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Ne t'arrête pas de courir - Mathieu PALAIN

 

Editions de l'ICONOCLASTE

Parution : 19 août 2021

422 pages

Prix Interallié 2021



Ce qu'en dit l'éditeur :

"Je voulais qu'il change. Qu'il s'en sorte. Qu'il arrête de voler et qu'il devienne champion olympique. Je rêvais. Je refusais de voir une réalité que pourtant il ne me cachait pas. " De chaque côté du parloir de la prison, deux hommes se dévoilent.

L'un, Mathieu Palain, est devenu journaliste et écrivain alors qu'il se rêvait footballeur.

L'autre, Toumany Coulibaly, cinquième d'une famille de dix-huit enfants, est un athlète hors normes et un braqueur de pharmacies. Champion le jour, voyou la nuit : il y a une " énigme Coulibaly " que Mathieu Palain tente d'éclaircir autant qu'il s'interroge sur lui-même. "

L'enfermement, l'amitié et la délinquance, pourquoi certains s'en
sortent et d'autres pas. J'ai longtemps tourné autour de ces obsessions. Et puis j'ai rencontré Toumany. "

 

Ce que j'en ai pensé :

D'abord pas très attirée par le thème de ce livre, je me suis laissée tenter pour contrer le début d'une panne de lecture et parce que j'avais beaucoup beaucoup aimé Sale gosse

Mathieu PALAIN explore cette fois le destin de Toumany Coulibaly qu'il contacte d'abord par courrier puis rencontre lors de parloirs. Toumany déroule sa vie en équilibre fragile entre délinquance (il est incarcéré pour vols) et performances sportives (jeune espoir de l'athlétisme français).

Un récit pudique et au plus près de la réalité, dans lequel l'auteur se place en miroir et explore ses propres failles, tente de comprendre comment un destin bascule.

Ce n'est donc pas un roman même si ce livre en adopte le style, c'est une biographie au ton sensible qui raconte une amitié, une relation sincère et nous dresse le portrait d'un homme qui doit redessiner sa vie.

Une réflexion sur la prison, la réinsertion, les doutes et les peurs, la solitude et les blessures d'abandon. Une réflexion toujours bienveillante et humble et qui ouvre vers l'espoir.

Seule en sa demeure - Cécile COULON

 

Editions de l'Iconoclaste

Parution : 19 août 2021

333 pages



Ce qu'en dit l'éditeur :

Une histoire d’espoirs fous et de désirs, dans un XIXe siècle dominé par les interdits.

Cécile Coulon nous plonge dans les affres d’un mariage arrangé comme il en existait tant au XIXe siècle. À dix-huit ans, Aimée se plie au charme froid de Candre Marchère, un riche propriétaire terrien du Jura. Pleine d’espoir et d’illusions, elle quitte sa famille pour le domaine de la Forêt d’Or. Mais très vite, elle se heurte au silence de son mari, à la toute-puissance d’Henria, la servante. Encerclée par la forêt dense, étourdie par les cris d’oiseaux, Aimée cherche sa place. La demeure est hantée par le fantôme d’Aleth, la première épouse de Candre, morte subitement peu de temps après son mariage. Aimée dort dans son lit, porte ses robes, se donne au même homme. Que lui est-il arrivé ? Jusqu’au jour où Émeline, venue donner des cours de flûte, fait éclater ce monde clos. Au fil des leçons, sa présence trouble Aimée, éveille sa sensualité. La Forêt d’Or devient alors le théâtre de désirs et de secrets enchâssés.
Seule en sa demeure est une histoire de domination, de passions et d’amours empêchés.


Ce que j'en ai pensé :

J'étais restée un peu au dehors de "Une bête au paradis" en 2019 et dubitative en 2017 lors de ma lecture de "Trois saisons d'orage".

A nouveau, je m'interroge : ai-je aimé ou non ce roman ? 


Il a déjà commencé à beaucoup (trop) se voir sur bookstagram et ailleurs, et il y aura tout un tas de lecteurs pour le porter aux nues.  

Pour ma part, je suis restée un brin à distance comme s'il m'avait manqué un petit rien pour être plus enthousiaste.

 

L'intrigue nous transporte aux confins des forêts jurassiennes dans un milieu bourgeois aisé. Ce déplacement temporel, les descriptions des lieux (forêt inquiétante, manoir tarabiscoté) accentuent le côté gothique du roman qui joue avec ces codes littéraires (mystère autour de la personnalité de Candre Marchère, hypothèses sur le décès de sa première épouse, inquiétudes sur le pourquoi des langues coupées, etc) et instillent un malaise croissant.

Même si l'écriture est toujours aussi ciselée, si le postulat de départ m'a intéressée, je n'ai pas ressenti de « transport littéraire », me détachant bien trop des personnages qui auraient mérité d'être moins consensuels (pour Aimée par exemple) ou carrément gothico-fantasmagoriques (Candre Marchère aurait gagné à cacher quelque perversion inavouable)…

Outre des personnages qui auraient pu avoir plus d'épaisseur (Aimée qui frétille au contact de sa prof de flûte, pourquoi? On devine une attirance, elle n'est ni explicite ni expliquée), l'histoire est finalement assez conventionnelle, avec des développements narratifs assez inégaux.

Un bon roman qui selon moi manque un peu d'originalité (je n'ai pas mis longtemps à dénouer le «twist » final..) et que je vais oublier vite, tout en regrettant que la prose de Cécile Coulon n'aille pas plus au fond des choses.


Bilan de Mai 2020

Bien, bien...

Je suis bien embêtée : l'envie de rédiger des billets de lecture ne revient pas. Ça se complique.

Mais, notez que je fais l'effort (sic), avec presque 10 jours de retard, de venir poser un bilan mensuel.



Douze livres, romans et essais, aucun polar ce mois-ci !

Il y a eu du très bon, du pas mal mais aussi une déception.


J'ai adoré :


* Tant qu'il y aura des cèdres, Pierre JARAWAN, Editions Héloïse d'Ormesson

Un excellent roman que je recommande (et que je relirai !).


J'ai beaucoup aimé :


* Nouvel an, Juli ZEH, Editions Actes Sud

Parce que Lanzarote et un secret de famille.


* Dehors, la tempête, Clémentine MELOIS, Grasset

Un essai sur la littérature, le langage, les mots, toujours un peu décalé !


* Loin, Alexis MICHALIK, Editions Albin Michel

Même si la première partie m'a un peu agacée !


* Giono, furioso, Emmanuelle LAMBERT, Editions Stock

Un point de vue intéressant et quelques "mythes" revus sur cet auteur...


* De la forêt, Bibhouti Bhoushan BANERJI, Editions Zulma

Une ré-édition d'un roman indien qui offre un beau regard sur l'écologie.


* Un automne de Flaubert, Alexandre POSTEL, Editions Gallimard

Savoureux, instantané instructif !


* Que sont nos amis devenus ? Antoine SENANQUE, Grasset

Lecture sympa, personnage attachant.


J'ai moins aimé :


* Hugo Pratt, trait pour trait, Thierry THOMAS, Editions Grasset

Ça manquait de peps, selon moi...


* Comme des frères, Claudine DESMARTEAU, Editions Iconoclaste

La fin m'a paru manquer de saveur !


* Petit traité de philosophie naturelle, Kathleen DEAN MOORE, Editions Gallmeister

Quelques "nouvelles" m'ont plu, mais je me suis lassée...


La déception :


* Les méduses, Frédérique CLEMENÇON, Editions Flammarion

Je suis passée à côté de ce roman, sans m'en expliquer la raison.


***

Et de votre côté, ça a donné quoi ?


Sale gosse - Mathieu PALAIN

Editions de L'Iconoclaste
Parution : 21 août 2019
352 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Wilfried naît du mauvais côté de la vie. Sa mère, trop jeune et trop perdue, l’abandonne. Il est placé dans une famille d’accueil aimante. À quinze ans, son monde, c’est le foot. Il grandit balle au pied dans un centre de formation. Mais une colère gronde en lui. Wilfried ne sait pas d’où il vient, ni qui il est. Un jour sa rage explose; il frappe un joueur. Exclusion définitive. Retour à la case départ. Il retrouve les tours de sa cité, et sombre dans la délinquance. C’est là qu’il rencontre Nina, éducatrice de la Protection judiciaire de la jeunesse. Pour elle, chaque jour est une course contre la montre ; il faut sortir ces ados de l’engrenage. Avec Wilfried, un lien particulier se noue.

Ce que j'en ai pensé :

J'ai aimé. J'ai adoré.
J'ai surtout d'abord été circonspecte quand j'ai lu les premiers dialogues en mode racaille de banlieue....mais la narration, le style et l'histoire de Wilfried ont eu vite raison de mes appréhensions.

Voila un premier roman touchant, sincère, qui émeut. 

L'auteur sait restituer les situations difficiles,  le travail des "agents" de la PJJ (Protection judiciaire de la Jeunesse), leur rapport compliqué à la conjugaison des problématiques familiales et sociétales, les enfances fracassées par les drames...

Wilfried est un "sale gosse", de ceux qu'on rejette, de ceux qui ne rentrent pas dans le moule d'une société modélisée, mais il est aussi de ces gamins qu'on voudrait sortir de la dèche, de la banlieue, de la spirale du pire.
Juste un gamin, un petit bout de l'humanité, à sauver du néant, de l'abandon.

Alors, simplement pour ça, pour l'espoir, pour tous les Wilfried en galère (et en colère ?!), en désamour, en abandon, ce roman (presque un témoignage) vaut la peine, parce qu'il ouvre les yeux sur les gamins de rien, sur ceux qui ne savent pas quelle est leur place dans notre drôle de monde !

Un vrai chouette premier roman, sensible et intelligent ! (et ça fonctionne sauf si vous êtes devenu insensible à la misère humaine).


Une bête au Paradis - Cécile COULON

Editions de l'Iconoclaste
Parution : 22 août 2019
352 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :


La vie d’Émilienne, c’est le Paradis. Cette ferme isolée, au bout d’un chemin sinueux. C’est là qu’elle élève seule, avec pour uniques ressources son courage et sa terre, ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel. Les saisons se suivent, ils grandissent. Jusqu’à ce que l’adolescence arrive et, avec elle, le premier amour de Blanche, celui qui dévaste tout sur son passage. Il s’appelle Alexandre. Leur couple se forge. Mais la passion que Blanche voue au Paradis la domine tout entière, quand Alexandre, dévoré par son ambition, veut partir en ville, réussir. Alors leurs mondes se déchirent. Et vient la vengeance.


Ce que j'en ai pensé :

J'avais été très déçue par Trois saisons d'orage en février 2017, et pourtant je guettais la parution de ce nouvel opus avec impatience (j'avoue, pour une fois, ma wish-list de la rentrée littéraire est extrêmement réduite!!).

Je n'irai pas par quatre chemins ! 
J'ai aimé et je n'ai pas aimé !

J'ai été embarquée dans ce drame rural, dans l'histoire de Blanche qui va de malheurs en malheurs, qui semble parfois tellement maîtresse de sa vie et soudain à la merci du destin. J'ai aimé le personnage d'Emilienne, forte et fragile, mais surtout celui de Louis, enfant battu, valet de ferme, amoureux non déclaré.
Cécile Coulon restitue parfaitement l’âpreté de la vie à la ferme, convoque des images fortes (on entendrait presque le cri du cochon qu'on saigne..).
L'auteur fouille les âmes, explore la psyché de ses personnages, avec empathie et sensibilité.

Mais, si ce roman avait tout pour me plaire, une fois de plus la narration m'a laissée de côté. Je n'ai pas aimé le ton, le style. 
Encore trop plat à mon goût, factuel (dans tout ce que ça comporte comme défauts), sans vraie émotion !! Il m'a manqué la verve de Franck Bouysse et sa poésie au travers de la tragédie !

Ça reste une bonne lecture, un très bon bouquin de cette rentrée littéraire d'automne 2019, mais je suis passée à côté d'un coup de cœur potentiel !

Une année de romans


C'est l'heure des bilans ! 

Je n'ai pas pu résisté à reprendre le questionnaire vu chez Jérôme , chez The Autist Reading et chez Hop sous la couette pour balayer mon année en livres !

J'ai clairement moins lu qu'en 2018 (140 livres en 2018 contre 170 en 2017) et j'ai eu aussi beaucoup moins de coups de cœur (trop d'attentes déçues)..

140 livres et 346 600 pages environ !

Moitié romans (67 dont 19 premiers romans), moitié polars (65, l'ambiance n'est donc pas si noire !), et quelques récits et documents.

Seulement 47 romans écrits en langue française parmi mes lectures qui pourtant m'ont emmenée au bout du monde (26 livres se déroulent sur le continent américain, 10 en Afrique - au sens large-, 11 ailleurs en Europe et 7 dans les pays nordiques).


1) Ma 1ère lecture de l'année ?
(et une très bonne surprise !)

Community - Estelle NOLLET - Editions Albin Michel

 2) Le livre le plus bref que j'ai lu ?
(96 pages avec beaucoup d'humour) 
 
 Bambi bar - Yves RAVEY - Editions de Minuit

3) Le livre le plus dépaysant ?
(et qui aurait mérité plus de visibilité)

Un océan, deux mers, trois continents - Wilfried N'SONDÉ - Editions Actes Sud

 4) La plus belle couv' de l’année ?
(et aussi un très beau conte)

Salina, les trois exils - Laurent GAUDÉ - Editions Actes Sud

 5) Un nouvel auteur découvert cette année ?  
(et une très jolie surprise !)

La vraie vie - Adeline DIEUDONNÉ - Editions de l'iconoclaste

 6) Le livre dont l’écriture m’a éblouie ?
(étonnant !)

Frère d'âme - David DIOP - Editions du Seuil

 7) Le meilleur personnage de l’année ?
(sacrée nana !!)

Alex- Pierre LEMAITRE - Editions Le livre de poche


 8) Le livre que j’attendais le plus ?
(et qui a répondu à mes attentes !)

Juste après la vague - Sandrine COLLETTE - Editions Denoël


 9) Le livre le plus déstabilisant ?
 (pour tout un tas de raisons !)

Est-ce ainsi que les hommes jugent ? - Mathieu MÉNEGAUX - Editions Grasset

 10) Le livre le plus inattendu ?
(parce que je n'aurais pas pensé relire ce classique plein de fantaisie, et que j'en suis ravie !)

Mon chien Stupide - John FANTE - Editions 10/18

 11) Le livre que j’ai enfin lu ?
(pour lire sa suite aussitôt après !) 
 
Au revoir là-haut - Pierre LEMAITRE - Editions Albin Michel

 12) Mon plus gros pavé ?
(et ce sont deux polars !)

en poche :
Lontano - Jean-Christophe GRANGÉ - Editions du Livre de Poche (non chroniqué) - 960 pages

en broché grand format :
Signe de vie  - José RODRIGUES DOS SANTOS - Editions Harper Collins - 704 pages

 13) Le livre le plus émouvant ?
 (je n'ai pas lu grand chose qui m'ait vraiment émue cette année...)

Le paradoxe d'Anderson - Pascal MANOUKIAN - Editions du Seuil

 14) Le livre le plus drôle ? 
(et qui fait réfléchir tout de même !)

Ecoute - Boris RAZON - Editions Stock

15) Le livre qui m’a appris quelque chose que j’ignorais totalement ?
(sur l'origine de la danse de St Guy)

Entrez dans la danse - Jean TEULÉ - Editions Julliard

 16) Ma dernière lecture de l’année ?
(et un auteur que je ne pensais pas lire un jour !)

L'empire des loups - Jean-Christophe GRANGÉ - Editions Le livre de poche 
(non chroniqué) 

 17) Le plus beau titre de l’année ?
(parce que, ce poème d'Aragon, chanté par Bernard Lavilliers :
" C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien"
)

Prendre des loups pour des chiens - Hervé Le Corre - Editions Rivages


 18) Le meilleur recueil de nouvelles de l’année ?
(parce que c'est surtout le seul lu en 2018 - et qu'il est super bien !)

J'aurais voulu être égyptien - Alaa EL ASWANY - Editions Actes Sud

 19) Le livre le plus ennuyeux de l’année ?
 (aurait pu postuler dans la rubrique suivante !)

Le cœur converti - Stefan HERTMANS - Editions Gallimard

 20) Le plus gros raté de l’année ?
 (lu dans le cadre du Prix Elle, la daube ultime en matière de polar !)

Défaillances - B.-A. PARIS - Editions Hugo Thriller


 21) Le meilleur livre de l’année ?
(parce que Khadra, parce que ça dérange nos préconçus) 

Khalil - Yasmina KHADRA - Editions Julliard

-**-
Et vous ? Votre bilan ?
(clic sur les titres pour lire les chroniques)

Même les monstres - Thierry ILLOUZ

Editions de l'Iconoclaste
Parution : 5 septembre 2018
160 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Sa robe d’avocat est posée sur le dossier d’une chaise. Il la regarde du coin de l’œil. Lorsqu’il l’enfile, il n’est plus le même. Sa voix ne tremble pas. Il ne doute jamais. Lui, l’enfant d’un quartier délaissé, le fils de rapatriés d’Algérie. Il se souvient de ses grands-parents ravagés par leur départ et leur installation dans une cité picarde. Lorsque c’étaient eux que l’on désignait comme différents, et donc monstrueux. C’est cette histoire intime qu’il convoque lorsqu’il est confronté à ses clients. Des criminels. Des monstres, comme on les appelle. Parce que défendre, ce n’est pas excuser, mais chercher à comprendre.

Ce que j'en ai pensé :

Si vous étiez avocat, pourriez-vous défendre n'importe quel prévenu ? Même les monstres ?
ceux qui tuent des enfants, des grands-mères sans défense ?

Cas de conscience ! 

Ces accusés, qui sont-ils ? Seulement des déviants, des pervers, des êtres abjects, des animaux mûs par leurs pulsions ? ou pourraient-ils être des gens que la pauvreté et la précarité ont assommés, des gens qui, vaincus par une enfance douloureuse, un passé difficile, deviennent tout à coup des criminels ? des gens dénués de cœur, d'empathie, voire de sensibilité ?

L'auteur ne se contente pas d'interpeller notre notion de la justice , ni simplement d'évoquer des cas de justifiables "monstrueux", il amène une réflexion plus profonde sur le regard des autres, sur notre propension à "juger" les criminels (en dehors des faits, du pouvoir supposé de la justice etc..) et émaille son propos de sa propre expérience, son histoire et son ressenti.

C'est finement écrit, c'est intelligent et c'est surtout empli d'une expérience unique dans une narration sincère et directe.

Merci aux Editions de l'Iconoclaste pour cette découverte !

Bazaar - Julien CABOCEL

Editions de l'Iconoclaste
Parution : 29 août 2018
198 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Ce matin-là, il a roulé. Roulé jusqu’à la panne sèche. Roulé jusqu’à se retrouver au beau milieu  d’un désert. Mais au loin clignote l’enseigne d’un vieux motel. C’est là qu’il pose ses valises. Peu à peu, il y rencontre Stella, une ancienne amante, Ilda, une vieille dame aux allures d’actrice hollywoodienne, Théo un berger et ses animaux mécaniques…

Le motel est une poupée russe dans laquelle s’emboîtent des vies. Mais plus encore, toutes les  vies qui auraient pu être la sienne.

Julien Cabocel érige un monde de papier fulgurant. Un univers onirique où se logent les désirs  enfouis, les amours perdues, les occasions manquées. Et où tout redevient enfin possible.


Ce que j'en ai pensé :

Drôle d'endroit et drôles de rencontres...

Autour du patio d'un motel décati, Dom arrivé là par hasard et par lassitude, va découvrir une étrange communauté dont les vies s'enchevêtrent (chaque rencontre en provoque une nouvelle) : Dan et son Rubik's Cube, Stella et Vic la gamine, Théo et ses animaux énigmatiques faits de tubes, Gene et son treuil d'aérodrome, Millie la tatoueuse pas tatouée, etc...
Une galerie fantaisiste de personnages un peu foutraques, en décalage, attachants et sensibles...des fantômes ? d'une vie passée ou d'une vie rêvée ?

"Le Bazaar existait bel et bien. peu importe où. Il s'élevait quelque part pour abriter les possibles, héberger toutes les vies que j'aurais pu avoir, tous ceux que j'aurais pu être.
Et je savais m'y rendre."

La vraie vie - Adeline DIEUDONNÉ


Editions de l'Iconoclaste
Parution : 29 août 2018
265 pages
Prix du Roman FNAC 2018
(en lice pour les Prix Goncourt et le Renaudot 2018 )


Ce qu'en dit l'éditeur :

Un roman initiatique drôle et acide. Le manuel de survie d'une guerrière en milieu hostile. La fureur de vivre.
Chez eux, il y a quatre chambres. Celle du frère, la sienne, celle des parents. Et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. Un prédateur en puissance. La mère est transparente, amibe craintive, soumise à ses humeurs.
Avec son frère, Gilles, elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre. Ils jouent dans les carcasses des voitures de la casse en attendant la petite musique qui annoncera l’arrivée du marchand de glaces. Mais un jour, un violent accident vient faire bégayer le présent. Et rien ne sera plus jamais comme avant.


 Ce que j'en ai pensé :

En plein dans le cœur ! 

Coup de foudre absolu pour ce fascinant premier (!!!) roman d'une maîtrise incroyable, à l'histoire qui oscille entre tendresse et violence, qui déroule une rage libératrice et offre une héroïne parfaite, toute en féminité et en énergie !

Je suis bien embêtée, je ne sais quels mots utiliser pour rendre compte de cette lecture qui m'a emportée, qui a tout dévoré. 

Il y a une telle énergie dans ce roman, une narration tellement bien choisie, un rythme parfaitement maîtrisé, une tension parfaite, qu'on pourrait ne pas croire qu'il s'agit d'un premier roman et que les quelques jurys de prix littéraires d'automne ont inclus ce bijou dans leurs listes de chouchous !

J'ai connu presque tout le spectre des émotions à cette lecture, j'ai adoré cette gamine (dont on ne connaîtra pas le prénom) qui lutte pour voir renaître sur le visage de son petit frère les sourires émerveillés de l'enfance, malgré le marchand de glace qui finit avec la tronche en steak haché, malgré le "Monstre" (ce père dingue de chasse, de télé et de whisky), malgré "l'amibe aux cheveux mous" (cette mère soumise qui ne couine qu'à peine quand le père de famille la bat), malgré toute cette ambiance qui serait tellement glauque si l'auteur n'avait pas cette plume fluide, légère, pleine d'espoir qui conte la construction d'une jeune fille, sa découverte de la féminité, sa capacité (inouïe) de résilience.

C'est fort, c'est intense, c'est encore beaucoup plus tant ça transporte ! 
Amélie Nothomb, pendant La grande librairie, disait qu'il s'agissait d'une guerre ! Sans aucun doute ! 
C'est un vrai combat que mène cette ado en devenir qui lutte toute seule pour le bonheur, qui grandit trop vite (mais très bien !) dans une solitude émotionnelle au sein d'une famille bancale...

Le meilleur de la rentrée littéraire d'automne à ce jour (selon moi !). 

Ma reine - Jean-Baptiste ANDREA


Editions de l'Iconoclaste
Parution : 30 août 2017
240 pages


Ce que j'en ai pensé :

Shell n’est pas un enfant comme les autres. Il vit seul avec ses parents dans une station-service. Après avoir manqué mettre le feu à la garrigue, ses parents décident de le placer dans un institut. Mais Shell préfère partir faire la guerre, pour leur prouver qu’il n’est plus un enfant. Il monte le chemin en Z derrière la station. Arrivé sur le plateau derrière chez lui, la guerre n’est pas là. Seuls se déploient le silence et les odeurs de maquis. Et une fille, comme un souffle, qui apparaît devant lui. Avec elle, tout s’invente et l’impossible devient vrai.


Jean-Baptiste Andrea est né en 1971. Il est réalisateur et scénariste. Ma reine est son premier roman.


Ce que j'en ai pensé :

C'est toujours une agréable surprise que d'ouvrir un premier roman et de découvrir un nouvel auteur prometteur, dont on devine la sensibilité. 
Une jolie histoire que celle de cet ado simplet, maladroit, en décalage dans un monde qui n'est pas fait pour lui : Shell (on ne connait de lui que ce surnom dû au logo de son blouson de pompiste) n'est décidément pas comme les autres, il faudra une fugue et la rencontre avec Viviane puis Matti le berger pour grandir un peu, pour se sentir un homme.

L'auteur offre un roman initiatique, attendrissant, presque un conte, qui n'est pas sans rappeler la plume de Barbara Constantine, toute en légèreté et en gravité mêlées, comme un bonbon un peu acidulé.  
Rêve et réalité se mélangent, égarent le lecteur dans un univers poétique où la différence devient une qualité, où la fragilité et l'amour dévoilent de belles âmes.

Un bon moment de lecture, tout en délicatesse.

Je me promets d'éclatantes revanches - Valentine GOBY

Editions de l'Iconoclaste
Parution : Août 2017
192 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Un manifeste pour la littérature à la lumière de Charlotte Delbo. 
 
« J’ai ouvert Aucun de nous ne reviendra, et cette voix m’a saisie comme nulle autre. Je suis entrée à Auschwitz par la langue. »

L’une, Valentine Goby, est romancière. L’autre, c’est Charlotte Delbo, amoureuse, déportée, résistante, poète ; elle a laissé une œuvre foudroyante. Voici deux femmes engagées, la littérature chevillée au corps. Au sortir d’Auschwitz, Charlotte Delbo invente une écriture radicale, puissante, suggestive pour continuer de vivre, envers et contre tout.

Lorsqu’elle la découvre, Valentine Goby, éblouie, plonge dans son oeuvre et déroule lentement le fil qui la relie à cette femme hors du commun. Pour que d’autres risquent l’aventure magnifique de sa lecture, mais aussi pour lancer un grand cri d’amour à la littérature. Celle qui change la vie, qui console, qui sauve.
Née en 1974, Valentine Goby est romancière et professeure de littérature. Depuis quinze ans, elle écrit pour les adultes et pour la jeunesse. En 2014, elle reçoit douze prix pour Kinderzimmer (Actes Sud) dont le Prix des Libraires. Passionnée par l’histoire et par la transmission, la mémoire est son terrain d’exploration littéraire privilégié. 

Ce que j'en ai pensé :
 
Dans ce document à paraître en août 2017 et qui prend une drôle de résonance à l'annonce du décès de Simone Veil, Valentine Goby évoque la vie et l'oeuvre de Charlotte Delbo (rescapée des camps et découverte au détour d'une conversation avec Marie-José Chombart de Lauwe, retrace Auschwitz via la lecture et l'écriture. 


Alors que Valentine Goby prépare « Kinderzimmer », elle découvre l’œuvre d'une femme, communiste, résistante, non-juive et s'imprègne de son univers et de ses silences littéraires.
Il s'agit ici d'une analyse de l’œuvre plus que d'un roman, mais Valentine Goby se faufile entre les lignes, esquisse des parallèles, donne corps à Charlotte, lui rend hommage.
Elle voit les écrits de Charlotte Delbo comme des recherches archéologiques, où chaque strate révèle une découverte, où chaque « blanc » du texte laisse deviner l’indicible.


Auschwitz. Un mot quasi absent des écrits de Charlotte Delbo. Un lieu qui devient neutre au sens qu'il pourrait être celui qui décrit toutes les horreurs sans être véritablement et géographiquement signifié : Auschwitz c'est nulle part et c'est partout (au Rwanda, en Syrie…). L'endroit prend une dimension universelle, fondue dans la neige et le froid, dans la terreur et l'ignoble.
Charlotte Delbo n'était pas juive mais elle appartenait, par son militantisme au « Convoi du 24 janvier 1943 » pour avoir été arrêtée comme membre du groupe Politzer (son prof de philo) : 230 femmes dont seules 49 reviendront des camps, avec dans son cas, pour toujours, le numéro 31661 tatoué sur son avant-bras.


Pourtant, elle gardera espoir, continuera à aimer la littérature et le théâtre (elle était la secrétaire de Louis Jouvet), reconstituant poèmes et pièces de mémoire, organisant des spectacles, malgré tout. 
A son retour, elle écrit Aucun de nous ne reviendra  (premier volume d'une trilogie dont Le convoi du 24 janvier  deviendra le prologue) et décide de garder ce manuscrit dans un tiroir : les français ne sont pas prêts à entendre, à connaître ce qui s'est passé dans les camps…


Valentine Goby, explore le processus narratif de Charlotte Delbo, comment on peut aujourd'hui « lire » Auschwitz par les mots des rescapés, mais aussi comment Charlotte Delbo a pu « écrire » Auschwitz, elle devient archéologue d'une œuvre complexe, teintée de silences et de parallèles avec sa propre vie :

« La lecture toujours convoque le lecteur et sa propre histoire. »

Beaucoup d'émotion dans ce récit, beaucoup d'admiration aussi : une lecture qui ne laisse pas indifférent...

Merci aux Editions de l'Iconoclaste qui m'ont permis la lecture de cet ouvrage en avant-première !