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La piste du vieil homme - Antonin VARENNE

 

 

Edition : Gallimard (collection « la noire »)

Parution : 4 avril 2024

240 pages

 

Ce qu’en dit l’éditeur :

Simon, septuagénaire, a depuis longtemps rompu avec la France et avec ses enfants. Il est installé depuis des années à Madagascar, où il a monté une petite affaire de tourisme.
Mais lorsqu’une lettre de sa fille lui apprend que son frère, Guillaume, est lui aussi à Mada et qu’il ne donne plus signe de vie depuis plusieurs mois, Simon part aussitôt à sa recherche.
Par les routes et les pistes ravagées de la Grande Île, il suit les indices laissés par son fils. Au rythme chaotique de son voyage, de rencontres en souvenirs, Simon tente de se réapproprier son histoire. Mais n’est-il pas trop tard pour réparer le lien ténu qui l’unit encore à ses enfants ?


Ce que j’en ai pensé :

Rouge la terre de Madagascar qui colle aux chaussures, rouge le sang répandu par les dealers de Tananarive. Une île de misère où la corruption et la violence abîment la carte postale tropicale. C’est là que Simon et son associé ont monté une affaire de buggys pour trimballer les touristes en mal d’exotisme et de sensations fortes.

C’est là qu’a atterri Guillaume, le fils de Simon, au fond de la brousse, là où la route est devenue piste, où les ponts ne résistent pas aux crues et où quelques bonnes âmes tentent de venir en aide à la population (une bonne sœur, un instituteur de brousse..).

Ce très bon roman d’Antonin Varenne nous embarque avec Simon à la recherche de ce fils qu’il connaît mal. Mêlant aventure et mélancolie, la quête du vieil homme est, au-delà du road-trip en terre hostile, un état des lieux de sa vie, de ses échecs et de ses espoirs.

J’ai trouvé les personnages attachants, nuancés (Simon apparaît tour à tour comme blasé et égoïste, mais aussi profondément humain et émouvant) et le périple m’a permis de découvrir une île que je ne connais pas, dans ce qu’elle peut offrir de plus beau mais aussi de plus sauvagement violant.

Encore du très bon pour cet auteur !

L'artiste - Antonin VARENNE

Editions La Manufacture de Livres
Parution : 5 septembre 2019
320 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

2001. Les nuits parisiennes voient naître un nouveau monstre. Un serial killer s’en prend aux artistes, transformant chacune de ses scènes de crime en oeuvre mêlant esthétisme et barbarie. L’inspecteur Heckmann, flic vedette du moment, se retrouve en charge de cette très médiatique affaire et se lance dans la traque. Mais bientôt il lui semble que tous ces crimes ne sont qu’un moyen pour le tueur de jouer avec lui...
Avec ce roman policier, Antonin Varenne révèle une fois de plus son incroyable talent à nous entraîner dans une course infernale où ses personnages doivent lutter contre leurs propres démons autant que contre le fracas du monde.

Ce que j'en ai pensé :

Antonin Varenne, pour moi, c'est une valeur sûre, la certitude de retrouver une bonne plume, des personnages comme on en rêve, ni bon ni pire (ou les deux !) et une intrigue qui tient la route !

C'est l'assurance d'un polar qui ne dévoile rien trop tôt, qui ménage son suspens sans en faire trop, qui donne au genre ses lettres de noblesse.

Il y a certes les classiques du genre, le flic sorti du système, un brin solitaire-désabusé, et les personnages qui gravitent autour : le chef plein de morgue et de politique (de plans-comm'), les satellites "bleusailles" qu'on voit sans rôle prédominant, et les autres, les victimes dans le sang, les collatérales qui morflent à 200%.

Antonin Varenne maitrise les codes, il les enveloppe d'un phrasé presque envoutant, il s'amuse de nos certitudes (celles des fans de polar) pour rebondir, orienter le lecteur dans de fausses pistes.

Il en faut du talent pour captiver, dessiner une histoire, faire croire, sans perdre le rythme ! 
Il en faut du talent pour instiller dans une enquête des thèmes pas communs (et pas commodes) comme l'avortement, le changement de  sexe, la maternité (et la paternité !)..

Il est chouette ce polar ! Il est chouette, Antonin !


La toile du monde - Antonin VARENNE

Editions Albin Michel 
Parution : 22 août 2018
352 pages
Ce qu'en dit l'éditeur :

La toile du monde possède le souffle sensuel et l’énergie des grands romans qui plient la réalité aux dimensions du rêve. Rêve de liberté d’une femme venue d’un autre monde, rêve de métamorphose du Paris de 1900, décor de l’Exposition universelle. Après Trois mille chevaux-vapeur et Équateur, Antonin Varenne signe une œuvre saisissante et confirme la singularité de son talent.
Aileen Bowman, trente-cinq ans, journaliste, célibataire, est venue couvrir l’événement pour le New York Tribune. Née d’un baroudeur anglais et d’une française utopiste, élevée dans le décor sauvage des plaines du Nevada, Aileen est un être affranchi de tout lien et de toute morale, mue par sa passion et ses idéaux humanistes. Au fil d’un récit qui nous immerge au cœur de la ville en chantier, du métropolitain naissant aux quartiers des bordels chers aux peintres, la personnalité singulière d’Aileen se confond avec la ville lumière. Un portrait en miroir qui dessine la toile du monde, de l’Europe à l’Amérique, du XIXe et au XXe siècle, du passé d’Aileen à un destin qu’elle n’imagine pas.

Ce que j'en ai pensé  :

La suite des aventures de Bowman ! J'avais tant aimé le précédent opus d'Antonin Varenne, Equateur !!

Et sans doute ai-je trop attendu de cette suite...

J'ai aimé que l'intrigue se décale dans le Paris du début du XXème siècle, histoire de changer la perspective.
J'ai commencé par beaucoup aimé Aileen Bowman, non-consensuelle, femme libre, en pantalons, dans une France encore franchement réactionnaire, très coincée.

Et puis, malgré ses rencontres avec des artistes, malgré sa liberté, Aileen a fini par me saouler, en mode féministe, et Antonin Varenne m'a perdue entre la couverture journalistique d'un événement planétaire (l'expo universelle qui donne de la matière à des passages superbes) et les atermoiements d'une cow-girl affranchie qui part à la recherche de ses "origines".

C'est sympa...mais.. J'ai zappé.

Tant pis.

Pis, pour être franche, il m'a manqué un peu de souffle, un peu d'aventure, un peu plus de peps !

Cat 215 - Antonin VARENNE

Editions La Manufacture de Livres - Collection Territori
Parution : 11 mai 2016
95 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Marc, « qui répare des choses inutiles depuis toujours », accepte de quitter la métropole et sa compagne Stef, pour rejoindre en Guyane son ancien patron, Julo. Celui-ci a un projet dément : devenu orpailleur, trafiquant d'or, il doit changer le moteur d'une monstrueuse pelle Caterpillar 215 qu'il a entrepris de faire convoyer par un ancien légionnaire Jo et un mystérieux Brésilien qui l'assiste dans cet enfer vert. La machine, après avoir avalé des kilomètres, est immobilisée au milieu de la forêt, loin de la mine sauvage. Aidé d'un piroguier, Marc rejoint les deux hommes et va s'atteler à réparer la bête d'acier et de feu au milieu du paysage dans lequel l'engin s'est frayé un passage en luttant contre la jungle à la fois fragile et menaçante. Les hommes vont alors se battre, bardage contre leur propre folie, contre cette nature qui les fait souffrir et qu'ils torturent en vain au pied de la pelleteuse, plantée au milieu de la forêt, à la fois imposante et ridicule. Enorme quand ils se tiennent à côté, ridicule face à ce qui l'entoure.



Ce que j'en ai pensé :

Pas tout à fait 100 pages pour ce bouquin incroyable où Antonin Varenne nous plonge dans l'enfer vert de la Guyane.

Pas tout à fait 100 pages pour se retrouver accablé par la moiteur de la forêt vierge, abruti par les cris des animaux, inquiet de la haine qui suinte partout, de la folie qui rampe et dévore la cervelle de Jo l'ancien légionnaire, des silences d'Alfonso le brésilien taiseux.

Pas tout à fait 100 pages pour s'imaginer au cœur de cette forêt plus forte que la pelle Caterpillar au moteur cassé, plus forte que ces hommes qui la craignent (et s'en échappent à coups de bière et de rhum) ou la vénèrent.

Pas tout à fait 100 pages pour se rendre compte qu'une nouvelle fois l'auteur nous bouscule avec une narration économe, directe, incroyablement évocatrice, dont le tempo s'accélère jusqu'à la chute.

Pas tout à fait 100 pages pour s'apercevoir qu'on aurait bien aimé en lire 100 ou 200 de plus pour rester un peu entre ces lignes !  

Equateur - Antonin VARENNE

Editions Albin Michel
Parution : 1er mars 2017
350 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

USA. 1871. Pete Ferguson est un homme en fuite. Il a déserté l'armée durant la guerre de Sécession, est recherché pour meurtre dans l'Oregon, pour vol et incendie dans le Nebraska.
Sous le nom de Billy Webb, il est embauché par des chasseurs de bisons qu'il quitte après un différend sanglant. Il croise alors la route de Comancheros qu'il suit jusqu'au Mexique, d'où il s embarque pour le Guatemala... Quoi qu'il fasse, où qu'il aille, Pete attire les problèmes et fait les mauvais choix. La violence qui l'habite l'éloigne toujours plus de ceux qu'il aime : son frère Oliver, resté au ranch Fitzpatrick avec Aileen, Alexandra et Arthur Bowman.
C'est une femme qui changera son destin, une Indienne Xinca chassée de sa terre natale. Pour la sauver, il fera échouer une tentative de coup d'état. Ensemble, ils iront jusqu à l'équateur dont Pete a fait son graal et où il pense que les forces régissant ce monde s'inverseront enfin. 

 Après une maîtrise en  philosophie, Antonin Varenne parcourt le monde : Islande, Mexique… la Guyane et l'Alaska sont les deux derniers pays en date qu'il a découverts. Avec Fakirs (2009), il reçoit le Grand Prix Sang d'encre ainsi que le Prix Michel Lebrun, puis le  prix Quais du Polar /20 Minutes avec Le Mur, le Kabyle et  le Marin (2011). En 2014 est sorti Trois mille chevaux vapeurs chez Albin Michel, un grand roman d'aventures.


Ce que j'en ai pensé :

Il y a de la haine dans toutes les mauvaises décisions que prend Pete Ferguson, de celles qui vous décident à tuer un homme, entre peur et envie de sauver sa peau. Mais il y a aussi  un fichu désespoir et une solitude  qui vont lui donner le courage (ou la faiblesse ?) de partir loin de ce ranch Fitzpatrick où il avait été  recueilli par Bowman dans Trois mille chevaux vapeur.
Il est devenu un renégat, un mercenaire, à l'occasion chasseur de bisons, faux secrétaire d'un poète révolutionnaire, orpailleur, parcourant le continent américain du Nord au Sud pour s'approcher de ce qu'il pense être le but ultime, l'endroit où il pourrait enfin trouver la paix et peut-être la rédemption, l'équateur.
Là où les pyramides reposent sur leurs pointes.
Des Etats-Unis à peine relevés de la Guerre de Sécession jusqu'en Equateur, chevauchant les plaines ou se cachant dans la forêt tropicale, il ne sait pas que c'est en lui-même qu'il cherche ; une quête de soi dans la fuite...

Ça commence comme un western (des saloons et des bagarres, la vie des pionniers américains, une chasse aux bisons qui n'est pas sans rappeler Butcher's Crossing de J.-E. Williams -l'auteur crédite Franck Mayer et son Tueur de bisons), ça se poursuit comme un vrai roman d'aventures où l'on croise des mexicains, des indiens, des évadés du bagne de Cayenne : un roman très intense, aux multiples rebondissements, qui ne laisse aucune minute de répit au lecteur...

Une vraie belle histoire, un héros fort et fragile à la fois, hésitant entre criminalité et compassion, capable du pire comme du meilleur, un type farouche et (presque) solitaire !
Nul besoin d'avoir lu Trois mille chevaux vapeur avant ce roman-ci : les références aux personnages déjà évoqués sont suffisamment éloquentes et cette nouvelle histoire se suffit à elle-même. Elle offre d'ailleurs déjà, dans ses lignes finales, la possibilité d'un nouveau décor pour une suite.

Je remercie les Editions Albin Michel et Babelio pour cette formidable lecture en avant-première sous la forme d'épreuves non corrigées (d'où les deux couvertures présentées) ! J'aimais déjà beaucoup les polars d'Antonin Varenne, mais là, je suis conquise par sa plume qui sait jouer avec les genres !

 


Battues - Antonin VARENNE

Editions Points
Parution : 25 août 2016
312 pages

Ce qu'en dit l'éditeur :

Il a fallu que Rémi, garde-chasse défiguré et solitaire, jette son dévolu sur Michèle, trop belle pour lui. Mais surtout, Michèle est la fille de la famille Messenet, ces éleveurs qui se disputent les terres de la région avec une autre grande famille, les Courbier. Très vite, Rémi se retrouve piégé au beau milieu de cette guerre, dans laquelle personne ne donne bien cher de sa peau…

Né en 1973, Antonin Varenne est diplômé de philosophie. Il a parcouru le monde avant de revenir en France pour se consacrer à l’écriture. Il a publié Fakirs, Le Mur, le Kabyle et le marin et Le Gâteau mexicain, et Trois Mille chevaux vapeur.

Ce que j'en ai pensé :

La Terre Noire où s'est installé Rémi est le seul héritage de sa famille. Tout le reste des terres alentour a été grignoté par deux familles qui ont la main-mise sur l'économie (et la politique) de ce coin de Creuse : l'exode rural a frappé, les petits paysans n'ont pas pu résister aux grands propriétaires fonciers et le peu de manufactures industrielles ferme peu à peu. 
On reconnaît Aubusson dans cette ville de R. (??) que décrit l'auteur : sous-préfecture, musée de la tapisserie, usine Philips. On identifie aussi très rapidement les rancunes et les rancœurs des villes -presque villages- à l'écart du monde moderne, là où la battue aux sangliers peut permettre de décharger un surcroît de tensions…

Quand s'ajoutent des conflits écologiques, des souvenirs amoureux, un accident dramatique survenu vingt ans auparavant, la tension monte…

Le polar d'Antonin Varenne distille les doutes, remémore les conflits ancestraux, plonge au cœur de cet esprit rural (l'autre est un étranger et les alliances familiales défendent des patrimoines), ancré dans le « rural noir » qui émerge dans les polars français récents, il est en tout cas profondément réaliste, vif et rythmé : les personnages finement travaillés n'apparaissent ni bons ni mauvais (et j'apprécie quand les auteurs évitent tout manichéisme !), chacun a son passé et sa part d'ombre.

Le tout dans une narration maîtrisée, une intrigue intelligente qui laisse encore quelques zones floues, bref un polar que j'ai beaucoup aimé !