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Une rose seule - Muriel BARBERY

 

Editions Actes Sud

Parution : 19 août 2020

157 pages



Ce qu'en dit l'éditeur :

Rose arrive au Japon pour la première fois. Son père, qu’elle n’a jamais connu, est mort en laissant une lettre à son intention, et l’idée lui semble assez improbable pour qu’elle entreprenne, à l’appel d’un notaire, un si lointain voyage.

Accueillie à Kyōto, elle est conduite dans la demeure de celui qui fut, lui dit-on, un marchand d’art contemporain. Et dans cette proximité soudaine avec un passé confisqué, la jeune femme ressent tout d’abord amertume et colère. Mais Kyōto l’apprivoise et, chaque jour, guidée par Paul, l’assistant de son père, elle est invitée à découvrir une étrange cartographie, un itinéraire imaginé par le défunt, semé de temples et de jardins, d’émotions et de rencontres qui vont l’amener aux confi ns d’elle-même.

Ce livre est celui de la métamorphose d’une femme placée au cœur du paysage des origines, dans un voyage qui l’emporte jusqu’à cet endroit unique où se produisent parfois les véritables histoires d’amour.

 

Ce que j'en ai pensé :

Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu Muriel Barbery…


Là, j'ai eu beaucoup de plaisir à redécouvrir sa plume et à suivre Rose, l'héroïne, dans ce voyage de deuil au Japon.

Deuil d'un père qu'elle n'a pas connu, deuil d'elle-même aussi, de son être ancien.

Renaissance d'une femme au gré des jardins et des temples dans une prose poétique où chaque chapitre est précédé du court récit d'une légende nipponne ancienne.

Fin d'exploitation - Denis FLAGEUL

 

Editions In8

Parution : 15 septembre 2020

248 pages

 

Ce qu'en dit l'éditeur :

Goulven traverse une mauvaise passe. Divorce brutal, garde de son fils réduite à un week-end sur deux, il est grand temps de se faire oublier. Retiré dans sa campagne bretonne, il aménage une nouvelle chambre pour son gamin, et rend visite aux copains. 

Il y a Fabien, agriculteur perclus de dettes, qui peine à tirer son épingle du jeu. Sa femme, Laura, dont Goulven est devenu bien proche. Et les petits jeunes un peu paumés dans leurs rêves autonomes, Mouss et Soaze, sous l'emprise d'un troisième, Gusto, nerfs à vif et violence éruptive. 

Autour de ce petit monde, les banquiers agricoles rôdent comme des charognards. 

Quand le village voisin est secoué de faits divers, flics et gendarmes se pointent aux portes de l'exploitation. Ce sera l'étincelle de trop.

 

Ce que j'en ai pensé :

Du vrai "rural noir", âpre, parfois douloureux, mais qui s'arrange d'une narration qui frôle souvent la poésie, une narration maîtrisée qui fait monter crescendo la tension, qui fait la part belle aux personnages.

C'est l'histoire de la fin d'un monde, des derniers sursauts d'une agriculture française qui peine à se projeter dans l'avenir, des jeunes envies de mieux faire et des désillusions des autres, du capitalisme et des banques.

Mais l'auteur raconte aussi l'homme, ses échecs, ses rêves inaboutis, les sentiments exacerbés et la violence qu'ils peuvent générer (ou l'abattement, le renoncement).

Ça pourrait être un roman désabusé, un polar de la colère, ça n'est heureusement pas que ça. 

Parce que tout sonne sincère et vrai, parce que les personnages avec leurs failles et leur lumière nous semblent proches, parce que les mots sont forts.

 

"Tu sais, comme ils s'imaginent les paysans, les mecs de la ville, les bobos. Des ploucs, des taiseux qui passent leurs journées avec leurs bêtes, qui parlent qu'à elles, qui se pochetronnent tranquillement en rêvant de se taper la vache parce qu'ils n'ont pas de bobonnes à la maison. Sales et crevards."

 

 "Un long silence chargé de toute leur histoire. Même si une inquiétude les taraudait l'un et l'autre. Une inquiétude qui avait nom Laura. Ou Querrien. Ou comment vivre."

Le dit du mistral - Olivier MAK-BOUCHARD

 Editions Le tripode

Parution : 20 août 2020

360 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Après une nuit de violent orage, un homme voit toquer à la porte de sa maison de campagne Monsieur Sécaillat, le vieux paysan d’à-côté. Qu’est-ce qui a pu pousser ce voisin secret, bourru, généralement si avare de paroles, à venir jusqu’à lui ? L’homme lui apporte la réponse en le conduisant dans leur champ mitoyen : emporté par la pluie violente et la terre gorgée d’eau, un pan entier d’un ancien mur de pierres sèches s’est éboulé. Or, au milieu des décombres et de la glaise, surgissent par endroits de mystérieux éclats de poterie. Intrigués par leur découverte, les deux hommes vont décider de mener une fouille clandestine, sans se douter que cette décision va chambouler leur vie.


S’il se nourrit des œuvres de Giono et de Bosco, 
Le Dit du Mistral n’est pas un livre comme les autres. C’est le début d’un voyage, un roman sur l’amitié, la transmission, sur ce que nous ont légué les générations anciennes et ce que nous voulons léguer à celles à venir. C’est un récit sur le refus d’oublier, une invitation à la vie où s’entremêlent histoires, légendes et rêves. C’est une fenêtre ouverte sans bruit sur les terres de Provence, la photographie d’un univers, un télescope aimanté par les dieux.

 

Ce que j'en ai pensé :

 Fan de chichourle ! Quelle joyeuse, jubilatoire, incursion en Luberon ! 

Et de quelle façon, j'aurais aimé faire partie de cette joyeuse équipée, à creuser la terre de ce coin de Provence, à l'abri du Ventoux et de ses légendes, coincée entre le narrateur et M. Sécaillat, à déterrer des poteries gauloises dans le jardin et à se requinquer d'un aïgo boulido !!

Pour un premier roman, offrir une telle parenthèse au lecteur, rameuter les loups et Hannibal, les 13 desserts de Noël, une source de jouvence et l'accent du pays, donner du corps aux contes et légendes de Provence, être moderne et « patrimoine-compatible » en même temps, faire sourire, permettre d'oublier tout autour en plongeant dans la grotte de la Cabro d'or, ça vaut son pesant de bravos !!

Bravo pour ce roman optimiste (et surtout pas mièvre), bravo pour la générosité des mots, des personnages, bravo pour ce conte qui enthousiasme !

(et bravo aussi pour cette couverture où le « Hussard » a la vedette!)

Comme un empire dans un empire - Alice ZENITER

 

 Editions Flammarion

Parution : 19 août 2020

400 pages


Ce qu'en dit l'éditeur :

Il s’appelle Antoine. Elle se fait appeler L. Il est assistant parlementaire, elle est hackeuse. Ils ont tous les deux choisi de consacrer leur vie à un engagement politique, officiellement ou clandestinement.

Le roman commence à l’hiver 2019. Antoine ne sait que faire de la défiance et même de la haine qu’il constate à l’égard des politiciens de métier et qui commence à déteindre sur lui. Dans ce climat tendu, il s’échappe en rêvant d’écrire un roman sur la guerre d’Espagne. L vient d’assister à l’arrestation de son compagnon, accusé d’avoir piraté une société de surveillance, et elle se sait observée, peut-être même menacée. Antoine et L vont se rencontrer autour d’une question : comment continuer le combat quand l’ennemi semble trop grand pour être défait ?

Dans ce grand roman de l’engagement, Alice Zeniter met en scène une génération face à un monde violent et essoufflé, une génération qui cherche, avec de modestes moyens mais une contagieuse obstination, à en redessiner les contours. L’auteure s’empare audacieusement de nos existences ultracontemporaines qu’elle transfigure en autant de romans sur ce que signifie, aujourd’hui, faire de la politique.

 

Ce que j'en ai pensé :

Ne cherchez pas dans ce roman d'Alice ZENITER le souffle romanesque de « L'art de perdre », on change tout !

Et, c'est finalement une bonne option ! Plongée dans notre monde contemporain, ultra connecté, ce nouveau roman accompagne Antoine et L., purs produits de notre époque, balancés entre idéologie et lâcher-prise.

Antoine qui s'affranchit de son milieu d'origine à force d'études et d'engagement politique et L. (ou Leïla) qui voit dans l'internet le miroir de sa vie. Chacun en butte à ses désillusions, ses névroses (voire psychoses), deux personnages qui se découvrent, se réinventent, tentent (désespérément) de redonner sens à leurs vies, à l'amour, à un monde malade..

Presque un roman politique, militant (dans quelle étagère?), mais des personnages attachants, et une intrigue intelligente.

Ravie de cette lecture dont le sujet ne m'aurait pas emballée a priori mais que je n'ai pas lâchée du début à la fin !

Là d'où je viens a disparu - Guillaume POIX

 

Editions Gallimard - Collection Verticales

Parution : 3 septembre 2020

288 pages

 

Ce qu'en dit l'éditeur :

 « Ça fait deux ans que je ne l'ai pas revu. Sept cent vingt-trois jours pour être précise. Il y a un mois, j'ai reçu une lettre de lui en provenance des États-Unis. Il m'indiquait qu'il avait fui notre pays et qu'il travaillait dans une entreprise de bâtiment. Il allait bien, il écrirait de temps en temps, il me souhaitait du calme maintenant qu'on ne se reverrait plus.

J'ai brûlé la lettre et j'ai regardé mon fils aîné partir en fumée. ».

Inspiré de faits réels, ce roman choral explore des rêves d'exil, accomplis ou à jamais manqués. D'un continent à l'autre, des familles dispersées affrontent la même incertitude : que transmet-on à ses enfants qu'aucune frontière ne peut effacer ? 

 

Ce que j'en ai pensé :

 Marta la Salvadorienne dont les deux fils, Luis et Fabio, ont choisi d'émigrer aux Etats-Unis, Litzy elle-aussi salvadorienne et Zahra la somalienne toutes deux femmes de ménage dans le manoir du futur président américain, Angie la somalienne devenue Giant le temps de son voyage clandestin vers la France où vivent Pascal, sa femme Hélène et leur fils Jérémy. Galerie de douleurs et de destins qui se croisent, des destins qui basculent au fil de l'exil, galerie de vies bousculées et de choix difficiles.

Un roman intelligent qui donne la parole aux exilés, aux migrants, ceux qu'on n'entend pas, qu'on aperçoit sur de terribles photos (Luis et sa fille noyés en traversant le Rio Grande, est l'un des personnages de ce roman), une narration originale mêlant chansons, articles, tableaux et décompte, par ailleurs poétique malgré la gravité du sujet, des personnages travaillés.

Un roman touchant et qui interroge (à la manière d'Hélène qui se demande ce qu'elle pourrait faire de plus que recenser les décès des exilés pour son association, elle qui sait son fils Jérémy militant anti-migrants), un roman qui réussit à éviter l'écueil du pathos.

Le Palais des Orties - Marie NIMIER

 

 

Editions Gallimard - collection La blanche

Parution : 20/08/2020

272 pages

 

Ce qu'en dit l'éditeur :

 Quelque part en France, une campagne modeste, un peu défigurée. Au fond d’une vallée, à quelques kilomètres d’un village, des hangars recouverts de tôles mangées par la rouille, une ferme où tout serait à reconstruire. Autour, des champs d’orties.

Nora et Simon vivent là avec leurs deux enfants. Ce n’est au départ ni un choix ni un rêve. Ils gagnent leur vie avec une plante que tout le monde arrache. L’ambiance est gaie, plutôt. On se serre les coudes. On est loin du bon vieux temps, loin des exploitations à grande échelle, loin de l’agriculture bio et raisonnée. C’est la débrouille.

Et puis, un jour, arrive une jeune fille avec son sac à dos. Frederica. Fred fait du woofing. Contre le gîte et le couvert, elle offre ses bras.
Le Palais des Orties est un roman d’amour et de métamorphoses, le récit d’une passion brûlante.  

 

Ce que j'en ai pensé :

C'est Frederica qui arrive un jour trop tôt dans l'exploitation de Nora et Simon, qui va bouleverser la vie de ce couple reconverti dans l'agriculture, qui va d'abord semer la joie, puis le trouble, avant de provoquer un cataclysme au sein de la famille...

Le palais des orties, c'est l'histoire de cet amour inédit, interdit, de ces émotions féminines, des non-dits, des sentiments qui oscillent entre tendresse et violence.

Je n'avais pas lu Marie Nimier depuis "La girafe", mais ce roman m'a charmée. J'en ai aimé la langue, le style, les personnages (ceux en arrière-plan ne sont pas négligés !). J'ai aimé aussi la délicatesse de l'auteur, son intelligence à nous donner à lire cette histoire sans préjugés, sans abrupts, sa manière d'instiller la tension, de nouer l'intrigue dans une atmosphère qui aurait pu être plus lourde..

J'ai donc, vous l'avez deviné, beaucoup aimé ! Et je remercie Babelio et les Editions Gallimard pour leur confiance.