre ancien vacille et ne se relèvera jamais. 
 
Les personnages de Bergsson sont tout d’une pièce, rugueux et âpres comme la terre qui les a vus naître. Il y a ceux qui partent, ceux qui restent, ceux qui reviennent. Faut-il s’arracher à ce morceau de terre où rien ne pousse ? Ou guetter le renard en ignorant les secousses de l’histoire ? 
 
Un texte sec et fort qui décrit le basculement brutal de l’Islande dans la modernité, les bégaiements de l’histoire, la force magnétique de certains paysages, qui sont comme des gardiens de la tradition familiale : nul n’y échappe.


Ce que j'en ai pensé :

Quand le bout du monde rencontre la civilisation ! Une drôle de famille, où personne n'a de prénom : le grand-père incontinent et taiseux, la grand-mère besogneuse et qui fait l'école à ses deux petites-filles que leurs mères ont abandonnées, et le fils toujours parti à la chasse aux renards. 

Des anglais en randonnée (ce sont les seuls dont on connaîtra l'identité) et qui reviennent plus tard, alors que l'Islande devient base arrière de la coalition internationale pendant la Seconde Guerre Mondiale, et les Ricains qui apportent le progrès, pervertissent les filles et semblent faire émerger le pays du Moyen-Age.

Mais il y a l'Allemand aussi, qui fuit le régime nazi qu'il désapprouve et se cache près de la vieille ferme isolée, et le gamin qui comprendra plus tard à quel point il tient à cette terre et à ses mystères.

"L'Islande n'est plus cette terre isolée, elle est aujourd'hui au centre de la lutte que se livrent dictatures et démocraties et cela ne changera pas tant que nous n'aurons pas remporté la victoire et rétabli la paix dans le monde (...)" 

C'est l'histoire d'un monde perdu, loin de tout, qui s'adapte tant bien que mal à la modernité, à un monde qui change. 
C'est l'histoire d'un coin de nature sauvage, brute, où les failles avalent les squelettes, où les elfes racontent des histoires.

"(...) c'étaient les hommes, et non les bêtes, qui rendaient le monde dangereux. Il suffisait de se plier à quelques règles fondamentales et on pouvait fréquenter tous les êtres vivants en paix." 

C'est un roman presque tranquille où il ne se passe presque rien mais où on voit tout, la lande, la glace, la folie du monde et la sagesse humaine !

J'ai beaucoup aimé ! Evidemment ! 

La femme de l'ombre - Arnaldur INDRIDASON

Editions Métailié 
Parution : 5 octobre 2017
Titre original : Petsamo
Traduction : Eric Boury
340 pages 


Ce qu'en dit l'éditeur :

Une jeune femme attend son fiancé à Petsamo, une ville tout au nord de la Finlande. Tous deux doivent rentrer en Islande sur le paquebot Esja pour fuir la guerre qui vient d’éclater dans les pays nordiques, mais le jeune homme n’arrive pas.

Au printemps 1943, dans une Islande occupée par les troupes alliées, la découverte d’un corps rejeté par la mer sème l’émoi à Reykjavík. Au même moment, un jeune homme est victime d’une agression d’une sauvagerie inouïe non loin d’un bar à soldats, et une femme qui fréquente avec assiduité les militaires disparaît brusquement. Les jeunes enquêteurs Flovent et Thorson suivent des pistes contradictoires et dangereuses : officiers corrompus, Gestapo, vulgaires voyous…

Avec une habileté subtile, Indridason met en scène des personnages attachants, tendres ou cruels, des vies bouleversées, des histoires surprenantes dans un pays occupé. Un beau livre captivant.

Ce que j'en ai pensé :

Parfois je tergiverse. Je sais que je vais lire le tout nouvel opus d'un auteur chouchou et je ne me décide pas, peur d'être déçue ou envie de prolonger l'attente ?
Là, à demi en panne d'envies, je me suis jetée sur le tout dernier policier d'Arnaldur Indridason, tome 2 de la "Trilogie des Ombres".

On retrouve Flovent et Thorson, les deux enquêteurs dans une double affaire : un jeune homosexuel est assassiné et un corps d'homme est retrouvé mort sur la plage, vraisemblablement suicidé par noyade.
C'est l'occasion pour l'auteur de nous replonger dans l'Islande occupée par les forces de la coalition et dans le quotidien de ses habitants, obligés de s'accommoder de "la situation". Les troupes alliées sont le prétexte pour évoquer les crimes sexuels et la prostitution des jeunes femmes islandaises, rêvant souvent qu'un militaire les ramène avec lui aux USA pour une vie meilleure qu'en Islande.

Le rythme est lent comme toujours, les personnages suffisamment empathiques (l'écriture si particulière de l'auteur leur donne de l'épaisseur), y compris les "criminels", l'atmosphère est baignée de nostalgie.
Il me tarde de découvrir le tome 3 au printemps prochain !

Dans l'ombre - Arnaldur INDRIDASON

Editions Métailié
Parution : 2 février 2017
Titre original : Þýska húsið
Traduction : Eric Boury
352 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Un représentant de commerce est retrouvé dans un petit appartement de Reykjavik, tué d’une balle de Colt et le front marqué d’un “SS” en lettres de sang. Rapidement les soupçons portent sur les soldats étrangers qui grouillent dans la ville en cet été 1941.
Deux jeunes gens sont chargés des investigations : Flovent, le seul enquêteur de la police criminelle d’Islande, ex-stagiaire à Scotland Yard, et Thorson, l’Islandais né au Canada, désigné comme enquêteur par les militaires parce qu’il est bilingue.
L’afflux des soldats britanniques et américains bouleverse cette île de pêcheurs et d’agriculteurs qui évolue rapidement vers la modernité. Les femmes s’émancipent. Les nazis, malgré la dissolution de leur parti, n’ont pas renoncé à trouver des traces de leurs mythes et de la pureté aryenne dans l’île. Par ailleurs on attend en secret la visite d’un grand homme.
Les multiples rebondissements de l’enquête dressent un tableau passionnant de l’Islande de la “Situation”, cette occupation de jeunes soldats qui sèment le trouble parmi la population féminine. Ils révèlent aussi des enquêteurs tenaces, méprisés par les autorités militaires mais déterminés à ne pas se laisser imposer des coupables attendus.
Dans ce roman prenant et addictif, le lecteur est aussi fasciné par le monde qu’incarnent les personnages que par l’intrigue, imprévisible.


Ce que j'en ai pensé :

Oh qu'il m'a agacé ce nouveau roman d'Arnaldur Indridason !

- Erlendur ?  absent ! C'est un peu comme si vous aviez rendez-vous avec un très vieil ami et qu'il avait mieux à faire...

- L'éditeur ? a-t-il une demie seconde pensé à ma bibliothèque ? Les romans nordiques Métailié noirs avec leur lézard sur la tranche sont tous rangés ensemble sur un rayonnage (la littérature italienne et surtout sud-américaine de cette maison est sur une autre étagère, dans une autre bibliothèque) et là, je suis bien en peine : où vais-je ranger ce roman noir islandais avec sa tranche blanche ? Je vais prendre RDV chez le psy ;o)

- Quoi ? Une trilogie ? une enquête "à suivre" en octobre 2017 ? mais pense-t-on au pauvre lecteur totalement accro à ce roman qui va trépigner d'impatience ??

Parce qu'il est comme ça, le nouveau roman d'Arnaldur Idridason, totalement addictif ! Avec cette écriture si particulière, cette atmosphère que j'adore,  ce portrait d'une Islande toute en nuances dont il révèle ici une partie de l'histoire quand le pays servait de base arrière aux Alliés pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Quand un meurtre, a priori sans mobile, donne lieu à une photographie sociale et politique et à la découverte de deux personnages dont on devine les failles (pour l'un d'entre eux au moins) : Thorson et Flovent, le premier faisant partie de la police militaire et le second de la police islandaise.
Il est question d'espionnage et de contre-espionnage, de tests in vivo sur la criminalité, du fossé entre les islandais péquenots et les Alliés "plus évolués", de la condition féminine en Islande (et des "filles à soldats" pendant cette période appelée la "situation"), de l'influence du nazisme par son idéologie et ses théories sur la génétique (les islandais sont-ils les survivants de la pure race aryenne ?).

Une enquête passionnante, qui fait finalement un peu oublier ce cher Erlendur, et un bouquin que se lit d'une traite, addictif ! Je me trompe peut-être, mais je n'ai pas été certaine, en refermant le livre, que le mystère soit résolu...A suivre donc !



A noter page 154
 "il avait chargé son avocat de déposer une plainte contre la police pour violence à l'encontre de la police" --> une affaire qui s'annonce compliquée non ? en tout cas un petit problème à la correction des épreuves sans doute...

L'énigme de Flatey - Viktor Arnar INGOLFSSON

Editions du Seuil
Parution : 7 février 2013
Titre original : Flateyjargata
Traduction : Patrick Guelpa
368 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :
Un corps quasiment à l’état de squelette est retrouvé par des pêcheurs sur un îlot isolé au large de Flatey, petite île située à une centaine de milles au nord de Reykjavík.
L’adjoint du préfet, Kjartan, dépêché pour prendre possession des restes et établir un rapport, n’a aucune expérience des enquêtes criminelles. Les habitants de l’île ne lui sont pas d’une grande aide et il faudra un coup de main de la police du continent pour établir que la victime était un universitaire danois spécialisé dans les sagas nordiques.
Une seule chose peut expliquer la présence, incognito, du professeur dans cette région reculée: le Livre de Flatey, compilation de textes du Moyen Âge relatant les aventures des rois de Norvège. Or la copie conservée sur l’île contient une énigme, sous forme de charade en quarante questions, dont tous les spécialistes cherchent en vain la clé depuis longtemps.
Ce qui n’explique pas pour autant qui, parmi ces pêcheurs frustes et travailleurs, pouvait vouloir sa mort.

Viktor Arnar Ingólfsson est né en 1955 à Akureyri, au nord de l’Islande. Il est l’auteur de six romans policiers dont l’avant-dernier (Afturelding) a fait l’objet d’une série télévisée en 2008. L’Énigme de Flatey a été finaliste du grand prix de la littérature policière nordique, La Clé de Verre, en 2004.

 vue sur l'Ile de Flatey

Ce que j'en ai pensé :

Une petite île perdue, d'une superficie de 2 kilomètres sur 500 mètres. De quoi planter quelques maisons, une coopérative et une église, et abriter une cinquantaine d'habitants qui se régalent d'abats de macareux, de graisse de mouton et de pommes de terre. Un temps à ne pas mettre un chien dehors, et encore moins un professeur danois sous peine de le retrouver décomposé et bouffé par les sternes quelques mois plus tard.

L'ambiance est posée, elle obéit presque à tous les stéréotypes du polar islandais (rythme lent, personnages taiseux, alcooliques, secrets) sauf que s'ajoute à l'intrigue des extraits d'un codex et l'énigme qu'il pose.

Qui du meurtre ou du codex donne son prétexte à l'autre ? On a l'impression que l'intrigue policière est secondaire tant le roman s'enroule autour des textes médiévaux contant certaines sagas islandaises, et puis soudain c'est l'inverse, le vieux grimoire devient l'élément en arrière-plan alors que l'enquête s'accélère et jette la suspicion sur plusieurs possibles meurtriers...

Si le roman policier m'a semblé un peu terne la plupart du temps (jusqu'à la deuxième moitié du livre), j'ai suivi avec intérêt les histoires islandais contées (on retrouve Ragnar Lodbrok, le héros du téléfilm Vikings, diffusé en 2013 sur Canal +) mais surtout la vie quotidienne des iliens, pêcheurs ou agriculteurs.
La solution de l'énigme et la résolution des meurtres m'ont confirmé ma légère déception...

Le livre de Flatey (clic pour en savoir plus)

Le lagon noir - Arnaldur INDRIDASON

éd Métailié - Parution 3 mars 2016 - 320 pages
Titre original : Kamp Knox
Traduit par : Eric Boury

Ce qu'en dit l'éditeur :

Reykjavik, 1979. Le corps d‘un homme est repêché dans ce qui va devenir le lagon bleu. Il s’agit d’un ingénieur employé à la base américaine de l’aéroport de Keflavik. Dans l’atmosphère de la guerre froide, l’attention de la police s’oriente vers de mystérieux vols effectués entre le Groenland et l’Islande. Les autorités américaines ne sont pas prêtes à coopérer et font même tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher la police islandaise de faire son travail. Dans un climat de tension, conscients des risques qu’ils prennent, Erlendur et Marion Briem poursuivent leur enquête avec l’aide d’une jeune femme noire, officier de la base.Le jeune inspecteur Erlendur vient d’entrer à la brigade d’enquêtes criminelles, il est curieux, passionné par son métier, soucieux des autres, mais il ne cache pas son opposition à la présence américaine sur le sol islandais.

En parallèle, il travaille sur une vieille affaire non résolue. Une jeune fille disparue sur le chemin de l’école quarante ans plus tôt, à l’époque où la modernité arrivait clandestinement dans l’île, portée par les disques de rock et les jeans venus de la base américaine.

Indridason construit un univers particulier, une atmosphère pénétrante et sans nostalgie, un personnage littéraire de plus en plus complexe, et  le roman noir, efficace, est transformé par la littérature.


Ce que j'en ai pensé :

J'attendais avec la plus grande impatience la parution de cet opus, tant Erlendur fait à présent partie de mes références littéraires et que chacun des romans d'Indridason arrive à point nommé pour satisfaire mes envies de polar.
Cette fois, l'inspecteur n'a que 33 ans, fraîchement divorcé (et épiant sa toute petite fille au jardin d'enfant, avec toute la tendresse qu'on soupçonne derrière le type taiseux)  et fit équipe avec Marion dans une enquête ayant pour décor la base militaire américaine de Keflavik.

L'occasion encore une fois pour l'auteur de nous entraîner au gré de l'obsession d'Erlendur, les disparitions, qu'elles aient lieu en ville et en plein jour ou dans les montagnes pendant une tempête de neige. C'est une sorte de prequel, à l'instar des Nuits de Reykjavik, et propose une vision d'un Erlendur un peu perdu encore, fragile, et cela donne une perspective intéressante au personnage. 

Le rythme est toujours aussi lent, l'enquête prend son temps, la lecture s'en ressent, mais quand on est fan et qu'on sait retrouver cette ambiance si particulière, c'est assurément un plaisir, une parenthèse agréable, avec un personnage familier. Un peu comme si Erlendur faisait partie de la famille !

 

La cité de jarres - Arnaldur INDRIDASON

éd Métailié - février 2005 - 288 pages
titre original : Mýrin
Traduction : Eric Boury
Prix Clé de verre du roman noir scandinave 2002
Prix Mystère de la Critique - 2006
Prix Cœur Noir - 2006 

éd Points - juin 2006 - 336 pages

 Ce qu'en dit l'éditeur :

Pourquoi l'inspecteur Erlendur use-t-il sa mauvaise humeur à rechercher l'assassin d'un vieil homme dans l'ordinateur duquel on découvre des photos pornographiques immondes et, coincée sous un tiroir, la photo de la tombe d'une enfant de quatre ans.

Pourquoi mettre toute son énergie à trouver qui a tué celui qui s'avère être un violeur? Pourquoi faire exhumer avec quarante ans de retard le cadavre de cette enfant ? Comment résister à l'odeur des marais qui envahit tout un quartier de Reykjavic?

A quoi sert cette collection de bocaux contenant des organes baptisée pudiquement la Cité des Jarres? Pourquoi partout dans le monde la vie de flic est toujours une vie de chien mal nourri ? Erlendur le colérique s'obstine à tenter de trouver les réponses à toutes ces questions.

Ce livre écrit avec une grande économie de moyens transmet le douloureux sens de l'inéluctable qui sous-tend les vieilles sagas qu'au Moyen Age les Islandais se racontaient pendant les longues nuits d'hiver. Il reprend leur humour sardonique, l'acceptation froide des faits et de leurs conséquences lointaines.


Arnaldur Indriðason, né le 28 janvier 1961 à Reykjavik, est un écrivain islandais.

 Ce que j'en ai pensé :

Première apparition de l'inspecteur Erlendur, ce polar inaugure la célèbre série islandaise et c'est pourtant celui que j'ai lu en dernier, avant la parution en mars 2016 du Lagon noir que j'attends avec impatience !
Cette fois, le héros est énervé : sa fille Eva, enceinte, peine à sortir de la drogue et on vient de découvrir le cadavre d'un pervers, pédophile de surcroit.

L'enquête, comme à son habitude, est relativement peu rythmée, l'intrigue prend son temps et semble parfois "perdre" du temps, s'égarant dans une histoire de mariée disparue le jour de la cérémonie, ou d'une maladie neuro-cérébrale pour finalement en révéler l'importance capitale.

Le roman permet cette fois de plonger au cœur de la recherche médicale et génétique en Islande, de montrer les limites de l'éthique, d'évoquer les liens en généalogie et les limites de la vie privée, de parler du viol et de la réputation, de la transmission familiale.

Encore une fois une parfaite réussite !
 
 Affiche du film réalisé par Baltasar Kormákur avec Ingvar Eggert Sigurðsson